La Revue des Ressources

Brahms 

samedi 15 septembre 2012, par Alexandra Bougé, Loïc Lautard

Ce jour-là le train était bondé.

par-delà la sueur, la misère

par-delà les larmes de sueur

sur la misère dans les corps

ce temps qui passe

ce temps de passe

ce train partir

sur la misère des corps

la misère des corps

s’est brisé sur les rails ;

s’effacer sur les rails,

le quai était vide ce jour-là,

et ils allèrent aux galères,

dans la ville vide

Alexandra Bougé

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BRAHMS, L’INDIGENT SOLITAIRE. 2008

Brahim Tariq Labd, qui en Marocain veut dire “l’esclave du Mont Tariq ”. C’est à l ‘age 10 ans qu il décide de se donner un autre nom, il change donc Brahim en Brahms. Brahms arrive en France à l’âge de 5 ans, abandonnée par sa mère, il vit sous les coups de son père et les violences de sa “nouvelle mère”. Grandissant dans un climat d’insécurité et de non amour, l’enfant qu’il est, n’a pas d ‘autres choix que de se construire par lui même dans une jungle d ’émotions, qu’il ne comprend pas. Il adopte la philosophie du : “je n’ai besoin de personne !” De ce fait, il ne supporte pas l’autorité, et commence dès 16 ans à vivre de manigances de petit voyou... De 18 ans à 26 ans, il effectue de multiples séjours en prison, seul lieu ou il à travaillé avec une structure hiérarachique officielle.
En 1994, Brahms à alors 26 ans, il sort de prison et rencontre sa future femme Sadia à Paris, sur le parvis de Beaubourg (lieu qu il occupe quotidiennement depuis 12 ans). Il vivra 3 ans d’amour cabossée en sa compagnie. Puis elle disparait enceinte de 6 mois le “27 janvier 1997”. C’est depuis cette date qu il à “commencé à fly” et est devenu SDF. Brahms à aujourd’ hui 41 ans et n’a jamais vu le visage de sa fille, 12 ans de rue à ce jour, une force et un recul incroyable sur sa condition.
Il à vécu pendant 11 ans dans l’armature métallique du pont d’Arcole, entre
l’Hotel de ville et la cathédrale Notre-Dame, puis la mairie barricade le pont et jette toutes ses affaires en décembre 2008, en pleine vague de froid. “J’avais oublié la vraie galère de la rue” me dit-il et choisit de rentrer dormir tous les soirs à L’aéroport de Roissy. Brahms survit en moyenne avec 12 euros par jours, qu’il obtient en faisant la manche “active”, il va vers les gens. Il espère un jour pouvoir voir sa fille. Il voit en ce reportage une trace qu il pourra lui laisser, au cas ou il “crèverait
comme un chien au bord de la route !”.
“Ma lumière c’est ma fille et moi je suis dans le tunnel ! La lumière c’est les
gens, la vie c’est dans le noir !”

Loïc Lautard

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