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méditations géographiques
(Nathanaël
GOBENCEAUX)
Le rivage : Lieu de l’espace-temps, le rivage
est soumis à l’action des marées. Tout espace est tributaire de la dimension
temps, mais le rivage en est peut-être une des manifestations les plus
évidentes. La marée influe sur ce lieu de façon spatiale (le paysage diffère en
fonction de la présence ou non de la mer) et de façon temporelle (la marée
rythme le paysage par son action régulière). C’est aussi un phénomène à la fois
sempiternel (cette action régulière justement) et créateur parce que si le
mouvement est similaire, les formes issues de ce mouvement ne sont jamais
identiques.
1.
Sur le rivage inégal
vient se
dérouler la marée.
Rivage, lieu soumis
(la fonction du lieu n’est-elle pas justement d’être
soumission,
Ô lieu,
n’es-tu donc pas réduit à être le support
des
convergences d’actions extérieures ?)
aux rythmes de la nature-mer
et de
ses incessantes marées.
1.2.
Marée :
expression de l’espace-temps.
2.
Le point de convergence,
le lieu
ou se rejoignent l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud,
là peut-être se trouve quelque
chose.
3.
Face à la mer
(mer d’eau et mer de
nuages).
Face à
l’univers en somme.
Le mouvement continu,
les
matières, l’eau, la pierre, la terre, le végétal.
L’horizon
infini,
le vent
inlassable,
les
mouettes, et les goélands.
Les
crabes et le varech puant.
Grisaille
et embruns.
4.
LIEU.
Des
bruits,
des odeurs,
des couleurs.
Des matières, des textures.
Des éléments, des gens,
des relations, des communications.
4.2.
Par
ailleurs point, parfois cartographie abstraite.
5.
L’ESPRIT REDUCTEUR.
Réduire,
réduire
l’océan à un aquarium,
réduire
l’homme à un consommateur,
réduire
l’espace au lieu,
réduire
l’Iran, l’Irak, la Palestine au Moyen Orient.
L’esprit réducteur réduit
l’esprit (réducteur).
6.
KOSMOPOLITêS.
S’essayer cosmopolite,
citoyen du monde sensible.
7.
PROTOCENTRISME.
À
l’heure du polycentrisme
retrouver l’homme pour relier à la périphérie
les faubourgs de la pensée.
8.
Un géographe (confirmé)
dit :
“Le
concept d’espace […] donne lieu à un bon nombre de confusions et d’ambiguïtés.”
Le lieu peut donner un
espace, l’espace peut-il donner un lieu ?
Confusion et ambiguïté !
9.
L’uniformité empêche le rêve
de ressembler à l’autre.
L’inégalité sociale est subversive,
Le rêve aussi.
10.
CHEMINEMENT SPATIO-SENTIMENTAL.
De lieu en lieu
on tisse
ses itinéraires.
D’idée en idée on fait
son chemin intellectuel.
11.
VILLE (1).
La ville est un chaos (qui se
veut organisé) de systèmes qui se croisent et interfèrent.
Mais qui
se sentent, se ressentent ou
s’éprouvent provoquant des sentiments, des impressions, de la haine ou de
l’amour.
En ça, la ville est artistique.
12.
L’homme fait les lieux,
les lieux font l’homme.
13.
PERCEPTION.
Le monde est un visage.
Le monde est une image.
Le monde est un mirage.
14.
Chaque point de vue est une
entrée sur la vision d’un territoire.
15.
En l’espace, toutes choses
cartésiennes.
En
l’espèce, tout espace sensible.
16.
Il faut se méfier des idées,
elles sont partiales et
partielles.
Il y a
des réalités qui sont et des idées qu’on fait.
17.
Juste autre chose
Une logique différente
Et laisser un peu de folie
Tracer ces lignes d’erre
D’autres trajets
Peu coutumiers du fait
Et laisser l’usage établi
Pour d’autres lignes d’erre
L’ombre d’un sourire
Comme un nouveau langage
Proche et loin à la
fois
Il suit ses lignes d’erre
18.
VILLE (2).
Regarder la ville avec des yeux naïfs
Y voir la matière, y voir la nature
Mouvements et imbrications
Tout se tient, semble-t-il
L’équilibre urbain
Couve-t-il la crise,
Manifestation perpétuelle résurgence
des maux de l’essence humaine ?
19.
POUPEES GIGOGNES.
L’espace est la
grande poupée gigogne de la géographie.
Tout s’y insère, tout s’y emboîte.
20.
COORDONNEES.
Un lieu
se situe dans l’espace selon 4 coordonnées : la latitude, la longitude,
l’altitude et ce que l’on pourrait appeler la profondeur ou son histoire.
21.
LIEU.
Le lieu est l’opposé du rien.
Le rien est le néant or
le lieu ne peut être néant.
21.2.
Le lieu
est là où il se passe quelque chose, là où il s’est passé quelque chose.
22.
DANS LA TENDANCE A L’UNIFORMISATION.
C’est le détail qui fait la
différence.
23.
CINQ SENS.
La géographie s’éprouve et se
pratique avec les cinq sens.
24.
PAYSAGE.
L’étude de la géographie est
l’étude du paysage.
L’étudiant travaille sur ce qu’il voit.
Le paysage est par définition ce
qu’il voit, donc l’objet de son étude.
25.
L’espace est une idée abstraite.
Le
paysage est une forme concrète d’espace.
26.
La géographie est une science
infuse à toute personne (dans le sens qu’elle est répandue naturellement en
tout être).
La
géographie est une science confuse (dans le sens qu’on ne définit pas
exactement ce qu’est la géographie).
27.
D’une société déterministe où
l’homme a un sentiment naturel,
nous passons à une société
possibiliste ou l’homme arrogant s’arroge la nature.
28.
Etablir des lois scientifiques
en géographie revient à créer des contrevérités.
Quand il y a homme, il y
a une multitude, presque autant que de personnes, d’exceptions.
29.
La géographie est la science des
hommes dans les lieux.
30.
Les pieds dans le varech,
l’esprit
en ballade.