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11 décembre 2008, par Elisabeth Poulet
« Le rêve est la pire des cocaïnes, parce que c’est la plus naturelle de toutes. Elle se glisse dans nos habitudes avec plus de facilité qu’aucune autre, on l’essaye sans le vouloir, comme un poison pris sans méfiance. Elle n’est pas douloureuse, elle ne cause ni pâleur ni abattement – mais l’âme qui fait usage du rêve devient incurable, car elle ne peut plus se passer de son poison, qui n’est (…)
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18 août 2010, par Elisabeth Poulet
« La scène du film que je préfère est celle-là. La petite fille est punie, toujours sans qu’on le veuille d’ailleurs, sans que personne l’ait voulu, puisqu’elle est tout à fait solitaire. Inapprivoisable. Mais là, elle ne peut pas s’empêcher d’aller voir ce qui va se passer sur l’étang. Elle a vu Jeanne et la petite fille, la grande sœur, passer avec des rames. La voilà, c’est Nathalie toute (…)
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2 octobre 2006, par Elisabeth Poulet
Pessoa, poète multiple
Fernando Pessoa a toujours souffert de ne pas se sentir être. Pour lui, ce n’est pas seulement la vraie vie qui est absente, mais toute vie est absence. Il faut donc rendre visible, sensible, cette absence ontologique. A la base de chaque être, il existe un principe d’incomplétude. L’être, insuffisant, a besoin d’un autre. L’individu cherche, non pas à être reconnu, (…)
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16 août 2010, par Elisabeth Poulet
Le prix Goncourt 2009 a été attribué à Marie NDiaye pour son roman Trois femmes puissantes qui nous donne à lire trois récits, trois destinées de femmes fortes dont la détermination sans faille, la dignité et l’incompréhensible obstination font osciller le lecteur entre admiration et frémissement.
Trois femmes puissantes, c’est ce que sont ces trois femmes isolées, fragiles, vouées à la (…)
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12 septembre 2008, par Elisabeth Poulet
Tamara ne parle pas. Elle n’a jamais parlé. Aujourd’hui, devant l’œil du photographe, elle défie. A nous de tendre l’oreille de toutes nos forces pour l’entendre. Elle se tient debout sur le bidet, grandie, conquérante. Rasée, comme tous les enfants maltraités qui arrivent ici. Il faut neutraliser les maladies et donc les bestioles qui les transportent. A côté de Tamara, une jeune fille pleure (…)
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17 juin 2010, par Elisabeth Poulet
« Je m’appelle Laura. J’ai neuf doigts. Depuis toujours.
Avant je pensais que mon auriculaire droit était au ciel, près du bon Dieu, puis j’ai compris que Dieu n’existait pas et mon auriculaire droit pas davantage. Je ne suis pas comme les autres, voilà tout. »
Les parents de Laura et de sa sœur Moira, eux non plus, ne sont pas comme les autres. Ce sont des Catalans militants communistes (…)
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19 novembre 2007, par Elisabeth Poulet
La Traversée des Alpes est un roman baroque qui plonge le lecteur ravi (les deux acceptions du terme conviennent !) dans un univers fantastique et foisonnant. Denitza Bantcheva songe moins à toucher le cœur qu’à exciter l’esprit de ses lecteurs par la vivacité de ses jugements, le comique et parfois le burlesque des situations. Ce roman, tout à fait original et inactuel n’est pas sans rappeler (…)
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19 janvier 2006, par Elisabeth Poulet
Il m’a dit de l’appeler Igor, pour ne pas attirer l’attention. Blond aux yeux clairs, il pouvait avoir l’air d’un Russe. Il m’a fait monter dans une Volga noire, toute neuve, et il m’a conduite dans un village de la banlieue de Moscou. Nous sommes arrivés dans une petite maison délabrée. Un couloir étroit, une cuisine, les toilettes dans la cour. Dans le couloir, à gauche, il y avait la (…)
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28 août 2010, par Elisabeth Poulet
Un mot résonne continuellement à ses oreilles : convocation. Depuis le jour où elle a osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, parce que « sans être forcément dans une situation difficile, on pense quand même : ce qui se passe ici ne peut pas être ma vie pour toujours », parce que « tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, on tente (…)
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14 septembre 2011, par Elisabeth Poulet
Le lecteur familier des romans de John Burnside comprendra l’excitation et la terreur qui me saisirent lorsque je tins entre mes mains le dernier livre de l’écrivain écossais, Scintillation, avant même de l’avoir ouvert. Je pressentais des puits de noirceur et des abîmes de cruauté. Je ne fus pas déçue…
Le personnage principal du roman est une friche industrielle côtière d’Ecosse, dominée (…)