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Qui a écrit la Déclaration Balfour et pourquoi : La connexion de la Première Guerre Mondiale  

Un centenaire

dimanche 5 novembre 2017, par Alison Weir , Louise Desrenards (traduction de l’anglais au français)

Ia fondation d’Israël dont la déclaration Balfour n’est qu’un signe et non pas la raison confère à l’information initiée. Bien que Michel Mourre et son équipe, dans le Dictionnaire d’histoire universelle et notamment encore dans la mise à jour de 1981 (éd. Bordas), associent l’engagement de la fondation d’« un foyer national juif en Palestine » à l’entrée en guerre tardive des États-Unis pour secourir l’alliance européenne contre l’Allemagne, il aura fallu cent ans en France, et par le canal des historiens anglophones, pour découvrir et associer à la promesse officielle de soutenir cette fondation publiée par le gouvernement britannique le 9 novembre 1917, le récépissé écrit du gouvernement français « pour le développement de la colonisation israélite en Palestine », d’une requête déposée par un représentant du mouvement sioniste de passage à Paris, le 6 juin de la même année. La déclaration des Britanniques sous la forme d’une lettre à lord Rothschild, datée du 2 novembre, avait paru dans le Times du 9 novembre et restera sous le titre historique de « Déclaration Balfour » (du nom de son signataire, Secrétaire des Affaires Étrangères), ainsi la négociation forclose et l’engagement exécutif étaient déjà réputés publics.

La lettre des français avait précédé. Lettre au contraire privée rédigée par Jules Cambon en tant que Secrétaire Général aux Affaires Étrangères de la République française (fonction officielle équivalente à celle du Britannique Arthur Balfour), à un certain Nahum Sokolow, séjournant à l’hotel Meurice, pour lui faire acte de sa visite et de son objet. En fait Nahum Sokolow était le Secrétaire général de l’Organisation Sioniste. Celui-ci, avec Chaim Weizmann — un des principaux dirigeants du Sionisme Général dans une tendance progressiste (et futur premier Président de l’État d’Israël), — furent les artisans les plus directs de la déclaration favorable du « Gouvernement de Sa Majesté » qui succéda de quelques mois à la réception française, et ce gouvernement ayant sans doute suscité la rencontre de Paris en consultation préalable.

En effet, si les Français étaient en situation de donner leur accord de principe ce ne pouvait être que secrètement auprès du gouvernement britannique qui détenait les clés coloniales — on pourrait même dire impériales — de la réponse à la démarche sioniste pour la Palestine. Depuis les accords franco-britanniques de 1916 les prérogatives des Britanniques, militairement engagés par leur soutien de la Révolte arabe contre les Ottomans, étaient annoncées devoir dominer diplomatiquement la prochaine division du Moyen Orient. Le Royaume puissant par ses dominions et tout frein éventuellement venu de ses alliés sur la Déclaration étant levé il pouvait prendre seul la responsabilité internationale de la promesse engageant un foyer national juif en Palestine.

Car la Palestine se trouvait dans l’empire Ottoman en train d’exploser sous la défaite et dès 1916 déjà secrètement divisé par les accords franco-britanniques Syke-Picot en de nouvelles frontières à attribuer ultérieurement (après la victoire). Suite à la Conférence de San Remo en 1920 qui devait statuer sur la Turquie, Fayçal Ier qui aux côtés de T.E. Lawrence pour les Britanniques avait victorieusement mené la révolte arabe contre les Ottomans et par son allié de combat avait été présenté à Chaïm Weizmann avec lequel, à la périphérie de la Conférence de la paix de Paris en 1919 où en toute cohérence œuvrait encore lord Balfour, il avait signé un accord reconnaissant les droits historiques des Juifs en Palestine, en échange d’un soutien à la création d’une monarchie arabe unifiée, sera doublement trahi par ses alliances sous couvert de la Société des Nations.
En réalité, la Turquie ne trouva son premier statut qu’au Traité de Sèvres la même année mais quelques mois plus tard, avec des différends prédits par un territoire kurde qui sera compensé vers le Caucase. Le Conseil supérieur de la Conférence de San Remo attribua non seulement le Liban mais encore la Syrie à un mandat français, et Fayçal par les armes coloniales chassé de son royaume de Syrie d’abord concédé par les Anglais et qui comprenait intégralement unies avec la Syrie la Palestine et la Transjordanie (aujourd’hui la Jordanie), s’exila [1], tandis que les Britanniques étendant leur zone d’influence entre l’Égypte et l’Irak se firent attribuer un mandat sur la Palestine, pour aider les Juifs à « reconstituer leur foyer national dans ce pays ». Au terme de ce traité la région palestinienne britannique résulta en « Foyer national Juif » et Émirat de Transjordanie.

Pourquoi une telle durée entre les deux documents français et britannique ? Sans doute la voix officielle des États-Unis manquât-elle d’arriver aussi vite. Pourtant, les négociations de la diaspora juive et entre Américains duraient depuis deux ans. Mais un facteur externe de la décision pesait dans la balance...

Alison Weir explique que la détermination coloniale britannique — et française — qui installa la légitimité internationale du colonialisme juif en Palestine en vue d’y créer une nation n’aurait pu être trouvée, en dépit des sympathies et des implications ressortissantes, sans l’efficacité de la stratégie diplomatique de la diaspora sioniste, qui négocia sans ambages par son service aux États européens la création consentie de sa nation, grâce à une activité de lobbying ininterrompue pour faire entrer les États-Unis dans la grande guerre contre l’Allemagne, au moment où les armées européennes défaites sous le poids de leurs morts et la défection des Russes permettant le renouvellement des soldats allemands sur le front français, les laissait sans combattants.
Tel fut en quelque sorte le poids diplomatique des morts et de la réalité accrue de la guerre européenne en première guerre mondiale nécessaire pour en obtenir l’issue en amère victoire, sur l’amas de plus de 18 millions de morts et l’ellipse du Moyen Orient, qui dans le cas d’un légitime remerciement allait radicalement priver trente ans plus tard la majorité des peuples natifs vivant en Palestine mentionnés pour mémoire dans et de la Déclaration Balfour, du statut de leurs corps de leurs terres de leurs biens de leurs droits, et pour un grand nombre jusqu’à nos jours au cours des luttes ou des répressions : de leurs vies.
Sans droit au retour pour les Palestiniens arabes émigrés ou réfugiés [2].
La violence matérielle culturelle et sociale de la spoliation mortelle qui allait suivre, d’abord peu à peu entre les deux guerres mondiales, puis loin d’empêcher le redoublement de l’horreur européenne donnant à connaître la Shoah au cours de la seconde guerre mondiale, obtint après la victoire des alliés en 1945 une nation ethnique pré-colonisée et coloniale réparatrice, advenue aujourd’hui en colonie générale, innommable en termes d’humanité solidaire et de respect social des différences natives.

Qu’on en juge par les dates : l’entrée en guerre officielle des États-Unis est le 6 avril 1917. Les lettres attestant de leur soutien aux colonies et au foyer national juifs suivent cet événement décisif la même année. Curieusement l’injustice peut se résumer dans le fait que les capitulations successives des alliés du Kaiser face à la révolte arabe renforcée par les Britanniques, contre les Ottomans en Orient, ouvrirent la brèche de la victoire contre l’Allemagne. Où les peuples combattants natifs résultèrent lésés pour le prix de la victoire européenne qui n’aurait pu exister sans le secours de l’alliance américaine. Et cette spoliation au grand dam des peuples natifs du Moyen Orient entre les deux guerres mondiales toujours à l’œuvre pendant la seconde guerre allait s’étendre immédiatement après avec la réalisation israélienne — 30 ans après la Déclaration Balfour.

Alison Weir explique comment dans la grande guerre l’envergure de la stratégie diplomatique du sionisme juif en quête de trouver son territoire national en Palestine, dans un hacking des tractations franco-britanniques impliquées par leur militarisme colonial au Moyen Orient, n’aurait pas trouvé sa puissance sans soulever la conviction politique américaine d’entrer en guerre aux côtés des alliés européens contre l’Allemagne, ce qui changea la face du monde par le fait nouveau de la domination occidentale des États-Unis supplantant la domination des puissances coloniales européennes qui allaient lui devoir leur victoire militaire en Europe, en lui ouvrant la voie du Moyen Orient où auparavant elle n’avait pas sa place, pour advenir en première grande puissance mondiale.
Elle en arrive même à considérer dans le rôle du sionisme qui détermina l’entrée en guerre des États-Unis permettant d’arracher in extremis la victoire contre l’empire allemand, une des causes probables de l’antisémitisme central dans le programme nationaliste nazi préparant la guerre de revanche du Reich. Cela n’empêcha pas les dirigeants sionistes de négocier avec Hitler pour le « débarrasser » des Juifs grâce à l’émigration visant principalement à accroître la population coloniale juive en Palestine, moyennant quoi le sionisme n’armerait pas la résistance juive en Europe — puisque « tout serait pour la Palestine ». (L. D.)

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Voici une traduction du chapitre « Qui a écrit la Déclaration Balfour et pourquoi : La connexion de la Première Guerre Mondiale », extrait de l’ouvrage de Alison Weir Against Our Better Judgment : The hidden history of how the U.S. was used to create Israel (Contre notre meilleur jugement : L’histoire cachée de la façon dont les États-Unis ont été utilisés pour créer Israël) [3].


Lettre adressée à Nahum Sokolow, éminent dirigeant du mouvement nationaliste juif, membre de l’exécutif, par Jules Cambon, Secrétaire Géneral du ministère français des Affaires Etrangères, le 4 juin 1917
Source www.debriefing.org
Déclaration Balfour
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(LR) Chaim Weizmann, futur président d’Israël, avec Louis Brandeis, juge de la Cour suprême des États-Unis, en Palestine, en 1919. Les deux ont contribué à l’obtention de la Déclaration Balfour, un document britannique considéré comme un pas critique dans la création d’Israël. La promesse des sionistes qu’ils aillent amener les États-Unis à rejoindre la Grande-Bretagne dans « la Grande Guerre » fut l’incitation.


La plupart des analystes considèrent la Première Guerre mondiale comme un conflit inutile résultant d’enchevêtrements diplomatiques plutôt que d’une parodie de justice ou d’une agression. Pourtant, ayant tué 14 millions de personnes [4], cette guerre fut catastrophique pour une génération d’Européens.

Les États-Unis se sont joints à cette guerre inutile quelques années après le début des hostilités, coûtant la vie à de nombreux Américains, même si les États-Unis n’étaient pas partie des alliances qui avaient attiré d’autres nations dans la mêlée. Ceci même si les Américains avaient été fortement opposés à l’entrée en guerre et Woodrow Wilson avait gagné sa réélection à la Présidence avec le slogan de campagne en 2016, « Il nous a tenus à l’écart de la guerre européenne ». [5]

Le président Wilson a changé de cap en 1917 et a plongé les États-Unis dans ce tragique conflit européen. Environ 320.000 Américains ont été tués ou blessés. [6] Plus de 1 200 citoyens américains opposés à la guerre ont été rassemblés et emprisonnés, certains pendant des années. [7].

Un certain nombre de raisons ont été publiquement données pour le changement d’état d’âme de Wilson, parmi lesquelles la guerre sous-marine des Allemands, le naufrage du paquebot britannique le Lusitania [8] et une débâcle diplomatique connue sous le nom de l’épisode « Télégramme Zimmerman » [9]. Les historiens ajoutent aussi à la liste des causes la propagande pro-britannique et les raisons économiques, et l’ensemble suggère qu’un certain nombre de facteurs furent en jeu.

Alors que les Américains d’aujourd’hui sont conscients de beaucoup de ces faits, peu savent que le sionisme semble avoir été l’un de ces facteurs. [Le sionisme était un mouvement politique en quête de créer un État juif en Palestine. Lorsque ce mouvement commença, à la fin des années 1800, la population de la Palestine était à 96% musulmane et chrétienne. La grande majorité des Juifs de la diaspora n’étaient pas des sionistes.]

Diverses preuves documentaires montrent que les sionistes ont poussé les États-Unis à entrer dans la guerre du côté de la Grande-Bretagne dans le cadre d’un accord afin d’obtenir le soutien britannique pour leur colonisation de la Palestine.

Dès le début de leur mouvement, les sionistes réalisèrent que s’ils voulaient réussir leur objectif de créer un État juif sur des terres déjà habitées par des non-juifs, ils avaient besoin de l’appui de l’une des « grandes puissances ». [10]. Ils ont essayé l’Empire ottoman, qui contrôlait la Palestine à l’époque, mais ont été rejetés (bien qu’on leur ait dit que les Juifs pourraient s’installer dans d’autres parties de l’empire ottoman et devenir des citoyens turcs) [11].

Ils se sont ensuite tournés vers la Grande-Bretagne, elle aussi initialement peu enthousiaste. Des experts célèbres du Moyen-Orient anglais comme Gertrude Bell ont souligné que la Palestine était arabe et que Jérusalem était sacrée pour les trois principales religions monothéistes [12].

Le futur ministre britannique des Affaires étrangères, Lord George Curzon, déclara que la Palestine était déjà habitée par un demi-million d’Arabes qui « ne se contenteraient pas d’être expropriés pour des immigrants juifs ou d’agir comme coupeurs de bois et tireurs d’eau » [13].

Cependant, quand les Britanniques furent engagés dans la Première Guerre mondiale, et particulièrement en 1916, une année désastreuse pour les Alliés, ils perdirent 60.000 victimes en un seul jour [14], les sionistes purent jouer une carte gagnante. Alors qu’ils avaient auparavant fait appel à des arguments religieux ou idéalistes, les dirigeants sionistes allaient désormais pouvoir ajouter un motivateur particulièrement puissant : dire au gouvernement britannique que les sionistes américains pousseraient l’Amérique à entrer dans la guerre aux côtés des Britanniques, si les Britanniques promettaient de soutenir un foyer juif en Palestine ensuite [15]

Soldats britanniques, Bataille de la Somme. Les Britanniques subirent une perte de 60 000 soldats au premier jour de la bataille.

En 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, adressa une lettre au leader sioniste Lord Rothschild. Connue sous le nom de Déclaration Balfour, cette lettre promettait que la Grande-Bretagne « vît favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » et « ferait de son mieux pour faciliter la réalisation de cet objectif ».

Ensuite la lettre nuança ce point en disant qu’il devrait être « clairement compris que rien ne doive être fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine ». A cette époque, les « communautés non juives » représentaient 92% de la population palestinienne, [16]. dont d’ici à là les vigoureux efforts d’immigration sioniste augmentèrent légèrement le pourcentage des Juifs vivant en Palestine.

La lettre, alors que officiellement signée par le ministre britannique des Affaires étrangères Lord Balfour, était en cours depuis deux ans et avait connu un certain nombre de modifications par les autorités britanniques et sionistes américaines et britanniques. [17]. En tant que leader sioniste Nahum Sokolow écrivit plus tard, « L’idée même née à Londres fut testée par l’Organisation sioniste en Amérique, et chaque suggestion américaine reçut à Londres la considération la plus attentive. » [18].

Sokolow a écrit que les sionistes britanniques avaient été aidés, « par-dessus tout, par les sionistes américains. Entre Londres, New York et Washington, il y avait une communication constante, soit par télégraphe, soit par des visites personnelles, et par conséquent il y avait une parfaite union entre les sionistes des deux hémisphères. » Sokolow a particulièrement loué « l’influence personnelle bienfaisante de l’honorable Louis D. Brandeis, juge de la Cour suprême. » [19].

La version finale de la Déclaration fut rédigée par Leopold Amery, un officiel britannique qui apparut plus tard comme un sioniste fervent, secret. [20].

Il semble que l’idée d’une telle déclaration fut initialement promue par le fondateur du Parushim, Horace Kallen. [Le Parushim était une société sioniste secrète décrite par la professeure Sarah Schmidt et l’auteur américain Peter Grose ; pour plus d’informations et de citations, voir le livre de Weir.] [21]

L’auteur Peter Grose rapporte : « L’idée [des Britanniques] était venue d’une source improbable. En novembre 1915, longtemps avant que les États-Unis ne fussent impliqués dans la guerre, le cerveau fertile d’Horace Kallen... avait eu l’idée d’une déclaration alliée soutenant sous quelque façon voilée nécessaire, les droits nationaux juifs en Palestine. » [22]

Horace Kallen, fondateur du Parushim, a enseigné à Princeton, à l’Université du Wisconsin et à la New School .

Grose écrit que Kallen avait suggéré l’idée à un ami britannique bien connecté qui allait la transmettre. Selon Kallen, une telle déclaration « donnerait un exutoire naturel aux sympathies spontanées pro-anglaises, françaises et italiennes des masses juives ». Kallen dit à son ami que cela aiderait à détruire la neutralité de l’Amérique, ce que Kallen savait être le but de la diplomatie britannique, désespérée de ne pouvoir amener de son côté les États-Unis à entrer dans la guerre.

Grose écrit : « L’idée de Kallen alluma l’étincelle de l’intérêt dans Whitehall. » [23].

Tandis que la « Déclaration Balfour » était une approbation moins que décisive du sionisme, les sionistes la considéraient comme une percée majeure, car elle entr’ouvrait une porte qu’ils ouvriraient plus tard. En fait, beaucoup créditent cela comme un facteur clé dans la création d’Israël. [24].

Ces négociations Balfour/Première guerre mondiale sont mentionnées dans divers documents. Samuel Landman, secrétaire de l’Organisation sioniste mondiale, les a décrites en détail dans un article du « World Jewry » en 1936. Il a expliqué qu’un « gentleman’s agreement » secret avait été conclu entre le gouvernement britannique et les dirigeants sionistes en 1916 :

«  Après qu’une entente fût intervenue entre Sir Mark Sykes et — les sionistes : — Weizmann et Sokolow, il fut décidé d’envoyer un message secret au Juge Brandeis que le cabinet britannique allât aider les Juifs à gagner la Palestine en échange de la sympathie juive active aux États-Unis pour le soutien à la cause alliée, de manière à provoquer une tendance pro-alliée radicale aux États-Unis. » [25].

Landman écrivit qu’une fois que les Britanniques eussent accepté d’aider les sionistes, cette information fut communiquée à la Presse qui rapidement commença à favoriser que les États-Unis dussent se joindre à la guerre du côté de la Grande-Bretagne.

Landman prétendit que les sionistes avaient rempli leur part du contrat et que c’était « l’aide juive qui avait amené les Etats-Unis dans la guerre du côté des Alliés », provoquant ainsi la défaite de l’Allemagne. [26].] Il poursuivit en déclarant que cela avait été « déploré » ensuite en Allemagne et « avait contribué dans une large mesure à la place prééminente de l’antisémitisme dans le programme nazi. ».

Lord Cavendish, Secrétaire colonial britannique, dans un mémorandum de 1923 au cabinet britannique, écrivit également au sujet de cet accord et de son résultat, déclarant :

«  L’objectif [de la Déclaration Balfour] était d’obtenir des juifs influents et des organisations juives du monde entier les sympathies du côté allié [...] [et] on peut soutenir que les négociations avec les sionistes... ont effectivement eu un effet considérable dans l’avancement de la date à laquelle le gouvernement des États-Unis intervint dans la guerre. » [27].
Le Premier ministre britannique Lloyd George avec Leopold Amery, le 1er janvier 1918. (Amery était un sioniste secret et fervent.) :

De son côté, l’ancien Premier ministre britannique Lloyd George fit référence aux arrangements, en disant lors d’une commission britannique, en 1935 : « Les dirigeants sionistes nous avaient promis clairement que si les Alliés s’engageaient à faciliter la création d’un foyer national pour les Juifs en Palestine, ils feraient de leur mieux pour rallier le sentiment juif et le soutien du monde entier à la cause alliée. Ils tinrent parole. » [28].

Frank E. Manuel, auteur et professeur à l’Université Brandeis, rapporta que Lloyd George avait témoigné en 1937 que « la stimulation de l’effort de guerre des Juifs américains avait été l’un des principaux motifs qui, pendant une période douloureuse de la guerre européenne, avait déterminé les membres du Cabinet à finalement voter pour la Déclaration. » [29].

Le fonctionnaire du service diplomatique américain Evan M. Wilson, qui avait été Consul général à Jérusalem, décrivit également cet arrangement dans son livre « Decision on Palestine » (Décision sur la Palestine). Il écrivit que la déclaration Balfour « ... avait été donnée aux Juifs en grande partie dans le but d’enrôler leur support dans la guerre et d’entraîner une promesse semblable des Pouvoirs Centraux [des ennemis britanniques contre la première guerre mondiale] ».

Le biographe officiel de Lloyd George, l’auteur Malcolm Thomson, déclara que la « détermination du facteur » de décider de publier la Déclaration Balfour était par une telle concession « le plan d’engagement du soutien des sionistes américains à la cause alliée dans la première guerre mondiale. » [30].

De même, l’historienne sioniste Naomi Cohen qualifia la Déclaration Balfour de « mesure de guerre » et écrivit : que « son but immédiat était de capter la sympathie juive spécialement aux États-Unis en faveur des alliés et de consolider les intérêts stratégiques de l’Angleterre au Proche-Orient. « La Déclaration fut poussée, » écrit-elle, « par les sionistes en Angleterre et par Brandeis qui intervint auprès du président Wilson. » [31].

Le futur Premier ministre israélien, David Ben Gourion, s’exprima au XIXe Congrès sioniste, à Lucerne, en Suisse, en 1935 et écrivit : « La communauté juive américaine a joué un rôle considérable, sciemment ou non, dans la production de la Déclaration Balfour ».

Enfin, David Ben Gourion advenu Premier Premier ministre d’Israël, écrivit en 1939 : « D’une certaine façon l’Amérique avait joué un rôle décisif dans la Première guerre mondiale, et la communauté juive américaine avait joué un rôle considérable, sciemment ou non, dans la réalisation de la Déclaration Balfour. » [32].

[La plupart des Juifs aux États-Unis et ailleurs, y compris en Palestine même, n’étaient pas des sionistes, et même certains d’entre eux étaient vigoureusement opposés au sionisme. Voir le livre pour plus d’informations à ce sujet.]

L’influence de Brandeis et d’autres sionistes aux États-Unis avait permis aux sionistes de former une alliance avec la Grande-Bretagne, l’une des grandes puissances mondiales, une réalisation remarquable pour un groupe non étatique et qui donna la mesure de l’immense puissance des sionistes. Comme l’affirme l’historien Kolsky, le mouvement sioniste était désormais « une force importante dans la politique internationale ». [33].

Les sionistes américains ont peut-être aussi joué un rôle pour éviter une paix anticipée avec l’Empire ottoman. [34].

En mai 1917, le secrétaire d’État américain Robert Lansing avait reçu un rapport selon lequel les Ottomans étaient extrêmement fatigués de la guerre et qu’il fût peut-être possible de les inciter à rompre avec l’Allemagne et à conclure une paix séparée avec la Grande-Bretagne [35].

Une telle paix aurait aidé les efforts de la Grande-Bretagne pour gagner la guerre sur ce front (quand la victoire était encore loin d’être assurée), mais cela l’eût empêchée d’acquérir la Palestine et de permettre la création d’un État juif. [36].

Le futur juge de la Cour suprême, Felix Frankfurter, s’efforça d’empêcher une paix anticipée dans la guerre. Frankfurter travaillait souvent secrètement avec Brandeis, qui avait procuré à Frankfurter une chaire à Harvard [voir le livre pour plus de détails].

Le Département d’État avait considéré l’éventualité d’une paix ottomane séparée du plan d’ensemble, aussi avait-il décidé d’envoyer un émissaire pour en poursuivre la possibilité. Felix Frankfurter devint partie de la délégation et en fin de compte persuada le leader de la délégation, l’ancien Ambassadeur Henry J. Morgenthau, d’abandonner l’effort. [37].

Les responsables du Département d’Etat américain considérèrent que les sionistes eussent œuvré pour saborder cette mission potentiellement pacificatrice et en furent mécontents [38]. Les sionistes ont souvent interprété ce mécontentement comme une preuve d’« antisémitisme » des diplomates américains 


Traduction par L.D. / D’après :
« Who wrote the Balfour Declaration and why : The World War I Connection »
© Alison Weir


Source du texte et de l’iconographie intégrée : Alison Weir, If American Knew Blog, (10-24 2017).
« Who wrote the Balfour Declaration and why : The World War I Connection »


La même situation historique de l’événement à l’article « Balfour, Arthur James » dans l’ouvrage académique de référence Dictionnaire d’histoire universelle, de Michel Mourre : « (...) Dans ce dernier poste [ministre des Affaires étrangères] il contribua à obtenir l’entrée en guerre des États-Unis et publia la célèbre déclaration Balfour (2 nov. 1917), sous forme d’une lettre adressée à lord Rothschild. (...) (v. ISRAËL) » :

Michel Mourre, Dictionnaire d’Histoire Universelle en 1 volume
(Bordas. 1981). Extrait.

P.-S.

Outre les traditionnelles recensions biographiques et historiques référentes dans wikipedia francophone et anglophone, la bibliographie de la présentation comprend :
- « Il y a un siècle, les accords Sykes-Picot redessinaient le Moyen-Orient » (RFI, 16-05-2016).
- « Présentation du livre de H. Chakkour Le Rêve Brisé de Fayçal el-Hâchimi (1er Roi d’Irak) » (éditions Jeune Lévrier, 5-11-2017)
- « Cairo Conference (1921) » d’après wikipedia (Revolvy).
- « Faisal I of Iraq » (Revolvy)

Le scan de la lettre du 4 juin 1917 et du portrait de Cambon sont extraits de la page Facebook de Youssef Boussoumah.


Notes

[1Ce n’est qu’en 1921, grâce au lobbying de T.E. Lawrence auprès de Churchill, qu’à l’issue de la série des rencontres de mars appelées Conférence du Caire, organisées par les Britanniques pour ajuster des réponses aux problèmes posés par la superposition des accords et les confrontations des populations, que Fayçal Ier recouvra un royaume, l’Irak, où les populations s’étant révoltées contre les Britanniques mandataires de la Mésopotamie ceux-ci n’auraient pas été bienvenus d’y gouverner, et les Américains nouvellement concernés par le Moyen Orient dû à leur entrée en guerre ne souhaitaient pas les voir s’approprier la richesse pétrolifère ni la voie terrestre de la route des Indes, la route des caravanes passant par Mossoul ayant été abandonnée par les Français aux Anglais qui l’avaient intégrè à l’Irak au grand dam de la Turquie ; ainsi ils allaient pouvoir contrôler la région grâce à leur présence militaire pour soutenir leur allié royal, sur une des terres du conflit traditionnel entre les Chiites et les Sunnites musulmans, que justement le charisme nationaliste panarabe de Fayçal Ier était sensé pouvoir résoudre — ce qu’il fit, tout en réussissant à créer un État moderne pour obtenir le statut de nation reconnu par la Société des nations et qui devint indépendant en 1932, un an avant sa mort. [Toutefois, l’Irak resta ultérieurement une zone d’influence diplomatique du Royaume Uni jusqu’à la proclamation de la République d’Iraq en 1958 (1948-1968)].

[2De mémoire de migrants le tampon « Sans retour possible » était la marque adossée aux visas par les Turcs sur les passeports des Arméniens qui avaient réussi à se procurer les moyens de fuir leur génocide.

[3Excerpt from Alison Weir : Against Our Better Judgment : The Hidden History of How the U.S. Was Used to Create Israel, CreateSpace Independent Publishing Platform ; Édition : 1 (21 février 2014). On peut trouver l’ouvrage en Kindle sur amazon.fr. Présentation de l’éditeur :
« Prodigieusement documenté... Alison Weir doit être hautement félicitée d’avoir si brillamment jeté une lumière crue sur la relation entre les Etats-Unis et Israël. J’espère que ce livre merveilleux recevra toute l’attention qu’il mérite. » (Ambassadeur Andrew Killgore). Peu après la Seconde Guerre mondiale, l’homme d’État américain Dean Acheson a averti que la création d’Israël sur des terres déjà habitées par des Palestiniens « mettrait en péril » les intérêts américains et occidentaux dans la région. Malgré des avertissements comme celui-ci, le président Truman a soutenu l’établissement d’un État juif sur des terres principalement habitées par des musulmans et des chrétiens. Peu d’Américains aujourd’hui sont conscients que le soutien américain a permis la création de l’Israël moderne. Encore moins savent que les politiciens américains ont poussé cette politique au-dessus des objections vigoureuses des experts diplomatiques et militaires supérieurs. Comme le démontre ce travail, ces politiciens ont été bombardés par un vaste mouvement de lobbying pro-israélien allant d’organisations sionistes bien financées et très publiques à une « société secrète élitiste » dont les membres comprenaient le juge Louis Brandeis de la Cour suprême. Contre notre meilleur jugement rassemble des preuves méticuleuses pour éclairer une réalité qui diffère nettement du récit dominant. Il fournit une vision claire de l’histoire qui est essentielle pour comprendre l’un des problèmes politiques les plus importants de notre époque.
Biographie de l’auteur :
Alison Weir est la présidente du Conseil pour l’intérêt national et directrice exécutive d’If Americans Knew, un groupe de réflexion qui fournit des informations sur Israël-Palestine et la connexion américaine. Elle est une ancienne journaliste.

[4« Aperçu de la Première Guerre mondiale », Digital History, consulté le 1er janvier 2014.

[5Woodrow Wilson, « La Maison Blanche », consulté le 1er janvier 2014, Internet Archive : Way Back Machine (whitehouse.gov).

[6Environ 116.000 morts et 204.000 blessés (« Military and Civilian War Related Deaths Through the Ages », Tom Philo ; Internet Archive : Way Back Machine).

[7L’espionnage de Wilson et le Sedition Acts de 1918 entraînèrent l’emprisonnement de 1.200 citoyens américains :
- « Walter C. Matthey de l’Iowa a été condamné à un an de prison pour avoir applaudi un discours contre la conscription. Walter Heynacher du Dakota du Sud a été condamné à cinq ans à Leavenworth pour avoir dit à un homme plus jeune que lui que « c’était une bêtise d’envoyer nos garçons là-bas pour être tués par milliers, tout ça dans l’intérêt de Wall Street. »... Abraham Sugarman du comté de Sibley, Minnesota, a été condamné à trois ans à Leavenworth pour avoir soutenu que le projet fût inconstitutionnel et fait la remarque suivante : « Ceci est supposé être un pays libre. C’est comme l’enfer. » Bill Kauffman, Is not My America : the Long, Noble History of Antiwar Conservatism and Middle American Anti-imperialism (la longue et noble histoire du conservatisme anti-guerre et de l’anti-impérialisme américain) (New York : Metropolitan, 2008), p. 74).
- Une des chansons qui a aidé à recruter des Américains pour combattre dans la guerre, « Over There », a été écrite par George M. Cohan, qui reçut la Médaille d’Honneur du Congrès en 1940, quand l’Amérique fut sur le point de rejoindre une autre guerre mondiale. (« Who’s who : George M Cohan », First World War, 22 août 2009).

[8Le fait que le Lusitania transportât des munitions, une accusation faite à l’époque par l’Allemagne et depuis corroborée par des plongeurs qui ont visité l’épave, a été généralement mis en ellipse pendant de nombreuses années. Peu de personnes surent que le Lusitania était utilisé par les Britanniques comme un transporteur de munitions à haut débit. Lors de son dernier voyage, il transportait même plus de contrebande que d’habitude, inclus dix-huit cas de fusées d’obus d’artillerie de calibres divers et un gros lot de fulmicoton, explosif utilisé dans la fabrication des charges propulsives d’obus de gros calibre. (« Deadly Cargo », lusitania.net.)
- Stolley, Richard B., Lusitania : The Epic Battle over Its Biggest Mystery (Lusitania : la bataille épique sur son plus grand mystère). Fortune, 5 mai (2015), — sur le Web sans No de page, 11 mai 2015 : fortune.com. History Learning Site.
- web.archive.org.
L’Allemagne avait prévenu les Américains de ne pas monter sur le Lusitania. La Bibliothèque du Congrès rapporte : « L’ambassade d’Allemagne a publié un avertissement dans certains journaux pour dire aux passagers que voyager sur les navires alliés est ’à leurs risques et périls’. » Le Lusitania est spécifiquement mentionné dans certaines discussions sur cet avertissement durant la semaine précédant son départ. » (voir sujets de « Sinking of the Lusitania » (Le naufrage du Lusitania) dans Chronicling America, Bibliothèque du Congrès).
- Pour une discussion des événements qui ont mené à l’entrée en guerre des États-Unis, voir d’Eugene G. Windchy, le chapitre 12 : « Première Guerre mondiale (1917 à 1918) » dans l’ouvrage Twelve American Wars : Nine of Them Avoidable (Douze guerres américaines : Neuf d’entre elles évitables), iUniverse, Bloomington, 2014. Selon le principal conseiller de Wilson, même après le naufrage du Lusitania 90% des Américains restaient opposés à l’entrée en guerre.

[9Le « Télégramme Zimmermann » est un télégramme diplomatique envoyé le 16 janvier 1917 par Arthur Zimmermann, ministre des affaires étrangères de l’empire allemand, à Heinrich von Eckardt, ambassadeur du kaiser au Mexique, lui demandant de proposer au gouvernement mexicain une alliance contre les États-Unis, message qui fut intercepté par les Britanniques.
Certains articles intriguent supposant que les sionistes auraient joué un rôle dans la publication de la note de Zimmerman, Tel celui de John Cornelius, « La déclaration Balfour et la note Zimmermann », Washington Report on Middle East Affairs, août-septembre (1997) : pp. 18-20 ; en ligne à www.wrmea.org. Comme l’article est spéculatif, les éditeurs le qualifient d’ "« explication originale et très plausible d’un événement majeur dans l’histoire du monde pour lequel aucune justification précédente n’a jamais semblé satisfaisante ».

[10Avi Shlaim, The Iron Wall : Israel and the Arab World (Le Mur de Fer : Israël et le Monde arabe), Penguin, coll. PRESS NF PB, (20 octobre 2014), p. 5.

[11John W. Mulhall, America and the Founding of Israel : an Investigation of the Morality of America’s Role (L’Amérique et la fondation d’Israël : une enquête sur la moralité du rôle de l’Amérique), coll. CSP, Los Angeles : Deshon, (1995), p. 50.
- Hala Fattah, « Sultan Abdul-Hamid et la colonisation sioniste de Palestine : une étude de cas », web.archive.org, consulté le 1er janvier 2014.

[12Paul Rich (éditorialiste), Iraq and Gertrude Bell‘s The Arab of Mesopotamia (L’Irak et la Mésopotamie arabe de Gertrude Bell), coll. MD, Lexington Books, Lanham, (2008), p. 150.

[13- John W Mulhall, America and the founding of Israel : An investigation of the morality of America’s role (L’Amérique et la fondation d’Israël : une enquête sur la moralité du rôle de l’Amérique), Deshon Press (1995), p. 66.
C’était un pronostic malheureusement triste.
- Evan M. Wilson, Jerusalem, Key to Peace (Jérusalem, Clé de la paix), Institut du Moyen Orient, Washington (1970), p. 33.
Au début des années 1960, le Consul général américain à Jérusalem écrivit : « Je pense que je peux faire le commentaire général que dans l’Israël d’aujourd’hui... les Arabes sont des « tailleurs de bois et des tireurs d’eau » pour les Israéliens dominants. »
- Charles Glass, « The Mandate Years : Colonialism and the Creation of Israel » (Les années du mandat : le colonialisme et la création d’Israël) , The Guardian, (31 mai 2001).
Un certain nombre d’autres fonctionnaires britanniques s’opposèrent également au sionisme. Charles Glass a écrit : « Le seul membre juif du cabinet britannique, Edwin Samuel Montagu, secrétaire d’État pour l’Inde, s’est prononcé contre la publication de la Déclaration [Balfour]. Montagu a qualifié le sionisme de « credo politique perfide » et a écrit qu’en le favorisant, « la politique du gouvernement de Sa Majesté est antisémite ». David Alexander, président du Conseil des Juifs britanniques, Claude Montefiore, président de l’Association anglo-juive, et la plupart des rabbins orthodoxes s’opposèrent également à l’entreprise sioniste. Ils insistèrent sur le fait qu’ils avaient autant de droit que n’importe quel chrétien à vivre et à prospérer en Grande-Bretagne, et qu’ils ne voulaient pas que Weizmann, aussi anglophile fut-il, leur dise de s’installer dans le désert de Judée ou d’aller cultiver les orangers à Jaffa. Les autres opposants au protectorat britannique pour les sionistes en Palestine étaient George Nathaniel Curzon, chef des lords et membre du cabinet de guerre, et les principaux commandants militaires britanniques au Moyen-Orient, le lieutenant général Sir Walter Congreve et le général Gilbert Clayton. Les généraux soutinrent qu’il était inutile d’utiliser la Palestine comme une route vers le pétrole irakien et pensaient que la mise en place du protectorat gaspillerait des ressources impériales qui auraient été mieux déployées ailleurs. »

[14L’histoire de la bataille de la Somme de la BBC rapporte que rien que le premier jour la Grande-Bretagne subit 60.000 pertes, dont 20.000 étaient déjà morts à la fin de la journée ; 60% de tous les officiers impliqués furent tués. La bataille dura quatre mois et demi.
« Bataille de la Somme : 1er juillet - 13 novembre 1916 », BBC History, consulté le 1er janvier 2014.
web.archive.org.

[15Un certain nombre d’auteurs y réfèrent ; voir les citations suivantes :
- L’un fut William Yale, dans The Near East : A Modern History (Le proche Orient : Une histoire moderne), Ann Harbor, University of Michigan Press, (1968), pp. 266-270.
Yale, un descendant du fondateur de l’université de Yale, était une autorité sur le Moyen-Orient qui avait travaillé pour le département d’État dans plusieurs fonctions au Moyen-Orient, en tant que membre de la King Crane Commission, et exerça en tant professeur d’histoire pendant de nombreuses années. (« Guide des documents de William Yale, 1916-1972 », Bibliothèque de l’Université du New Hampshire, consulté le 1er janvier 2014).
- web.archive.org.
Yale écrit : « ... les sionistes anglais commencèrent par gagner le soutien britannique au sionisme, ce qu’ils réussirent à faire à la fin de l’année 1916. Ce fut une réussite incroyable qui avait exigé une grande habileté, une énergie sans faille et de la détermination. Les méthodes par lesquelles la conquête du gouvernement britannique eut lieu furent diverses et nécessairement dans certains cas sournoises. »
Il écrit encore : « Les sionistes en Angleterre comprenaient bien que les dirigeants britanniques dussent être approchés sur la base de leurs intérêts et de leurs idées » et il note : « Les moyens utilisés s’adaptaient admirablement aux perspectives personnelles et aux caractéristiques des hommes à influencer. » Certains étaient « persuadés que le sionisme était un accomplissement des prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament ». Les sionistes ont également fait appel aux « idéalismes de nombreux Britanniques », les convainquant que c’était une solution à l’antisémitisme et pourrait être une « expiation de L’Europe chrétienne pour sa longue persécution des Juifs. »
Certains hauts responsables allaient devoir être persuadés « que le sionisme est une juste et noble cause d’importance pour le bien-être du monde autant que pour le bien du peuple juif ». D’autres allaient devoir être persuadés qu’ « en soutenant le sionisme, le soutien enthousiaste des Juifs à la cause alliée pourrait être assuré ». Yale note qu’en 1916 « la cause alliée était loin d’être brillante » et il cite les déclarations d’un chef sioniste selon lesquelles les sionistes travaillaient à convaincre les officiels britanniques que « le meilleur et peut-être le seul moyen (qui se révéla l’être) d’inciter le Président américain à entrer dans la guerre était d’obtenir la coopération des juifs sionistes en leur promettant la Palestine, et ainsi d’enrôler et de mobiliser les forces puissantes jusqu’ici insoupçonnées, des juifs sionistes en Amérique et ailleurs en faveur des Alliés sur la base d’un contrat de contrepartie. Donc, comme on le verra, les sionistes ayant joué leur rôle et contribué grandement à l’avènement de l’Amérique, la déclaration Balfour de 1917 ne fut que la confirmation publique de l’accord de 1916 entre « messieurs », forcément secret.... »
Yale déclare qu’une fois « les cercles intérieurs du gouvernement britannique saisis par les sionistes à leur cause, » ceux-ci tournèrent leurs efforts pour obtenir l’acquiescement français, italien et américain au programme sioniste.
En 1903, les sionistes tenaient le cabinet d’avocat du futur Premier ministre Lloyd George.
Pour une discussion détaillée de l’incident du Lusitania et d’autres aspects de l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, voir John Cornelius, « The Hidden History of the Balfour Declaration » (L’histoire cachée de la Déclaration Balfour), Washington Report on Middle East Affairs, (novembre 2005). En ligne à www.wrmea.com (op.cit.).

[16Justin McCarthy, The Population of Palestine : Population History and Statistics of the Late Ottoman Period and the Mandate (La population de la Palestine : histoire de la population et statistiques de la fin de la période ottomane et du mandat), Columbia University Press (1990), p. 26.

[17J.M.N. Jeffries, Palestine : The Reality, (London reprint ed. : Longman, Greens, and Co (1939), p. 172. Une version est gratuitement téléchargeable à archive.org.

[18« Les esquisses pour cela voyagèrent dans les deux sens, en Angleterre ou sur l’Océan, pour être scrutées par deux contreparties en quelques maquettistes à moitié coopérants et à moitié rivaux les uns envers les autres... »
Jeffries rapporte également que le dirigeant sioniste américain, le rabbin Stephen Wise, écrivit : « La déclaration Balfour était en cours depuis près de deux ans... »

[19Jeffries, Palestine : The Reality (op. cit.) p. 172 ; Jeffries cite History of Zionism (L’ histoire du sionisme) de Nahum Sokolow.

[20Nahum Sokolow, avec une préface du très honorable A.J. Balfour, Membre du Parlement ,History of Zionism (1600-1918) (Histoire du sionsime 1600-1918) en deux volumes, Longmans, Green and Co, London, (1919) ; vol. 2 : pp. 79-80. En ligne à archive.org.
Brandeis, Frankfurter et Wise ont participé à la rédaction du texte. Voir :
« Avec Louis Brandeis et Felix Frankfurter, Wise [le rabbin Stephen Wise] a aidé à écrire la déclaration Balfour de 1917. » Burton A. Boxerman, in Anne Cipriano Venzon The United States in the First World War : An Encyclopedia (Military History of the United States) (Les États-Unis dans la Première Guerre mondiale : une encyclopédie - une histoire militaire des États-Unis), Routledge, New York, ed. Kindle (2012, 2013), p. 800 :
« Le rabbin Stephen Wise joua un rôle important d’intermédiaire auprès du président Woodrow Wilson et du colonel Edward House de 1916 à 1919, lorsqu’avec Louis D. Brandeis et Felix Frankfurter il contribua à la rédaction du texte de la déclaration Balfour de 1917. » (sur Stephen S. Wise dans la collection des manuscrits No 49 (1893-1969), accessible à americanJewisharchives.org, Centre Jacob Rader Marcus des Archives juives américaines).

[21Horace M. Kallen le philosophe engagé du pluralisme et du melting pot dans la démocratie américaine, aurait doté le sionisme fondateur de la nation juive en Palestine d’une utopie socialiste productiviste et vertueuse plus à gauche que la démocratie américaine dont il avait conceptualisé le pluralisme et le melting pot et dont il avait fait le modèle. Dans la société secrète qu’il avait créée, il avait rallié des élites parmi lesquels le grand rabbin Stephen Wise et le Juge de la Cour Suprême Brandeis, qui seront chacun à leur tour présidents du mouvement sioniste américain et auxquels on attribue d’avoir convaincu le Président Willson, à propos de la de la future déclaration Balfour, d’entrer dans la guerre. Concernant la société secrète Parushim, voir : Sarah Schmidt American Jewish Historical Quarterly, Sep 1975-Jun 1976 ; 65. l-4 ; AJHS Journal p. 121. Lire l’extrait dans If American Knew :  
« Horace M. Kallen, le philosophe social le mieux connu dans l’histoire intellectuelle américaine pour sa théorie du pluralisme culturel, a adopté le sionisme en 1903 comme mode séculaire de maintien de l’identité juive, une alternative à la tradition religieuse juive qui lui semblait incompatible avec la vingtième siècle Amérique. [NdLaRdR : Il était athée] Il est venu au sionisme principalement sous l’influence de deux de ses professeurs de Harvard, l’historien littéraire Barrett Wendell, qui a interprété l’esprit hébraïque de la justice sociale prophétique comme l’inspiration des pères fondateurs américains, et William James, dont la philosophie du pragmatisme mettait l’accent sur la réalité de la faiblesse.
Kallen a étendu l’identification de la tradition hébraïque de Wendell avec l’idéalisme américain ; il a défini le mouvement pour renationaliser le peuple juif, le sionisme, comme une opportunité pour fonder une démocratie modèle basée sur les mêmes concepts de liberté et d’égalité qui pour lui symbolisaient l’Amérique. En même temps, il appliqua le concept de pluralisme de James au groupe ethnique ; parmi eux, les Juifs, qui commençaient à prendre de l’importance aux États-Unis, et qui soutenaient que la préservation des différences constituait la véritable mesure d’égalité que la Déclaration d’Indépendance avait énoncée. Le sionisme a ainsi pu remplir deux fonctions pour Kallen lui permettant de conserver son identité juive et de devenir ainsi un meilleur Américain. [...] »... 

[22Ambassador Andrew I. Killgore, « A Brief History of US-Israel Relations » Counterpunch, (Nov. 4 2014).

[23Note en cours de traduction (work in progress).

[24Note en cours de traduction (work in progress).

[25Note en cours de traduction (work in progress).

[26Note en cours de traduction (work in progress).

[27Note en cours de traduction (work in progress).

[28Note en cours de traduction (work in progress).

[29Note en cours de traduction (work in progress).

[30Note en cours de traduction (work in progress).

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[37Note en cours de traduction (work in progress).

[38Note en cours de traduction (work in progress).

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