Dans ma Bibliothèque idéale, il y aurait le récit de la naissance de Gaïa, une autobiographie de Dracula, et le long poème épique Arden Day. Il y aurait un livre de jeux de lumière, un livre de bricolage spécial cabanes. Il y aurait de gros canapés de cuir, où l’on pourrait s’affaler et s’endormir, et des fauteuils de velours plus doux et plus droits, pour se concentrer. Il y aurait aussi quelques coussins de toutes les couleurs, pour se mettre en tailleur. Un magazine consacré à l’éternité, et le livre d’images de chacune de nos vies, la Sociologie de l’Ermite, une sorte d’essai sur la notion de lisière, et un Traité de l’Acédie. On pourrait y lire une bande-dessinée de Nos plus belles années, le numéro 10 de Spectre, et La liberté est une couleur. Il y aurait des tables et des chaises et des stylos et du papier à carreaux. Il y aurait des ordinateurs en réseau. Il y aurait la Revue de Tout le Monde, le Dictionnaire des Signes en édition limitée, et la Cuisine des Concepts. Il y aurait un frigo, des fruits et des gâteaux, du café, du chocolat et des sodas. On pourrait apprendre comment survivre seul dans la nature, comment mentir à un psychologue, et comment monter une action. Il y aurait le Journal des fous et de la foutaise, le Bestiaire des poètes, un Essai sur la naissance des intellectuels, la Philosophie de Derrick et le Roman du loup. On pourrait trouver les récits d’une même journée dans le monde entier. Un commentaire des Pages Jaunes, un résumé de l’encyclopédie Universalis, le manuel du Paresseux, le guide du Paris de la littérature, les Œuvres de la Golden Dawn. Seuls les textos seraient autorisés. On pourrait consulter les Trucs et astuces de l’administration, lire l’Invitation au partage, la Poésie de la Voiture, un manga du Combat avec l’Ange, et une Grammaire de la langue des chats. Les Fragments de l’Insensé. L’encyclopédie du Non-dit, le Livre des Pattes de mouches, un Savoir-vivre dans la Rue, un exemplaire de Mille excuses, l’Annuaire des Prédicateurs et le Répertoire international des films documentaires.
On pourrait écouter des écrivains, voir des adaptations filmées. Il y aurait un Enfer, et les Dits et Ecrits au Désert, l’album souvenir des Pas perdus, une Esthétique du symbolique, la Logique du pêcheur, l’Histoire de l’Oubli, le Récit de toutes les nuits, un Dictionnaire des expressions mensongères, une Cartographie du Devenir, Ellébore, la Science de l’Approximatif, l’ensemble des volumes du Temps Gagné, le Manifeste de l’Instant donné, l’Art de la mémoire, et le quotidien L’Eternel Retour. Il y aurait une Amicale des lecteurs, un livre d’or des citations qui leur parlent, et pourquoi. Il y aurait une estrade et l’on pourrait y jouer ses répliques préférées. La collection des numéros zéro de toutes les revues. Un polar sans crime, une Histoire sans Majesté. Le recueil de poésie La fée, le livre et l’épée. Les Lettres à un jeune internaute, une Introduction au mode d’emploi, et l’horoscope des nouveaux-nés. Un Plaidoyer pour la Renaissance, un Traité du vide et du plein. Le roman des Rencontres du lendemain, la biographie de la Fiancée du pirate, un Hors-série sur l’Intensité, Kant expliqué aux non-nés, la Psychologie du Secret, l’Ethique du Politique. Les plus beaux Eloges funèbres ; les plus belles Paroles de chansons...
Il y aurait toi, il y aurait ton histoire, et on pourrait y lire à la fin comment tu es venu à Sarcelles, ce que tu as vu, lu, entendu, ressenti et pensé. Ce serait publié dans le plus beau des catalogues illustrés, à disposition dans ma Bibliothèque idéale.