Qu’importe

Qu’importe Dulcinée
Les répliques
L’adage de ces hautes vallées
Leurs suppliques...

Au diable les saisons
Leurs norias de misères
Adossés à l’ultime
Pouvions-nous contrefaire
De bonnes vieilles rimes
L’exorde salutaire...

Qu’importe l’implicite
L’ordalie
Les tourments de ces folles années
Mentir faisait partage...

Gardez-nous donc ô pères
De leurs contrefaçons
Dissipe l’olifant les combats de l’arrière
Au diable vos leçons
Leurs norias de chimères...

Qu’importe Dulcinée
La vindicte
L’usage de ces mauvaises contrées
Partir ferait voyage...

Accointés à l’outrage
Pouvions-nous en déduire
De bonnes vieilles rimes
L’obituaire scansion...

A Watteau

D’où mille frémirs la trahissent
La soif se mire au bel étang
Sous la danse et les prémisses
De libellules et cerfs-volants...

D’où l’œil s’agite en concerts d’ombres
La soif se doit-elle aux miroirs
Tissant sa cour en clair et sombre
Entre vermeils et guimpes noires...

Mille plaisirs un astre brille
La soif se plait-elle aux mirages
A la recherche d’accortes filles
Les rondeaux gais et pas volages...

Inaccessible aux reposoirs
La soif s’éprend-elle de sources
A ces jeux flous des balançoires
Si inconstantes leurs ressources...

Watteau copie fêtes galantes
La soif s’admire au bel étang
D’où se reflètent inconséquentes
Les amourettes un court instant

Spleen hivernal

Oh la triste saison des amours infidèles
Les amants ont si froid qu’ils recherchent des lits
Puis chutent dans des bras peu importe leur zèle
Pourvu que la chaleur d’un corps les irradie...

Oh la morte saison des amitiés rebelles
Le compagnon n’est point dans la rue mais chez lui
Et ces portes fermées aux voix qui interpellent
Sèchement répondent disparaissez merci...

Oh l’ignoble saison où nue mon âme gèle
Qui donc prendra pitié de son cri de crécelle
Je passe en vos chemins et traîtres vous envie...

Ecoutez écoutez de votre vieil ami
Son pas tout chancelant qui cogne qui chancelle
Qui sans un reproche se pend aux ciels de lits...

L’émoi

Très chère le trouble n’est plus ce qu’il coûtait
Lorsque tu tarifais l’érection de mon être
A base de talents flagorneries peut-être
Ou rites licencieux assurant nos étais...

Les saisons sont passées délivrant leurs émois
Incitant l’élégie d’aller s’amenuisant
J’en ai compté les coups il y en eut des cents
Égrenant leur rosaire en propos discourtois...

Insensée tu délias nos vœux nos suppliques
En faisant fi de mes rudesses et philippiques
Un soir te dévêtant à même ton balcon...

Face à la nuit y offrant tes ronds hémisphères
Souhaitant de martiens venus des stratosphères
Qu’enhardis par le suif ils commettraient l’affront...

Les croisées

Secrètes les croisées
Ajourés leurs rideaux
Les fenêtres sont à l’absence
Ce que le cœur est à l’amour
Une longue vaine espérance
Parfois
S’y dessinant à contre-jour...

L’avenir s’y répète en termes compassés
Un œil attaché à l’ouvrage
En cours
L’autre fixé au carillon
Sur des carreaux où se reflètent
Inaccessibles les horizons...

En leurs quarts les saisons
Sempiternellement
Les rosiers au jardin les géraniums
Suspendent
Ce que l’espoir en de vains jours
L’illusion enclose répand
Dans la resserre des toujours...

Fussent-ils vif l’hiver ou accablant l’été
L’espérance ne bruit ni ne clame
Incessamment elle contient
Muette
Tous les futurs et jusqu’aux drames
Du petit monde circonvoisin...

Leurs ragots les rumeurs
La parole donnée puis reprise
A jamais suspendue
A l’espagnolette....

L’amnésie

L’inconscient à flirté avec l’intempérie
Et son silence nu tel un esclave sage
Impudique étendit à nos pieds ses ravages
Entachant nos superbes et autres partis pris...

L’amnésie est au sol telle un cancrelat mort
Ni le souvenir ni la haine ni leurs trames
Ne sauront éveiller ce fossile sans flamme
Gisant tel un fœtus au creux d’un cerveau tors...

L’esclavage sur nous tendît ses conventions
De l’ordalie des dieux de leurs folles démones
Nous nous en garantîmes en tirant nos crémones
Malgré leurs railleries leurs vaines objurgations...

De querelles en redditions ou pèlerinages
De frontières et gabelous de leurs sommations
A l’envi disposâmes de leurs injonctions
Par une opportune accélération d’images...

Mise à nu l’espérance évidée de ses songes
S’entend en amnésie en termes compassés
Je préfère vomir ces futurs concassés
Que surprendre l’espoir proférer ses mensonges...

Puits

Ce puits ô profondeurs
D’où l’inconscient d’un verbe vain qui se propage
N’est plus que cette aura où nos recours musardent
Labile avec ses pleurs qui malgré nous s’attardent
A relever de l’affront son maigre héritage…

Ce puits ô profondeurs
Où infantilisé l’adulte s’y vénère
Piégé par ce miroir confondant d’illusions
Où s’y dissolvent inconvenantes oraisons
Nos sombres velléités et lâches prières…

Ce puits ô profondeurs
Où se tarit la source et où l’heure somnole
N’est plus qu’une scansion un rite obituaire
Où tiédeur amniotique et vertus passagères
Tissent nos lendemains d’apprêts qui nous désolent…

Ce puits ô profondeurs
Où le silence gît tel un chant grégorien
A cette nef ressemble tapissée d’adultères
Vaste comme une mer fidèle comme terre
Où s’assemblent nos vœux les plus manichéens…

Adieux

Adieu mathématiques vos chiffres vos raisons
Sur l’horizon se meurt se clôt la ligne droite
S’éclipsent en douceur de nos rêveries moites
Mirages imparfaits et grandes illusions…

Adieu faims insatiables et robustes appétits
Sur l’horizon se meurt se clôt la ligne droite
S’y défaussent ironiques insincères et coites
Prémonitions incises et symboles avertis…

Adieu succédanés vos philosophies reines
Sur l’horizon se meurt se clôt la ligne droite
Vos rancœurs récurrentes et morphologies plates
Au linteau de l’action s’y révélèrent vaines…

Adieu jeux de hasard vos royaumes fortuits
Sur l’horizon se meurt se clôt la ligne droite
Du baccara secret au renvoi des sourates
Ne s’ânonnent inquiets qu’inconséquents sursis…