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La femme hantée 

samedi 21 août 2010, par Charlotte Perkins Gilman (Date de rédaction antérieure : 7 avril 2008).

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Il est très rare que des personnes aussi ordinaires que John et moi louent pour un été une demeure ancestrale. Une construction de style colonial, un domaine héréditaire ; j’irais jusqu’à dire une maison pleine de fantômes, capable de vous emmener au sommet de la béatitude romantique. Mais voilà qui serait trop demander au destin !
Je soutiens néanmoins que l’atmosphère qui règne dans cette maison est étrange. Sinon, comment expliquer que cette maison soit aussi peu chère ? Et pourquoi serait-elle restée si longtemps inhabitée ?
John se moque de moi, naturellement, mais à quoi d’autre s’attendre de la part d’un mari ? John est résolument pragmatique. La crédulité l’exaspère, la superstition lui fait horreur et il se gausse ouvertement de tout ce qui n’est pas tangible, visible et traduisible en chiffres. John est médecin, et peut-être - bien entendu je ne le dirai jamais à personne mais après tout ceci n’est que du papier mort mais l’écrire soulage mon esprit - peut-être est-ce là une des raisons qui font que mon état ne s’améliore en rien. Il ne croit pas que je suis malade, vous comprenez ?
Si un médecin de grande renommée, votre mari qui plus est, se porte garant auprès des amis et des membres de la famille que vous n’avez vraiment rien - tout juste une simple dépression nerveuse tout à fait passagère, une légère tendance à l’hystérie - que peut-on faire ? Mon frère aussi est médecin, lui aussi de grande renommée et il dit la même chose.
Alors je fais mes séjours ici, je prends mes phosphates ou phosphites - je ne sais plus au juste - , mes fortifiants, du grand air, de l’exercice, mais il m’est absolument interdit de travailler jusqu’à ce que je sois rétablie. Personnellement, je ne partage pas leurs idées. Personnellement, je crois qu’un travail intéressant, qui me procurerait un changement et qui me stimulerait, me ferait le plus grand bien.
Mais que peut-on faire ?
Pendant quelque temps, j’ai continué à écrire en dépit d’eux tous, mais il est vrai que cela m’épuise d’avoir à le faire en cachette, quand je n’ai pas à me heurter à leur pesante opposition.
Parfois, j’imagine que dans ma situation, si j’étais moins contrariée, si j’étais plus entourée et stimulée... Mais John dit que le pire que je puisse faire, c’est de réfléchir à mon état, et j’avoue que je me sens toujours très mal dès que j’y pense. Alors j’y renonce et je vais plutôt parler de la maison. Un endroit vraiment merveilleux ! La maison est très isolée, éloignée de la route, à cinq bons kilomètres du village, et le domaine me fait penser à ces descriptions littéraires des paysages anglais avec des haies, des murets, des portails qui ferment avec des verrous et tout un ensemble de petites maisons indépendantes où logent les jardiniers et les domestiques. Le jardin est un enchantement ! Vaste, ombragé, parcouru d’allées bordées de buis où l’on peut s’asseoir sous des treilles lourdes de grappes. Jadis, il existait des serres mais elles sont aujourd’hui détruites. Je crois qu’il y a eu un conflit d’intérêt entre les héritiers, en tout cas les lieux sont restés à l’abandon pendant des années.
Voilà qui rend caduque mon obsession pour les fantômes, j’en ai peur ! Mais peu importe, quelque chose d’étrange est à l’œuvre dans cette maison, je le sens. Je l’ai même dit à John un soir de pleine lune, mais il m’a répondu que ce que je sentais n’était qu’un courant d’air et il a refermé la fenêtre.
J’ai quelquefois des accès de colère irraisonnée contre John. Je n’ai jamais été aussi vulnérable que je le suis à présent. Cela doit être à cause de mon état nerveux. Mais John me dit que si je me laisse aller, je vais finir par perdre la maîtrise que j’ai sur moi, aussi je m’efforce de me dominer, devant lui tout au moins, et cela me fatigue énormément.
Je n’aime pas du tout notre chambre. Celle que je voulais était au rez-de-chaussée et donnait au-dehors ; elle avait une fenêtre encadrée de roses avec des rideaux ravissants en chintz - mais John n’a rien voulu savoir. Il dit que cette chambre-là n’a qu’une seule fenêtre ; qu’il n’y a pas la place pour deux lits, ni d’autre chambre adjacente disponible pour lui. Il est très attentif, très tendre, je ne peux esquisser le moindre geste sans qu’il s’en inquiète. Tout est prévu dans mon emploi du temps pour chaque heure du jour ; il me décharge de tout souci, aussi je me sens bien ingrate de ne pas lui être plus reconnaissante. Il dit que nous sommes venus ici uniquement pour moi, pour que je me repose et que je respire le bon air :- Ton activité dépend de tes forces, ma chérie, dit-il, manger dépend de ton appétit, mais l’air, tu peux le respirer à tout moment.
C’est ainsi que nous nous sommes installés dans la chambre d’enfants qui se situe tout en haut de la maison. C’est une grande pièce très claire, trouée de fenêtres, qui occupe quasiment tout l’étage, où l’air et le soleil pénètrent aisément.
Avant d’être une chambre d’enfants, elle a dû servir de salle de jeux, j’en suis sûre car les fenêtres sont encore grillagées - pour protéger les petits - et des agrès sont scellés dans le mur. Puis elle a dû être utilisée comme salle d’étude pour garçons, à en juger par l’état de la peinture et du papier. Ce papier est arraché par lambeaux autour de la tête du lit, aussi loin que je peux étendre le bras, tout comme il est arraché en face, au bas du mur. De ma vie, je n’ai jamais vu un papier en si piteux état. Son motif est vulgaire et tape-à-l’œil - une véritable injure à tout sens artistique.

Il est assez monotone pour brouiller la vue, mais suffisamment précis pour provoquer une curiosité irritée. Quand vous tentez d’en suivre les arabesques incertaines, voilà que tout à coup elles déçoivent et se suicident, virent à des angles absurdes, pour enfin se détruire de façon chaotique. La couleur en est repoussante, révoltante même - un jaune douteux et oppressant, étrangement fané par la lumière du soleil. Par endroits, d’un oranger blafard, ailleurs d’une teinte maladive et sulfureuse. Pas étonnant que les enfants l’aient pris en horreur ! Moi-même, je me mettrais à le détester si je devais vivre ici longtemps.
Mais voilà John. Je dois cacher cette page. Il ne supporte pas de me voir écrire le moindre mot.

Voilà deux semaines que nous sommes installés et, depuis ce premier jour, je n’ai plus jamais éprouvé l’envie d’écrire. Maintenant, je suis assise près de la fenêtre, dans cette horrible chambre d’enfants et plus rien ne m’empêche d’écrire autant que je le veux, si ce n’est que je manque de forces. John n’est pas là dans la journée et il s’absente même parfois la nuit, lorsqu’il est appelé pour des cas très graves. Je suis contente de ne pas être un cas grave ! Mais cette fatigue nerveuse est terriblement déprimante. John ignore combien je souffre. Il est persuadé que je n’ai aucune raison de souffrir et cela lui suffit. Bien sûr, ce n’est que de la nervosité. Mais manquer ainsi à tous mes devoirs me pèse terriblement.
Je voulais tellement être une aide pour John, un appui et un réconfort, et me voilà devenue un fardeau. Personne ne peut avoir une idée de l’effort que me coûte le peu que je sois capable d’accomplir : m’habiller, recevoir, donner des ordres. C’est une chance que Mary sache si bien s’occuper du bébé. Cher, cher bébé ! Il m’est impossible de m’en occuper moi-même, cela me rend trop nerveuse.
Je suppose que John n’a jamais souffert des nerfs dans sa vie. Il se moque tant de moi au sujet de ce papier peint ! Au début, il voulait faire retapisser la chambre, mais il a déclaré ensuite que j’y accordais trop d’importance, et que rien n’est plus mauvais pour une malade des nerfs que de se laisser obnubiler ainsi. Il m’a dit qu’une fois le papier changé, ce serait au tour du bois du lit, puis à celui des fenêtres à barreaux, puis à la grille en haut de l’escalier et ainsi de suite.
Tu sais que cet endroit te fait du bien, m’a-t-il dit, et vraiment, ma chérie, je ne tiens pas à rénover la maison juste pour une location de trois mois.
Dans ce cas, descendons au rez-de-chaussée, les chambres sont si jolies, lui ai-je proposé.
Il m’a aussitôt serrée dans ses bras, m’a traitée de petite sotte bien-aimée, m’assurant qu’il irait jusqu’à la cave pour me faire plaisir, et même qu’il la ferait blanchir à la chaux ! Mais il n’a pas tout à fait tort à propos des lits, des fenêtres et du reste. C’est une chambre aérée, confortable à souhait, et bien sûr je ne suis pas assez sotte pour le réduire à de telles extrémités avec mes lubies.

Je commence à aimer cette chambre - à l’exception de cet horrible papier peint. D’une des fenêtres, je peux voir le jardin, ses tonnelles ombreuses, mystérieuses, son fouillis de fleurs anciennes, ses buissons, ses arbres noueux. De l’autre, j’ai une vue superbe sur la baie avec son petit appartement privé qui appartient au domaine ; une belle allée ombragée le rejoint en descendant. J’ai souvent l’impression de voir des formes s’avancer sur ces chemins et sous les tonnelles, mais John m’a mise en garde contre ces rêveries. Il dit qu’avec mon imagination et la manie que j’ai d’inventer des histoires, une fragilité nerveuse telle que la mienne pourrait dégénérer en toutes sortes de divagations fantasques et que je ferais bien mieux d’employer toute ma volonté et mon bon sens à réfréner cette tendance. Je m’y efforce donc.

Parfois, je pense que si je me sentais assez bien pour écrire un peu, je trouverais quelque repos et pourrais me décharger des idées qui m’oppressent. Mais quand j’essaie, je trouve que cela me fatigue beaucoup. C’est tellement décourageant de ne pouvoir partager son travail avec personne, de ne recevoir aucun conseil. Dès que je serai totalement remise, John dit que nous inviterons notre cousin Henry et Julia pour un long séjour, mais en attendant il préférerait plutôt allumer un feu d’artifice sous mon oreiller que de me laisser voir des amis aussi stimulants. Je voudrais pouvoir me rétablir plus vite. Je ne dois pas trop y penser. Il me semble que ce papier peint sait l’influence morbide qu’il exerce sur moi ! A intervalle régulier, le même motif revient qui pend comme une tête coupée dont les yeux exorbités me fixent de leur regard à l’envers.
Tant d’obstination dans l’impertinence me rend littéralement furieuse : en bas, en haut, de côté, partout, je vois ramper ces yeux absurdes et fixes ; là où deux panneaux du papier sont mal raccordés, les motifs se multiplient l’un au-dessus de l’autre et les yeux ne cessent de monter et de descendre. Je n’ai jamais vu tant d’expression dans une chose inanimée, et pourtant nous savons tous comme les objets peuvent être expressifs.
Petite fille, il m’arrivait souvent de rester étendue, éveillée, et de ressentir plus d’excitation et de terreur entre des murs nus et des meubles ordinaires qu’un enfant n’en ressent dans un magasin de jouets. Je me souviens des clins d’œil complices lancés par les boutons des tiroirs de notre vieux bureau, et de ce fauteuil qui me semblait un ami à toute épreuve. Il m’arrivait de penser que si certains des autres objets prenaient une allure trop menaçante, je pourrais toujours d’un bond me réfugier dans ce fauteuil.
Mais ici, dans cette pièce, les meubles ne vont pas les uns avec les autres car il nous a fallu les remonter du rez-de-chaussée. Je suppose que lorsque la pièce servait de salle de jeux, ils ont dû en retirer tous les meubles. Rien d’étonnant ! Ces enfants ont réussi le plus impressionnant saccage que j’aie jamais vu.
Comme je l’ai dit, le papier est arraché par plaques entières alors qu’il avait été solidement collé. Ces enfants ont dû y mettre autant d’acharnement que de haine. Le parquet est griffé, tailladé, labouré, le plâtre même est creusé, effrité, et l’énorme lit massif - le seul meuble que nous ayons trouvé dans cette pièce - paraît avoir subi l’épreuve du feu.

Mais rien de tout cela ne me dérange. Seul, ce papier peint...

Voilà la sœur de John. C’est une femme si gentille et qui prend tellement soin de moi. Il ne faut pas qu’elle me surprenne en train d’écrire. C’est une maîtresse de maison parfaite et enthousiaste. Elle n’a pas d’autre ambition. Je crois qu’elle est convaincue que c’est le fait d’écrire qui m’a rendue malade. Mais je peux écrire lorsqu’elle est sortie et que je la vois, là-bas, bien loin de mes fenêtres. L’une surplombe la route - une très belle route ombragée qui tourne en lacets - l’autre donne sur la campagne - une très belle campagne aussi, riche en vieux ormes et en prairies de velours.

Sous certains éclairages, un autre motif apparaît sur le papier peint, comme un palimpseste, de teinte différente et dont la discrétion irrite. Là où le papier n’est pas fané, quand le soleil l’éclaire de ses rayons, il me semble voir une silhouette bizarre, provocante et informe qui rôde derrière le motif vulgaire.
Voilà la sœur qui monte l’escalier !

Bon, le 4 juillet est passé, tout le monde est parti et je suis éreintée. John pensait que cela me ferait du bien d’avoir un peu de compagnie. Mère, Nelly et les enfants sont venus passer une semaine ici. Bien sûr, je n’ai rien eu à faire. C’est Jennie qui se charge de tout à présent. Mais cela m’a tout de même fatiguée. John dit que si je ne me rétablis pas plus rapidement, il m’enverra chez le Dr Weir Mitchell à l’automne. Mais je n’ai aucune envie d’y aller. Une de mes amies l’a consulté et elle dit qu’il est tout à fait comme John et mon frère - en pire !

Et puis, c’est une telle expédition d’aller si loin.
J’ai le sentiment qu’il est inutile de faire le moindre geste et je deviens terriblement irritable et morose.

Je pleure pour un rien, je pleure presque toute la journée. Pas en présence de John, bien sûr, ni de personne d’ailleurs, seulement quand je suis seule. Et maintenant je suis seule très souvent. John est très fréquemment retenu en ville pour des urgences et Jennie est si compréhensive qu’elle me laisse seule quand je le lui demande. Alors je me promène un peu dans le jardin, je descends la belle allée ; je m’assieds sous le porche couvert de roses mais le plus souvent je reste allongée dans ma chambre.
Je commence vraiment à aimer cette chambre malgré le papier peint. Peut-être même à cause du papier peint ? Il m’obsède.

Je reste étendue sur ce grand lit inamovible - je crois qu’il est cloué au sol - et, heure après heure, je fais le tour du motif sur le mur. C’est un véritable exploit, je vous assure. Je commence, disons, par le bas, dans le coin encore intact, et je décide pour la millième fois que je suivrai ce motif insensé jusqu’à ce que je parvienne à une sorte de conclusion.
Je connais un peu les principes du dessin et je vois bien que ce motif ne repose sur aucune loi de circularité, d’alternance, de répétition ou de symétrie, ni sur aucun système connu.
Il ne fait que se répéter sur chaque lé.
Vu sous un certain angle, chaque lé est indépendant ; les courbes floues et les arabesques d’une sorte de dessin romantique décadent, atteint de delirium tremens, se tordent de haut en bas, de bas en haut, en colonnes insolentes. Sous un autre angle, elles se rencontrent en diagonale et leurs contours se perdent en grandes vagues obliques - vision d’horreur - comme une débâcle d’algues pourrissantes. Tout ce chaos s’étale aussi à l’horizontale - enfin, me semble-t-il - et je m’épuise à tenter de distinguer le schéma qui préside à son mouvement. Un de ces motifs a été utilisé comme frise, ce qui ajoute à la confusion de l’ensemble.
Au fond de la chambre, le papier peint est à peu près intact et, quand se calment les lumières obliques, que le soleil couchant l’éclaire directement, je peux très bien imaginer, après tout, qu’il irradie et que ses arabesques multiples vont se ramifier autour d’un centre commun pour se précipiter brusquement dans une folie partagée.

Suivre ce motif m’épuise. Je vais me reposer un peu. Je ne sais pas pourquoi j’écris tout cela.
Je ne veux pas.
Je ne peux pas.
Je sais que John trouverait cela absurde. Mais il faut que je dise ce que je sens et pense, d’une façon ou d’une autre - c’est un tel soulagement ! Mais le poids de l’effort est en train de dépasser le sentiment de délivrance.

La plupart du temps, je suis d’une paresse affreuse. Je reste étendue très longtemps. John dit que je ne dois pas perdre mes forces ; il me fait prendre de l’huile de foie de morue, une quantité de fortifiants et autres potions, sans parler de la bière, du vin et de la viande rouge.

Cher John ! Il m’aime tant et déteste me voir malade. J’ai essayé, l’autre jour, d’avoir avec lui une vraie conversation, sincère et raisonnable, pour lui dire combien j’aimerais qu’il m’autorise à partir pour aller chez notre cousin Henry et Julia. Mais il m’a expliqué que j’étais incapable de faire le voyage, qu’une fois arrivée je ne serais pas en mesure de supporter le séjour là-bas. Je n’ai pas su plaider ma cause, je pleurais avant même d’avoir fini.
Cela devient très difficile pour moi de réfléchir avec lucidité. Nulle doute que cette fragilité nerveuse en soit la cause.
Ce cher John m’a alors soulevée dans ses bras, m’a portée jusqu’à ma chambre, m’a étendue sur le lit, et s’est assis à mon chevet pour me faire la lecture jusqu’à ce que ma tête éclate. Il m’a dit que j’étais sa chérie, son réconfort, tout ce qu’il possédait ; qu’il fallait que je prenne soin de moi, ne serait-ce que pour lui, et ne plus tomber malade. Il dit que je suis seule à pouvoir m’en sortir, qu’il me faut user de volonté, me dominer, et ne pas me laisser emporter par de stupides chimères.

Une seule chose me console : le bébé va bien, il est heureux et n’est pas obligé d’occuper cette chambre d’enfants avec son atroce papier peint. Si nous ne l’occupions pas, ce serait lui, le cher bébé qui y serait installé ! Quelle chance il a d’y avoir échappé ! Pour tout l’or du monde je n’aurais supporté que mon enfant - un petit être si vulnérable - soit obligé de vivre dans une chambre pareille.
Je n’y avais jamais pensé auparavant, mais c’est heureux, après tout, que John m’ait retenue là. Je peux le supporter tellement mieux qu’un petit enfant, vous comprenez. Naturellement, je ne leur en parle plus jamais. Je suis trop prudente pour cela. Mais je suis aux aguets.

Il y a des choses concernant ce papier peint que personne ne sait, sauf moi, et que personne ne saura jamais. Derrière le motif du premier plan, des formes vagues se précisent davantage chaque jour. Il s’agit toujours de la même forme, mais elle se multiplie. On dirait qu’une femme se penche jusqu’à terre pour aller ramper derrière le dessin. Cela ne me plaît pas du tout. Je me demande... Je commence à croire que... J’aimerais tant que John m’emmène loin d’ici !
C’est si difficile de discuter de mon cas avec lui, parce qu’il est si intelligent, et qu’il m’aime tant. Pourtant, hier soir, j’ai essayé. Il y avait un clair de lune. La lune éclaire toute la chambre à la manière du soleil. Parfois, je la hais. Elle glisse si lentement, elle s’insinue d’une fenêtre à l’autre.

John dormait et je répugnais à l’idée de le réveiller, aussi suis-je restée immobile, à regarder s’étirer cette clarté ondoyant sur le papier peint - jusqu’à en avoir des frissons. La forme floue derrière le motif paraissait agiter le papier comme si elle voulait s’en échapper. Je me suis levée sans bruit pour toucher le papier et voir s’il bougeait vraiment. Quand je me suis recouchée, John était réveillé.
Qu’est-ce qu’il y a, ma petite fille ? a-t-il demandé. Cesse de te promener comme ça tu vas prendre froid !
J’ai pensé que c’était une bonne occasion pour lui parler ; je lui ai dit que mon état était loin de s’améliorer et que j’aimerais qu’il m’emmène hors d’ici.
Mais ma chérie ! la location prend fin dans trois semaines et je ne vois pas comment nous pourrions partir avant : chez nous, les travaux ne sont pas terminés et il m’est tout à fait impossible de quitter la ville actuellement. Bien sûr, si tu courais le moindre risque, je trouverais le moyen, je le ferais, mais tu vas vraiment mieux, chérie, que tu t’en aperçoives ou pas. Je suis médecin, ma chérie, et je sais. Tu as pris du poids et des couleurs, tu as meilleur appétit, je me sens vraiment rassuré à ton sujet.
Je n’ai pas pris un gramme, ai-je répondu, j’aurais même plutôt maigri, j’ai peut-être meilleur appétit le soir quand tu es là, mais le matin, quand tu t’en vas...
Le petit cœur adoré, m’a-t-il dit en m’étouffant d’un baiser, il sera malade autant qu’il voudra ! mais en attendant, essayons de dormir, nous en reparlerons demain matin.
Alors, tu ne veux pas partir d’ici ? ai-je demandé, l’air triste.
Comment le pourrais-je, chérie ? Il ne reste plus que trois semaines, après quoi nous ferons un beau petit voyage de quelques jours en attendant que Jennie prépare la maison. Je t’assure, chérie, que tu vas mieux !
Physiquement peut-être, mais...
Je me suis arrêtée net car il s’était redressé et me lançait un regard si sévère, si lourd de reproches que je ne pouvais plus articuler un seul mot.
Ma chérie, dit-il, je t’en supplie, pour l’amour de moi, de notre enfant, de toi-même, ne permets plus un seul instant à une telle idée d’envahir ta pensée. Il n’y a rien de plus dangereux, de plus destructeur pour un tempérament comme le tien. C’est une idée absurde et fausse. Je te l’affirme. Ne peux-tu faire confiance au médecin que je suis ?
Alors, bien sûr, je n’ai rien ajouté et nous nous sommes rendormis. Il me croyait endormie la première, mais je ne l’étais pas, et je suis restée là, étendue, éveillée pendant des heures, essayant de démêler si les deux motifs du papier peint bougeaient ensemble ou séparément.

A la lumière du jour, ce genre de motif montre une telle incohérence, il constitue un tel défi aux lois de l’équilibre, qu’il ne peut qu’irriter un esprit normalement constitué. La couleur en est hideuse, douteuse, incertaine ; quand au motif lui-même, c’est une véritable torture. Vous croyez le tenir, mais juste quand vous pensez en avoir fait le tour, voilà qu’il s’inverse et vous laisse décontenancé. Il vous gifle, vous renverse, vous écrase - un vrai cauchemar.
Le dessin, en surface, trace une sorte d’arabesque évoquant la forme d’un champignon - imaginez un champignon vénéneux ou, plutôt, une file interminable de champignons vénéneux qui éclatent et prolifèrent en d’infinies circonvolutions. Oui, c’est un quelque chose comme cela - enfin, parfois.
Ce papier peint a une qualité singulière que je suis la seule, me semble-t-il, à avoir remarqué : il change avec la lumière. A l’heure où viennent donner les premiers rayons du soleil - je guette toujours ce premier rai - le papier change avec une telle rapidité que j’ai du mal à en croire mes yeux. C’est pourquoi je le surveille avec attention.
Par les nuits où la lune brille de tout son éclat sans répit et éclaire la pièce, je jurerais que ce n’est pas le même papier peint. La nuit tombée, le motif s’altère avec la lumière. Le crépuscule, les bougies, la lampe, le clair de lune surtout, le déforment en une série de barreaux. Je parle du motif au premier plan. La silhouette de la femme qui se cache derrière se distingue alors parfaitement. J’ai mis longtemps à comprendre ce qu’était cette forme dérobée derrière le motif, mais je suis certaine à présent qu’il s’agit d’une femme. Le jour, elle est calme, immobile. Je suppose que c’est le motif qui la bride. Cela me tourmente. Je m’y absorbe pendant des heures.
Je reste allongée de plus en plus longtemps. John dit que rien ne peut me faire plus de bien que de dormir ainsi. En fait, il a pris l’habitude de me forcer à me coucher une heure après chaque repas. C’est une mauvaise habitude, j’en suis convaincue, car, voyez-vous, je ne dors pas. Ainsi continue ce jeu de dupes car je ne leur dis pas que je reste éveillée - oh non !
La vérité, c’est que je commence à avoir un peu peur de John. Il me paraît parfois des plus bizarres, et même Jennie a un regard énigmatique... Il me traverse parfois l’esprit, comme une hypothèse scientifique, que c’est à cause du papier peint !
J’ai observé John à son insu ; je suis entrée brusquement dans la chambre sous différents prétextes, et je l’ai surpris plusieurs fois en train de regarder le papier peint ! Quant à Jennie, je l’ai surprise à son tour, la main posée dessus ! Elle ne s’était pas aperçue de ma présence dans la pièce, et quand je lui ai demandé d’une voix douce, extrêmement douce, de la façon la plus discrète qui soit, ce qu’elle faisait avec ce papier, elle s’est retournée comme une voleuse prise en flagrant délit et m’a lancé un regard courroucé - elle m’a demandé pourquoi j’avais voulu l’effrayer ainsi. Puis elle a ajouté que le papier peint déteignait, qu’il avait laissé des taches jaunes sur mes vêtements et ceux de John et qu’elle aimerait que nous fassions plus attention. Quoi de plus innocent, n’est-ce pas ? Mais je sais qu’elle cherchait à déchiffrer le motif, et je suis bien déterminée à ne laisser personne d’autre que moi y parvenir.

La vie est maintenant beaucoup plus excitante qu’avant. Je suis dans l’attente, vous comprenez. J’ai quelque chose dont je peux me réjouir à l’avance, quelque chose à surveiller. C’est vrai que j’ai meilleur appétit et que je suis moins nerveuse. John est ravi de me voir me rétablir. Il a eu un petit rire l’autre jour pour me dire que j’avais vraiment l’air épanouie en dépit du papier peint jaune ! J’ai éludé en riant. Je n’avais nullement l’intention de lui révéler que c’était grâce au papier - il se serait moqué de moi. Peut-être même aurait-il eu l’idée de m’éloigner d’ici.
Pas question de quitter cet endroit avant d’avoir percé le secret. J’ai encore une semaine et je crois que cela suffira.

Je me sens vraiment mieux ! La nuit je dors peu car c’est tellement fascinant d’en observer les métamorphoses - mais je dors à satiété le jour.
De jour, le motif me fatigue, me déconcerte.
De nouvelles excroissances apparaissent chaque jour sur les champignons, et avec elles de nouvelles ombres jaunâtres. Je ne parviens pas à en tenir le compte même lorsque je m’y emploie avec méthode.
Il est d’un jaune tellement insolite, ce papier peint !Il évoque tout ce que j’ai pu voir de jaune - non pas le jaune lumineux des boutons d’or, mais celui des choses usées, vieilles et sales. Autre chose aussi au sujet de ce papier peint : l’odeur ! Je l’ai sentie la première fois que je suis entrée dans cette chambre, mais elle n’était pas vraiment nauséabonde grâce à l’air pur et au soleil. Maintenant que nous venons d’avoir une semaine entière de brouillard et de pluie, que les fenêtres soient ouvertes ou fermées, l’odeur persiste.
Elle se répand dans toute la maison.
Je la retrouve partout, elle flotte dans la salle à manger, elle rôde dans le salon, elle se cache dans le hall et me guette dans les escaliers.
Elle imprègne mes cheveux.
Même en promenade ! Si je tourne brusquement la tête, je la surprends. L’odeur est là ! Et si particulière avec ça ! J’ai passé des heures à tenter de la définir pour en saisir l’essence. Au début, elle est supportable, plutôt douceâtre, mais c’est assurément l’odeur la plus subtile et la plus persistante que j’aie jamais sentie. Par ce temps humide, elle devient fétide. Quand je me réveille la nuit, je la sens flotter au-dessus de moi.
Au début, elle m’importunait. J’ai pensé sérieusement mettre le feu à la maison pour l’anéantir. A présent, je me suis habituée à elle. La seule chose à laquelle je peux la comparer, c’est la couleur du papier ! C’est une odeur jaune.
En bas, près de la plinthe, une marque étrange court le long des murs. Elle passe derrière chaque meuble, excepté le lit, longue et lisse comme si on l’avait frottée de façon répétée. Je me demande comment et par qui elle a été faite, et pourquoi. Elle tourne, tourne et tourne - elle tourne et tourne encore - elle me donne le vertige !

J’ai enfin découvert quelque chose. A force de guetter les transformations du papier au cours de la nuit, j’ai enfin compris. Le motif au premier plan bouge vraiment - et ce n’est pas étonnant : c’est la femme cachée derrière qui le secoue !
Parfois, il me semble que plusieurs femmes se cachent derrière le motif, et parfois qu’une seule y rampe en rond, à une folle allure, et qu’à force de ramper à une telle vitesse le papier en est tout agité de secousses !
Elle s’immobilise dans les zones de lumière, et dans les zones d’ombre, elle s’agrippe aux barreaux qu’elle secoue avec violence. Et pendant tout ce temps, ce qu’elle aimerait, c’est pouvoir traverser le papier peint. Mais personne ne peut échapper à un tel motif tellement il vous étrangle. C’est pourquoi il se compose d’une multitude de têtes. Car si d’aventure elle parvenait à s’enfuir, ce serait pour que le motif l’étrangle et la renverse - voilà la raison de toutes ces têtes aux yeux blancs révulsés ! Si seulement ces têtes étaient effacées ou tranchées, ce serait beaucoup moins effrayant.

J’ai de bonnes raisons de croire que cette femme s’échappe pendant la journée !
De vous à moi j’en ai la certitude, je l’ai vue !
Je peux la voir de chacune de mes fenêtres. C’est la même femme, je le sais, parce qu’elle rampe. La plupart des femmes ne rampent pas à la lumière du jour. Je peux la voir qui avance en rampant sur la longue route ombragée, se cachant derrière les buissons de murs dès qu’une voiture arrive. Je ne la blâme pas le moins du monde. Quelle humiliation ce doit être d’être surprise à ramper ainsi en plein jour !
Moi, quand le jour est levé, je m’enferme toujours à clé quand je rampe. La nuit, il n’en est pas question : John se douterait immédiatement de quelque chose.
John est devenu si bizarre que je ne veux pas l’irriter. Comme j’aimerais qu’il aille dormir dans une autre chambre ! Et puis, je veux être la seule à surprendre cette femme dehors dans l’obscurité. Je me demande souvent s’il serait possible de l’apercevoir de toutes les fenêtres à la fois. Mais j’ai beau tourner la tête à toute vitesse, je ne peux la voir qu’à travers une seule fenêtre. Et même si je pouvais ne pas la quitter des yeux, elle serait sans doute capable de ramper encore plus vite avant que j’aie le temps de me retourner !
Je l’ai aperçue parfois, en pleine campagne, rampant à vive allure, plus rapide que l’ombre d’un nuage chassé par la bourrasque.

Si seulement le motif au premier plan pouvait se détacher, découvrant ainsi celui du dessous ! J’ai l’intention de m’y employer avec patience. J’ai fait une autre curieuse découverte, mais je n’en dirais pas plus cette fois ! J’ai appris la méfiance.
Il ne me reste plus que deux jours pour en finir avec ce papier et j’ai l’impression que John commence à se douter de quelque chose. Je n’aime pas la lueur dans ses yeux.
Et je l’ai entendu poser à Jennie une série de questions médicales à mon sujet. Elle a pu lui faire un rapport très satisfaisant. Elle a dit que je dormais beaucoup pendant la journée. John sait que je dors mal la nuit, je me dépense si peu ! Il m’a également posé toutes sortes de questions, jouant la comédie de l’amoureux inquiet et attentif. Comme si je ne l’avais pas percé à jour ! De toute façon, son comportement n’a rien de surprenant, voilà trois mois qu’il dort avec ce papier peint. Je suis la seule à vraiment m’y intéresser mais je sens bien que John et Jennie sont secrètement marqués par ce papier peint.

Enfin ! C’est le dernier jour mais cela suffira. John doit passer la nuit en ville mais il ne partira que ce soir. Jennie voulait dormir avec moi - la sournoise ! mais je lui ai dit que je dormirais sûrement mieux toute seule. Belle réponse en vérité car je suis loin d’être seule !
A peine la lune s’est-elle mise à briller, et cette malheureuse créature à ramper, que je me suis levée pour l’aider. Je tirais, elle secouait, je secouais, elle tirait, et au matin nous avions arraché des mètres de papier peint : aussi haut que nos bras pouvaient atteindre et sur une surface qui couvrait la moitié de la chambre.
Ensuite, quand l’horrible motif s’est mis à me narguer dans la lumière du soleil, j’ai décidé d’en finir au plus vite.
Nous partons demain et ils sont en train de redescendre tous les meubles pour laisser la maison comme nous l’avons trouvée. Jennie fut stupéfaite en découvrant le mur mais je lui ai expliqué gaiement que j’avais voulu me venger de cette abomination. Elle a répondu en riant qu’elle mettrait volontiers la main à la pâte pour m’éviter cette fatigue. Là, elle s’est trahie ! Mais je suis là, et moi vivante, personne ne touchera à ce papier peint ! Elle a essayé de m’éloigner de la chambre, c’était flagrant ! J’ai répondu que tout était si calme, si vide, si propre, que je pensais me recoucher pour dormir encore. J’ai demandé qu’on ne me réveille surtout pas pour dîner - j’appellerais à mon réveil.
Maintenant, elle est partie, les domestiques sont sortis, les meubles ont disparu, il ne reste plus que le grand lit cloué au sol et son matelas de toile.
Cette nuit, nous dormirons en bas et nous rentrerons demain en bateau.
J’aime bien cette chambre à présent qu’elle est vide. Ce que ces enfants ont pu la saccager quand ils l’occupaient ! Le bois du lit est presque rongé ! Mais il faut que je me mette au travail. J’ai fermé la porte à clef et j’ai jeté la clef par la fenêtre devant la maison. Je ne veux pas sortir et je ne veux pas que quelqu’un entre avant le retour de John. J’ai envie de l’étonner. J’ai une corde que même Jennie n’a pas réussi à trouver. Si cette femme parvient à sortir et essaie de s’évader, j’aurais toujours de quoi l’attacher.
Mais j’ai oublié qu’il me fallait prendre appui pour pouvoir me hisser. Et ce lit qui refuse de bouger ! J’ai tenté de le pousser, de le soulever, jusqu’à n’en plus pouvoir ; j’étais dans un tel état de rage que j’en ai arraché un petit fragment - mais je me suis fait mal aux dents.
Puis, debout sur le plancher, j’ai arraché tout le papier peint que je pouvais atteindre. Mais il résiste si fort et le motif en éprouve une telle satisfaction ! Toutes ces têtes étranglées, ces yeux révulsés, ces champignons qui s’agitent et prolifèrent, hurlent leur dérision !
Je suis si en colère que j’ai envie de tenter quelque chose de désespéré. Me jeter par la fenêtre serait un geste admirable, mais les barreaux sont trop solides pour que je m’y risque. D’ailleurs je ne le voudrais pas. Bien sûr que non. Je sais qu’un tel acte serait déplacé et qu’il pourrait être mal interprété. Je n’ai même plus envie de regarder par la fenêtre - il y a tant de ces femmes qui rampent, et elles rampent si vite ! Je me demande si elles sont toutes, comme moi, échappées du papier peint. Mais je suis solidement attachée avec la corde que j’avais dissimulée. Ce n’est pas moi que vous entraînerez là-bas, sur la route ! Je suppose qu’il me faudra retourner derrière le motif une fois la nuit tombée ? Quelle cruauté !
C’est tellement agréable d’être ici, dans cette grande chambre, et d’y ramper à mon aise. Je refuse de sortir. Je ne veux pas, même si c’est Jennie qui me le demande. Parce que dehors il faut ramper à même le sol, où tout est vert et non pas jaune. Mais ici je peux ramper aisément sur le parquet, et comme mon épaule peut se loger dans la longue faille creusée autour de la pièce, je ne risque pas de m’égarer.
Comment, voilà que John est derrière la porte ?
C’est inutile, jeune homme, vous ne pouvez pas l’ouvrir !
Ce qu’il peut crier, et cogner !
Et voilà qu’il demande une hache maintenant. Ce serait une honte d’abîmer une si belle porte !
John, mon chéri, l’ai-je appelé de ma voix la plus douce, la clef est par terre, en bas, devant la maison, sous une feuille de plantain.
Il s’est tu pendant un moment.
Puis il a dit d’une voix très calme :
Ouvre la porte, ma chérie.
Je ne peux pas, répondis-je. La clef est en bas, devant la porte d’entrée, sous une feuille de plantain.
Je l’ai répété plusieurs fois, très doucement, très distinctement, tant et tant qu’il a bien été obligé de descendre pour vérifier. Il l’a trouvée, bien entendu, et il a ouvert - pétrifié, il est resté sur le seuil.
Pour l’amour de Dieu ! a-t-il hurlé, que se passe-t-il ? Qu’est-ce que tu fais ?
J’ai continué de ramper comme si de rien n’était, en le regardant par-dessus mon épaule.
Je suis enfin délivrée, dis-je, en dépit de toi et de Jane. Et j’ai arraché presque tout le papier peint. Vous ne pourrez plus me séquestrer.
Je vous le demande, pourquoi donc cet homme s’est-il évanoui ? Car c’est bien ce qu’il a fait, juste en travers de mon chemin, près du mur, si bien que chaque fois il me faudra ramper par-dessus son corps...

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