- 30 mars 2012, par Henri Cachau
Partir, c’est mourir un peu, et bien qu’à priori l’accident n’intéresse que nos voisins de palier, il est recommandé de se méfier d’un possible dérapage du destin. Pourtant, c’est dans une totale insouciance que nous effectuons les préparatifs inhérents à ces villégiatures lointaines, vécus ces moments-là dans une irrépressible hâte, jusqu’à cette heure tant attendue du départ vers une échappatoire, une (...)
- 27 mars 2012, par Nicolas Boldych
En bas
Venu d’une province où on vit à l’air libre, Antoine n’était jamais descendu en bas, mis à part à la cave, pour le vin. Il connaissait, vraiment, l’odeur du laurier et du thym ainsi que celle plus rustique du fumier ; il avait même entendu dans sa lointaine enfance le cri du cochon assassiné à l’automne. Mais il n’avait jamais rencontré le moteur qui habite sous la terre, qui va sous elle, (...)
- 12 mars 2012, par Bernard Deglet
Je n’ai pas pu entrer en Suisse. Un œil de douanier a sélectionné mon véhicule dans le flux, son bras m’a fait signe d’aller me garer un peu plus loin, à l’écart. Il avait un uniforme sombre, noir, aux extrémités blanches, le douanier suisse. Si bien qu’il était impossible de ne pas voir ses gestes, ses déplacements, ses bras qui me montraient l’endroit, ses pieds blancs au bout de ses jambes noires qui (...)
- 9 mars 2012, par Carole Zalberg
C’était l’heure du départ. Tous les jours, au moment où les Parisiens regagnaient par grappes et la panse remplie leurs bureaux confinés, Jeff, lui, allait voir ailleurs s’il y était.
Où se rendrait-il aujourd’hui ? Le dos calé à la grille du square Télégraphe, il laissa un instant son regard se perdre dans les miroitements d’une flaque à quelques pas de lui. Un frémissement à la surface de l’eau grise, (...)
- 5 mars 2012, par Demian Kaaïn
« Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès. »
Apocalypse
Nous avons été enfermés lundi 17 novembre 99, un peu avant huit heures du matin, à la suite d’une panne de métro. Voilà tout ce que nous pouvions et pouvons encore dire avec exactitude sur l’origine de l’affaire.
Ce n’était pas encore (...)
- 20 février 2012, par Henri Cachau
Est-il possible Jean, que l’homme s’envisage au travers de sensations d’où elle apparaît cruelle, perverse, Satane, du genre 3615 par sa récurrente, lancinante façon de se rappeler à notre inconsistante mémoire ? Volatile au demeurant, puisque nous ne conservons aucune réminiscence se rapportant aux tortures qu’elle nous inflige, sinon, retournerions-nous guillerets chez notre dentiste ou chirurgien, si (...)
- 15 février 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Le type n’a pas dix-sept ans. Il a surgi de je ne sais où. Torse nu, short dégueulasse, yeux vaporeux : un gosse de favela. Bordel ! Il est quinze heures, un soleil de plomb, la plage de Botafogo est déserte (personne, à Rio, ne vient plus s’y baigner, l’eau y est trop polluée). Bordel de bordel ! Je ne le regarde pas mais je sens qu’il me fixe. Dans ces moments de tension, lors de ces rencontres (...)
- 13 février 2012, par Henri Cachau
C’est toujours au bon sens du berger, au conducteur de la nation que l’on remet ses destinées et bagages, il en était convaincu car possédant depuis belle lurette son transport en commun... Chez lui, il s’agissait d’une lointaine vocation, issue de ces lundis où il regagnait le pensionnat en autocar, qui tel une gabare lente et lourde, vaillamment affrontait les vallons lot et garonnais. Il y (...)
- 17 janvier 2012, par Henri Cachau
Cette monstrueuse mécanique, loin d’être aussi chaude que pouvaient le laisser supposer ses bouffées de chaleur, sa musculature d’acier et sa respiration animale, l’effrayait, elle lui paraissait insensible aux préoccupations des humains, dans un fracas du tonnerre les arrachait à leurs affections, les transbahutait vers d’imprécises destinations où hélas, malgré l’attrait du voyage et de nouveaux (...)
- 9 janvier 2012, par Henri Cachau
Malgré une amélioration de son matériel roulant et de ses communications transversales, se déplacer sous le mode du ferroviaire demeure aléatoire ; le train de 15h14 était annoncé avec du retard, son suivant de 17h18 s’affichait complet. Dans ces moments-là je vois rouge et s’égrenant ces minutes ou ces heures d’attente exacerbent mes nerfs, d’autant que d’anciennes et difficultueuses approches (...)