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6 mai 2023, par Elisabeth Poulet,
Thierry Galibert
« Si l’on admet – ce que pense Artaud – que les Occidentaux sont tous aliénés, et les intellectuels au moins autant sinon plus que le commun des mortels, alors, non seulement Artaud n’avait aucune raison d’être exclu de la société, mais il aurait dû servir de modèle à tous ceux qui s’expriment par la pensée. Sa situation est donc suicidaire, et si elle l’est c’est surtout à cause du diagnostic (…)
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16 août 2010, par Elisabeth Poulet
Parler, aujourd’hui, d’écriture féminine, est toujours problématique et sujet à polémique. L’écriture féminine est marginale et marginalisée. Elle a été et reste le lieu d’un conflit entre le profond désir d’écrire de la femme et une société qui manifeste à l’égard de ce désir soit un refus marqué, parfois même une franche hostilité, soit cette forme que l’on dira atténuée, et qui pourtant est (…)
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6 mai 2013, par Elisabeth Poulet
Marguerite Duras n’existe pas. N’en déplaise à ceux qui lui reprochaient un ego démesuré, Marguerite Duras n’était pas dans le réel, seuls ses personnages sont vrais :
« L’histoire de ma vie, de votre vie, elle n’existe pas, ou bien alors il s’agit de lexicologie. Le roman de ma vie, de nos vies, oui, mais pas l’histoire. C’est dans la reprise des temps par l’imaginaire que le souffle est (…)
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18 juillet 2011, par Elisabeth Poulet
Les Islandais disent qu’ils n’ont pas de bâtiments imposants, de cathédrales somptueuses, de châteaux envoûtants, ni d’autres grands témoignages de leur passé, mais que cela ne fait rien car ils ont leurs histoires. Leurs fameuses sagas, bien sûr, dont l’étymologie traduit bien la fonction première puisque « saga » vient du verbe « segja » qui signifie « dire, raconter ». Régis Boyer définit (…)
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2 février 2010, par Elisabeth Poulet
Le passé hante l’œuvre d’Arnaldur Indridason. La plupart des enquêtes policières qu’il met en scène remontent le fil du temps pour se concentrer vingt, trente voire quarante ans en arrière pour creuser encore là où on ne devrait plus chercher, avec une détermination obstinée et irrépressible. Ses romans traitent de disparitions, mais pas principalement de la personne qui a disparu, plutôt de (…)
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17 juin 2010, par Elisabeth Poulet
« Je m’appelle Laura. J’ai neuf doigts. Depuis toujours.
Avant je pensais que mon auriculaire droit était au ciel, près du bon Dieu, puis j’ai compris que Dieu n’existait pas et mon auriculaire droit pas davantage. Je ne suis pas comme les autres, voilà tout. »
Les parents de Laura et de sa sœur Moira, eux non plus, ne sont pas comme les autres. Ce sont des Catalans militants communistes (…)
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9 mars 2006, par Elisabeth Poulet
Dès le début de sa correspondance avec Jacques Rivière, Antonin Artaud précise qu’il n’entend pas produire une oeuvre et qu’il s’agit de dissiper au plus vite les éventuels malentendus à ce sujet. S’il écrit, c’est pour serrer au plus près une forme où il pourrait se faire reconnaître et donc se reconnaître. C’est pourquoi il présente, de façon très insistante dans ses lettres, cette quête de (…)
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24 mars 2008, par Elisabeth Poulet
1969 Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Ken Kesey
1980 Désert, de Jean-Marie Gustave Le Clézio
1980 Ode maritime, d’Alvaro de Campos
1982 Le bouc émissaire, de René Girard
1983 La Maladie de la mort, de Marguerite Duras
1984 L’Amant, de Marguerite Duras
1984 La communauté inavouable, de Maurice Blanchot
1985 Le mur invisible (Die Wand), de Marlen Haushofer
1996 Les (…)
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28 août 2010, par Elisabeth Poulet
Un mot résonne continuellement à ses oreilles : convocation. Depuis le jour où elle a osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, parce que « sans être forcément dans une situation difficile, on pense quand même : ce qui se passe ici ne peut pas être ma vie pour toujours », parce que « tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, on tente (…)
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12 mars 2007, par Elisabeth Poulet
L’auteur de ce livre est américain, mais l’ouvrage est écrit en langue française pour des raisons qui paraîtront vite évidentes. Le livre de Louis Wolfson est atypique. Ce n’est pas une oeuvre scientifique, ce n’est pas non plus à proprement parler une oeuvre littéraire car l’écart, vécu comme pathogène, subsiste toujours entre le mot à convertir et les mots de conversion. Cette aventure est (…)