Rédactrice en chef de la rubrique "Création littéraire", responsable des dossiers "Littérature et folie", "Journaux personnels", "Le pôle noir", "Marguerite Duras" et "Scènes islandaises".
Le polar nordique, qui se présente comme le porteur de mauvaises nouvelles dans les démocraties censément idylliques d’Europe du Nord, compte désormais un nouvel agitateur des consciences en la personne de Steinar Bragi. Le romancier a écrit Installation (Konur) juste avant la crise qui fit vaciller l’Islande, au moment où Reykjavik, devenue une véritable usine financière à l’écart du monde (…)
Les premières pages du dernier roman de Sylvie Germain, L’inaperçu, nous disent d’emblée que les choses ne sont pas ce qu’elles ont l’air d’être et qu’il ne va pas être facile de démêler l’écheveau identitaire de cette famille Bérynx….
Une femme vêtue de noir marche d’un pas rapide le long des berges d’un fleuve, elle est transie de froid, porte un fardeau et s’approche dangereusement de (…)
Dès le début de sa correspondance avec Jacques Rivière, Antonin Artaud précise qu’il n’entend pas produire une oeuvre et qu’il s’agit de dissiper au plus vite les éventuels malentendus à ce sujet. S’il écrit, c’est pour serrer au plus près une forme où il pourrait se faire reconnaître et donc se reconnaître. C’est pourquoi il présente, de façon très insistante dans ses lettres, cette quête de (…)
Après Hypothermie, roman dans lequel Erlendur, obsédé par le deuil et la disparition, enquêtait seul et officieusement, Arnaldur Indridason nous propose une nouvelle enquête placée sous le signe du féminin. En effet, en l’absence du commissaire le plus célèbre d’Islande, parti sur les traces de son passé dans les fjords de l’Ouest, c’est Elinborg, sa fidèle (et néanmoins fort critique à son (…)
Lorsqu’on découvre l’oeuvre d’Emmanuel Bove, on est frappé par une vision désespérée et désespérante de l’existence. L’homme apparaît comme une marionnette usée et désarticulée qui ne prend forme humaine qu’en s’agitant de façon absurde. Il se débat mais ne parvient jamais à se libérer de ses fils qui sont à la fois sources de vie et causes de souffrances. S’il est une constante chez Bove, (…)
L’auteur de ce livre est américain, mais l’ouvrage est écrit en langue française pour des raisons qui paraîtront vite évidentes. Le livre de Louis Wolfson est atypique. Ce n’est pas une oeuvre scientifique, ce n’est pas non plus à proprement parler une oeuvre littéraire car l’écart, vécu comme pathogène, subsiste toujours entre le mot à convertir et les mots de conversion. Cette aventure est (…)
Un mot résonne continuellement à ses oreilles : convocation. Depuis le jour où elle a osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, parce que « sans être forcément dans une situation difficile, on pense quand même : ce qui se passe ici ne peut pas être ma vie pour toujours », parce que « tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, on tente (…)
L’existence individuelle ne se déroule pas en ligne droite, elle avance au contraire par écarts et discontinuités. Au cours de sa vie, chacun expérimente diverses versions de soi-même et ressemble à un palimpseste continuellement recouvert de nouvelles strates. Se connaître et se comprendre soi-même, pour autant que ce soit possible, veut dire disloquer et partager le poids du passé en le (…)
Sur une île déserte de la Baltique, un homme de soixante-six ans, Fredrik Welin, vit en reclus depuis une décennie avec pour seule compagnie une vieille chienne souffreteuse, une chatte ayant atteint un âge plus que respectable et une foumillière géante qui grignote tranquillement la nappe d’une table depuis longtemps désertée. Depuis qu’une tragique erreur a mis fin à sa carrière de (…)
La Traversée des Alpes est un roman baroque qui plonge le lecteur ravi (les deux acceptions du terme conviennent !) dans un univers fantastique et foisonnant. Denitza Bantcheva songe moins à toucher le cœur qu’à exciter l’esprit de ses lecteurs par la vivacité de ses jugements, le comique et parfois le burlesque des situations. Ce roman, tout à fait original et inactuel n’est pas sans rappeler (…)