Serge Wellens (11 août 1927 à Aulnay-sous-Bois - 30 janvier 2010 à La Rochelle) était un poète français. Serge Wellen est né de parents artistes.Sa mère était trapéziste sous le nom de Miss Diana et son père, d’origine flamande, exerçait la rarissime profession d’homme-aquarium. Le jeune Serge passe une enfance harmonieuse dans la petite maison d’Aulnay que ses parents ont fait bâtir avec l’argent de la dernière tournée américaine. Sa mère lui apprend à lire dans les journaux, les magazines de mode et les illustrés pour la jeunesse. Serge Wellens ne fait qu’un court passage à l’école, qu’il ne tarde pas à déserter après le certificat d’étude. Autodidacte, il lit les poètes, les classiques d’abord, les symbolistes ensuite, avec une prédilection pour Moréas, Samain et Mallarmé, puis Char, Michaux, Breton...
Il compose quelques poèmes à mi-chemin entre Prévert et Éluard et refuse la poésie politique prônée avec intransigeance par Aragon. Il suit des cours de commerce dans un « institut » parisien voisin du square d’Anvers et des jardins du Sacré-Cœur, dans le Paris de l’Occupation. À seize ans, il confie une liasse de poèmes à un imprimeur de cartes de visite pour qu’il en fasse un livre intitulé Les Premiers Pas et dédié à Charles Trénet. Ce dernier l’invite à venir le voir dans sa loge à l’A.B.C. Music Hall, rencontre dont Serge Wellens conservera longtemps un souvenir émerveillé. Il habite désormais Villepinte où ses parents ont racheté un café, et entre comme apprenti commis dans une grande librairie du Quai Saint-Michel à Paris. À Alger, où il effectue son service militaire, il fait la connaissance de Mohammed Fersadou et de son frère aîné, Othman, qui furent tués par la guerre et auxquels il dédia un de ses premiers poèmes.
Avec l’aide de ses parents, il rachète une boutique de librairie-papeterie (40 rue Dumont à Aulnay-sous-Bois dans la Seine-et-Oise) menacée de faillite où il installe « en majesté » un rayon de poésie. Très vite, les chalands viennent y lire, voler ou acheter les recueils de André Breton, Jean Cocteau, Pierre Reverdy ou Max Jacob. Il se lie avec Guy Robin, Jacques Six, Jean Buclet, Georges Sénéchal, Gabriel Robin, puis Jean Rousselot dont la rencontre est essentielle dans sa vie et son œuvre. Grâce à ce dernier, il publie dans les Cahiers de Rochefort, que continue d’éditer à Paris Jean Bouhier, son recueil J’écris pour te donner de mes nouvelles, dans cette collection où il côtoie Guillevic, Follain, Joë Bousquet, Ribemont-Dessaignes. Dès cette époque, il rejoint les Amis de Rochefort, qui se retrouvent chaque mercredi soir à La Coupole. Il y fait la connaissance de Bérimont, Chaulot, Manoll, Béalu, Robert Ganzo...
Le groupe d’Aulnay décide d’organiser des soirées de poésie sous le préau d’une école où enseigne un de leurs amis. L’Orphéon est né. Un large public vient écouter des comédiens comme Marie-Ange Dutheil, André Hersin, Marguerite Ambrosini, Marcel Lupovici ou Maurice Princet célébrer Baudelaire, Rimbaud, Nerval ou Lorca, des poètes contemporains venir dire leurs textes. Ces « festivals de poésie » rencontrent un grand succès. Ainsi naissent Les Cahiers de l’Orphéon, où Serge Wellens publie Marguerite. Vers 1954-1955, il rachète un vieux cinéma, Le Vox, aux Lilas. Il rejoint ensuite la revue Iô, éditée par José Millas-Martin sous la direction de Jean Dubacq. Chaque mois, l’équipe de Iô organise des rencontres-récitals suivis de débats avec des poètes comme Guillevic, Rousselot, Luc Decaunes, Edmond Humeau, Follain Luc Estang, Paul Chaulot, etc... dont la première partie est réservée à la « poésie des inconnus », qui ont lieu dans la salle d’un café non loin de Belleville et Ménilmontant. Il y publie Les dieux existent et Méduses, qui est un « recours au poème contre les démons pétrifiants de ces villes dont parle Henri Michaux ».
Serge Wellens tient alors, avec Marguerite, sa première femme, une librairie à Belleville, à l’enseigne du Gay Savoir. Sa situation matérielle reste précaire. Tour à tour, il exercera les métiers de commis, libraire, représentant d’éditions et même directeur commercial d’une maison de diffusion. La découverte de la Provence, au pays de Forcalquier lui inspire le très beau recueil Santé des ruines, composé entre 1960 et 1970, et qui traduit « l’allégeance sans écart du poème au paysage ». En 1981, il se convertit au catholicisme parce que « la non-existence de Dieu lui parut plus déraisonnable que son existence ». Il publie l’année suivante sans doute l’un de ses plus beaux recueils, La Pâque dispersée.
Il tient désormais à La Rochelle, avec Annie Bessus, sa seconde épouse, une librairie « d’actualité religieuse » dite du Puits de Jacob, où, naturellement, la poésie a belle place. Il s’installe à Marans, au bord de la rivière, avec sa femme et leur fils Antoine. En 1997, les éditions Folle Avoine en Bretagne, sous l’égide d’Yves Prié, qui ont publié les deux derniers recueils de Serge Wellens, décident de faire paraître La Concordance des temps qui rassemble l’ensemble (ou presque) de son œuvre poétique publié entre 1952 et 1992. Une somme poétique de 155 pages qui dit la qualité incandescente et authentique d’une poésie à « hauteur d’homme », sans métatexte, sans détours. Si l’écriture est parfois âpre, elle n’en est pas moins profondément fraternelle. Elle émet ce bruit de truitage inlassable, qui fait dire à Serge Wellens qu’il est un poète célèbre « chez les fourmis ».
Avec Annie, il voyage en Grèce, en Sicile, en Laponie, aux Îles Féroé, au Sahara, en Irlande et en Islande, en quête de paysages exigeants et dépouillés, qui viendront imprégner nombre de ses poèmes.