- 5 octobre 2009, par Thomas Vinau
Dans ma boutique, je croise toutes sortes de gens. Je ne les rencontre pas souvent mais je les croise, je les aperçois, j’entends une phrase ou deux et tout cela est suffisant pour imaginer la suite. La vie je ne la vis pas, j’y assiste et je prends des notes, c’est mon bonheur ! Je vois défiler de tout, parce que n’importe qui a besoin de venir chez moi. Je fais un travail que peu de gens (...)
- 25 août 2009, par www
« Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C’est nous les sacrifiés ! »
Chanson de Craonne, 1917
Novembre 1935
1. A l’ombre des grands morts
« Les Français n’ont plus qu’une passion, de crever... »
Pierre Drieu La (...)
- 2 août 2009, par Ahmed Bengriche
LE REVE
« Ce soir, je dormirai ici ; puis la femme demanda : tu l’as vu ? »
Elle était assise sur un coussin, le deux jambes allongées, l’un des pieds posé sur un petit banc, dans un réduit attenant aux étables, pelant des patates. Tout près d’elle un canoun allumé et à portée de sa main un seau d’eau. C’était un dimanche brumeux de fin de saison…
Je l’ai vu, dit Sadek. Il était debout. A travers la (...)
- 2 août 2009, par Ahmed Bengriche
— J’en ai déjà égorgé trois.
— Encore un, Oncle Kadour !
— Pas possible ! Kadour avait l’air de regarder à travers l’arbre et les maisons… là-bas…
Il ajouta : égorgez vos moutons vous-mêmes !
— C’est vrai, dit Miloud ! Mais je n’ai jamais appris, Oncle Kadour… et puis il y a les enfants…
et c’est l’Aïd …
— Et puis… ne m’appelle plus Oncle ! Hé ! cria Miloud, ça va pas toi ? Enervé notre gars ? (...)
- 6 juillet 2009, par Karine Macarez
Lorsque Totof est venu au monde, il y a eu un très gros orage. Pépé pense que ça a sûrement fait disjoncter un appareil à la maternité, et que c’est pour ça que Totof est pas comme les autres. Mémé a une autre théorie : elle dit que maman a pas bien mangé comme il fallait quand elle était enceinte.
Moi, j’avais que quatre ans quand il est arrivé et lorsque j’ai vu sa grosse tête émerger des cuisses de (...)
- 30 juin 2009, par Cynthia Van Lauwe
« Bienvenue ». Un mot, un seul, sur cette banderole rédigée à mon attention.
Bienvenue, comme si j’étais parti depuis une éternité, émergeant d’un profond coma, ou de retour d’interminables péripéties à travers le monde.
Mes parents, mes amis, mes collègues, tous étaient là pour célébrer ma prétendue résurrection, occultant par maladresse et quelques mots, 36 années d’une vie qu’ils n’ont jamais enviée.
« (...)
- 22 juin 2009, par Gaël Brunet
De tout là-haut, par grand vent, j’entends les paquets de mer qui viennent se fracasser sur le roc et le granit. Mâchoire incontrôlée. Incessante et folle. Un fracas tel que tous les bruits habituels en sont couverts. Le craquement des chips sous mes dents devient presque feutré. Comme disparu dans le fond de ma gorge. Avalé dans la tempête. Le phare vibre sous les coups de boutoir des eaux (...)
- 12 juin 2009, par Ahmed Bengriche
Au troisième jour toute la ville puait. Le couvre-feu dès cinq heures de l’après-midi. On arrivait dans les dechras. Une allumette … pfuuuit ! Plus rien. Sur place ne restaient que les femmes pour se déchirer les joues et se tirer les cheveux. Avec les crosses des fusils , les soldats cognaient durement sur les crânes. Ils faisaient rentrer les baïonnettes dans le ventre des (...)
- 8 juin 2009, par Ahmed El Marsaoui
« Nous sommes des oiseaux, plus quelque chose que nous cherchons à éclaircir à partir de l’oiseau. » Rezvani, La Traversée des Monts Noirs
Il écoutait les trilles extatiques du chardonneret vivaldien, paisiblement installé dans son « observatoire ». C’est ainsi qu’il avait baptisé ce coin d’où il pouvait voir sans être vu. Le concert de musique classique organisé par la SPANA, diffusé sur les ondes de la (...)
- 26 mai 2009, par Marc Bonneval
Je m’appelle Pierre, Pierre Raynaud, comme mon père, enfin lui, il s’appelait Jean, Jean Raynaud. Ma mère, elle, c’était Marie.
Pas si jeune, mon père, quand je suis né : quarante trois ans. Marie, Marie Tagnère, elle, elle en avait trente cinq, pas une jeunesse non plus, surtout pour l’époque, et puis là-bas, à Saumat, à la ferme. Fermier il était, mon père, le Jean Raynaud. Ma mère, la Marie, elle (...)