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Promenades naïves dans un carré poétique congolais 

vendredi 9 octobre 2020, par Yves Mbama-Ngankoua

A Judicaëlle, Maud, Martine, Daphné et Jérémie — toutes mes pensées.

Introduction

La critique littéraire, faiseuse de rois littéraires, a souvent des choix difficiles à justifier. Certes la création littéraire congolaise est féconde, la jeune génération qui s’illustre sur la scène nationale et internationale éclipse certains précurseurs dont Jean-Pierre Makouta Mboukou, auteur entre autres de L’Âme Bleue (1971) et Eugène Ngoma avec Primitives (1972). Universitaires tous les deux, ils ont d’abord été poètes. A l’exception d’Eugène Ngoma, poète prometteur, étoile filante de la poésie congolaise, l’homme d’un recueil qui n’a plus apparu sur la scène littéraire congolaise, J-P Makouta Mboukou est connu comme critique littéraire et romancier. On pouvait ajouter d’autres poètes des années 1980 comme Marie-Léontine Tsibinda, Diop Kegni, Philippe Makita, Léopold Mamonsono Mpindy ou encore le jeune poète disparu au moment où sa poésie devenait de plus en plus exigeante : Léopold Congo Bemba…Parmi ces jeunes poètes, nous avons leur préféré, un très jeune venu sur la scène littéraire la décennie suivante, Alain Mabanckou parce qu’il a concomitamment publié, à ses débuts, une œuvre poétique, vite éclipsée par la fiction. De cette promenade, je suis revenu avec quelques thèmes tels que la mort obsédant dans les deux recueils d’Amélia Néné, publiés Fleurs de vie (1980) et Perles perdues (1998). Il est aussi présent de manière récurrente dans La Légende de l’errance (2003) d’Alain Mabanckou où l’image de la mère morte occupe tout le recueil. Enfin, il est exploité dans L’Âme et dans Primitives. Parallèlement à ce thème, on chemine avec les villageois le soir au clair de la lune ou dans les rues des villes congolaises voire le long de la plage admirant le foisonnement de la vie, le spectacle marin. A certains moments, ces poètes invitent le lecteur à partager la destinée d’un héros individuel ou collectif à travers une page tragique de l’histoire du Congo et de l’histoire africaine.

A — Une scène funèbre

Les deux recueils d’Amélia Néné sont « d’une vaine lyrique intimiste » pour reprendre les mots du professeur Arlette Chemain[1]. Cette « vaine » lyrique charrie toute la douleur engendrée par la mort. Ce thème de la mort occupe toute la production publiée de Néné : pas moins d’une trentaine de textes qui lui sont consacrés. Elle partage cette écriture sur la mort avec le poète J.B Tati Loutard, son époux qui, dans son recueil « Les Normes du Temps », fait de la mort un personnage principal.[2] Chez Amélia Néné, la mort est déclinée sous diverses formes.

Dans « Le choix », on énumère les différents cimetières du Congo ainsi que celui de Colombey où se repose le général de Gaulle comme celui du « bout du monde »[3]. On est surpris par le nom de Colombey à côté des cimetières du Congo Brazzaville. S’agit-il d’une admiration pour celui qui y est enterré, celui dont le nom est associé à l’histoire du Congo ? « Le choix » est une sorte de recommandation faite à l’époux, à l’ami ou aux parents qui la conduiront à sa dernière demeure :

 « Je m’abandonne à toi

A toi qui m’apprêteras

Pour le plus long voyage

Choisis pour moi

Une terre qui me permette

De souffler »[4].

On note la périphrase « long voyage » pour désigner la mort. Le cimetière serait donc un lieu de repos tant espéré. Dans le même sens et comme écho à ce texte, les poèmes dédiés à Marie-Louise Maganga, au poète Jean-Baptiste Tati Loutard, son époux, dans Perles perdues, à ses enfants dans Fleurs de vie et bien d’autres sont les dernières volontés que le dédicataire doit respecter après la mort de la poétesse.

On a l’impression que la poétesse éprouve une certaine réticence à prononcer le terme de « mort ». A la place, elle a donc recours aux mots ou expressions ayant une moindre charge émotive telle que la périphrase « le souffle se retire » : 

« Dès que le souffle se retire

L’homme doit s’effacer »[5].

Ailleurs, la mort est désignée par l’expression « Berceuse noire ». Texte rimbaldien par son intertextualité, comme « Le Dormeur du Val » de Rimbaud, « Berceuse noire » est une complainte psalmodiée à la mémoire d’un enfant tué par des soldats probablement au cours d’une protestation contre le pouvoir. En effet, le vers d’ouverture renvoie au « Mauvais sang » de Rimbaud et à celui de Tchicaya, la reprise du vers « Berce-le…doucement » est celui du « Dormeur de val », la musicalité est rimbaldienne. Toujours à propos de l’intertextualité, elle fait un clin d’œil en reprenant le thème du pêcheur mort déjà exploité par le poète Tati-Loutard [6]. Toutes les ressources qu’offre la langue française sont exploitées comme la métonymie : « Le fossoyeur » renvoie à la mort et à l’ultime demeure d’un mort, la tombe. La mort est présente à travers les festivités de la Toussaint, jour retenu par les vivants pour fleurir la tombe des parents défunts. Le sort intolérable de la veuve évoqué dans un poème au titre évocateur « Condamnation ». On y voit la veuve « perdue, malheureuse » condamnée par la société qui « de cendres t’a habillée »[7] ou les scènes vécues lors des veillées funèbres tel que le montre le poème « Contraste de nuit » avec les dames « étendues à même le sol » tandis que les hommes sont « préoccupés sur une table de jeux… Attendant l’aurore pour disperser »[8].Dans « A maman », la mort est, pour la mère d’un âge avancé, une délivrance[9].

La mort est le thème inaugural du recueil « L’Âme Bleue » de Jean-Pierre Makouta-Mboukou. En effet, le poème intitulé « A maman ! » renvoie à l’arrivée du fils, longtemps absent, qui vient fleurir la tombe de sa maman :

 « Je viens fleurir ta tombe

O maman !

Avec des roses vertes et bleues ».

Ces roses vertes et bleues rappellent le poème de « Demain dès l’aube » de Victor Hugo, écrit à la mémoire de sa fille morte où le père éploré évoque les retrouvailles avec sa fille. Le poète ira se recueillir sur la tombe de sa fille, chargé des fleurs cueillies dans la nature. Néanmoins, les fleurs du poète congolais sont rares : la rose verte par exemple est une curiosité quant à la rose bleue, elle symbolise l’inaccessible, l’attente, le rêve. Les poser sur la tombe de sa mère partie peut sembler traduire l’impossibilité de la revoir. Toujours est-il que fleurir la tombe rapprocherait la mère morte du fils vivant :

« Me voici près de toi,

A cette heure du jour »[10].

Toujours dans le même recueil, le poème « Vœux » qui le clôt, sont les dernières volontés du mort que le destinataire est obligé de respecter : 

« Si, je pars avant toi

N’oublie pas mon Amour,

En refermant ma tombe

Combien j’ai aimé les Roses. »[11]

« Vide Tombeau » est un autre texte sur la mort d’un être cher, « parti » pendant l’absence du poète Revenu au pays natal, il se rend au cimetière pour se recueillir :

« Me voici sur ta tombe, douce Julienne 

On m’a dit que tu dormais

Depuis plus de huit lunes déjà ;

Mais était-ce croyable ? »[12].

La mort est assimilée au sommeil moins angoissant. Le terme « sommeil » renvoie au calme, au repos. Par ailleurs, notons l’expression au style indirect « on m’a dit » qui engage un dialogue entre la morte et le vivant. Ce dernier étonné s’excuse du grand retard « huit lunes » avec lequel il a appris la triste nouvelle comme le montre l’interrogation. Cette nouvelle douloureuse bouleverse le poète qui se souvient de la douceur de la voix qui s’est tue. Cependant, il chérit Julienne au point de vouloir la ressusciter. Le tombeau vide renvoie à l’épisode biblique de la résurrection du Christ.

« Il n’est pas rare d’avoir des rêves !

J’ai bien souvent du Seigneur Jésus

Rêvé de retour, ainsi que de mes amis

Ou de moi-même une mort terrifiante ».[13]

L’explication du titre du texte se justifie : le tombeau de Julienne est dans un vieux cimetière comme il y en a dans les villes congolaises de Brazzaville et de Pointe-Noire. Pour des raisons obscures, les autorités politico-administratives de ces cités prennent la décision de détruire ces anciens cimetières, tuant pour une seconde fois ceux qui sont partis. Cet acte prive ceux qui sont restés l’occasion d’aller se recueillir sur la tombe des parents défunts. L’épitaphe sur le tombeau de Julienne dit :

« Repose en paix

Notre chère enfant » et le poète s’insurge par ce qui arrive à ce cimetière :

« Est-ce du repos une sûre garantie ?

Comment pouvons-nous en paix dormir,

Lorsque de notre maison

Les méchants fendent les murs ? »[14].

Dans les villes, le mort ne serait donc qu’un « vil objet » dont on peut jeter dans une fosse commune ?[15]

Eugène Ngoma, dans « Voix » de ses « Primitives », montre le spectacle poignant des femmes qui pleurent un mort :

 « …les seins

Vieilles chaussettes brunes

Allongées par l’usage,

Flottent au vent,

Impudiques »[16].

Puis, c’est le corps du mort dans son cercueil que l’on décrit avec précision :

« La paix indifférente,

D’un sommeil sans réveil

Sous le tas de suaires,

La bouche enveloppée,
L’ouate fermant les narines…

La mort,

La mort toujours renouvelée »[17].

Dans un autre texte au lyrisme hugolien, le poète évoque la mort de Germain, un « collègue affectueux » :

« Il n’est pas revenu sur ses propres jambes,

Et on l’a revêtu du suaire des défunts ;

Les gens parlent à Germain,

Les gens supplient Germain,

Germain ne répond ! »[18]

Dans « L’Ombre et le Rayon », le poète suit le cortège funèbre de Mpouabou. On sort de l’église où une messe vient d’être célébrée en la mémoire du défunt. Le deuil frappe toute la ville même les

« manguiers consternés

Inclinent leurs fleurs

 Sur le cortège amer »[19].

La cérémonie religieuse ainsi que le long cortège traduisent le statut social du défunt. Il appartiendrait à la lignée des Mâ Loango. C’est ainsi qu’il va être mis en terre à Loubou, l’ancien cimetière où se reposent les princes du royaume de Loango. Tout le monde adopte une gravité ecclésiale :

« Les oiseaux se sont tus,

Et les corbeaux eux-mêmes

Sont partis ? », les humains quant à eux

« Les bouches, au-dessus des cantiques,

Se surpassent : il faut unir sa voix dans un dernier adieu. »[20]

Seule la mer voisine tumultueuse perturbe cette solennité du recueillement :

 « On entend la mer déferler

Par-dessus la lagune ».[21]

Le poème intitulé « Soir de brume » est un autre souvenir de la mort d’un père, d’un frère peut-être qui aide le poète à faire ses devoirs :

« …je revis l’image

De ton sourire si doux

…………………………………..

Dans un champ de croix et de parfums,

Je vis seul, et je marche en silence. »[22] 

Dans « Tant que les arbres s’enracinent dans la terre », Alain Mabanckou explique les circonstances qui l’ont amené à écrire la poésie désormais le seul lien entre lui, sa mère morte et son pays, le Congo. L’écriture est donc la résurrection de la mère morte : « Je savais maintenant qu’à partir de cet instant, mes poèmes ne seraient plus les mêmes. Que je ne pourrais plus écrire un seul vers sans ressentir sa présence. Que je ne pourrais plus imaginer la poésie sans elle. Quelle était à la fois le pays, le lien, le souvenir, la fin et le commencement »[23] . Plus loin, il donne la définition de cette poésie de la résurrection (de la mère) et de la renaissance (du poète) : « La poésie commence à sourdre lorsqu’elle croise les méandres de l’existence du poète. Elle est une réponse au vide, à l’immensité, à l’inquiétude intérieure qui nous habite lorsque, soudain, tout se tait et qu’il faut traduire le silence »[24].

Ainsi, elle serait la traduction de la parole de la mère. Le fils étant en parole avec la mère : « La légende de l’errance » écrite, sous la dictée de la mère morte, est tout hantée par la figure de la défunte, « en trois jours et trois nuits, sans rature, sans aucune correction, parce que je ne souhaitais surtout pas me relire, encore moins corriger une parole qui n’était pas mienne… mais d’elle, ma mère… »[25].

La première partie du recueil intitulée « La légende de l’errance » est divisée en deux parties de longueur inégale : « Présages » et « La nouvelle ». Parmi les « présages », il y a des aboiements soutenus des chiens et des ululements des hiboux. Dans la culture des pays de Mouyondzi, les aboiements soutenus des chiens comme le ululement du hibou aux abords du village sont des signes annonciateurs d’un décès : « Les chiens n’interprètent plus le patois des ténèbres »[26]ainsi que « l’ululement des effraies

C’est la nuit qui hante la nuit et l’annonce d’une nouvelle »[27].

La nature est concernée par l’événement funeste annoncé à tel point que :

« Des chauve-souris apeurées par le fracas des pas sur les feuilles mortes

Apparaît le spectre d’un soleil éteint captif d’un labyrinthe d’araignées »[28].

« La Légende de l’errance » dont il est question est celle de l’esprit tout habité par la mort de la mère qui visite les lieux jadis habités par ceux qui l’ont précédé. La forêt où cohabitent les morts et les bêtes, où se dressent les pierres vestiges de cimetières abandonnés rongés par les racines des arbres, preuve de l’existence d’anciens villages.[29]Les textes de la sous-partie intitulée « La nouvelle » est celle qui évoque avec insistance la mort de la mère. Ce sont les chiens du village qui, les premiers ont annoncé la nouvelle. Aussi loin qu’il se trouve, le poète en est informé :

 « J’apprends aujourd’hui

Que maman est morte dans les montagnes

que demain c’est l’enterrement »[30].

A partir de ce moment, le poète est hanté par le vide sidéral laissé par cette disparition. Il crie sa douleur. Désemparé :

 « J’ai peur du vide

J’ai peur de la nuit

de l’ombre qui se déploie

de ma silhouette qui se courbe

J’ai peur

du silence

J’ai peur »[31].

Notons l’anaphore « J’ai peur » qui scande mélancoliquement ce poème. Le vide est celui qui est occasionné par la perte de la mère. Quant à la « nuit », c’est le moment privilégié où les esprits sortent et participent à la vie nocturne. Les mauvais esprits hantent les maisons et empêchent leurs occupants à avoir un sommeil serein tandis que les bons esprits protègent le village. Tout ce billet – sorte de haiku- est dominé par le champ lexical de l’absence. En effet, les termes « vide », « nuit », « ombre », « silence » traduisent le désarroi du poète qui se sait désormais seul : « je repense à ma mère Pauline Nkengué. Je revois cette femme qui fit de moi un poète ».[32]

Plus loin, on lit :

 « J’entends la voix d’une enfant

qui pleure dans la voile de la nuit

 Ses sanglots fermentent le chagrin

que je porte au bout de l’errance ».[33]

Puis le lieu et la date du décès sont donnés avec précision sous une pluie torrentielle - autre présage :

« Tu as plié un genou puis l’autre… »

« Le ciel pleurait à grosses larmes

vendredi 17 mars à Dolisie

Le ciel pleurait à grosses larmes

Tu as titubé sur ton grabat… »[34].

Le ciel est personnifié participe au deuil en pleurant à grosses larmes. Est-elle morte à Dolisie parce qu’elle fuyait, comme bien d’autres congolais, la mort distribuée par les milices qui se livraient une guerre sans merci ?

 « On dit que la mort est venue

de ce buisson d’acacias

Elle s’est reposée devant ce kapokier

 Le sursis d’un jour te fut accordé ».[35]

Trois textes sont au style indirect qui commencent par « On dit que… » dans lesquels le poète rapporte les propos de ceux qui ont assisté sa mère agonisante. Une série de six textes qui sont les testaments de la défunte :

« mère

A présent j’entends l’oracle

Murmurer tes ultimes paroles 

« ceci est mon testament

Ecrit à l’ombre du silence »[36].

Ces « dernières volontés arrachées /A la nuit ».

Puis, ils précisent le moment où il faut en prendre connaissance :

 « à lire quand s’envoleront

Les grues cendrées

Avant que le coq n’annonce

L’aube d’un autre jour… »[37].

Pourquoi donc ce moment où la nuit se retire et le jour commence à se lever ? Enfin, la défunte désigne la cible de ses injonctions :

 « aux sourds qui ne veulent pas entendre »[38].

D’un ton ferme, comme si elle défiait un adversaire, elle décline son identité en insistant sur le patronyme paternel et le terroir qui l’a vue naître. Elle termine son testament par une mise en garde prophétique contre les déflagrations à venir :

« je ne sais d’où vient cet affrontement

………………………………………………………………….

Aucun de vous ne lira

Sur le front des masques

Le conciliabule des génies

Si dans chaque encoignure de case

J’aperçois l’éblouissement

D’une arme »[39].

 Le poème intitulé « Voici la mer louée par Loutard  », dédié à la poétesse Néné Amélia, est une élégie -comme l’est tout le recueil- composée en la mémoire de la dédicataire :

« la mort assise à l’ombre

Des eucalyptus

Près du cimetière Mongo Kamba

La plainte du Palmier-Lyre

…………………………………………

Une poétesse est morte

L’écho de son chant est encore tiède »[40].

Néné Amélia serait-elle enterrée dans un cimetière privé à l’orée de Pointe-Noire comme le prouve l’évocation des eucalyptus qui bornent le cimetière de Mongo Kamba ? Le Palmier-Lyre renvoie au recueil éponyme de Tati-Loutard, dédié à son épouse Néné Amélia, décédée le 10 septembre 1996. « Le Palmier-Lyre » concentre tous les thèmes de l’œuvre « loutardienne » : la mer, la femme, la mort, le sentiment tragique de la vie.

B — Héros individuel, héros collectif

Outre la mort d’un être cher : parent, ami, les poètes choisis pour ce texte ont écrit un poème en la mémoire d’un héros individuel ou collectif. Parmi les héros individuels, il y a des figures devenues légendaires comme celle de E.P. Lumumba dont Makouta-Mboukou immortalise en s’appuyant sur le modèle du premier meurtre connu, celui d’Abel par son frère Caïn :

« Katanga, triste terre d’où jaillit en tourbillon

Le sang des innocents par tes arbalétriers

Caïn, où donc est ton frère ?

Là-bas, sur la plaine, il sacrifiait »[41].

Katanga renvoie à la province minière située à l’est de la République démocratique du Congo. C’est là où les forces hostiles à Lumumba se sont coalisées, à l’instigation des capitaux belges et en complicité avec les politiques congolais dont Moïse Tshombé et Mobutu. Caïn qui est interrogé n’est pas le personnage biblique. Il symbolise les Congolais ligués contre le jeune leader nationaliste. Le poème est construit autour de la question majeure : « Où donc est ton frère, Caïn, où donc est ton frère ? » Elle devient celle que posent les congolais voire tous les Africains jaloux de l’indépendance incarnée par Lumumba :

« Mais dis-nous, dis-nous Caïn, dis-nous

Si sur la plaine ton frère sacrifie encore »[42].

L’un des textes de « Perles perdues » d’Amélia Néné, « A THOMAS SANKARA », est dédié au jeune président burkinabè, Thomas Noël Sankara, assassiné le 15 octobre 1987. Ce texte est l’expression de l’admiration de la militante politique du Congo Brazzaville pour le chantre de l’indépendance de l’Afrique :

« Non,

Tu n’as pas été un fou

Tu ne pouvais pas l’être

Puis que ton peuple

En pleurs

A couru

Vers ta tombe barbelée »[43].

Dès le début du texte, la poétesse dit son admiration : la reconnaissance du peuple éploré devant ce drame montre la popularité de ce jeune président, devenu depuis l’icône de la jeunesse africaine. Comme Lumumba et Mandela, Thomas Sankara a incarné l’homme intègre au service de son pays et d’une Afrique piétinée à la (re)conquête de la dignité.

Ecrire sur le sacrifice de Lumumba ou celui de Thomas Sankara, deux héros tragiques, c’est déjà saisir un instant important de l’histoire africaine en mouvement. Les travaux forcés dans les colonies, le massacre de Sharpeville en mars 1960 ou de Soweto en 1976 en Afrique du sud, par exemple, ont donné l’occasion aux poètes et romanciers africains de produire des textes d’une forte charge émotive. Cette histoire en mouvement est ce que je désigne par le terme de héros collectif ; c’est le cas de la guerre du Biafra qui opposa le pouvoir central nigérian à la république sécessionniste du Biafra. Cette guerre dura trente mois et fit plus de deux millions de morts à majorité des enfants, des milliers de mutilés. Elle trouve écho chez Eugène Ngoma dans un texte au titre évocateur : « Une semaine au Biafra ».

« Biafra

Tragédie moderne

Parée d’un nom ancien

Black is black

Et la terreur est blanche

Je t’égorge

Tu m’égorges

Conjuguons la cruauté »[44].

On peut comprendre l’adjectif « blanche » en relation avec le verbe « égorger » qui renvoie à l’arme blanche. Mais le terme « blanche », par glissement métonymique désigne les puissances étrangères qui fournissent les armes aux deux belligérants. La phrase en anglais « Black is black » est le titre d’un single du groupe espagnol, les Bravos, en vogue dans les années 1966 ; ici, il traduit les commentaires désabusés des observateurs parmi lesquels le poète.

Puis l’accusation devient explicite en nommant les différents types d’armes utilisées par les deux camps :

« La sangsue qui crève ma tempe

A pour nom cartouche

Sa mère s’appelle A.K…

………………………………………

J’avais un fusil moi-même !

Quel était son nom ?

Mat ?

Thom ? »[45].

Ces armes sont de fabrication russe (A.K), française (Mat), anglaise (Thompson). Ces guerres absurdes occasionnent des massacres des populations civiles :

« Nuages,

Nuages

Pleuvent des razzias.

Tonnerres,

Tonnerres des vautours

Mitraillant ma hutte

Mitraillant mes champs

Crèvent,

Crèvent mes calebasses

Et s’égoutte mon vin de palme

Et s’égoutte mon sang ! »[46].

Les conséquences sont nombreuses dont une effroyable famine. De plus, une pluie de bombes tombe sur le Biafra qui est sous blocus du gouvernement central nigérian :

« Le rat court après l’insecte,

L’enfant court après le rat,

La mère court après l’enfant

L’homme court après la femme

Le soldat les voit :

Il épaule,

Ajuste

Et tire ».[47]

La guerre de Biafra annonce les guerres qui ont dès lors dévasté l’Afrique subsaharienne encouragées par les mêmes fabricants d’armes.

Jean-Pierre Makouta-Mboukou n’a pas écrit sur un héros collectif précis mais il en a évoqué plusieurs dans quelques textes. « Car les ennemis de la maison sont les gens de sa maison » dit l’épitaphe de la section III de « L’Âme bleue ». Les gens de la maison sont des frères, des sœurs, des gens d’un même pays qui s’étripent. Dans « Sortez du milieu d’eux », le poète vient de quitter une zone où les habitants d’un même pays viennent de s’affronter. Tel un être foudroyé par cette situation, il écrit :

« D’où vient cette boue dont tu te couvres ? ». A cette question de l’étoile bleue, la réponse du poète est :

« J’ai vu, commençai-je haletant

J’ai vu des peuples sans Visage

Se déchirer sans pitié ;

J’ai vu les peupeux, chiens arrogants et flatteurs,

Lécher la peau des feufeux, loups sans scrupule »[48].

Entre les chiens et les loups- animaux de la famille des canidés- les combats font rage, à coup de crocs et des griffes, ils s’entredéchirent à tel point qu’ils se sont dévisagés. « Construire » décrit des affrontements ayant pour cause « un morceau de terre » ou une interprétation des Ecritures « pour un pan de ciel » :

« Qu’à vous lancer des pierres

Les enfants autour de vous rassemblés

Ont les yeux crevés,

Les crânes défoncés

Et les jambes brisées »[49].

Le poète exige la fraternité afin de « construire » un monde harmonieux :

« Que la nuit ne nous surprenne pas !

Armons notre âme de bleu,

Et revenons sur la route

Pour construire en commun

L’édifice délaissé »[50].

Cet appel à l’unité doit être compris dans le contexte des années 1960, celui des indépendances nominales. Des feux des ambitions sont allumés ici et là, il faut donc l’unité pour construire les jeunes nations encore fragiles. Il y a une opposition chromatique entre le « bleu » et le « rouge » et « le noir ». Le bleu renvoie à la paix, la tranquillité tandis que le « rouge » symbolise l’agressivité, le sang ; le « noir » quant à lui, le deuil, la mort.

Ce héros collectif est absent des recueils d’Amélia Néné, elle qui a fait le choix de parler de la mort et de la vie à travers l’évocation des joies des maternités, des scènes de jalousie. Certainement au moment où elle écrit, le héros collectif n’est pas actif sur la scène congolaise. Ou elle n’a pas souhaité écrire sur les horreurs de l’apartheid en Afrique du sud, par exemple.

Alain Mabanckou parle du héros collectif qui fuit la mort. Tel un troupeau à la recherche d’un pré à l’herbe tendre, on voit :

« …ces femmes

ces enfants et ces hommes

qui descendent la colline

en file indienne »[51], en quête d’un havre de paix. Plus loin, le poète de guerre lasse demande que les affrontements cessent et donnent place aux négociations entre les belligérants :

« Je parle de cet espace

pour que se redressent

dans les ténèbres

les ultimes soutènements

et les remparts en terre battue

de la gloire d’autrefois »[52].

Les « soutènements consolideraient les édifices ébranlés et cet espace redeviendrait un espace de fraternité. Ce qu’il n’est plus car :

« aujourd’hui

on ne sait à quand remonte

la dernière nuit

de pleine lune

seul le bruit des armes primitives

égorge le sommeil des enfants »[53].

Ces guerres absurdes ont fait perdre aux enfants leur innocence à tel point qu’ils ne jouent plus au clair de la lune. De plus, leur sommeil est troublé par les crépitements des armes de toutes sortes. Enfin, ils sont instrumentalisés en devenant enfant soldat. Alain Mabanckou et son compatriote, E. B. Dongala, ont exploité ce thème des guerres qui ont ravagé leur pays, le Congo Brazzaville, dans les années 1994-2002 respectivement dans « Les Petits fils de Vercingétorix » et « Johnny Chien Méchant » où les héros sont des enfants soldats[54].La guerre du Biafra avait pour cause les fabuleuses réserves de pétrole qui assureraient l’indépendance énergétique des puissances européennes. La convoitise de ces mêmes grandes puissances est l’une des causes des guerres qui détruisent son pays :

 « chaque pierre ici

même précieuse

 est une ruine sur laquelle se mire

le passé »[55].

Et pourtant, il faut mettre fin à ces déflagrations qui risquent d’entraîner le Congo :

« Je me dirige depuis

Vers les repères

De la conciliation

Avec les fragments

De ce pays-là »[56].

Cette « conciliation » est un impératif pour ressouder les morceaux épars de ce pays lacéré par les milices armées et leurs commanditaires.

A côté de ces pages sombres où l’intimité le dispute à l’indignation, on a des pages de joie où les scènes de la vie villageoise est exhibée comme un trophée. Amélia Néné a évoqué les maternités, joie suprême pour une femme africaine.

C — Les scènes de la vie villageoise

De nombreuses scènes de la vie villageoise émaillent « l’Âme Bleue » : la chaumière, le « mbongui », la chasse…Le poète, dans une envolée lyrique digne d’un Lamartine, chante sa terre natale[57]. Ces retrouvailles le conduisent à se remémorer certaines scènes. C’est ainsi que, dans « Cantate de la Pluie », il y est question de la chasse. Après la première pluie annonciatrice de la saison des pluies, tout se réveille, tout revit. Le village s’est vidé de ses habitants. Seuls le poète, Antoine, son frère et Robert, son cousin y sont restés. Ils se réchauffent :

 « les hommes… partis

Pour chasser

Ce soir on nous servira

La chair de la civette malodorante 

Oui, nous mangerons du gibier »[58].

Dans un autre texte au titre évocateur « La biche sauvage », le poète évoque une scène des réjouissances villageoises. Le poète a tué une biche et décrit le partage puis les danses au bord de la rivière, sorte de l’Achéron dont la traversée se fait au moyen d’une vieille pirogue maniée avec dextérité par le nocher Charon- Mvambala :

« En attendant de Mvambala, le passeur

La pirogue légendaire et d’ans chargée.
— Passeur, mène-nous là-bas, au pays des rêves
 »[59]

Cette biche sauvage symbolise la corne de l’abondance qui préserverait tout le village de la famine : « Ma biche sauvage a produit le grain nourricier »[60]. Cette scène de la chasse est un prétexte pour chanter la fiancée et le pays des rêves dont il est question est le village où vit la fiancée inquiète par l’absence de « l’homme de ses jours ».

Dans « Mpita », Eugène Ngoma évoque une scène de chasse au cours de laquelle les chasseurs voient leurs chiens tués par les boas :

« …les boas se vautrent

Dans des antres humides ;

Les chiens de chasse,

Dans leurs anneaux,

Connaissent le calvaire

D’une mort atroce qui vitre les yeux »[61] 

Scène tragique qui émeut le poète qui, comme les chasseurs, a les larmes aux yeux comme le traduit la périphrase « vitre les yeux ».

La chasse à l’assassin commence :

« Un coup de feu claque,

Suivi d’un autre.

Le chien ne revient pas.

Entre les roseaux couchés

Le soleil étincelle sur des perles

…………………………………………………..

Un vieux chasseur vise d’un œil froid.

Un bout de collier

Vole en éclats

Et le boa se vautre dans son propre sang ! »[62]

Puis c’est « La chaumière bénie » celle où ont vécu la grand-mère et la mère du poète. C’est là qu’il se trouve le réconfort, la paix et la protection. C’est la mémoire du lignage :

« Nous y sommes nés nous autres sauvages.

La mère de notre mère y vit le jour

Elle y dormit, dans le silence,

Comme nous y dormirons à notre tour ».[63]

Dans « Pot de fer », il y a une autre scène de la vie villageoise. Le poète assis au mbongui avec les autres, il voit arrivé un inconnu qui évoque la parabole du pot de fer contre le pot de terre. Le mbongui, cette agora où l’enfant reçoit l’éducation donnée par les sages sous forme de parabole.

Alain Mabanckou, le citadin, se remémore de ses vacances au village où :

« Je reconnais cette terre

immergée dans la mer des songes

et je l’ai goûtée dans le champ

de l’enfance »[64].

Il découvre les environs de Louboulou, le village de ses parents, arrosé par la rivière Loukoula, poissonneuse, dont les berges sont couvertes d’une forêt giboyeuse. Il accompagne ses parents aux champs en période des semailles c’est-à-dire entre les mois de juillet et septembre :

« je reconnais cette terre

enclavée dans la brousse

du dépaysement

je l’ai goûtée au faîte de l’adolescence

au temps des jachères

et des brûlis

pour les semailles

à venir »[65]

Puis il fait défiler les scènes la vie villageoise qui émerveillent un enfant qui a toujours vécu en ville. La période entre juillet et septembre est occupée par les travaux champêtres d’où le motif récurrent des feux de brousse, des femmes qui sont courbées

« les mains nues

qui labouraient la terre

pour la course de la graine

contre le déclin du jour »[66].

Ici et là, on voit les hommes armés des cognées s’apprêtent à abattre les limbas qui serviront à faire des planches. Là, le regard s’arrête sur cette savane qui enflamme. Emerveillé, il admire tous ces arbres centenaires qui défient le temps comme « le séquoia raconte son odyssée millénaire »[67] Ailleurs, c’est la pêche à la nasse pratiquée par les femmes qui retient son attention :

« les femmes reviennent

de la rivière

avec des nasses creuses

et qu’il faut des réserves

pour ces hommes prostrés

à l’entrée du village »[68].

Enfin ce sont des scènes de danse qui sont évoquées. Au clair de la lune :

« l’heure vient déjà

et le poète Massala

de son timbre grave nous dit

gardez-vous de sucer la sève

de la Terre ».[69]

Massala est à la fois le troubadour et le ménestrel, il égaie les villageois tout en les instruisant. Ces scènes de réjouissances font oublier un temps les horreurs de la guerre. Elles sont à reliées à la figure de la mère morte. En effet, c’est en compagnie de la mère que l’enfant découvre l’univers des champs.[70]Les enfants qui partagent les repas dans les mêmes écuelles, les garçons qu’on voit courir derrière :

 « des cerceaux de bicyclette 

de vieux pneus d’automobile

des lance-pierres

des sandales en caoutchouc aux pieds

le torse nu

les culottes courtes

retenues par une large bretelle »[71].

Ce passage est une étude intéressante sur la sociologie des jouets de l’enfant dans les villages congolais. A défaut des jouets modernes, le petit congolais se fabrique des plaisirs avec tout ce qui lui tombe sur les bras. « Tant que les arbres s’enracinent dans la terre » est aussi un hymne à la vie villageoise puis on voit le poète dans le train le poète, dans les environs de Banda avant de se perdre dans Pointe-Noire.

Conclusion

A la fin de cette promenade, nous avons rencontré des poètes qui se sont confiés au lecteur à travers une poésie de l’intime en produisant une page de la douleur et de la vie. L’intime devient une réalité totalement publique dans la mesure où les poètes ont pris la résolution de la partager avec ses lecteurs. Ce partage n’est qu’un trompe-l’œil car il ne l’apaise pas. Les douleurs nées de la disparition d’un parent, d’un ami ont fait de ces textes des pages lyriques. Certains poèmes sont des recommandations de ce que le dédicataire doit exécuter une fois le poète parti. D’autres sont des voix d’outre-tombe qui dictent au poète ce qu’il consigne comme une sorte de commis aux écritures. Ecrire c’est regarder le monde et le traduire. Les héros individuels et les héros collectifs renvoient à une page sombre de l’histoire africaine en mouvement. Le héros individuel qui espère libérer son peuple est vite assassiné par les ennemis de l’Afrique avec la complicité des africains eux-mêmes. Quant au héros collectif, il démembre l’espace du vivre-ensemble en distribuant la mort et la désolation. Malgré tout, la vie au village vaut la peine d’être vécue avec ses joies et les activités de survie. Ce sont des thèmes qui reviennent dans les textes des poètes congolais.

Bibliographie

Œuvres étudiées

MABANCKOU, Alain, Tant que les arbres s’enracinent dans la terre, Editions Points,1999.

MAKOUTA-MBOUKOU, Jean-Pierre, L’âme Bleue, Editions Clé, Yaoundé, 1971.

NENE, Amélia, Fleurs de vie, Présence Africaine « Poésie », Paris, 1980.

NENE, Amélia, Perles perdues, Présence Africaine, « Poésie », Paris, 1998.

NGOMA, Eugène, Primitives, Pierre Jean Oswald, Paris, 1972.

Autres textes cités.

Liss Kihindou, « Cinquante ans de littérature florissante ». Communication donnée le 13 août 2010 à Evry, en région parisienne, à l’occasion du Cinquantenaire de l’Indépendance du Congo, organisé par l’association Initiatives de Développement du Congo.

Mbama Ngankoua, Yves, « Tati Loutard-Une poésie ancrée dans le Terroir et l’Histoire », La Revue des ressources, août 2018  ; en ligne.

 Mbama Ngankoua, Yves, « L’écriture de la guerre chez Alain Mabanckou et E.B. Dongala » 28 avril 2010 in La Revue des ressources en ligne



Notes :

[1] Arlette, Chemain, « Des « Fleurs de Vie » aux « Larmes perdues » postface in Amélia Néné, Perles Perdues (1998), Présence Africaine, pp.35-65.

[2] Mbama Ngankoua, Yves, « Tati Loutard-Une poésie ancrée dans le Terroir et l’Histoire », La Revue des ressources, août 2018  ; en ligne.

[3] Néné, Amélia (1980), Fleurs de vie, Présence Africaine, P.55.

[4] Idem

[5] La Tombe in « Perles Perdues », p.35.

[6] Désolation , p.39. 

« La femme du pêcheur

Tond

Sa belle chevelure

Pour marquer le retour

De la barque vide ».

[7] Condamnation, op.cit., p.29.

[8] Contraste de nuit, in « Perles perdues », p.39.

[9] A maman in « Fleurs de vie », p.59.

[10] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, L’Âme Bleue, Editions CLE, 1971 ; p.16.Toute référence sera désignée par le titre du poème suivi du numéro de la page.

[11] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Vœux, p.105. Le texte Vision décrit la lente agonie de la mère puis sa mort dont le texte « A maman » montre le fils meurtri fleurir la tombe : 

« ………………

Robert vit entrer, ô miracle !

Deux hommes vêtus de blanc,

Et pourvu d’ailes légères.

………………………………….

Des cris déchirants des femmes désespérées :

Ma mère venait de prendre son essor ! » p.24-25. On note la symbolique religieuse contenue dans le titre du texte « Vision » prolongée par l’expression « les deux hommes vêtus de blanc… » qui sont, sans nul doute, des anges tels qu’ils sont représentés dans l’imagerie religieuse. De plus, le terme « essor » renvoie à l’idée de l’envol déjà contenue dans l’expression « ailes légères ».

[12] Makouta-Mboukou, Vide Tombeau,p.31.

[13] idem

[14] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, op.cit. p.32.

[15] L’évocation des cimetières revient d’un recueil à l’autre des créateurs congolais retenus pour ce travail : Eugène Ngoma parle d’un ancien, « Cimetière » avec toutes « ces tombes blanches… sous les palmiers dorment » (p.19) Plus loin, on peut lire le poème Voix : « Morts de tous nos cimetières blancs où poussent des palmiers, Morts de maints tertres qui s’effritent » (p.39). Dans un texte dédié à A Albert Santout, il y est question de l’un des premiers cimetières de la ville de Pointe-Noire celui de Mvoumvou, « non seulement fut fermé par les vivants » mais « est devenu terre des hommes » (p.33). Elle évoque l’autre cimetière de Brazzaville, celui d’Etatolo…

[16] Ngoma, Eugène, Voix in Primitives, 1972, Pierre Jean Oswald, p.38-39. Pour toute référence à cette œuvre, nous allons citer le nom de l’auteur ainsi que le titre du poème et le numéro de la page.

[17] idem

[18] Ngoma (Eugène) A Germain , p.17.A la fin du poème, on voit des similitudes avec « Demain dès l’aube » de Victor Hugo : « Hinda de nos ancêtres ;

J’y cueillerai la palme et la fougère

Aux ciselures fines

Pour en recouvrir ta tombe ! » p.18.

[19] Ngoma, Eugène, L’Ombre et le Rayon , p.64-65.

[20] Idem.

[21] Op.cit. p.65.

[22] Ngoma, Eugène, « Soir de Brume », p.24.

[23] Mabanckou, Alain, « La femme qui fit de moi un poète », introduction à « Tant que les arbres s’enracinent dans la terre », Editions Points, 2003.p.10. Toute référence à un poème de ce recueil sera désignée par « Tant que les arbres » suivie du numéro de la page.

[24] Tant que les arbres, p.11.

[25] Tant que les arbres, idem.

[26] Tant que les arbres, p.54.

[27] Tant que les arbres, p.55.

[28] Tant que les arbres, p.24.

[29] P.27 : « La geste se lit sur les formes rupestres

où l’âge a sculpté la pierre

dans ses moindres détails

Chaque nervure sur le rocher

rappelle une branche déchue

de l’arbre généalogique ».

[30] Tant que les arbres, p.60. Ce passage rappelle le télégramme reçu par Meursault qui lui annonce la mort de la mère dans l’incipit de « L’Etranger » de Camus.

[31] Tant que les arbres, p.61.

[32] Tant que les arbres, p.13.

[33] Tant que les arbres, p.62.

[34] Tant que les arbres, p.73.

[35] Tant que les arbres, p.70.

[36] Op.cit.p.235.

[37] Op.cit.p.236.

[38] Op.cit.237. Elle distingue deux types de sourds : ceux qui entrent en communion avec les esprits mais qui refusent de suivre les conseils. Son testament est surtout destiné « non pas aux sourds… mais à ceux qui ne veulent pas entendre ».

[39] Op.cit.p.240.

[40]Op.cit.p.219.

[41] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Katanga, p.87. Dans une communication donnée par Liss Kihindou, la critique cite les mots de Tchicaya U Tamsi qui voyait en Lumumba « l’espoir de l’Afrique » et de Sony qui reconnaissait leur dette à l’égard du leader nationaliste congolais parce qu’il « nous rachetait le droit d’être homme libre dans ce monde » ; grâce à lui, « …Nous sommes des porteurs de liberté » Liss Kihindou, « Cinquante ans de littérature florissante ».Communication donnée le 13 août 2010 à Evry, en région parisienne, à l’occasion du Cinquantenaire de l’Indépendance du Congo, organisé par l’association Initiatives de Développement du Congo.. .

[42] idem

[43] Néné, Amélia, A THOMAS SANKARA in Perles perdues, p.41.

[44]Ngoma, Eugène, Une semaine au Biafra, p.53.

[45] Op.cit. p.53-p.54.

[46] Op.cit.p.55.

[47] Op.cit.p.54.

[48] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Sortez du milieu d’eux , p.66.

[49] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Construire, p.102.

[50] Makouta-Mboukou, idem.

[51] Mabanckou, Alain, Tant que les arbres , p.41.

[52] Mabanckou, Alain, op. cit.p.163.

[53] Mabanckou, Alain, Tant que la terre, p.167.

[54]
Lire Mbama Ngankoua, Yves, « L’écriture de la guerre chez Alain Mabanckou et E.B. Dongala » 28 avril 2010 in La Revue des ressources en ligne.

[55] Tant que la terre, p, 113.

[56] Op.cit. p.117.

[57] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Terre natale, p.p.17-19. Ce texte nous rappelle « Milly ou la terre natale » de Lamartine où le poète romantique chante sa terre natale dans le Macônnais en convoquant paysages de vignobles, paysans et activités saisonnières…

[58] Makouta-Mboukou, Jean-pierre, Cantate de la Pluie, p.22.

[59] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, La biche sauvage, p.92.

[60] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, op. cit. p.93.

[61] Ngoma, Eugène, Mpita, p.68.

[62] Op.cit.p.69.

[63] Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Chaumière bénie, p.29. 

[64] Mabanckou, Alain, Tant que les arbres, p.124.

[65] Op.cit.p.125.

[66] Tant que la terre, p.129.

[67] Op.cit.p.143.

[68] Op.cit.p.155.

[69] Op.cit .p.161.

[70] Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les hommes en Afrique se prélassent à longueur de journée laissant aux femmes de travailler n’est pas vraie, dans les pays de Mouyondzi, décrits par Alain Mabanckou, les hommes participent aux travaux champêtres.

[71] Op.cit.p.223.

2020-06-26T18:23:33

P.-S.

en logo Alain Mabanckou (crédit).

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