Joseph Delteil est né dans la ferme de La Pradeille, d’un père bûcheron-charbonnier et d’une mère « buissonnière ». Joseph Delteil vit les quatre premières années de son enfance à la Borie (construction de pierres sèches) de Guillamau, à 30 kilomètres au sud de Carcassonne, dans le Val de Dagne. De cette masure, il ne reste aujourd’hui que des moignons de murs, que l’on peut toujours voir en randonnant sur le « Sentier en poésie » à l’entrée duquel on peut lire « Ici le temps va à pied » créé par Magalie Arnaud, maire de Villar-en-Val, et ses amis pour honorer la mémoire du poète.
En 1898, son père achète une parcelle de vignes à Pieusse (30 kilomètres plus loin du côté de Limoux). C’est là, dira Delteil, son « village natal », au cœur du terroir de la Blanquette de Limoux, « où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français ». Il y demeure jusqu’à son certificat d’étude (1907), puis il intègre l’école Saint-Louis à Limoux. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (petit séminaire) de Carcassonne.
La parution, en 1922, de son premier roman Sur le fleuve Amour attire l’attention de Louis Aragon et André Breton pour qui cette œuvre « dédommageait de tant de diables au corps »1. Delteil collabore à la revue Littérature et participe à la rédaction du pamphlet « Un cadavre » écrit en réaction aux funérailles nationales faites à Anatole France (octobre 1924). Breton le cite dans son « Manifeste du surréalisme » comme l’un de ceux qui ont fait « acte de surréalisme absolu »2.
Le 24 mai 1924, à la Soirée du Claridge où l’ancien Corps des Pages de Russie donne un bal de bienfaisance, un défilé de mode avec des costumes de Sonia Delaunay illustre un poème de Joseph Delteil La Mode qui vient. « L’apparition de ce groupe souleva les applaudissements de la mondaine assemblée3. »
La publication, en 1925, de Jeanne d’Arc, ouvrage récompensé par le Prix Femina, suscite le rejet des surréalistes et de Breton en particulier, malgré le scandale déclenché par ailleurs en raison de la vision anticonformiste de la Pucelle d’Orléans. Cette œuvre est, pour Breton, une « vaste saloperie ». Delteil participe au premier numéro de La Révolution surréaliste, mais après un entretien dans lequel il déclara qu’il ne rêvait jamais, il reçut de Breton une lettre de rupture4.
En 1931, il tombe gravement malade et quitte la littérature et la vie parisienne pour le sud de la France. En 1937, il s’installe à la Tuilerie de Massane (à Grabels près de Montpellier) où il mène jusqu’à sa mort une vie de paysan-écrivain, en compagnie de sa femme, Caroline Dudley, qui fut la créatrice de la Revue nègre.