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Kathleen Raine : « Le langage de l’imagination est symbolique » 

Le Symbolisme et l’Imagination selon Kathleen Raine

samedi 12 novembre 2022, par Michèle Duclos

« Le langage de l’imagination est symbolique »

—   Le Symbolisme et l’Imagination selon Kathleen Raine

En 1946 [1] Kathleen Raine dans un essai intitulé “A Question of Poetry” concluait ses réponses à un long questionnaire par l’affirmation : “I suppose I am a symbolist – not very original in 1946. But I don’t see what else a poet can be. [2]” Affirmation surprenante à plusieurs titres : déjà par la date, alors que le vaste mouvement francophone devenu européen et américain était alors largement éclipsé par des formes et des thèmes davantage axés sur une actualité historique. Mais plus surprenante encore lorsqu’on constate l’absence dans la vaste production essayiste de Kathleen Raine [3] de toute référence au mouvement illustré à des titres divers par Verlaine, Mallarmé ou Rimbaud (qui a seul eu droit à une manifestation, mais de vigoureuse détestation) [4].
Cette indifférence est renforcée par sa poétique telle qu’elle la précise dans ce même questionnaire. Ainsi, alors que « Les symbolistes [français] présumés adoraient les mots vagues, et le mot le plus vague qu’ils nous aient laissé est sans doute celui de symbolisme… », affirme en couverture Bertrand Marchal dans l’essai précis, concis qu’il consacre au mouvement français dans sa multiplicité et son « impossible histoire du symbole » (p.49) [5], dans son texte précité KR revendique « A capacity for finding the precise word. » Et les poètes et penseurs britanniques du 19ème siècle qui se sont réclamés de cette appellation « symbolisme » (Coleridge, Shelley, Keats, Carlyle et Yeats) ont tous proposé une approche semblable précise de ce courant. Une étude poussée, et des essais et des poèmes de Kathleen Raine, nous convainc sans peine que même avec des appellations parfois identiques (tels les termes « analogique » « suggérer » ou « impression »), la poétique de KR comme celle des poètes romantiques et des poètes ses contemporains qu’elle a défendus ignore celle, même diverse, des poètes français [6].
Cet imbroglio culturel a une explication simple et une origine : l’appellation « autoproclamée » (Marchal) lancée tout à trac en 1886 par le poète francophone Jean Moréas, qui s’en est rapidement détourné ainsi que de la poétique qu’elle prônait, usurpant linguistiquement et culturellement une vaste entité culturelle moins connue chez nous mais qui, dans la diversité individuelle des manifestations créatrices, s’enracine ontologiquement dans un passé immémorial reconnu qui sous les appellations de philosophie pérenne - philosophia perennis - ou hermétique traverse les siècles et des territoires planétaires, parfois enfouis sous d’autres appellations, pour connaitre une résurgence magnifique tout au long du 19ème siècle sous une appellation de Romantisme y compris victorien et irlandais et plus partiellement au 20ème siècle anglophone, magnifiquement défendue par l’essayiste et exploratrice des cultures que fut la poète Kathleen Raine, et toujours après sa disparition et celle des poètes ses contemporains par la revue Temenos Academy Review dont les activités se sont agrandies par rapport à celles de Temenos qui l’a précédée.
Peu d’éléments au-delà du refus du matérialisme en philosophie et du réalisme en art rapprochent ce grand courant pérenne et le vaste mouvement francophone multiple et diffus qui a renouvelé la poésie en en ouvrant la thématique, la forme et « une conscience nouvelle de la poésie et de son langage, a déchiré le voile de la représentation et révélé les failles du sujet. » (Marchal, p.10)
Sans chercher à opposer une « symbolo décadance » à un « symbolisme romantique » nous allons ici tenter de recenser, dans leur clarté évidente, les conséquences anthropologiques et esthétiques qui découlent naturellement d’une Tradition philosophique aux bases ontologiques affirmées dans le temps et l’espace, philosophia perennis – revendiquée souvent contre vents et marées par le très grand poète aussi l’un des plus grands chercheurs, Kathleen Raine, « Defending Ancient Springs » selon l’intitulé d’un de ses livres majeurs, exégète et le plus complet analyste du « symbolisme » éternel incarné entre autres par les grands poètes et penseurs romantiques anglais du 19ème siècle, de Blake à Yeats, et par des artistes et écrivains de son propre siècle vingtième qui, comme elle, ont chacun à sa manière illustré la Tradition de cette philosophie pérenne, hermétiste, alchimique, plato- et néo-platonicienne

Métaphysique l’Imagination : deux faces du même concept

En GB, sans distinction nette d’emploi ni d’époques, avant comme après que soit connu le mouvement français éponyme, le terme « symbolisme » est souvent doublé par celui, plus directement en prise sur la psychologie, plus vernaculaire, plus concret, d’« Imagination » [7],
illustré tout particulièrement par William Blake à qui Kathleen Raine se référera souvent dans ses analyses des grands romantiques anglais mais néanmoins : « Not only did neo-Platonism give him a vocabulary and a grammar of symbolic terms ; it placed him in the main stream of European poetic and pictorial symbolism. » (Blake and Tradition, Intr. p.17). Mais elle écrit plus souvent :
“Our world is real because it is the creation of the human imagination.” (TWP, 219). “Imagination is reality itself. Imagination is always at work weaving and revealing”. (229)
« Imagination alone sees things as they ’really’ are, since it sees them in relation to their causes and qualitative natures” (TWP, 126) “What for the materialist is illusion, for the Imagination is reality itself” (TWP, 223). Dans l’essai qu’elle consacre à Shelley elle écrit… “not reason but Imagination is the supreme faculty ; is, in Blake’s words, ‘the human existence itself’ (…) Coleridge called Imagination ‘a repetition in the finite mind of the infinite I Am’, the creative power by whose agency we build our world ‘on earth as it is in heaven’, in the likeness of our innate vision (TWP, 219) : “Imagination, which Shelley calls ‘intellectual beauty’, as did Plato” (TWP, 224).
Dans son acception ontologique Imagination est très proche du terme Imaginal dont Kathleen Raine nous rappelle dans la Temenos Academy Review n°1Spring 1998 (Editorial, p.13) que : “(Henry) Corbin coined the word ‘imaginal’ to signify knowledge of the Imagination which, far from being ‘imaginary’ in the sense of unreal or fictitious, is a perception of higher worlds reflected in the human psyche, the imagination vera [8](TWP, 219). (…)
Pour Raine l’imagination est présente dans toutes les cultures traditionnelles : “and he [Corbin] confirmed my understanding of Blake’s Imagination as corresponding to the Sufi alam al mithal, the imagination vera (TWP, 219). “Being-consciousness – bliss ; sat chit ananda ; such was Blake’s understanding of the essence of life” (TWP, 175).
Avec pour conséquence ontologique : “Whereas for the Abrahamic religions man is a creature other than and external to God, for the oriental religions as for the Platonic tradition – especially for Plotinus and the Neoplatonists – there is a divine presence innate in man and in all creation” (TWP,219).

De ce fondement métaphysique universel découle une anthropologie duelle verticale “The true man’ is not the mortal body but the life, the consciousness that informs it, the imagination that experiences, not the senses that transmit information” (TWP, 172).
“Man is eternal and beyond time and space here and now, in the spirit, or not at all” (TWP, 186). Ainsi, souvent à son insu [9], l’individu est-il inséré dans un trajet, un récit et une thématique mythologiques connus qu’il ignore et dont le poète se fait le révélateur : “In whatever guise they appear, in dreams, waking visions, contemplation, or reflected in the forms of nature or art, it is characteristic of these symbolic images that they seem to communicate essential meaning” (TWP, 129). (ainsi Kathleen Raine elle-même, poète, s’incarne-telle comme femme en Koré enlevée par Hadès, en Isis comme poète-à mission de restaurer l’ordre cosmique [10].
D’où l’importance ontologique de “these myths of all races are ageless, since their symbolic language is based upon the permanent and unchanging elements of the world we inhabit” (TWP, 134). Ils viennent aussi s’incarner dans les légendes et le folklore toujours vivants dans le cœur des peuples.
La communication entre les deux univers, fini et infini, se fait par les sens, les portes sensorielles comme proclamé par Blake, mais aussi à travers ceux des rêves où se retrouvent les archétypes [11] “dreams are also regions of the soul’s reality, places of the Imagination » (TWP, 182) [12] et à travers la passion amoureuse où l’on retrouve la triade platonicienne ; “moods” pour Yeats qui sut ainsi sublimer cosmiquement son amour insatisfait pour Maud Gonne, et Kathleen Raine pour Gavin Maxwell.
Mais aussi dans des formes parfaites, des créations artistiques qui sembleraient ressortir à la pensée rationnelle plus qu’au monde extérieur : “Whatever is congruent with the ground of our nature seems to us beautiful. The square, the circle, the laws of geometry and number are, in a sense, intrinsically satisfying to some sort of order which belongs to our nature” (TWP, 151).
Mais c’est surtout à travers, grâce à la nature, naturans et naturata, que l’infini se manifeste : “Imagination is a mental world, a world of which ‘nature’ is a language rather than an object to be described by language” (TWP, 220).

Écriture : le Symbole

“Truly understood the entire world is one great symbol, imparting, in a sacramental manner, by outward and visible signature, an inward and spiritual essence” (TWP ,129).
Et donc “symbol is a language in each of whose parts a whole is implied” (TWP,135) ; au contraire de l’allégorie fabriquée, “In whatever guise they appear, in dreams, waking visions, contemplation, or reflected in the forms of nature or art, it is characteristic of these symbolic images that they seem to communicate essential meaning”( TWP, 129). L’image archétypique est là, en attente. “The strength of a symbol is its truth on all levels, including the physical” (TWP, 275) ; « the symbol may be called the unit of poetic synthesis » (TWP, 120).
“The language of imagination is symbolic, that is to say nature is a language in which ideas, moods, meanings, find their correspondence, while at the same time the forms of nature take on meaning” (TWP, 221). Ces éléments, ces moments, de manifestation concrète s’expriment non par un langage discursif, logique, élaboré, ni par des images allégoriques élaborées par le poète, mais par des images qui, intermédiaires entre les deux mondes, s’en font symboles et expriment l’Infini de manière analogique finie. On retrouve les « signatures” alchimiques de Paracelse ou de Novalis et les archétypes jungiens voire les correspondances swedenborgiennes de Baudelaire.

Le Poète prophète

Cette dimension imaginative est en réalité présente dans toute vie mais c’est au poète qu’il convient de révéler sa présence “Blake wrote that ‘One Power alone makes a Poet : Imagination, The Divine Vision” (TWP, 37). “The poet indeed tells us nothing new – he awakens us to our true selves” (TWP, 34). Son “daimon” (comme une muse) l’aide ; sa fonction est de retrouver et exprimer un état initial : « the imagination does not see different things, but sees things differently » (TWP, 126). Dans le processus créatif (commun à tous les arts) [13] les deux composantes du moi se rejoignent. « Yeats wrote that ‘genius is a crisis that joins that buried self for certain moments to our trivial daily mind » (TWP, 37). Souvent aux dépens du moi mortel, de l’individu ordinaire, dont il exige le sacrifice.
La création exige du poète (pris comme l’incarnation de toute forme d’art) d’être à la fois ouvert, réceptif et récepteur d‘une réalité invisible qu’il ne peut pas, ontologiquement, percevoir directement, seulement grâce aux symboles concrets, vivants, éléments du monde sensoriel, qui se révèlent clairement à lui. Mais sa tâche ne se borne pas à être un simple réceptacle. Elle est double : l’inspiration échappe à sa volonté individuelle mais elle doit ensuite être soumise à un lent travail d’élaboration qui exige du poète une parfaite lucidité et patience ; l’inspiration peut intervenir inopinément, elle doit alors être stockée brute pour être plus tard retravaillée. Et de cette vérité d’outre-Monde qu’il perçoit il doit rendre compte avec simplicité, clarté et fermeté. Le poème doit être un tout équilibré et harmonieux : “No symbolist artist can ever be on the side of vagueness, of disintegration (he must) impose pattern and order upon what he experiences and perceives” (TWP, 355) “A poem is the thing it states” (TWP, 43) : dans une langue qui dit directement, dans une syntaxe directe. Mais la simplicité n’implique pas la familiarité, ni dans le choix des mots ni dans celui des sujets tel qu’en les 30ies le mouvement moderne d’Auden et Spender et surtout William Empson, la « Pylon School » s’y est évertuée. « It is a mark of imaginative inspiration and content to write in a high and mannered style, removed from common speech ; as it is of the absence of imaginative participation to write either in a conversational tone or in a deliberately vulgar idiom” (TWP, 136), tout au contraire des comptines et du folklore qui traduisent l’âme des peuples.
On comprend alors mieux l’exaspération de Kathleen Raine contre Rimbaud et « ‘The heresy of the « deliberate derangement of the senses » (…) because it seems to offer a shortcut to poetic inspiration (…) They are altogether too easy, the states of mind outside the control of the reason » qu’elle qualifie de « fake mysticism » et de « source » attractive falsehood. « It is when they do this that poets are close to lunatics » (TAR, 10). « Only a mad world would put the Surrealists in office » (TWP, 48). De même elle aura des mots très durs contre l’expressionnisme lyrique américain, les « drippings » (“A materialist art is doomed to loss of form, such as we see in abstract expressionist painting and its literary equivalent” (TWP, 125). Elle s’opposera aux Surréalistes dont elle récuse l’utilisation du terme « symbole » [14].

“A society uninspired by the vision of higher worlds is a true metaphysical hell” (TAR, 1, p.1 - 1998).

“Joy is not something that happens to the soul, it is the essential nature of the soul.” (TWP, 175) et l’art symbolique a pour mission de la manifester :

THE SPHERE

Oh the happy ending, the happy ending
That the fugue promised, that love believed in,
That perfect star, that bright transfiguration,

Where has it vanished, now that the music is over,
The certainty of being, the heart in flower,
Ourselves, perfect at last, affirmed as what we are ?

The world, the changing world stands still while lovers kiss,
And then moves on - what was our fugitive bliss,
The dancer’s ecstasy, the vision, and the rose ?

There is no end, no ending - steps of a dance, petals of flowers
Phrases of music, rays of the sun, the hours
Succeed each other, and the perfect sphere
Turns in our hearts the past and future, near and far,
Our single soul, atom, and universe.

P.-S.

À moins d’indications contraires les poètes britanniques sont cités à partir du volume récent qui reprend des essais plus anciennement publiés, en particulier dans Defending Ancient Springs.
Aussi la table de ce livre permettra aux lecteurs assidus de Defending Ancient Springs de retrouver leurs références habituelles :
That Wondrous Pattern essays on Poetry and Poets, Kathleen Raine, Preface by Wendell Berry, Introduction by Brian Keeble, Counterpoint, Berkeley, 2017

I —

THE PRESENCE OF POETRY

What is The Use of Poetry ? . 23

’T’he Writing of Poems, .47

II —

THE WISDOM OF POETRY

What Is Man ? 59

Premises and Poetry. 79

The Inner Journey of the Poet. 95

On the Symbol. 115

The Use of the Beautiful. 139
 
III —

THE WITNESS OF POETRY

Innocence and Experience. 169

Wordsworth : A Remembered Experience. 197

Shelley as a Mythological Poet. 21
 
 The Chamber of Maiden Thought. 241
 
 Hopkins : Nature and Human Nature. 271
 
Yeats’s Holy City of Byzantium. 297

Ash Wednesday. 327
 
Edwin Muir. 337
 
The Poetry of Vernon Watkins. 359

Notes

[1« written, in 1946, in answer to a questionnaire, now lost, that was sent to me by the social psychologist, E. W, Martin ». K.R. February, 1969.

[2Qu’elle reprenait en 1969, sous le même titre, pour The Manuscript Series published by Richard Gilbertson, Bow, Nr Crediton, Devonshire, British Museum 360996). Numéro 5 d’une série où elle était précédée, avec des titres différents, par Ted Hughes, Charles Causley et Tom Gunn. Tiré à 250 exemplaires.

[3Tout comme dans les 13 numéros de la revue annuelle TEMENOS, répertoriés dans TEMENOS an Index, en 2016 qu’elle a créé et animée avec Brian Keeble de 1981 à1992 (à laquelle a succédé, sous le patronage du Prince Charles, la Temenos Academy Review toujours très active et augmentée de rencontres culturelles) où figurent rarement les noms des représentants de ce mouvement, comme aussi en général des littératures et arts francophones voire européens.

[4« Rimbaud - that idol of bad poets-himself a stern enough technical disciplinarian-described very well one wrong starting-point from which much bad poetry has sprung » KR “The Writing of Poems” première publication en edition limitée dans Faces of Day and Night en 1972, repris dans TAR 2012 n°15 puis dans TWP p.47 daté c.1943 toujours sous le même titre et contenu.

[5Bertand Marchal, o.c. 4ème de couverture. Toutes les citations concernant le Symbolisme français seront tirées de Bertrand Marchal, Le Symbolisme, Armand Colin, 2011.
(Un point de rencontre intermédiaire spontané aurait pu être Baudelaire qui, fasciné par Swedenborg, puise aux mêmes sources que les poètes romantiques anglais, se trouve considéré parfois comme l’ultime représentant d’un symbolisme : cf. P. Bertolucci From Symbolism to Baudelaire, Carbondale, Southern Illinois Press, 1964, qui « traces the background of symbolism in its broad sense, back to Plotinus. ln its perspective, Baudelaire becomes a summit of symbolism, rather than a threshold. » Cette correspondance étroite entre l’homme et l’univers dans les deux premières strophes du poème « Correspondances », apparait comme une manifestation figée du symbolisme métaphysique tant dans une relation dynamique horizontale cinesthésique du monde que verticale avec le cosmos.

[6D’où au vingtième siècle des ambiguïtés de lecture menant certains critiques anglais mais pas tous à utiliser en épithète « symbolic » pour le courant britannique en opposition à l’épithète symbolist pour le mouvement français, et « Symbolism » opposé à « Symbolisme ». Cf. Northop Frye : « the three meanings of symbolism” Yale French Studies, vol.9 1950.

[7W.B.Yeats et Edwin Ellis publient en 1893 une première édition complète de l’oeuvre de William Blake avec en introduction l’ essai : “The Necessity of Symbolism”. Mais la revue Temenos porte pour titre A Review devoted to the Arts of the Imagination.

[8Temenos puis TAR ont publié en traduction plusieurs textes et comptes rendus d’ouvrages de Henry Corbin dont l’un, Towards A Chart of the Imaginal, traduit par Peter Russell, ouvre le premier numéro de Temenos, précédé seulement par un texte de son disciple Gilbert Durand Exploration of the Imaginal traduit Par KR. KR fut invitée à deux reprises à participer aux rencontres d’Eranos à Ascona animées par Henry Corbin, Gilbert Durand et CG Jung.
Dans un registre d’invitations proche signalons que KR fut aussi invite à participer au Colloque de Cordoue Science et Conscience en octobre 1979. Son intervention “Science and William Blake” est reprise en numéro trois dans ce même numéro un de Temenos.

[9« What the fable is we do not know, only certain parts of it, Imagination is ever at work and revealing. » (TWP,229) – Pour Yeats, « Man can embody truth but he cannot know it. »

[10Le poète et essayiste Edwin Muir dans son Autobiography incarne cette dualité verticale humaine sous l’appellation de « The Fable and the Story » ; (il l’incarnera dans sa propre thématique du retour vers l’Eden originel qui coïncide aussi avec son enfance heureuse).

[11Étudiés entre autres par Jung que Raine salue d’un poème, KR, Collected Poems, faber, 2019, p.171, “Homage to C.G.Jung” sans se déclarer sa disciple.

[12Dans son entretien de 1946 elle dénonçait le recours aux rêves comme étant “bad material (…) for poems”. Dans la reprise de son entretien en 1969 au contraire “it was Freud who put the ludicrous theory that all dreams are the ‘garbage of suppressed personal experiences (…/…) I have since written many poems from archetypal dreams, whose mystery goes as far beyond Jung, as Jung beyond Freud”.

[13“In those works of art which are true to the archetypes we discover our own laws, our own inner order. Architecture is more than building, it is an idea which informs the true structure if bricks in stone… a city is built not for the body alone but for the soul”. (TWP, 106)

[14Même anecdotique ici il est intéressant que Kathleen Raine, qui ignore décidément le mouvement symboliste et ses représentants, est intervenue à plusieurs reprises sur le Surréalisme dont le développement coïncidait en chronologie avec les interrogations et les possibilités récentes pour la formation de sa propre poétique : « As a school of art it has run into the sand. But it twas intoxicating, a magical way of living, by an expectant imagination read to find symbolic meanings and messages in every encounter in daily life (…) » ; en 1998 dans l’Editorial de Temenos Academy Review (p. 14-15).
En 1964, dans son essai « On the Symbol ») « The Surrealists, inspired by Freud’s theories, used their so-caIled symbols in a vivid and striking way ; but these were not in truth symbols at all, lacking as they do Coleridge’s essential mark of the symbol, ’the Translucence of the Eternal in and through the Temporal’. (…) Surrealism is just as much a materialist art as is social realism (…) Its symbols, released by ‘pure psychic automatism’, provide no bridge or ladder from which contemplation may pass from effect to cause, from lower to higher. » (TWP,126-7)
Elle y revient en 1989 dans le numéro 10 de Temenos en rendant compte des Collected Poems 1988 de son grand ami David Gascoyne qui fut un temps adepte des surréalistes, en esquissant un rapprochement entre le mouvement surréaliste en France et « Mass Observation » en Angleterre à la même époque. Elle y revient enfin en 2001 dans le quatrième numéro de Temenos Academy Review, en rendant compte du livre de Gascoyne, A Short Survey of Surrealism.

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