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Baleine : droit de retrait 

mercredi 17 février 2010, par Didier Daeninckx

Les éditions Baleine sont nées en 1995 avec la création du personnage du « Poulpe » défini comme un enquêteur « libertaire et antifasciste ».
Ce personnage est sorti des livres pour devenir un véritable protagoniste des luttes contre le Front National, pour les sans-droits, les sans-papiers.
Quinze ans plus tard, par la seule volonté de son directeur et contre l’avis de ses auteurs, les éditions Baleine ont décidé de mettre à leur catalogue un livre de 1949, Faut toutes les buter, dont l’oubli avait sanctionné le racisme et la médiocrité.

Il est signé de François Brigneau, l’un des créateurs du Front National, également auteur de Si Mussolini m’était conté, de Xavier Vallat et la Question juive, et d’une apologie au titre faussement interrogatif : Mais qui est donc le professeur Faurisson ?.

Compte tenu de son histoire, cet ex-Milicien souvent condamné pour antisémitisme n’avait pas sa place aux éditions Baleine, compte également tenu de leur histoire.

En conséquence, les auteurs soussignés demandent le retrait immédiat de leur nom et de leurs œuvres du catalogue des éditions Baleine.

Premiers signataires : Didier Daeninckx, Patrick Raynal, Roger Martin, Sylvie Rouch, Lionel Makowski, Gérard Streiff, Maud Tabachnik, Chantal Montellier, Gilles Vidal, Sébastien Doubinsky, Romain Slocombe, Sophie Kepes, Nila Kazar, Francis Mizio, Hervé Le Tellier, Robert Deleuse, Mouloud Akkouche, Roger Facon, Claude Mesplède, Thierry Crifo, François Braud, Pierre Cherruau, Lalie Walker, Noël Simsolo, Catherine Fradier, Martin Winckler, Xavier Mauméjean, Olivier Thiébaut, François Joly, Johan Heliot. Guillaume Cherel, Stéphanie Benson, Jean-Christophe Pinpin, Antoine Blocier, Alain Bellet, Renata Ada, Jocelyne Sauvard, Grégoire Forbin, Jean-Jacques Reboux, Jacques Albina, Jacques Puisais, Michel Boujut.

14 Messages

  • la Baleine a échoué 17 février 2010 16:26, par Yanka

    Tout ceci sent le rance... si même cette maison d’édition ne sait plus ce que ligne éditoriale peut signifier,alors autant les abandonner à leur dérive.... l’exemple de Marc-Edouard Nabe et l’ouverture de sa propre maison d’édition est une piste à suivre.

    • la Baleine a échoué 17 février 2010 23:22, par Aliette G. Certhoux

      Oui pour la remarque en commentaire c’est vrai et pas vrai. L’exemple de Nabe est remarquable sauf que c’est un auteur déjà connu dans l’édition qui mise son autonomie éditoriale sur la "valeur" (au sens économique et marchand) de son propre nom.
      On sait bien que ce genre d’édition en petits tirages numériques ne coûte pas très cher mais enfin cousu c’est déjà plus cher... et alors se pose de plus la question de savoir si avant de s’être fait un nom dans l’édition on peut s’imposer comme auteur de cette façon, c’est peu probable.

      Sinon, comme on a le moyen de le faire depuis un moment déjà via le web les éditeurs seraient morts depuis longtemps...

      Et puis il ne faut pas non plus penser que les éditeurs sont inutiles pour les auteurs par rapport aux livres qui émergent dans ce cadre. Bien souvent ils aident à révéler la force de certains textes pas encore aboutis.
      Il est d’ailleurs très significatif que dans les dernières propositions de réforme du livre on ait purement et simplement oublié les éditeurs ;-)

      il faut de tout pour faire un monde vivant et intéressant... il n’y a hélas pas de solution unique.

  • Baleine : droit de retrait 17 février 2010 23:13, par Paco

    Bonjour,
    Pour info, j’ai relayé cette affaire en faisant un article sur Le Post.
    Amicalement.

    Voir en ligne : L’éthique en toc des éditions Baleine

    • Baleine : droit de retrait 18 février 2010 02:19, par Aliette G. Certhoux

      Je pensais que là bas attendant dans sa prison au Brésil d’être libéré Cesare Battisti, qui avait écrit en 1997 un ouvrage de la série Le Poulpe (J’aurai ta Pau, traduit de l’italien par Arlette Lauterbach car alors il ne parvenait pas à écrire en français), et je crois d’ailleurs un autre Le Poulpe, écrit en collaboration, peut-être même introduit par Daeninckx (?) en tous cas Daeninckx fut parmi les écrivains qui prirent partie et cause forte pour Battisti, il doit se dire que La Baleine a bien changé (le sait-il ?)... Il se serait certainement solidarisé avec les premiers signataires. mais là où il se trouve, sur le fil du rasoir, il ne peut rien faire qui risquerait de provoquer les media. Daeninckx et ces auteurs sont courageux. La série va disparaître sauf au marché de l’occasion... en même temps c’est super triste. Qu’est-ce qui a bien pu se produire chez cet éditeur : un changement de direction ou le rachat d’un vecteur ?

  • Baleine : droit de retrait 18 février 2010 13:04, par Dominique Hasselmann

    Je suis heureux de voir que la liste s’allonge, bravo également à Francis Mizio !

    Ce matin, j’ai écrit un article sur mon blog, ayant été averti hier par un e-mail de Didier Daeninckx.

    Merci à La Revue des Ressources pour cette mise au jour du genre de méthodes à l’oeuvre dans cette Baleine soudain dégonflée.

    Voir en ligne : Le Chasse-clou

  • Baleine : droit de retrait 18 février 2010 16:14, par Fanon

    D’après Médiapart : "Joint au téléphone, l’éditeur semble se réjouir du mini-scandale provoqué par cette reprise, avouant même compter dessus pour « faire du buzz » et vendre des livres. Il raconte être « tombé par hasard sur ce livre il y a deux ans environ, et l’avoir trouvé génial, sans savoir qui était l’auteur ». S’étant renseigné sur la biographie de Brigneau (wikipedia ici, par exemple), Jean-François Platet explique qu’il l’a rencontré et qu’il a vainement tenté de convaincre le groupe Le Seuil auquel il appartenait alors de le publier. C’est Denis Jeambar, à l’époque PDG du Seuil, qui s’y était opposé, précise-t-il.’

    Voir en ligne : Le Poulpe : du noir au brun ?

    • Baleine : droit de retrait 18 février 2010 21:56, par Seb

      Reçu ce matin.
      Lu cet après-midi.
      Livre extraordinaire.
      Auteur infréquentable.

  • Baleine : droit de retrait / Liberté d’expression ? 19 février 2010 19:26, par Un inConnu

    Juste un mot à propos de Faurisson : à l’époque, quelqu’un qu’on peut difficilement taxer d’antisémitisme l’avait soutenu au nom de la liberté d’expression. Ce quelqu’un c’était Noam Chomsky.

    • Baleine : droit de retrait / Liberté d’expression ? 20 février 2010 00:52, par Aliette G. Certhoux

      Oui c’est vrai que si on commence à censurer ou à interdire Mein Kampf il y aura comme un manque d’information de quelque chose que pourtant on devrait tous connaître et avoir analysé dans un cadre critique (avec des référents).

  • Baleine : droit de retrait 20 février 2010 21:36, par Xavier Mauméjean

    Je m’associe aux auteurs, en tant qu’auteur publié chez Baleine et ancien directeur de collection chez Baleine.
    Xavier Mauméjean

  • Baleine : droit de retrait 21 février 2010 13:21, par Roland C. Wagner

    Je signe sans hésiter.

  • Baleine : droit de retrait 22 février 2010 11:41, par Jean-Christophe Pinpin

    cher Didier, ;
    *j’apprends ce matin l’arrivée du sinistre Brigneau dans la collection le poulpe.
    IL va sans dire encore mieux en le disant, que je signe ta pétition des deux mains et fais valoir mon droit de retrait.
    Amitiés anti fascistes.
    Jean-Christophe Pinpin.
    Poulpe n° 19 Les geans bons baillonnés

  • Baleine : droit de retrait 26 février 2010 00:53, par jack68

    Au secours, retirez mon nom et mes oeuvres du catalogue de Gallimard qui publient cet horrible fasciste et antisémite de Céline !!

    On l’aura compris : je trouve cette pétition et cet appel au droit de retrait parfaitement pathétique.

  • Baleine : droit de retrait 12 mars 2010 15:13, par David ATTIACH

    Pourquoi faudrait t-il interdire la publication d’une oeuvre, si laide soit-elle ? Cela me rappelle cette fausse polémique au sujet des manifestations du KKK aux USA qui sont, il faut le rappeler, autorisées dans presque tous les états. En France, on crie au scandale parce que la liberté d’expression est un droit non-naturel, obtenu dans la souffrance et dans la lutte. Et qui, il faut bien le constater, est encore à la merci de la censure des bien-pensants qui, par endroit, paraissent aussi odieux que ceux qui prêchent la guerre sainte dans les cités. Refuser le droit à la parole n’est pas une option, c’est une dérive dangereuse de la Morale qui prétend savoir ce qui est bon pour nous. Arbitrairement.

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