Celui à qui le malheur rend visite a beau se cacher ici ou là, ou fuir à travers champs, le malheur saura le retrouver malgré tout. Il était une fois un homme qui était devenu si pauvre qu’il n’avait même plus une seule bûche pour maintenir le feu de son âtre. Il sortit alors dans la forêt pour abattre un arbre, mais ils étaient tous trop grands et trop épais. Il s’enfonça de plus en plus profondément dans la forêt jusqu’à ce qu’il en trouve un dont il pensait pouvoir venir à bout. Il venait de lever sa cognée quand il vit une meute de loups jaillir des broussailles et se précipiter sur lui en hurlant. Il jeta sa cognée, prit la fuite et atteignit un pont. Cependant, l’eau profonde avait sapé les fondations du pont et au moment où il était sur le point de s’y engager, le pont craqua et s’effondra. Que devait-il faire ? S’il restait là pour attendre les loups, ils allaient le mettre en pièces. Dans son malheur, il sauta dans l’eau, mais comme il ne savait pas nager, il coula. Quelques pêcheurs, qui se trouvaient sur l’autre rive, le rejoignirent à la nage et le ramenèrent sur la terre ferme. Ils l’adossèrent à un vieux mur pour qu’il puisse se réchauffer au soleil et reprendre des forces. Mais quand il reprit connaissance et qu’il voulut remercier les pêcheurs et leur raconter son sort, le mur s’écroula sur lui et le tua.