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Harmoniques 

vendredi 21 octobre 2011, par Romain Noir

Love you à mort
amor
amor
et sans remords alors alors
pour tous ces désolants décors
quand tu me jètes un sort
moi je te porte au large du
périphérique et des carrefours
de tes dessous sous-entendus
toi tu te loves à mi parcours
sous la lave et sous le volcan
je ne suis plus ni où ni quand
de la chaleur esclave nu
sous les draps je suis l’inconnue
de ta ligne discontinue
sirène au pied du feu de l’eau
réponds des courbes de niveaux
dans tes yeux l’océan je bois
ton regard qui vole de toi
tend de nos âmes un peu de nous
chaque fois que je te revois
mon ciel est là bleu de tes bras
quand de tes bas je glisse encore
et sans remords alors alors
Love you à mort
amor
amor


Nouveau Prague

Voilà le nouveau Prague
et je franchis le pont.
Sur le bord je t’écris
quand le temps nous emmène.
Il n’est besoin de dire
où il convient d’aller.
Ni de se contredire
où il survient d’aimer.
Passagers nous le sommes
et le grand bâtelier
c’est le grand vent du sud.
Il divague en bateau.
Sur les vagues et sur l’eau
peu nous importe l’heure
et rien ne vaut le bruit
du soleil, ou de la pluie.
Quand le temps nous poursuit,
de nos pas, dans nos nuits,
se lit la démesure
et l’ombre qui la fuit.
Nous sommes dans le monde
au temps de l’évidence
et tout le jour en nous
se peint d’une seconde.
Peu importe l’obstacle
et courte est la distance
aux amants qui se donnent
et s’aiment sans mesure.


Divertissement par accident

Divertissement par accident
quantum de hasard
déconcertant
Déboire emballé qui fait grincer le tourniquet sinistre de la girouette
Gamme du pire
grinçante
Poussière déçue
grinçante
Déboire emballé qui fait grincer le tourniquet sinistre de la girouette
Explosion brûlante sans une lettre de convocation
Touche noire
givrante
Touche blanche
givrante
Déboire emballé qui fait grincer le tourniquet sinistre de la girouette
Explosion brûlante sans une lettre de convocation
Retard caressant la touche
déconcertant
quantum de hasard
Divertissement par accident


Piano

Le clavier clos
qui dort tout chevillé
quasi calé sur cales
piano solo
Les cordes au mécano
polyphonie sans cadre
notes pendues sur l’ivoire
les blancs sous les sons
le chevalet sans ton
mécanique en sourdine
chanson qui se décale
et chiffre au soprano
calqué sur l’ultrason
piano muto
Chanson de plomb qui fond
calcul harmonisant
silences articulaires
marteau chiffré qui serre
et tend son coeur vocal
en rythme pendulaire
C’est l’acoustique au noir
et sans délire tonal
à contre-jour
silence à l’étouffoir


Quipou

sur le fleuve
du hauban sourd
halé qui déroute
écrit du quipou
surgit l’atoll
du cri d’un fol
sur le fleuve
armés des eaux
le courant court
esseulé de croûte
en distingué de parts
il rame en ciselé
du courant fort
du bleu mouillé
retardé de route
il use et cogne
en esprit de rogne
écumé de bave
écrit du quipou
du cri d’un fol
halé qui déroute
en frayé de cols
du hauban sourd
s’enroule un bond
de vagues en larmes
et de larmes en lames
sur le fleuve
à l’arraché du flot
du tout grand bon
gros tourbillon
de l’égrappé fécond
sur le fleuve
armés des eaux
écrit du quipou
du cri d’un fol


Lynx

Le champ visible à rebours
je dérive à l’oeil sourd
sans plus de contour
regard de lynx aveugle et mort
sans plus de corps ni contre-éclat
regard aveugle aux aléas
flexionnelle essaimeuse
à fleur de sol
tu t’étends de tes noeuds
dans l’éclair et les bleus
Imprévisible indécis
surprise étonnante
éternelle éveilleuse
au neuf de frappe
Immortelle et joueuse
au lent du temps
tu reprends dans tes bras
tout mon corps à l’essieu
Imprévisible inouï
de grise énergie
éternelle artilleuse
au bluff de nappe
flexionnelle enchanteuse
à l’heurt bémol
tu te tends de tes feux
sur la mer et les cieux
Inextinguible imprécis
de brise ennivrante
éternelle artilleuse
au bluff de nappe
essentielle allumeuse
au noir si grand
tu me parles tout bas
de tes ors et ton dieu
Inextinguible indivis
de blanche alchimie
éternelle éveilleuse
au neuf de frappe
Le champ visible à rebours


C’était l’hiver

je sens demain qui nous renverse
un peu de nous sur le retour
du temps salé du miel des pôles
C’était l’hiver à ciel ouvert
je tiens nos deux mains sous l’averse
dans le cahier de nos amours
nos coeurs calés sur nos épaules
C’était l’hiver et çà rend fou
tout l’univers est à l’envers
Le cours du vent vire au passage
à fleur de peau sous la grande ourse
il y a du froid qui nous traverse
il fait crier sur le détour
le chant du chemin se transpose
nos pleurs affalés sous les saules
j’ai sur moi la sueur des nuages
la vie qui s’agrippe et caresse
et puis le soir nous déshabille
dans mes yeux tu prends la pose
C’était l’hiver et çà rend fou
çà cristallise un peu de nous
tous les regards tous les flocons
çà tombe en bas çà part en vrille
le col dénoue tous les ancrages
dans la vallée qui fuit la course
la neige au sol se démaquille.
Tout au bord de la mer
tout au bord de la mer
le grand silence est d’or
on se promène ensemble
au bleu des profondeurs
tout au bord de la mer
tout près des golfes blancs
tout près des grands dauphins
sauveurs de naufragés
tout au bord de la mer
Au début du dehors
le monde est un bijou
que tout le ciel endort
tout au bord de la mer
le sable à bras-le-corps
enlise et puis nous grise
et puis nous baise au corps
il y a la plage et l’air
puis le vent qui nous mène
encore plus près du bord
tout tout tout près du bord


Décroissance

partout
casser la course
course de courses
qui nous corrompt tous
arrêter le mime
mime de crimes
qui nous crève tous
stopper la norme
norme d’énorme
qui nous prend tous
briser la chaine
haine en chaines
qui nous tient tous
alléger le poids
tout le poids des poids
qui nous tue tous
boire à la source
qui nous fait vivre
juste
en homme sage
le futur
sans plus d’esclave
juste
des hommes libres
sans plus de tout
juste
ce qui vit
l’harmonie
sans plus de trop
juste
ce qu’il faut


Epice fanimique

C’est fanimique
je prends ma baguette tragique
et j’assaisonne le récit
mi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol si ... çà suffit.
C’est fanimique
je prends mon cahier chronique
et j’assaisonne le récit
mi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol si ... çà suffit.
pas de souci pour les si
fini le stress de l’agenda
à bas les où les qui quand quoi !
mi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol simi sol si ... çà suffit.
C’est fanimique
cette encre sympathique
assaisonne le récit
mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do mi sol do !


Griffe

Un disque a fuit le grain
dans le sillon
Il titube en déroulant
sur la pliure
un long ruban du rond
– et de sombre facture.
Entier percé de bonds
sous la friture
Rémission sans fin
sur la striure
Un disque a fuit le grain
dans le sillon
Il résonne au filon
sans
l’aiguille
sûre
Le timbre a mis le frein
sans plus de son
Il titube en déroulant
sur la pliure
un long ruban du rond
– et de sombre facture.
Déperdition sans fin
sur la rayure
Une griffe
censure
(appel empoussiéré
sur la rainure)
Un disque perd un grain
sur le chiffon
Plus de motif fermé
sur
l’épissure
Plus de
censure


Double barre

Elle part toujours pour revenir.
Un temps après l’autre.
Un temps, c’est un son nu,
dans un silence.
Simple traversée, construites de passages immobiles,
notes serties dans des briques.
Inlassablement, le temps fait vibrer les bijoux notés sur le collier.
Mouvements à peine perceptibles, ils s’étagent et s’organisent.
Notes volubiles ou transies, heureuses ou pleureuses, précises ou cahotiques.
Pendues sur des rhytmes fous, trop longs, trop courts.
Quatre temps, c’est une ronde,
affalée sur le monde.
Nous la voyons,
lourde.
Nous l’entendons,
sourde.
Un demi-temps s’accroche.
étourdissant la croche.
Nous nous voyons,
grands.
Nous nous pensons,
forts.
Nous rêvons de toujours,
de mélodies infinies,
de miroirs sans reflet,
pour garder nos décombres.
Un temps sans imposé
on se regarde un peu
se compliquer la vie.
Sur la partition, tôt ou tard, nous atteignons le bord.
Il y a comme un vent froid
frondeur sur l’ecchymose.
Nous la voyons,
lourde.
Nous l’entendons,
sourde.
La mort c’est une noire
avant la double barre.
Puis quelqu’un crie :
« Musique maestro ! ».
Ainsi va la musique.
Elle part toujours pour revenir.


Fréquences

J’entends de loin les notes
en dilués de sons
conjugués de sonate
et courte courbe molle
à l’amplitude folle
et le sommet du pont
se compose en prélude
en déphasé de phrases
J’éparpille mon oreille
en tactique acoustique
en cadencé spatial
et de mesure en mesure
au sonné qui ronronne
à l’oscillation franche
au parfum qui résonne
à la belle consonne
à la lente voyelle
En aimant sensoriel
j’écoute la misère
et l’affolement du monde
en étalements sonores
Entends le vent qui danse
imbriqué de séquences
et la mort qui sommeille
en tout ce temps qui penche !

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