Rédactrice en chef de la rubrique "Création littéraire", responsable des dossiers "Littérature et folie", "Journaux personnels", "Le pôle noir", "Marguerite Duras" et "Scènes islandaises".
Le prix Goncourt 2009 a été attribué à Marie NDiaye pour son roman Trois femmes puissantes qui nous donne à lire trois récits, trois destinées de femmes fortes dont la détermination sans faille, la dignité et l’incompréhensible obstination font osciller le lecteur entre admiration et frémissement.
Trois femmes puissantes, c’est ce que sont ces trois femmes isolées, fragiles, vouées à la (…)
Murdo Munro vit et travaille dans les forêts de son île natale sur la côte ouest de l’Ecosse. Il s’est en apparence résigné depuis longtemps à sa solitude et à la froideur de sa femme. Vingt-cinq années que son mariage n’est qu’hostilité et humiliations. Une vie solitaire et difficile avec pour seul baume le whisky que Murdo partage avec quelques compagnons d’infortune. Le jour du mariage de (…)
Alice Munro, la grande nouvelliste canadienne, vient d’obtenir le Prix Nobel de Littérature. Il va sans dire que nous nous réjouissons de cette distinction et, même si l’Académie suédoise vient de faire d’elle "la souveraine de l’art de la nouvelle contemporaine", nous avons choisi de vous proposer ici une recension que nous avions publiée en 2009 à propos de la sortie de son merveilleux (…)
« Ils s’installaient à présent dans une petite cabane en cèdre au toit pentu en forme de A. Elle était blottie dans un fjord, une minuscule baie du Sud-Est de l’Alaska au large du détroit de Tlevak, au nord-ouest du parc national de South Prince of Wales et à environ quatre-vingt kilomètres de Ketchikan. Le seul accès se faisait par la mer, en hydravion ou en bateau. Il n’y avait aucun voisin. (…)
Tamara ne parle pas. Elle n’a jamais parlé. Aujourd’hui, devant l’œil du photographe, elle défie. A nous de tendre l’oreille de toutes nos forces pour l’entendre. Elle se tient debout sur le bidet, grandie, conquérante. Rasée, comme tous les enfants maltraités qui arrivent ici. Il faut neutraliser les maladies et donc les bestioles qui les transportent. A côté de Tamara, une jeune fille pleure (…)
Marc Lecas est un flegmatique. Il a toujours été d’un naturel accommodant, un homme doux et calme qui avait pour habitude de laisser les autres choisir pour lui jusqu’au jour où il fit l’expérience du pont, accoudé à la rambarde qui surplombait l’autoroute, là où « la tête se vidait rapidement de toute pensée » et où l’on parvenait « à une sorte de stupeur méditative que le flux des véhicules (…)
J’ai découvert Wendy Guerra aux Assises internationales du roman. Née à la Havane en 1970, elle est poétesse, cinéaste et romancière. Diariste depuis l’enfance, sur une idée et à la demande de sa mère, elle utilise le journal intime comme matrice de son œuvre. Renonçant à publier ses journaux d’enfance sans rien en changer parce que sa propre voix lui semblait cruelle, une charge trop pesante (…)
J’ai connu la dame aux sangliers lorsque j’étais enfant et j’eus même (fait très exceptionnel !) la permission maternelle de séjourner chez elle. Pendant le court laps de temps qui me fut laissé, j’observais à loisir cette femme surprenante qui marqua fortement mon imagination enfantine.
Je devais avoir sept ou huit ans lors de cette aventure. La présence de deux garçons de mon âge n’était (…)
Dans le TGV Paris-Londres, un homme obèse et sans-gêne, « un gaillard énorme vêtu d’un manteau poil de chameau flambant neuf assez ample pour contenir l’animal tout entier » aborde une jeune femme. On pense immédiatement que ce type est un malotru et un dragueur qui ne doute de rien. Force est de constater qu’il n’est pas banal d’évoquer le général prussien Clausewitz (dont les citations (…)
La neige est entrée dans le gymnase aussi mal refermé qu’une plaie. Elle a recouvert les hurlements des enfants. Une femme s’approche en titubant. Si elle est ivre, c’est de son malheur. Elle arrive sous le panneau de basket où la bombe la plus meurtrière avait été placée. Elle s’agenouille devant le mur, désormais décoré d’une petite fleur de sang, le caresse et lui parle. Elle balance (…)