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2 octobre 2006, par Elisabeth Poulet
Pessoa, poète multiple
Fernando Pessoa a toujours souffert de ne pas se sentir être. Pour lui, ce n’est pas seulement la vraie vie qui est absente, mais toute vie est absence. Il faut donc rendre visible, sensible, cette absence ontologique. A la base de chaque être, il existe un principe d’incomplétude. L’être, insuffisant, a besoin d’un autre. L’individu cherche, non pas à être reconnu, mais à (...)
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27 août 2010, par Elisabeth Poulet
J’ai découvert Wendy Guerra aux Assises internationales du roman. Née à la Havane en 1970, elle est poétesse, cinéaste et romancière. Diariste depuis l’enfance, sur une idée et à la demande de sa mère, elle utilise le journal intime comme matrice de son œuvre. Renonçant à publier ses journaux d’enfance sans rien en changer parce que sa propre voix lui semblait cruelle, une charge trop pesante pour une (...)
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2 février 2010, par Elisabeth Poulet
Le passé hante l’œuvre d’Arnaldur Indridason. La plupart des enquêtes policières qu’il met en scène remontent le fil du temps pour se concentrer vingt, trente voire quarante ans en arrière pour creuser encore là où on ne devrait plus chercher, avec une détermination obstinée et irrépressible. Ses romans traitent de disparitions, mais pas principalement de la personne qui a disparu, plutôt de ceux qui (...)
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14 septembre 2011, par Elisabeth Poulet
Le lecteur familier des romans de John Burnside comprendra l’excitation et la terreur qui me saisirent lorsque je tins entre mes mains le dernier livre de l’écrivain écossais, Scintillation, avant même de l’avoir ouvert. Je pressentais des puits de noirceur et des abîmes de cruauté. Je ne fus pas déçue…
Le personnage principal du roman est une friche industrielle côtière d’Ecosse, dominée par une (...)
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26 août 2013, par Elisabeth Poulet
Lorsqu’on découvre l’oeuvre d’Emmanuel Bove, on est frappé par une vision désespérée et désespérante de l’existence. L’homme apparaît comme une marionnette usée et désarticulée qui ne prend forme humaine qu’en s’agitant de façon absurde. Il se débat mais ne parvient jamais à se libérer de ses fils qui sont à la fois sources de vie et causes de souffrances. S’il est une constante chez Bove, c’est bien le refus de (...)
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11 décembre 2008, par Elisabeth Poulet
« Le rêve est la pire des cocaïnes, parce que c’est la plus naturelle de toutes. Elle se glisse dans nos habitudes avec plus de facilité qu’aucune autre, on l’essaye sans le vouloir, comme un poison pris sans méfiance. Elle n’est pas douloureuse, elle ne cause ni pâleur ni abattement – mais l’âme qui fait usage du rêve devient incurable, car elle ne peut plus se passer de son poison, qui n’est rien d’autre (...)
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3 août 2010, par Elisabeth Poulet
« Personne n’a aimé comme j’ai aimé. Pourtant il y eut d’autres femmes. J’ai vécu d’autres matins après la nuit de Londres. C’est avec une sombre joie que je brûlerai mes manuscrits pour vivre à nouveau un pareil amour, pour trahir Fedora dans la folle pensée d’elle. Et pour tout recommencer sans mémoire. (…). J’ai tout perdu avec Fedora. » Ainsi débute le journal intime d’un romancier vieillissant, (...)
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18 août 2010, par Elisabeth Poulet
« La scène du film que je préfère est celle-là. La petite fille est punie, toujours sans qu’on le veuille d’ailleurs, sans que personne l’ait voulu, puisqu’elle est tout à fait solitaire. Inapprivoisable. Mais là, elle ne peut pas s’empêcher d’aller voir ce qui va se passer sur l’étang. Elle a vu Jeanne et la petite fille, la grande sœur, passer avec des rames. La voilà, c’est Nathalie toute seule, qui longe (...)
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28 février 2022, par Elisabeth Poulet
Toute sa vie, et spécialement durant les années qui précédèrent son internement, Antonin Artaud n’a cessé de réfléchir à la question de l’énonciation et de son sujet dans le théâtre occidental, celle du théâtre et de son double. C’est dans cette question qu’il a trouvé comme la réalisation plastique et physique sur « le terrain organique de la scène », « l’expression dynamique et dans l’espace » de sa propre (...)
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9 mars 2006, par Elisabeth Poulet
Dès le début de sa correspondance avec Jacques Rivière, Antonin Artaud précise qu’il n’entend pas produire une oeuvre et qu’il s’agit de dissiper au plus vite les éventuels malentendus à ce sujet. S’il écrit, c’est pour serrer au plus près une forme où il pourrait se faire reconnaître et donc se reconnaître. C’est pourquoi il présente, de façon très insistante dans ses lettres, cette quête de reconnaissance (...)