Dmitri Lipskerov est né le 19 février 1964, à Moscou. Son père est un scénariste et un auteur de dessins animés connu. Après le lycée, Dmitri Lipskerov sera diplômé de la prestigieuse école théâtrale Chtchoukine. Il commence alors à écrire des pièces de théâtre et devient membre de l’Union des écrivains soviétiques en 1989. Au début des années 90, ses pièces sont montées par de prestigieux metteurs en scène, comme Mark Zakharov ou Oleg Tabakov. Il connaît la consécration littéraire à la fin des années 90, avec deux romans : Les quarante Ans de Tchantchjoe et L’Espace de Gottlieb. Publié d’abord dans la prestigieuse revue Novy Mir, Les quarante Ans de Tchantchjoe est réédité par Vagrius, et figure dans la liste des livres sélectionnés pour le Booker Prize russe en 1997. En 1998, Lipskerov fonde le prix littéraire indépendant, Debut, destiné à aider les auteurs débutants. L’écrivain vit actuellement à Moscou, où il possède également un restaurant.
Le style de Lipskerov est un mélange de réalisme et de fantastique. Ses personnages évoluent dans un univers où l’imagination et la fusion d’époques différentes transforment la réalité russe. Cette particularité, ainsi que le titre de son premier roman, ont amené de nombreux critiques à comparer l’auteur à Gabriel García Márquez.
Bibliographie
Sorok let Chanchzhoe (Les quarante ans de Tchantchjoe) - 1997
Prostranstvo Gotliba (L’Espace de Gottlieb) - 1998
Poslednii Son Razuma (Le Dernier Rêve de la raison) - 2000
Pal’tsy dlia Kerolain (Des Doigts pour Caroline) - 2001
Rodichi (Parentèle) - 2001
Edipov Kompleks (Le Complexe d’Oedipe) - 2002
Russkoe stakkato - britanskoi materi (Staccato russe pour une mère britannique) - 2002
Oseni ne budet nikogda (L’Automne ne viendra jamais) - 2004
Leonid Obyazatelno Umret (Léonide doit mourir) - 2006
Extraits d’entretiens accordés par Dmitri Lipskerov aux Izvestia et aux Novye Izvestia
Les critiques littéraires vous ont gâté : certains vous appellent un génie, d’autres disent que vous êtes un nouveau Pouchkine. Comment vit-on cette situation ?
D. Lipskerov : Il arrive aussi qu’on me prenne pour Tchekhov, pour Harms et pour Pelevine. On passe son temps à me comparer à des tas de célébrités historiques. Au jour d’aujourd’hui, ça m’en fait environ 70. Les journalistes aiment bien coudre la main de Pouchkine à la tête de Gogol car ils adorent les clichés. Mais moi, je n’ai rien à voir avec tout cela.
Un critique a parlé de votre dernier roman en termes de « postmodernisme modéré qui se mue en mainstream ». Êtes-vous d’accord ?
D. Lipskerov : La seule chose qui m’agace vraiment, ce sont les tentatives de définir mes livres. Même les critiques insultantes ne m’agacent pas : je les accepte très calmement. Mais quand on essaie de fourrer ce que je fais dans je ne sais quelles grilles, j’ai l’impression d’être un psychiatre que les malades de son hôpital prennent pour un patient. [...] Vous croyez que je me suis dit que j’allais travailler dans un style postmoderne ? Tout artiste sérieux souhaite s’exprimer. Pas pour qu’on l’entende ou qu’on le lise - je m’en fiche éperdument qu’on me lise ou pas. Je vous le jure. J’écris parce que je ne peux pas faire autrement.