- 19 décembre 2003, par Anne Brunswic
Tu crains que tes garçons, en rentrant de l’école, ne s’approchent des soldats pour leur jeter des pierres, tu trembles qu’ils soient blessés, mutilés, tués simplement parce qu’ils se trouvaient dans les parages. 520 gamins sont déjà morts ainsi au cours des trois dernières années. La vie de tes fils t’occupe.
Tu crains surtout pour ton aîné, celui qui s’est marié l’an dernier ; de toi, il tient sa (...)
- 17 décembre 2003, par Jean-Patrice Dupin
Je croyais qu’elle devait passer la soirée avec des amis à elle, alors qu’en fait pas du tout : ils avaient pas pu. Donc on se retrouve tous les deux, on sait pas trop quoi faire. Je propose par exemple qu’on aille au restaurant, bon pourquoi pas, mais où ? Tout ça se passe sur le trottoir en bas de chez moi. Un quartier où il y a surtout des pizzerias. Mais bof non. Elle a pas tellement envie d’une (...)
- 30 octobre 2003, par Catherine Lévy-Hirsch
A Florian, Pierre et Miloud, à la paix entre les enfants de l’Humanité.
En janvier les marchés n’ont pas d’odeurs et peu de couleurs attirent les regards des courageux qui y font leurs courses. Les habitués bravent la rudesse du climat pour y trouver des légumes rabougris, de la viande ou du poisson congelés par le glacial de l’air, ou encore, des objets et ustensiles divers qui vous paralysent la (...)
- juillet 2003, par Stéphane Tirilly
Adhémar de Thérouanne, dans sa Chronique de la Cité terrestre, prétend que le comte de Flandre Robert, dénommé par certains jongleurs et conteurs de fables Robert le Diable, mourut empoisonné à Nicée au retour du pèlerinage qui l’avait mené à Jérusalem. Mais ce qu’il raconte est une histoire mensongère.
Car l’abbé Gottfried, du monastère de Siegburg, m’a confié le manuscrit qui contient, entre un savant (...)
- 7 janvier 2003, par Hervé Chesnais
Des enfants bruns, des enfants blonds, trempés, boueux, pires que nus, marchent dans la neige d’avril, celle qui fane les fleurs d’amandiers des vallées fécondes, dans la pluie d’avril qui gorge la terre, la fait saigner d’oxydes, des enfants sortent transis des torrents pierreux gros des glaces de l’hiver, et leurs tuniques sont orangées d’alluvions, et ils sont alluvions eux-mêmes lorsque l’oued les (...)
- décembre 2002, par Hervé Chesnais
"Alors tous les péchés, fils légers et tenaces du démon, qui pour des cœurs un peu sensibles, rendaient ces hommes plus effrayants que des monstres, voulaient se jeter à cette eau. Les infirmes descendaient, ne raillant plus ; mais avec envie. Les premiers entrés sortaient guéris, disait-on. Non." Arthur Rimbaud, Proses évangéliques
Brique, ocre, et dès le matin le feu blanc de midi. Combien à s’y (...)
- 23 novembre 2002, par Hervé Chesnais
C’est à croire que, descendant de la berline, vous êtes seul debout sur la plaine. Le soleil rase les étendues givrées et c’est en longues membranes violacées que la nuit se déchire. La matinée transparente exacerbe votre raideur tandis que vous scintillez du plastron qui rappelle la cuirasse des anciens centurions. C’est l’aide de camp qui suggère ce parallèle, en escompte un sourire. Vous ne souriez (...)
- 1998, par Lucie de Boutiny
Ce jeudi 12 août, galerie Agnès B, sont exposés des portraits d’enfants de Sarajevo. Autour de leurs corps photographiés, Louis Jammes a dessiné de grandes ailes d’ange blanches, noires, des ailes cassées, percées, flasques. Les enfants ont été probablement choisis pour leurs gueules moches. Ce sont des gosses portant (...)