Je suis les actualités sur la Palestine exactement comme une étrangère
Même un étranger ici possède plus de droits que moi en tant que Palestinienne
Au moins il peut entrer en Palestine en tant que touriste
Il peut voir cette beauté incarnée dans ses montagnes, ses bâtiments anciens, ses oliviers, ses habitants et surtout les plus âgés d’entre eux, qui ont vécu toute l’histoire de la Palestine — « la paix et la guerre », « le beau et le moche »
Cet étranger peut simplement respirer l’air Palestinien rempli de courage, rempli de cette envie de vivre malgré tout
Cet étranger peut aller vers nos villages et nos maisons auxquels nous n’avons pas accès
Les villages des quels nos grands père ont été expulsés
Cet étranger est autorisé à goûter le pain de Jérusalem, l’orange de Jaffa, les fraises d’Hébron
Il peut tout simplement s’amuser sur la plage de Jaffa, il peut tout simplement contempler la beauté de Haiffa
Il peut prendre une photo à côté de la mosquée Al-Aqsa , ou de l’église de la Nativité
Cet étranger peut simplement avoir une conversation avec un Palestinien de Cisjordanie
Cet étranger peut faire tout ce que je ne peux pas faire en tant que Palestinienne
Cet étranger a de la chance d’être étranger et de voir mon pays
Si j’étais une étrangère je pourrais avoir la même chance que lui
Mais malheureusement je suis née réfugiée dans mon pays et sur ma terre
Aujourd’hui, comme une étrangère j’apprends la mort d’un enfant Palestinien de 17 ans, il vient juste d’avoir son bac
Je suis sûre qu’il a dessiné tant de rêves à réaliser mais la réalité de la certitude c’est qu’il n’en réalisera aucun !
Au moins, il a tenté d’éprouver le sentiment du succès
Un peu de joie avant sa mort ! Un peu de joie dans un monde injuste
Vous savez, c’est vraiment difficile de supporter l’injustice depuis la naissance
Parfois il arrive un moment où vous voulez vraiment que tout cela s’arrête
Que le temps s’arrête, tout simplement parce que vous n’avez plus la force de continuer à supporter l’injustice
L’injustice, je n’aime pas ce mot, je n’aime pas l’écrire, je déteste le prononcer
Et je ne souhaite pas que vous viviez l’injustice !
Nous les Palestiniens, nous sommes nés au sein de l’injustice, je répète que c’est difficile de vivre ce sentiment, mais il est advenu dans notre quotidien depuis longtemps
Donc, nous savons comment nous y adapter
Tout cela est passager je sais
Je garde toujours l’espoir et reste toujours le reflet de l’optimisme ♡
Je vous souhaite une vie pleine de justice et de paix
À Gaza, le 21 juillet 2017
Source FB Huda Abdelrahman al-Sadi