Constellation 68, inauguration : The night readers, Mathieu Kleyebe Abonnenc
The Night Readers
— 45’ —
Vendredi 1er juin 2018, 18h 30
En présence de l’auteur
The night readers compose les matériaux disparates d’une sélection d’archives de la télévision guyanaise qui informent la chronologie en plusieurs épisodes d’une catastrophe de la jeune indépendance surinamaise, due à la fragilité institutionnelle d’une république naissant et à la corruption, entre autre sous l’emprise de l’argent de la drogue accédant au plus haut niveau de l’État, et d’un soulèvement populaire puis une guérilla, qui s’affrontèrent. Où des plans de nuits parmi les stock shots renvoient à l’opacité politique du pays avec la récurrence intrusive informelle de plans séquences actuels filmés par l’auteur tel un leit-motiv intrusif de subjectivité qui procure une nuance externe des événements montrés et donc une distanciation. Ainsi un long travelling de nuit sur les bas-côtés de la route, où défilent les reliefs des ombres sur lesquels se concentrent les perceptions du lecteur, jusqu’à croire y voir des spectres abstraits des événements évoqués. Surgissement d’une figuration onirique le souvenir et les traces récurrentes des massacres et des drames qui ont flétri la civilité de la nature, et dont le sang et la chair imprègnent encore ces chemins mémoriaux désignés par la caméra de l’auteur.C’est aussi une création critique interne du documentaire — dans sa forme auto-critique — cadrée par une recherche personnelle sur l’écriture filmique d’une histoire traumatique collective qui a pu marquer l’enfance de l’auteur sans qu’il en fût nécessairement le témoin direct. Cela confère au film des propriétés de l’essai qui l’opposent à l’académisme des genres filmiques où on pourrait le situer.
N. B.
Ce film a été sélectionné en compétition française pour le Festival international des documentaires du Cinéma du Réel 2018, au Centre Georges Pompidou, à Paris. Un synopsis assez précis sur la situation et les épisodes historiques présentés dans le film et un teaser sont accessibles dans le site de cet événement restant informé en ligne :
http://blog.cinemadureel.org/film/the-night-readers/.
Le titre du film The night readers est attribué par l’auteur à celui du deuxième chapitre d’un ouvrage de l’essayiste et poète guyanien Wilson Harris, parmi ces essayistes poètes et écrivains caraïbes de la pensée singulière et puissante informée par Édouard Glissant, né le 24 mars 1921 à New Amsterdam, en Guyane britannique (aujourd’hui Guyana). Peut-être un signe d’hommage pour mémoire, car Wilson Harris est mort très récemment, le 8 mars 2018, à l’âge de 98 ans, à son domicile de Chelmsford dans l’Essex, au Royaume-Uni, où il avait émigré à Londres en 1959 et écrivit la plupart de son œuvre. La Couronne britannique l’avait distingué Sir en 2010. Le Guardian lui a rendu hommage dans son article nécrologique. L’article qui est consacré à l’écrivain et à son œuvre dans l’Encyclopédie Universalis francophone est précis et recommandable quoique bref. [1]
Pour une meilleure information on peut lire l’entretien de Mathieu Klebeye Abonnenc avec Théo Guidarelli qui accompagne sa sélection en compétition française du Festival du Réel : http://blog.cinemadureel.org/2018/04/24/entretien-avec-mathieu-kleyebe-abonnenc/ (24 avril 2018). [2]
Auteur-réalisateur : Mathieu Kleyebe Abonnenc ; Son : Arno Ledoux ; Montage : Arthur Guibert ; Production / Diffusion : Red Shoes ; Organisme détenteur ou Dépositaire : Red Shoes ; Distributeur : Red Shoes. Visionner ce film, demande du catalogue : CNC. Voir la fiche et les informations sur le film dans le site film-documentaire.