Si l’on jette un oeil par la fenêtre ce jour d’hiver alors c’est bien un homme et une femme un couple qu’on distingue aux silhouettes et pas besoin de leur demander de passer la main sur la vitre pour retirer la buée pour plus de netteté, si l’on s’intéresse à l’environnement alors c’est un poêle à bois et pas grand-chose de plus pour le moment à remarquer visiblement pas vraiment beaucoup de chaleur pour réchauffer les corps, c’est que les températures ont bien baissé au-dehors et même les chiens agitent la queue pour ne pas qu’elle gèle et ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on ira présenter un mollet au froid glacial et c’est bien la saison du printemps qu’il faudra attendre avec les jours plus longs le soleil approfondit son travail de chauffe eh oui messieurs dames je ne vous apprends rien... Oh la la mon Dieu mais c’est qu’ils nous manqueraient les gosses je dis au réveil du petit matin devant les biscottes qui faiblissent quand j’approche le beurre salé au plus près, c’est pas supportable à la longue l’attente de leur retour à tous les deux le petit gars plus âgé que sa sœur d’une petite dizaine de mois pas plus et on peut dire sans hésitation que je suis passée de l’un à l’autre sans avoir eu le temps de reprendre mes habitudes alimentaires, il va bien falloir faire quelque chose je dis nous ne pouvons rester là sans réagir mon homme oh que non de non finis ton œuf dur et envisageons la question du comment ça a pu nous arriver et du comment on peut faire pour combler le manque... Je rajoute un peu de lait dans ton café pas suffisamment clair mon homme si t’as l’âpreté dans la bouche alors tu ne pourras pas raconter le pourquoi de l’absence de la filiation dans la demeure familiale à ce jour pas une seule nouvelle du front je regrette bien.
Mais oui l’avait toujours pensé le fils lui en tout cas que de le faire chier à longueur de journée c’était pas pour son bien il disait souvent quand je n’écoutais pas parce que bien trop préoccupé par l’envie de bien faire la bonne éducation avec les règles établies dès le plus jeune âge et on ne peut pas revenir dessus du jour au lendemain ça non, alors l’est sûrement allé voir ailleurs le fils s’il y a de la lumière dans d’autres foyers plus éclairés où les messages de mécontentement seront entendus cette fois-ci, t’es pas rendu mon petit gars... A ce moment-là l’avait dépassé l’âge de la terre dans la bouche ou peut-être des pattés de sable en compagnie d’autres camarades comme lui le fils à peine passé la quinzaine mais avec le petit retard mental dans les normes de cette cité soumise aux trop de radiations, alors s’est sûrement perdu dans les dunes de sable le fils et plus de nouvelle aucune et le désespoir qui envahit la demeure familiale oh la la mon Dieu mais c’est qu’il nous manquerait le gosse... Je demande à mon épouse de ne pas me donner les raisons du départ de ma fille pour ne pas rajouter à la douleur et me laisser l’espoir qu’il s’agit dans son cas d’une simple lubie responsable d’un choix que je ne veux pas croire irréversible olé.
Ce jour-là j’ai mangé le reste de quatre-quarts préparé avec amour peu avant leur départ je ne peux pas vous laisser partir sans rien dans le ventre mes chers enfants je ne cherche pas à vous retenir et je vous garde une place dans mon cœur et tout près de moi dans la cuisine pour m’aider à préparer le souper quand la nuit tombe, faites le bisou à votre père et demandez lui de vous laisser partir en paix on dit... Elle passe la balayette sous la table pour les quelques miettes de biscotte qui se sont fait la belle et chacun sa méthode pour retenir les larmes épaisses qui forment la poche d’eau sous les yeux en attendant et retourne toi malheureuse pour ne pas trop faire peine on n’a pas besoin de ça pour rajouter au mélodrame... Dis-moi mon homme pourquoi tu ne les as pas retenus les petits qui demandaient que ça au fond qu’on leur serre le poignet bien fort en signe d’attachement forcé et alors oui peut-être ils auraient eu la faiblesse de rester parmi nous tu crois pas ?
J’ai pas discuté plus longtemps à ce moment-là avec l’enfance qui veut prendre son indépendance alors va mon gars va ma fille balader ton corps meurtri dans la cité à le présenter à qui voudra bien de lui et faudra bien rester l’un auprès de l’autre car la cité n’a pas l’accueil facile en ce moment et les verrous se sont multipliés sur les portes, le tueur à la machette trace sa route dans les ruelles et c’est pas la jeunesse des hommes qui l’arrêtera, je glisse un petit canif dans vos poches et quelques sous pour donner le change au besoin... L’homme demande à sa femme de faire désormais place nette aux souvenirs douloureux du départ précipité de deux petiots en mal de reconnaissance on n’en fait jamais assez nous autres et cache donc les photos dans les tiroirs et viens me faire le petit câlin du soir, serre-moi fort contre toi et pleure contre mon épaule ma chérie faut pas hésiter à laisser échapper sa peine sniff sniff je dis pour avoir moins mal... Ce sont deux trois pas pour atteindre le fauteuil et s’y engouffrer un temps celui de parcourir les nouvelles du jour et il parait que l’enceinte de la cité va être renforcée pour éviter les intrusions barbares quelques trous à reboucher pour se sentir en sécurité un temps du moins et si je me renseigne au mieux alors peut-être y’a-t-il moyen que je trouve à faire pour gagner un bout de vie à tenir un peu plus, cette fois-ci faut y croire à l’offre de travail qu’on pourra me faire.
Il espère au fond de lui mon homme pas besoin de demander il espère que peut-être c’est possible qu’ils nous reviennent un jour tous les deux mais avec les mois qu’ont passé comment tu veux et t’as la raclée qui te démange tellement les extrémités mon homme qu’il le sent forcément ton fils au moins lui à pas vouloir revenir de sitôt faut le comprendre... Et voilà-t-il pas qu’il se trouve peut-être qu’ils ont fabriqué leur cabane dans les bois tout proches et ils survivent en attendant que l’atmosphère soit plus à la cool dans la demeure où les esprits vont faire leur chemin de prise de conscience et d’ouverture... En attendant le fils a les poils qu’ont poussé un peu partout avec l’âge et ça le réchauffe un peu plus quand les hivers sont rudes il tient fort sa sœur dans les bras et attendra que sa poitrine ait poussé pour aller au bourg lui acheter du soutien et il prendra soin d’elle et ce sera déjà une partie de reconnaissance pour lui en retour... Je prépare la volaille pour le repas de midi le peu de chair sous la peau alors à peine de quoi nourrir le couple et s’agirait pas que quelqu’un s’avise à nous rendre la visite alors c’est pas grand-chose qu’on a à vous proposer mon bon monsieur vous tombez mal c’est qu’on n’a pas eu à attendre que la volaille soit adulte pour décider de la plumer et quand y’en a que pour deux y’en a pas pour trois, alors pardon du dérangement pardon de n’avoir que le bol d’eau chaude à proposer à nouveau avec quelques herbes aromatiques pour que ce soit moins fade.
Et le temps d’accomplir les tâches à leur rythme de les exécuter mécaniquement pour qu’enfin il soit question de mettre les pieds sous la table, le temps que ça se passe le rituel quotidien et bien sûr on entend frapper à la porte et c’est pas la peine de faire cette tête mon épouse tu sais bien que tout est envisageable la saison réserve des surprises on en a déjà fait l’expérience alors plus rien ne me surprend et je ne ferai pas l’étonné si on entend frapper à nouveau... Il se tient à ses côtés à elle l’homme fait comme si de rien n’était et la porte peut bien s’ouvrir seule sans qu’il y ait du dérangement dans la position des corps installés au mieux pour démarrer le repas de midi qui attend son heure, reste donc assise mon amour et regarde bien qui nous arrive malgré le froid de l’hiver hivernal à ne pas pouvoir faire dormir un ours au-dehors, cet homme qui ne nous est pas inconnu sait bien à présent qu’il n’est plus besoin pour lui de demander la permission pour entrer... L’autre-cet-étranger-toujours-le-même on sait bien reconnaître ses traits derrière son déguisement apparaît habillé en jeune homme dans des vêtements beaucoup trop petits pour lui évidemment je lui en fais la remarque pour qu’il sache qu’on n’est pas dupe encore cette fois et qu’est-ce qu’il a à nous proposer aujourd’hui pour qu’on s’y retrouve dans la situation de comme si c’était pour de vrai on veut bien y croire pour pas incommoder.
Bonjour mes amours de parents ça commence comme ça vient les présentations qu’il nous fait le jeune gars et j’essaie tout de même de reconnaître malgré tout quelques traits familiers sous la cagoule qui cache une bonne partie, je suis ce fils si attendu il rajoute je demande à retrouver ma place dans la demeure familiale et j’essaie moi sa mère de retenir mes larmes pour le cas où y’aurait contrefaçon, je sais que ce n’est pas simple pour vous mes ascendants je sais que je ne dois pas trop la ramener avec le sourire en façade qui en dérouterait plus d’un et je peux repartir de ce pas si vous le souhaitez mais je demande que l’on me pardonne tout simplement il conclut et qu’est-ce que je peux rajouter pour que la confiance reprenne ses droits ?... Approche-toi que je te regarde de plus près mon enfant comme tu as grandi les mois ont passé et te voilà devenu un homme à présent vois comme ton père autant que moi lui aussi se réjouit de ta présence à nouveau parmi nous et demande lui de te pardonner pour de bon et vas donc l’aider à couper du bois pour le poêle il n’attend rien de plus vas et sache que tu nous as beaucoup manqué malgré tout on passe à autre chose... Et dans la chambre on avait installé des draps propres au cas où on ne sait jamais comment ça peut se passer dans la tête d’un fils et au-dessus du lit un crucifix avec le petit Jésus qui fait son travail on espère qu’il nous fera revenir ce fils à border le soir au coucher comme dans le temps.
Où t’as été traîner mon fils à pas nous donner une seule nouvelle durant tous ces mois et baisse ton pantalon que je te donne la correction avant que tu nous expliques à ta mère et à moi le pourquoi tu n’es pas auprès de ta sœur dans le moment présent et où donc peut-elle bien être à cette heure tardive, j’attends qu’il s’exécute et dans les actes et dans les mots on dit fissa on cogne après on cause je dis au fils... Je n’ai pas traversé mers et océans pour en arriver là à me prendre la déculottée devant tout le monde et je suis grand à présent et je n’ai d’ordre à recevoir de personne et surtout pas de toi le paternel, je ne baisserai pas mon pantalon et je te demande pardon à condition que tu prennes le temps de m’entendre et les explications viendront plus tard... Tu as du caractère mon fils et je me demande où t’as été choper cette maladie qui t’a fait grandir si vite et je me rends bien compte que je n’ai plus aucune autorité sur toi et je ne lèverai pas la main je sais que ta mère n’aime pas ça, si je te demande donc de rebrousser chemin c’est que ta place n’est plus parmi nous c’est d’un fils obéissant dont on a besoin et j’oublierai bien vite que tu es passé nous rendre visite, ta mère va avoir de la peine de te voir nous quitter à nouveau si précipitamment mais elle ne dira rien de plus tant qu’elle n’aura pas de nouvelles rassurantes de ta petite sœur tu t’en doutes mon jeune gars.
J’entends ce que tu me dis père et je m’en vais dès à présent chercher un toit tout ailleurs où la place sera encore chaude de la disparition définitive d’un petit gars au combat il répond le fils et peut-être que moi aussi j’y partirai alors à mon tour affronter les méchants qui tente de pénétrer en la cité, mais pourquoi faut-il que tu cherches d’autres lieux d’autres gens d’autres horizons alors écoute ma complainte de mère qui ne veut pas de ça non plus non pas dès à présent tu ne peux pas partir au loin au son du clairon qui bat le rappel des troupes qui partent à la guerre, si je ne veux pas d’adieu c’est qu’il n’y a rien de plus douloureux que d’imaginer devoir pleurer un jour sur la tombe de mon enfant... La chambre du fils est bien restée la même j’ai déjà dit tu peux y retrouver tes repères car rien n’a été déplacé avec même la poussière accumulée pour faire preuve crois-moi je ne me serai pas permise tu sais bien au fond de toi comme j’ai l’envie que tu restes là au moins pour la nuit à venir, c’est pas grand-chose qu’on a à te proposer mon enfant tu tombes mal c’est qu’on n’a pas eu à attendre que la volaille soit adulte pour décider de la plumer et quand y’en a que pour deux y’en a pas pour trois tu sais bien, alors pardon du dérangement pardon de n’avoir que le bol d’eau chaude avec quelques herbes aromatiques pour que ce soit moins fade à proposer à nouveau mais c’est de bon cœur.
Pourquoi faut-il qu’elle le supplie à genoux mon amour relève toi dès à présent pour ne pas prendre le pli c’est que ton fils à plus de hauteur que toi à te regarder par en dessus c’est pas bon crois-moi pour l’orgueil enfantin et je prends le temps de soulever le petit corps tout sec tout concentré autour d’un bassin bancal c’est que la maladie ronge les os tous les jours un peu plus et le diable en rit encore l’insolent qui a su propager le virus par delà même l’enceinte de la cité pour dire... Il est temps pour toi mon enfant de t’expliquer enfin sur l’absence de ma fille à tes côtés en entrant, c’est qu’un père a droit lui aussi au repos de l’âme et il suffit bien de nous rassurer sur son état de santé pour que la paix intérieure trouve sa place, lance toi Nom de Dieu et ne vas pas par quatre chemins et c’est bien la vérité qu’on attend de ta part surtout pas de mensonge qui feront toujours plus de mal que de bien... Ma sœur est entre de bonnes mains et la voilà partie loin bien au-delà de l’enceinte protectrice on dit de la cité où l’homme est bien en mal de descendance et c’est une véritable campagne de procréation qui est mise en place avec recrutement en les murs même de la cité où la population féminine est la plus abondante, la rémunération n’est pas négligeable et votre fille de son plein gré a suivi le mouvement des volontaires en partance dans les bras des hommes dans la force de l’âge et nul ne sait quand elle nous reviendra pardon de n’avoir pas su la retenir avec les mots convaincants difficiles à trouver en cette circonstance.
J’entends le récit des jours derniers et mon cœur prend le rythme soutenu et ça va bien trop vite pour une mère qui a le corps de sa fille inscrit en tatouage au fond des entrailles on dit pour faire passer le message qu’elle ressent en même temps qu’elle la pénétration d’un étranger au plus profond de son ventre on dit et elle va s’écrouler sur le divan du séjour avec la trace encore présente des dernières chutes au moment des départs... Je ne veux pas entendre plus du sort de ma fille hors les murs de notre cité à présent comment veux-tu mon amour qu’elle retrouve le chemin vers le chez nous si ce n’est qu’un filet de fumée qui s’échappe du poêle à bois et j’ai beau crier au plus fort et j’ai beau pleurer au plus abondant et j’ai beau me laisser aller à me pisser dessus pour manifester mon mécontentement ce n’est pas ça qui la fera revenir, mon fils pourquoi n’as-tu pas empêché physiquement qu’elle nous échappe à jamais une fille quand on n’en a qu’une... Elle demande à l’autre-cet-étranger-toujours-le-même déguisement ou pas de poser le bol dans l’évier de le rincer de le disposer sur la paillasse en mousse à côté de se diriger vers la porte d’entrée de l’ouvrir de passer la limite entre le dedans et le dehors de refermer cette porte derrière lui de prendre le sentier en terre et de s’éloigner pour un temps, c’est que l’image du fils lui rappelle celle de la fille cadette et qu’elle veut chasser cette image pour la facilité du deuil à faire à présent.
Et l’homme dans le couple ferme les yeux le visage dans les mains en signe de désespérance lui aussi et ce sont eux deux seuls désormais qui vont devoir poursuivre ce jour sans on se dit qu’il y a toujours un espoir on se dit que rien n’est jamais perdu et qui sait un jour une autre saison on préparera la table de fête avec les guirlandes de lumière en bordure pour faire bonheur de recevoir toute la famille à nouveau réunie youpi on dit plusieurs fois pour manifester sa joie cette fois-ci... Et j’entends au loin les diligences de celles qui partent à la guerre avec au-dedans les petits hommes en kaki qu’ont pris les armes pour chasser les mauvais esprits qui tentent de passer la frontière un peu plus au nord en amont du fleuve qui sépare la face nord de la face sud et je décide de serrer mon amour de femme bien bien fort dans mes bras pour réchauffer les cœurs meurtris on dit pour qu’on ait peine pour nous les victimes c’est bien nous... Et si on tentait une sortie tous les deux un aller retour à la clairière du bois alentour tu sais bien où le ciel est en vue dégagée au mieux avec encore suffisamment de jour au-dehors pour y voir clair et alors on s’assoit sur le banc et alors on se dit des mots doux et alors on fait comme si tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et je repense à ce jour d’antan où toi et moi on est bien ensemble sans encore des mômes pour faire des soucis quand ils ne sont pas là.
Ce n’est pas sans effort que je réussis à enfiler le pardessus en laine avec la difficulté de faire passer les bras l’un après l’autre et le corps mal foutu qui résiste à tant de sollicitations, je sors les souliers du dimanche-jour-du-Seigneur de leur étui et peux-tu m’aider mon homme à y placer bien confortablement mes pieds boursouflés par le froid et l’âge avançant et y’a bien longtemps que je n’avais ôté mes chaussons alors es-tu sûr que ça vaille la peine qu’on sorte pour la promenade et si le danger était bien réel au-dehors de croiser le loup ou tout autre animal de son espèce tu sais bien comme les êtres se transforment en hiver... Elle a eu sa dose d’émotion la petite dame ce jour et non de non s’agirait pas qu’on en rajoute mais je suis bien prête à tout tenter pour chasser les mauvaises pensées dans la tête les celles qui me rappellent que mon fils est au combat quand ma fille se fait dépuceler pour mettre au monde un guerrier c’est pas bien compliqué comme situation... Je demande au Bon Dieu qu’elle ne ressente pas le mal qu’on ressent la première fois c’est parfois trop de douleur qui gâche le plaisir alors ne t’acharne pas toi le bourreau et écourte la prise si elle te le demande c’est bien le minimum de droit qu’on peut lui accorder, je suis prête à présent à tourner la page mon amour de mari il est temps pour toi de m’accompagner au-dehors ou de faire comme si on était en balade alors je ferme les yeux et tu me guides avec la voix pour me décrire les sensations.
Alors bras dessus bras dessous ou main dans la main les mots rassurants à l’oreille tout du long t’en fais pas ma belle je saurai bien te protéger si on s’approche trop près avec les mauvaises intentions et je place ton petit corps au-dedans de mon long manteau d’hiver avec pas la possibilité pour le froid de venir te bousculer la surface mon amour et on avance à petits pas tout doucement à petits pas pour pas brusquer la progression... Elle et lui en marge à présent du sentier qui mène à la demeure familiale et le passage en direction du bois n’est pas encore dessiné dans la neige alors il faut bien que quelqu’un s’y mette et la clairière n’est pas bien loin juste quelques centaines de mètres et elle et lui à prendre le temps d’écouter les bruits de la forêt en chemin et si tes yeux sont bien fermés ma chérie alors personne ne pourra venir te faire du mal c’est promis juré craché mais avec le soir qui tombe aussi vite qu’on lui en laisse le temps il ne faut pas traîner tout de même ou la mission ne sera pas remplie... Nous y voilà enfin promis on y est faut y croire et je la dépose sur le banc après avoir retiré la neige accumulée et elle sait qu’avec le peu de temps qu’il nous reste avant la nuit il faudra en faire bon usage ma chérie je dis et je m’assois à tes côtés pour qu’on soit deux, sens comme l’air est pur et regarde comme la vue est dégagée au-delà de la cime et contemple comme le ciel est encore blanc à cette heure du jour ma princesse, etc... en complément pour faire illusion de paix dans le moment.
Alors dans la tête le calme apaisant et la disparition momentanée des angoisses et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et Nom de Dieu ce que je passerais bien la nuit allongée là à même le sol poudreux à regarder au plus loin que je peux vu d’en bas on connaît pas les limites et c’est tant mieux, rappelle-moi les bonheurs du temps passé mon homme en ta compagnie j’en redemande et à ce moment-là alors on ne sera plus que nous et personne d’autre en tête pour parasiter crois-moi... Et il me chante les chansons douces celles d’autrefois de quand la saison n’était pas au plus froid et c’était une autre couleur du ciel une autre température au-dehors sans le froid pour empêcher la gesticulation et c’était le temps de quand on pouvait compter les étoiles tous les deux ensemble ça prend une bonne nuit d’insomnie pour faire le tour du tour de ce qu’on nous donne à voir qui nous parvient d’aussi loin dans la galaxie des pierres en suspension... Qui d’elle ou de lui prendra la décision de faire machine arrière c’est que les membres se figent sournoisement et y’aura bien ce moment où faudra rentrer mon chéri essaie de synthétiser au plus ton récit pour ne pas qu’on prenne le froid à devoir rester plantés là définitivement.
La chaleur du poêle sur les membres endoloris avec les picotements agréables du sang qui reprend sa route et finalement ce n’est pas grand temps qu’on a passé au-dehors ma belle mais comme ça fait du bien et il sera toujours possible de remettre ça quand le moment se représentera de trop d’accumulations dans la tête tu sais bien que les soucis seront parfois au rendez-vous quoiqu’on fasse, je ne sais pas toujours bien m’y prendre quand il s’agit de verser correctement le potage dans les bols et c’est bien de ton aide dont j’ai besoin pour faciliter la tâche en allant récolter le restant tout au fond... Un nouveau soir est vite arrivé avec en fin de course le sommeil à deux côte à côte avec peut-être ce soir le câlin pour poursuivre la complicité établie au dehors et si je retourne le portrait du fils et de la fille encadré sur la table de chevet alors la nuit ne sera plus polluée par ces rêves peu raisonnables d’un retour illusoire à l’ordre établi d’antan où toute la famille réunie devant le poste à se serrer pour y gagner en chaleur... Dans les prochains jours une nouvelle vague de froid venue des cités plus à l’est et je vais finir par réclamer l’ouverture complète de la coupole au-dessus de nous au risque de se brûler mais ça peut faire compensation, messieurs dames je n’ai jamais dit que je ne jouerai pas à un moment ou à un autre mon rôle de citoyen investi dans la vie de la communauté.