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21 mars, par Yann Leblanc
Le son à vif
La musique de Ni Zheng ★ Car le cri, organiquement, et le souffle qui l’accompagne ont ce pouvoir d’exhausser le corps, de l’emmener à cet état d’animation, de fulguration de ses parois internes, d’ébullition vraie de ses puissances, de ses facultés et de ses voix, qui […] exige une dépense insensée de volonté et de sensibilité. Ces cris étirés jusqu’à plus souffle, (...)
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23 février, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 2/7 J’ai découvert une sente que je ne connaissais pas. Elle s’élevait le long d’une falaise imposante, jusqu’à se transformer en vire étroite. Verticalité démesurée de chaque côté de mes pas. D’un côté plongeon abrupt, de l’autre soulèvement massif et compact. Le trop plein qui surplombe et le vide qui sape. Je progressais sur une cassure, une diagonale dans la falaise. (...)
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15 janvier, par Yann Leblanc
. . Hydratmos : le cor vaporeux d’Elena Kakaliagou ☐ Ce qui émerge du silence provient-il du dedans, ou du dehors ? Cette voix, est-elle absorbée ou expulsée par le souffle ? Inspirations ou expirations ? Les sons émis, distordus, semblent eux-mêmes triturer les plis et les replis du corps, comme si toute la tuyauterie intérieure était parcourue d’un étrange désir d’étendues et de (...)
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23 décembre 2022, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors La marche du jour m’a mené sur un sentier perdu, qui finit par se perdre lui-même au milieu des pierres et des taillis. Les collines s’étendaient à perte de vue, vertes et grises puis bleutées dans le lointain. J’escaladais avec délice les imposants rochers dans lesquels l’eau a creusé mille prises. Je contemplais leurs formes, mais sans rien imaginer. Sans chercher à (...)
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11 juillet 2022, par Marc Namblard,
Yann Leblanc
Une écoute sélective, passionnée, obsessionnelle... Entretien avec Marc Namblard, audio-naturaliste Il est avec son frère aîné. Ils se tiennent côte à côte, corps légèrement penchés vers l’avant, oreilles attentives, à l’écoute d’enregistrements sonores familiaux. Un sourire se dessine parfois sur leur visage, en réaction à une parole prononcée, une exclamation, quelques mots échangés, des situations (...)
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20 mars 2022, par Yann Leblanc
La peur ne l’emporte pas
Je me suis assis tout au bord du promontoire rocheux, pieds dans le vide. Le soleil réchauffe mon visage. L’air semble si pur que chaque inspiration produit dans le corps l’effet d’une gorgée d’eau fraîche, désaltérante. En face le défilé s’évase et le regard voit loin et clair. La pensée s’est enfin arrêtée, elle n’interfère plus avec la conscience du monde tel qu’il se (...)
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1er mai 2022, par Yann Leblanc
BUÉE Je tourne la clef de contact, le moteur démarre. Je sors de ma place et commence à rouler, machinalement, en direction du travail. Après une cinquantaine de mètres, une buée se forme sur le pare-brise. Comme un mal qui prolifère à toute allure, elle en recouvre la surface. Les contours du dehors s’estompent. Voitures, immeubles, passants se désagrègent. Je tourne à fond le bouton de (...)
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3 septembre 2021, par Yann Leblanc
SOUSTRACTIONS Elles étaient posées là, bien alignées et en parfait état. La lueur des réverbères les faisait même reluire. Là, en plein milieu du trottoir. Une paire de chaussures mais pas de pieds à l’intérieur, pas de jambes, pas de corps les surmontant. Pourtant les passants s’écartaient scrupuleusement au lieu de les enjamber, comme s’il y avait eu là, malgré tout, une présence. C’était sur le (...)
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28 octobre 2021, par Yann Leblanc
DÉNOUEMENT « Est-il joie plus délicieuse que de quitter le temps pour vivre au cœur de la pierre, en contact immédiat avec les forces du monde, et de parler avec son âme dans le silence du roc ? » François Augiéras
Le soir sera bientôt là. Quelques instants avant de céder la place à l’obscurité, la lumière déclinante se fait toujours plus vive, illuminant la roche, les feuilles des chênes kermesse et (...)
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12 janvier 2022, par Yann Leblanc
SANS FIN Ce matin là, Jean-Philippe Fichet sortit de chez lui avec un léger retard sur son horaire habituel. Il s’élança dans la cage d’escalier de l’immeuble à vive allure. Les marches n’en finissaient plus de descendre, tourner, descendre, tourner tant et plus, si bien qu’il eut un instant comme un vertige. Y avait-il vraiment, d’ordinaire, autant d’étages et de marches ? Les paliers allaient-ils (...)