- 22 février 2018, par Roland Pradalier
Quelle curieuse façon de vivre que de prendre chaque jour l’avion et de sillonner la planète pour faire la fête. Me suis-je dit, observant la DJ qui dansait elfique comme une algue. Depuis trente minutes, envoûté par les sons qu’elle déversait, je sentais monter la chaleur des corps qui sautillaient dans le noir, mon visage était perdu dans le flot des faces rendues anonymes par l’extase de groupe, (...)
- 1er février 2018, par Roland Pradalier
Le bel hôtel décrépit du centre de cure de Guelle, est entouré d’une parc en pente douce qui aide au recentrement, maints marcheurs y ont opérés un pas vers la guérison. Mais c’est l’épuisement qui me fit aboutir dans ce cloître qui possède une réputation secrète de bouches à oreilles, pour les naufragés. A mi-chemin entre l’institut hospitalier, le centre de remise en forme et la chambre d’hôte, Guelle (...)
- 20 janvier 2018, par Anne Hubert
Suite à son invite, je veux bien m’asseoir et commencer l’attente. Par la seule fenêtre je vois les feuilles jaunies des arbres. Leurs reflets dorés adoucissent la mélancolie des murs gris de l’arrière cour. L’ambiance de l’automne est là. Un silence de plomb règne dans cette antichambre de la vérité. Les seules manifestations du temps qui s’écoule sont le cliquetis des touches enfoncées par les petits (...)
- 6 juillet 2017, par Khalid EL Morabethi
Bleu comme le néant… J’entends mes porcs dans mon crâne, ils ont le même accent
Bleu comme le néant… ‘’ A table ! Mange tes carottes, pas de viande, cannibale ‘’
Bleu comme le néant… à la fin, je serais un délicieux porc nietzschéen
Bleu comme le néant… Dans le ventre de la Bête
Bleu comme le néant… ‘’ A table ! Mange tes carottes, pas de viande, cannibale ‘’. J’ai oublié ce que ça fait quand la peau (...)
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28 septembre 2016, par Nicolas Boldych Sise au croisement de la rue de la Ferronnerie et des Cardeurs, une toute nouvelle boutique à la quelque peu ascétique façade noire de carbone et blanc de Saturne avait récemment ouvert ses portes, pour le futur bonheur de tous. Personne ne le savait encore, personne n’en parlait, car personne n’avait encore osé pénétrer à l’intérieur du magasin. Peut-être était-ce dû au fait qu’il était totalement vide, (...)
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25 janvier 2016, par Michel Arrivé Je suis allée voir Madame la Directrice. J’ai réussi à approcher mon fauteuil de son bureau. C’était difficile, parce qu’il y avait des gens, assis dans des fauteuils, de vrais fauteuils, avec quatre pieds au lieu de quatre roues, devant le bureau de Madame la Directrice. Je lui ai dit : « Madame la Directrice, je voudrais un petit morceau de Sopalin. » Madame la Directrice m’a sûrement entendue, (...)
- 30 octobre 2015, par Aline Royer
On avait marché si longtemps
On avait marché si longtemps qu’on était enfin arrivé aux portes du désert. On marchait et on ne ressentait plus la faim depuis plusieurs jours. Quelqu’un sur le chemin nous avait juré qu’après la faim disparaissait la soif, et qu’une fois la soif oubliée, le corps marchait seul et libre, nourri par ses propres pas. De marcher le corps allait s’oublier, on allait laisser la (...)
- 6 juillet 2015, par Fawaz Hussain
La station République est une gigantesque fourmilière où grouille sans cesse une foule de passagers de toutes les couleurs et de toutes les senteurs. Moins fréquentée que Châtelet, Saint-Lazare ou Gare du Nord, elle prend de l’importance lors des mouvements sociaux et devient alors, comme la Bastille, un symbole de la révolte populaire et de la grogne sociale. Les manifestants y affluent avec des (...)
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11 mai 2015, par Fawaz Hussain Tenaillé par la nostalgie, je retourne donc chez moi avec un nom et un passeport français. Après un long exil jalonné de beaucoup plus de défaites que de réussites, je suis à la lettre les conseils de mon médecin traitant et je rentre au bercail. Je retiens mes larmes au prix d’efforts exemplaires car je n’ai pas oublié que les hommes ne pleurent pas, qu’ils restent impassibles comme le roc. Je demande (...)
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2 mars 2015, par Nicolas Boldych Posez votre machine Madame Joubard, là devant le poster, nous allons commencer.
Je pose Rotor ici Monsieur Georges ?
Oui, devant Indra.
C’est qu’il est lourd.
Ils sont lourds quand ils sont « débranchés », mais je vous laisse faire, c’est votre créature.
Je dois y aller bien délicatement.
Lâchez la nuque, laissez tomber la tête, ayez confiance.
Comme elle est pesante !
Ecartez-vous (...)