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Dernier voyage 

jeudi 3 mai 2012, par Mouloud Akkouche

— Tu veux vraiment le faire ?
Elle se retourna et esquissa un sourire.

— Oui.

— C’est de la folie.

— Je ne changerai pas d’avis.
Elle secoua la tête et ajouta :

— Même seule, je le ferai.

Elle reprit sa position. Plusieurs semaines qu’elle restait immobile, recroquevillée, l’œil scrutant l’horizon. Mais ce jour-là, elle était beaucoup moins tendue. Sans doute grâce au départ prévu le lendemain. Elle avait fini par le convaincre. Mais il appréhendait ce voyage.
Un voyage sans retour.
Pourtant ils avaient parcouru des milliers de kms ensemble. Elle aimait partir, revenir, partir… Infatigable. Elle n’arrivait pas à tenir très longtemps en place. Toujours impatiente de s’envoler pour n’importe quelle destination.
Cette fois, ils partiraient avant les autres. Et sans les prévenir. Elle ne voulait pas de leur présence. Il aurait préféré partir avec eux. Bourlinguer en groupe était plus agréable et plus rassurant. Surtout avec une voyageuse gravement malade.

— Bon je vais faire des courses.
A son retour, elle dormait. Il déposa son repas près d’elle et l’observa. Elle avait maigri, ses joues de plus en plus creusées. Sa respiration, haletante, emplissait l’air. Mais le sommeil semblait l’apaiser, comme une liberté provisoire.
La maladie lui était tombée dessus d’un coup. En quelques jours, elle eut des problèmes pour se déplacer, le moindre mouvement la faisait souffrir. Elle chutait fréquemment. Elle, très volubile et enjouée, s’enferma dans un profond mutisme. A la moindre contrariété, elle se défendait bec et ongles. Plus personne ne pouvait l’approcher, à part lui. Deux ou trois fois, elle était redevenue gaie. Et lui convaincu qu’elle s’en sortirait. Des répits de courte durée.
Souvent, paupières closes, elle murmurait : « Emmène-moi là-bas. Je veux y retourner ». La première fois, il avait refusé fermement. Tous les autres étaient d’accord avec lui : elle ne pouvait accomplir un si long trajet. Une folie dans son état. Elle s’était mise en rogne comme jamais auparavant, ne lui adressant plus la parole. Et elle avait décidé de ne plus se nourrir.
Et une nuit, elle n’était pas rentrée. Rongé d’inquiétude, il avait écumé tous les lieux où il pensait la trouver. Sans résultats. Le cœur gros, il avait fixé le ciel… Et tourné des heures durant avant de la découvrir à l’aube : sur le pont d’une autoroute. Il avait eu le ventre noué. Incapable du moindre geste.

— Rentre avec moi.
Sans se retourner, elle avait murmuré :

— Autant en finir maintenant.
Elle tremblait.

— …
Il avait retenu de justesse une parole réconfortante. A quoi bon ? Elle ne désirait qu’une chose. Une chose enfouie au plus profond de son être. Et à l’horizon.

— D’accord, on part demain.

*

Le jour se levait à peine lorsqu’ils atterrirent. De nombreuses odeurs mêlées flottaient dans l’air. Elle sourit, heureuse de cet instant braconné à la douleur. Ils gagnèrent leur pied à terre, le même à chaque halte dans cette ville.
Il ne tarda pas à s’endormir. Si longtemps qu’elle ne l’avait regardé dormir… Des années qu’ils vivaient côte à côte. Pourtant beaucoup avaient parié que leur couple ne tiendrait pas la route : trop différents. Pas du même coin, ni du même milieu. Mais, contre vents et marées, ils avaient résisté. Leurs gosses volaient de leurs propres ailes, sous d’autres cieux. Et eux deux continuaient leur chemin ensemble.
Malgré la fatigue, elle n’avait pas envie de dormir. Elle sortit sur l’espèce d’avancée.

— Tu vas où ? Faut pas te fatiguer.

— Ne t’inquiète pas, je n’use que mes yeux.

— Tu devrais essayer de te reposer.

— Je me sens bien aujourd’hui.
Rassuré, il se rendormit.
La lumière du soleil, très forte, lui fit plisser les yeux. Elle inclina la tête et contempla la grande place. Voitures, camions, taxis et mulets circulaient sans ordre apparent. Un flic, sifflet à la bouche, faisait de grands gestes. Derrière leurs étals, les vendeurs de jus d’oranges pressées hélaient chaque passant. Un singe sur l’épaule, un ado se précipita sur deux touristes sortant d’un taxi.
Elle poussa un soupir. D’habitude, elle sillonnait la ville, quartier par quartier. Désormais, elle ne pouvait quitter son poste d’observation. Trop épuisée pour bouger.
Les virées à l’océan lui manquaient plus que le reste. En très peu de temps, ils passaient de la folie urbaine au calme de l’océan. Au lever du jour, ils traînaient sur les remparts du village fortifié avant de descendre vers les plages désertes. Et à l’heure de la criée, ils allaient manger au milieu d’une cohue piaillante. Repas inoubliables face aux flots…

— Tu te souviens ?
Elle poussa un nouveau soupir.

— Me souvenir… Je ne peux plus faire que ça.
Il promena son regard sur la ville puis, peu à peu, le laissa couler loin, très loin derrière les montagnes.

— Tu peux y aller.

— Non, je…
Un crissement de pneus l’interrompit.

— Tu n’es pas obligé de rester avec moi.

— Arrête. J’ai pas envie d’y aller.

— Je te connais.

— …

— Je sens bien que tu as très envie d’aller à la criée. Vas-y… Je ne t’en voudrais pas.
Il fit la moue.

— Tu sais bien que je m’en fous. D’ailleurs, j’aime pas ce qu’on mange là-bas.
Menteur, faillit-elle répondre. Il adorait le poisson. Elle eut soudain la gorge serrée à l’idée que, un jour, il se retrouverait la-bas avec une autre. Au même endroit, à la même heure. Jamais elle n’avait ressenti auparavant un sentiment de jalousie.

— Tu veux faire quoi alors aujourd’hui ?
Silence.

— Ce que tu veux, répondit-il.

— J’aimerais bien…
Elle ferma les paupières.
A son réveil, elle mit un long moment à se rappeler où elle se trouvait. Avait-elle dormi une heure ou une semaine ? Son cou avait encore gonflé.

— Tu es là ?
Pas de réponse.

— Tu es là ? insista-t-elle d’une voix moins faible.
Toujours rien.
Etait-il sorti ? Il ne la quittait jamais quand elle s’endormait, la prévenant de chacun de ses déplacements.
Elle fit quelques pas et s’arrêta.
Il se lavait en chantonnant. A part un léger embonpoint, il n’avait pas beaucoup changé. Si longtemps qu’elle n’avait senti son corps sur le sien…
Quand il croisa son regard, il se renfrogna aussitôt comme un gosse pris en faute.

— Excuse-moi. J’arrive.

— Ne te presse pas.

— Faut qu’on décide de notre prochaine étape.

— Je voulais te dire…
Elle baissa les yeux.

— Quoi ?
Elle laissa passer un instant.

— Continue de chanter.

*

Au-dessus de l’océan, il se tourna vers elle. « Comment te sens-tu ? ». Elle ne l’entendit pas, absorbée par l’immense nappe bleue. Une étrange lueur dans le regard.

— Tu m’entends ?
Ses yeux semblaient vouloir sortir de leurs orbites. On dirait qu’elle a le vertige, s’inquiéta-t-il. Mais il balaya aussitôt cette impression stupide. « Je suis si contente de survoler l’océan » lui avait-elle confié avant le départ.

— J’ai mal aux oreilles.
Elle était exténuée. Jamais, depuis le début de sa maladie, elle n’avait eu de telles difficultés à respirer, les traits aussi tirés. Et autant envie de décrocher.

— On va bientôt arriver.

— J’ai froid.
Elle se plia en deux, le souffle coupé.

— Ne parle plus.
Sa poitrine se leva et s’abaissa plusieurs fois. Peu à peu, sa respiration retrouva son rythme. Un rythme imposé par le mal qui la rongeait.

— C’est mon dernier vol.
Elle ferma les paupières. Il paniqua et la secoua : elle rouvrit les yeux.

— On n’est pas loin.

— J’en peux plus.

— Encore un effort.
Et pendant le reste du vol, il n’arrêta pas de lui parler pour la tenir éveillée. Fallait qu’elle tienne au moins jusqu’à l’autre rive. Elle rêvait tant d’y revenir…

— Je vais tout lâcher.

— Accroche-toi.
Ils atterrirent vers midi.

— J’ai réussi finalement à le traverser vivante, sourit-elle avec une imperceptible fierté.

— On va dormir où ?

— Comme d’habitude.

— J’espère qu’il y aura de la place.
Leur point de chute habituel entouré d’une palissade. Plusieurs pelleteuses déblayaient le sol. Un camion-benne vide entra, croisant un autre chargé de terre. Une centaine de mètres en contrebas, une grue tournoyait au-dessus d’un immeuble en construction. Cette colline, ponctuée de pins et de vieilles bâtisses, deviendrait un complexe hôtelier.
Plus pour eux.
Gorge nouée, elle regardait leur nid douillet de printemps rasé à jamais.

— Quel gâchis, grommela-t-elle.
Il l’entraîna plus loin.

— Tu m’attends-là, je reviens.
Après une bonne heure de recherche, il réussit à trouver un endroit pour dormir. Mais moins confortable. Elle se fichait du confort, seule la vue l’intéressait.

— J’ai un p’tit creux.
Il sourit.

— Moi un gros. Je vais chercher à manger.

— Non.

— Tu veux que je reste avec toi ?

— Je viens.
Ils gagnèrent le bord de l’eau. Le soleil cognait fort. Elle était trempée de sueur.

— Ca te va ici ?

— Je préfère en haut.
Il avançait très lentement pour ne pas l’obliger à accélérer. Mais elle s’en rendit compte. Deux fois, elle piqua une colère. Et il dut se résigner à la laisser derrière.

— Ici, ça a l’air bien.
Installés à l’ombre, ils mangèrent du poisson. Elle se força à avaler quelques bouchées, pour lui faire plaisir. Chaque geste, même grignoter ou boire, lui coûtait. Elle bougeait le moins possible, tout entière concentrée dans son regard.
La plage se remplit très vite malgré le vent qui s’était levé d’un seul coup. Des cris de gamins se mêlaient au bourdonnement des voitures longeant la côte. Une dizaine de surfeurs s’échinaient à apprivoiser les vagues.

— Je n’ai pas peur de mourir.

— Mais tu…
Elle le remercia d’un regard de lui éviter sa tirade faussement optimiste.

— Maintenant que je le sais, ça…
Elle déglutit et ajouta :

— Si j’ai peur.
Il essaya de relancer la conversation. Elle répondit par de petits hochements de tête.

— Si tu veux, je peux continuer toute seule.

— Dis-pas n’importe quoi.
Avait-elle perçu son agacement ? Il s’en voulait de ne pas s’être contenu.

— Tu n’en as pas marre de me traîner comme un boulet ?
Il ne répondit pas.

— Quel est l’endroit que tu as préféré de tous nos voyages ?
Sa question le prit de cours.

— Ben, je… J’en sais rien, moi. Mais pourquoi tu me poses cette question ?

— Je me demande s’il vaut mieux mourir dans un lieu qu’on préfère ou… Ou n’importe où.

— Tu crois que les autres sont partis eux aussi ?

— Ils te manquent ?
Il hésita avant de lâcher :

— Un peu.

— Moi pas du tout… J’en avais plus qu’ assez de leurs regards bourrés de pitié.

— Ils t’aimaient… ils t’aiment beaucoup.

— Tu peux employer le passé ; je ne les verrai plus. Et au fond je m’en contrefous. J’avais rien à leur dire et eux n’ont plus d’ailleurs. Je les vomis ces cons.
Et elle se mit à les insulter, un par un, comme s’ils se trouvaient en face d’elle.

— Calme-toi.

— Toujours ça de moins dans mes bagages, ricana-t-elle à bout de souffle.
Elle grelottait.

— Tu veux rentrer ?

— Non, pas tout de suite.

— Tu devrais te mettre à l’abri du vent.
Ils se déplacèrent de trois-quatre mètres. Elle ferma les paupières et laissa choir sa tête. J’espère qu’elle va dormir, pensa-t-il. Mais elle rouvrit les yeux.

— Ramène-moi.

*

Elle pestait contre la pluie qui coulait depuis leur arrivée dans la région. Impossible de contempler le paysage. Derrière le rideau opaque tombé du ciel, une impressionnante forêt de pins s’étendait sur des dizaines de kms. Seule un chemin cahoteux la traversait. Rares ceux qui s’aventuraient aussi loin.
Il n’avait pas envie de s’y arrêter. Elle avait insisté. Elle voulait tant retrouver ce silence. Un silence unique.
Il rentra tard, le corps entièrement trempé.

— Quel merdier. Je t’ai pas trouvé grand chose à manger.

— T’occupe pas de mon estomac s’il te plaît.
Il encaissa sans ciller.

— Bon, je vais me sécher
Elle le regarda avec un sentiment de culpabilité. Des semaines qu’il supportait ses caprices. Quelle patience ! Mais parfois il devait espérer que ça finisse au plus vite.
Elle aussi.
La pluie cessa en fin de journée.

— On sort.

— Si tu veux.
Une agréable odeur exhalait de la terre humide. Elle s’engagea sur le sentier en pente très glissant. Il avançait à côté d’elle, prêt à la rattraper.

— T’inquiète pas, je tiens encore un peu sur mes pattes.
Les rives de l’étang étaient boueuses. Pas d’autres traces que les leurs.
Et celles du silence.

— Nous, on a eu de la chance quand même..

— La chance de quoi ?
Fatiguée par la promenade, elle s’arrêta et aspira une grande goulée d’air.

— On est bien ici.
Un clapotis dans l’eau brisa le silence.

— De quelle chance parlais-tu ?
Elle reprit la marche.

— De se trouver ici. Regarde autour de nous… C’est magnifique. Ce silence, je ne m’en lasse pas.

— Ouais, souffla-t-il, mais je sais pas si ce sera pareil pour nos gosses. J’ai vraiment l’impression que tout ça ne va pas tarder à disparaître.

— Toujours aussi pessimiste.

— Non, réaliste.
Il ramassa une brindille.

— Tu exagères.

— C’est la triste vérité. Tout se dégrade. Bientôt plus personne ne trouvera à becqueter. Cette planète est de plus en plus en mauvais état. Tu te rappelles ce qu’on a vu hier au bord de la rivière… Des carcasses de bagnoles.
Il souffla et continua :

— La nourriture devient dégueulasse. Et maintenant, dans certains endroits, on peut plus dormir tant l’air est irrespirable. Les océans et les fleuves, je t’en parle pas… Ils sont devenus pires que des égouts. J’ai plus du tout envie de pêcher dedans tellement ça me dégoûte

— C’est pas comme ça partout.

— Bien sûr que si. Même dans les lieux les plus reculés, soi-disant protégés. Plus rien n’arrêtera la progression des 4X4 et des braconniers.

— Qu’est-ce qu’on peut faire ?

— J’en sais rien mais il faut le faire. Et vite. Si on veut pas perdre tout ça.

— Moi je crois que c’est foutu.
Il se crispa.

— Pourquoi ?

— On y peut rien.

— Si !
Il sentit la colère monter en lui. Ce genre de sujet lui tenait très à cœur.

— Calme-toi.
Il balança les brindilles.

— C’est toi qui part perdante.
Un silence gênant succéda.

— Pourquoi tu t’énerves ?
Gêné, il bredouilla :

— Je suis désolé de t’emmerder avec tout ça. C’est vraiment pas le moment.
Il fixa le sol.

— J’ai froid, réchauffe-moi.

— Je vais réussir cette fois.
Malgré son acharnement, elle n’arrivait pas à tenir debout. Déjà plusieurs fois qu’elle avançait, deux ou trois pas, trébuchait et s’affalait.
Il l’aida encore à se relever.

— Faut que tu te reposes.

— Non, refusa-t-elle d’une voix éraillée, je ne veux pas rester ici. Emmène-moi ailleurs.
Lui aussi n’avait pas envie de rester. Mais, son état ayant empiré, elle ne pouvait continuer le voyage. Et ils avaient dû s’arrêter près d’une zone industrielle.
Perchés au dernier étage, ils suivaient la ronde des voitures sur le périphérique. L’autre côté donnait sur un parc. Des joggeurs couraient chaque matin autour de l’étang.

— Dès que tu iras mieux, on repartira.

— Ca fait déjà trois jours que nous sommes là. Je ne veux pas mourir ici.

— Je sais, je sais.

— Tu ne peux pas me faire ça.

— Viens, on va rentrer.
Elle lui montra les barres d’immeubles.

— Je ne veux pas que tu me laisses ici. Je veux mourir en regardant l’horizon.

— On va repartir…
Ses yeux humides le suppliaient.

— Essayons encore.

— Avance lentement alors.

— Lâche-moi, je vais y arriver…
Grimaçant de douleur, elle fit un pas, deux autres… et s’effondra sur la pelouse.

— Je vais te remonter là-haut, tu seras mieux.

— Je n’en peux plus.
Il se pencha.

— Tu as besoin de dormir.

— Oui c’est vrai, bafouilla-t-elle. J’ai… J’ai besoin de…
Et son regard se vida.
Toute la nuit, il la veilla. Le silence ponctué de ses sanglots et des bruits de la ville.
Il finit par s’endormir contre elle.
*
Au matin, des pas le firent sursauter. Plusieurs camionnettes et des motos garées devant l’entrée du parc. Deux hommes vêtus comme des cosmonautes se dirigeaient vers lui. Le plus gros portait un sac plastique.
Il essaya de les empêcher de passer. « Dégage sale bestiole ! » aboya le gros en lui filant un coup de pied. Il l’évita de justesse et se mit à voleter autour d’eux.
Accroupi, l’autre homme ramassa le cadavre. Soudain, il lui fondit dessus et referma son bec sur la main. L’homme tenta de se libérer. Il serra encore plus fort, déchirant la combinaison.
Le gros l’aspergea avec une bombe paralysante. Il lâcha prise, battit des ailes et s’affala

— Le salaud, y m’a bouffé la main. Je vais le…

— Laisse tomber, on n’a pas le temps.
Ils la balancèrent dans le sac.

— Tu crois que c’te cigogne a vraiment la grippe aviaire ?

— On verra bien.
Il entrouvrit les yeux et les vit s’éloigner.
Précédés de deux motards sirènes hurlantes, la camionnette roulait très vite. Encore étourdi, il suivait leur véhicule. Il volait le plus bas possible pour ne pas les perdre de vue. Trois autres motos avec des caméramans fermaient le convoi.
La camionnette franchit le portail de l’Ecole Vétérinaire et s’engouffra dans un souterrain.
Après s’être posé sur le toit de l’un des trois immeubles de verre, il fit le tour de toutes les façades, examinant chaque salle. Aucune trace d’elle. Résigné, il s’apprêta à abandonner quand une porte s’ouvrit au huitième étage.
Ils l’allongèrent sur une table de labo. Deux écrans d’ordinateurs clignotaient sur les côtés. Une dizaine d’hommes et femmes, masques sur le nez et gantés, l’entouraient. Ils parlèrent longuement puis se turent. Le plus près se pencha sur elle, un scalpel à la main.
Fou de douleur, il cogna son bec contre la vitre.
Un an plus tard, il s’arrêta manger au bord de l’océan : à l’heure de la criée.
Elle lui souriait.

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