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Lettres des mers du Sud 

Autour du livre de Robert James Fletcher

mardi 24 juillet 2012, par Pascale Hermann (Date de rédaction antérieure : 30 mai 2005).

"Je reviens à vous Madame..." - écrirait l’un des personnage des Liaisons dangereuses, après avoir tant tardé à te répondre mais vois-tu, la chaleur de cet été tropical est, cette année, accablante.
Néanmoins, au retour de quelques mois d’absence, j’ai retrouvé l’île avec bonheur, exactement comme si je ne l’avais jamais quittée. J’ai retrouvé la mer, son écho, partout niché comme un souffle liquide, le fracas des vagues, les nuits claires où je me tords le cou à chercher la croix du sud et les nuits sans lune où l’obscurité d’encre semble absorber la vie entière.
J’ai repris quelques habitudes. Les promenades d’avant l’aube, accompagnée du chien, jusqu’à la pointe Matapu, sur la piste rouge que je ne distingue pas dans l’obscurité, l’auscultation forcenée du remous de l’océan qui déborde sur le récif corallien et qui permet de me situer, l’observation de l’écume fluorescente qui, dans la noirceur des ciels sans étoiles, me renseigne sur la largeur de la grève en la heurtant parfois si violemment que des gerbes d’eau pâle et jaunie grimpent le long de la voûte aveugle et puis, la contemplation, toujours, des pandanus se détachant en ombre chinoise sur le ciel hâve du petit matin, celle des futu argentés et instables qui se balancent au gré des alizés. Je parviens à la chapelle : les vents s’agacent. Libres de tout obstacle, ils pourraient me soulever, me jeter dans la clameur des vagues comme ils le font avec les palmes mortes qui gisent à leur merci sur la roche sombre, volcanique, légère, encore chaude malgré la nuit. Je sais que dans les noires légendes, ici, les démons passent pour retrouver le royaume de Pulotu, royaume des morts, quand le jour paraît, je sais qu’un blanc est mort non loin de là, sur la pointe des Pyramides, il y a de cela plusieurs années, et je crois l’endroit, si ce n’est tabou, du moins inquiétant. Mais l’aube n’est plus très loin, des perruches trillent faiblement tandis qu’un rayon de soleil homérique s’infiltre sur la ligne d’horizon et que le chien s’apprête à faire demi-tour. Je le suis. Il a hâte de retrouver sa niche de terre et de sable, près de la varangue encore mouillée par les embruns de la marée haute et la fraîcheur du champ d’ombre qui recouvre, dès l’aurore, ce côté de la maison. Comme chaque matin, je croise les hommes qui s’en vont travailler aux tarodières, une longue canne de bambou posée sur leurs épaules avec, à une extrémité leur machette, de l’autre le panier en palmes de cocotier tressées. Revenue sur la route, le long du bitume creusé, les cocotiers se tendent vers le ciel taciturne, inclinés au plus près du vent, grotesques et fragiles. Un scooter me double en klaxonnant, je salue d’un geste de la main la mère et les trois enfants, tous collés, sur l’espace étroit de la selle... ils se rendent à l’école de Fiua, bientôt sept heures. Je les regarde s’éloigner, passer sous l’immense flamboyant qui s’éteint, les feuilles écarlates jonchent le sol ombreux et révèlent que la saison s’achève, tandis qu’une jeune fille, un panier sous le bras déploie à bout de bras une perche vers les tiarés encore fermées, ramasse les bourgeons à ses pieds qu’elle enfilera sur un collier en attente de l’heure vespérale où les fleurs s’ouvriront pour diffuser dans les enceintes blanchies des églises une odeur fraîche et mielleuse.
"Ici où tout enchante et seul l’homme est vil." Watts ou Wordsworth ? Pas plus que moi, celui qui propose cette citation ne le sait, j’ai l’ai trouvée dans un livre que X m’a envoyé l’année dernière, aujourd’hui épuisé mais qui mériterait une nouvelle publication. Vois-tu, depuis la Correspondance de Flaubert, je n’ai rien lu d’aussi implacable. Le titre ? Lettres des mers du sud, publiées en anglais sous le titre moins euphémique Isles of Illusions, de Robert James Fletcher, lettres éditées par le destinataire Bohun Lynch, en Angleterre, probablement après la première guerre mondiale, et découvertes en France dans les années 1990. Succès éphémère, suivi d’un... silence.

Alors, laisse-moi t’en conter... L’auteur, diplômé d’Oxford, fou de Stevenson et enseignant à Londres, s’embarque à trente-cinq ans pour la Nouvelle-Calédonie où il pensait être planteur, mais si tu connaissais un tant soit peu l’endroit, tu saurais l’effort que cela demanderait de cultiver la canne, le climat s’y prête peut-être mais la terre ? Il continue son périple aux Nouvelles-hébrides au nord du caillou, environ, trois mille kilomètres d’ici vers l’ouest, que nous appelons aujourd’hui Vanuatu, ancien condominium franco-britannique. A l’instar de Samuel Pepys qui rédige son Journal, l’épistolier risque gros à être lu publiquement. L’éditeur prend, alors, soin de le nommer avec humour Asterisk, grammaticalement un renvoi, une séparation d’avec la matière principale, un écart, or ces lettres nous donnent à voir une authentique retraite au désert, un véritable Alceste qui, non seulement ne hurle pas avec les loups - nombreux sous ses latitudes - mais qui a provoqué une discorde salvatrice avec son temps et fait montre d’une résistance grandiose au présent. Cette affaire ne se contente pas de mots, elle peut lui coûter la vie.
Pour autant, Fletcher n’est pas présentable, il est par endroit raciste et irritant, -voire choquant -, contradictoire et touchant, humain terriblement et exempt, avec délice, de toute morale du bon sens. Fletcher est aussi un homme blessé, d’une exceptionnelle résistance à la douleur physique, - celle de la maladie, des coups, du travail -, et à la douleur morale, insoutenable, du don de son enfant, qu’il ne reverra jamais plus, à un métis plus fortuné, mieux loti, plus fréquentable.
Les lettres sont inorganisées, denses, bien réelles en un mot. J’ai choisi, pour mieux t’en faire part, de mettre en relief quatre aspects qui me touchent peut-être un peu plus que les autres.

Du point de vue de "l’histoire de l’exotisme" notre Alceste est d’un intérêt majeur car il est l’un des premiers à faire voler en éclat le mythe du bon sauvage qui corroborait l’idéologie d’une nature humaine, généreuse, libre, ignorante du manque, ce mythe brandi depuis deux cents ans et qui n’a jamais existé. Pire, non seulement, il n’a jamais existé dans les îles du sud mais alors qu’on construisait cette légende en Europe, les colons européens commettaient, en son nom, nombre d’atrocités et infirmaient, dans la réalité, l’essence même du mythe. Bien avant La tête coupable de Romain Gary, roman qui appartient, lui, à son temps, puisque publié en 1968, Fletcher nous révèle ce que sont les îles dominées par les blancs. Un exemple : nous sommes en 1912 - rappelons que l’abolition de l’esclavage en France date de 1848 - un capitaine français aborde dans une île où les habitants ne sont pas trop ruinés par la phtisie ou l’alcool ou la syphilis d’importation occidentale mais... voilà, ils refusent de se laisser embaucher. Alors, il déclare au chef qu’il ne vient pas pour recruter des hommes mais qu’il a simplement besoin de trente gaillards pour l’aider à déplacer des caisses sur son bateau... la fin se précise : les trente hommes les plus forts du village montent à bord, l’ancre est levée, ils se retrouvent en pleine mer. On leur donne un salaire de misère en plus d’un contrat de trois ans qu’ils ne peuvent rompre sans enfreindre la loi et, comme ils n’auront jamais aucune possibilité de se payer un billet de retour, - les retenues sur salaires pleuvent pour un oui ou pour non, si bien qu’ils ne touchent rien ou presque en fin de mois - ils pourrissent dans une plantation. Fletcher de préciser : "ils ne sont pas esclaves, oh non ! mais des hommes libres et civilisés, nos semblables." Pendant que l’Europe se pâmait d’un exotisme de pacotille, d’autres se vautraient dans la réalité du mythe. L’auteur poursuit : "inutile de dire que les règlements sont foulés aux pieds, ouvertement par les Français et secrètement par la plupart des Britanniques." Un autre exemple ? Fletcher qui avait entamé des études de médecine soigne tant qu’il peut, il est atteint lui-même de malaria. Pour faire travailler l’un de ses hommes tuberculeux un planteur australien vient le trouver dans sa case : "il était manifestement à toute extrémité, le visage tourné vers le mur, et il essayait de songer à son île, perdue depuis qu’on l’avait enlevé, pour la plus grande richesse des gens de Sydney qui sont des civilisés. "Allons, sors d’ici, espèce de salaud, feignant, tireur au... (...) Allons debout salopiaud." Mais en tombant le pauvre bougre avait mis fin à l’histoire : il était mort. L’Australigaud (sic) n’eut même pas la pudeur d’être honteux de son œuvre. Il se contenta d’ordonner de l’enterrer bien vite "avant qu’il commence à puer." " Deux exemples illustrant la fable du paradis terrestre... quelques résultats de cette civilité : les ex-Sandwich, aujourd’hui connues sous le nom évocateur des îles Hawaï passent en un siècle de trois cent mille autochtones à quarante quatre mille, évoquons la violence de la colonisation en Calédonie, les familles séparées, les terres enlevées, celle autrement célèbre du génocide aborigène, la disparition de tribus entières, - comme on parlerait d’espèce disparue - ainsi, le peuple de Tasmanie. Deux cent cinquante langues parlées à l’arrivée des Européens en Australie, il n’en reste plus qu’une trentaine aujourd’hui qui meurent sans doute lentement.

Car la langue est un puissant facteur d’"assimilation", -disent-ils. Ainsi, dans les années 1960-70, les enfants de cette île qui parlaient leur langue maternelle et non le français à l’école devaient porter le collier, symbole d’un joug leur rappelant sans doute leurs origines honteuses. De nos jours, un enfant qui parle sa langue, sur sa terre, dans l’enceinte d’un bâtiment scolaire doit également être puni sans que cela n’offusque quiconque. Cet enjeu linguistique n’échappera pas à Fletcher. Il termine - probablement - sa vie à Tahiti où il trouve enfin "une assiette" et où, il parvient à se refaire une santé mais ce sera pour nous la fin des lettres : dans un état de pseudo-contentement, il n’écrit plus, nous sommes à la fin de l’année 1920. Voilà, pourtant, ce qu’il écrit en novembre de cette même année : "les villageois sont venus me rendre visite (...) Ils viennent par groupe s’installer sous ma véranda à bavarder agréablement tout en tressant leurs éternelles guirlandes de tiaré. Je ne comprends pas grand-chose (...) mais je souris et place mes quelques mots. (...) C’est vraiment une langue merveilleuse. Sa richesse en mots distincts pour exprimer l’âme, ses attitudes, son passage dans l’autre monde, les terreurs nocturnes, les joies et les peines, est étourdissante. Le nombre des mots spéciaux pour décrire le vent, le couchant, les aspects de la mer (...) dénote un peuple d’artistes (...) Honnis soient les Français qui n’enseignent que le français dans leurs écoles et en rendent l’étude obligatoire. La génération actuelle ne connaît aucun de ces mots. Pour remplacer [ce] magnifique vocabulaire (...) le petit tahitien d’aujourd’hui n’a que les mots " épatant, rigolo, moche"... " Précisons que Fletcher est parfaitement bilingue anglais-français, - il a traduit pour un temps au tribunal franco-anglais de Vila - et, qu’il a appris le Biche-la-Mar, sorte d’espéranto du Pacifique sud-ouest, en un rien de temps. Précisons que, plusieurs années plus tard, à l’école maternelle de Wallis et Futuna, un enfant de cinq ans, en grande section, reçoit un enseignement tout en français. Concrètement, cela signifie qu’on lui parle toute la journée, une langue qu’il ne comprend pas et qu’il ne parlera pas le soir chez lui, insinuant que son langage, à lui, ne vaut pas tripette. Le présupposé indiscutable de cette logique étant qu’il suffit de parler à quelqu’un dans une autre langue pour qu’elle s’acquière aussitôt. Magique, disent les adolescents d’ici, en prononçant le "e" final.
En Nouvelle-Calédonie, vingt-quatre langues sont utilisées. Dans une politique molle de sauvegarde, quatre sont enseignées à l’université, quatre de sauvées et les autres ?

Les gains d’une politique linguistique rondement menée ont été perçus par Fletcher et rien d’ailleurs de ce qu’il a remarqué, des administrateurs bornés, des injustices en tout genre, qui n’ait pas été confirmé par d’autres. Ainsi, Gauguin est devenue la bête noire des fonctionnaires coloniaux, ainsi, "Gerbault publia L’Evangile du soleil contre l’avis de ses amis" (M.Cluny, préface à Fletcher). Ironiquement, l’auteur s’exclame : "j’en suis encore à me demander si l’Ile du Pacifique rêvée existe encore. Le missionnaire-trafiquant-fonctionnaire est une horrible pieuvre qui a étendu partout ses tentacules." Vois-tu, sous une forme très édulcorée, cette hydre n’a pas complètement disparu. Te souviens-tu de ce gendarme dont je t’avais parlé qui revendait cher les objets qu’il trouvait ou qu’il extorquait d’ailleurs, en les retapant... mal ? "Ben si j’peux faire un peu de commerce tout en rendant service..." se plaisait-il à répéter. Il avait, par la suite, vendu à une famille, une barque à moteur... qui a coulé à la première mise à l’eau avec tout le monde à bord, enfants compris - tous saufs, mais imagine leur peur... Le même est parti sans s’acquitter d’une facture de fin de mois qu’il avait contractée dans un magasin. A chaque rentrée, il n’est pas rare d’apprendre que Y a laissé ses factures d’électricité ou de téléphone impayées. Je te ferai, un jour, parvenir l’une des inénarrables listes d’affaires personnelles à vendre avant les départs définitifs. Certains négocient jusqu’à leurs guirlandes de Noël usagées, leurs vaisselles comprenant des couverts ramassés dans les avions ; à Nouméa, j’y ai même vu des pantalons rapiécés mais "encore en bon état" à céder. Ma préférence va, sans conteste à l’une d’elle, où figuraient en bonne place... des enveloppes. Cette dernière est devenue une légende. Les anciens en parlent encore. Je te vois d’humeur badine, alors pour continuer à te faire sourire, et c’est la dernière anecdote, sais-tu ce qu’on m’a proposé dernièrement depuis Wallis ? D’établir un trafic de porte-manteaux... ça va marcher...! ( sic)
Bien entendu cette réalité est très prosaïque et fade au regard de celle de Fletcher : "je voudrais que tu voies un peu les êtres qui fréquentent la plage de Vila. Ils se nourrissent uniquement d’absinthe et de cigarettes, aussi la fièvre les traite de la belle façon." En 1913, il quitte le tribunal de Vila, car... laisse-moi une fois encore le citer : "il m’est arrivé hier soir quelque chose d’amusant et qui dépeint bien les conventions sociales de l’endroit. Mon gourbi jouxte la prétentieuse demeure de son Honneur le juge X. Le mois dernier, cet individu avait eu l’audace de faire venir une tripotée d’amies de Sydney. Bien entendu je fis comme si je ne les voyais pas et je m’attendais à ce qu’on en usât avec le même tact envers moi. Imagine ma stupéfaction à voir ce type se présenter chez moi, hier pour me dire que ça choquait ces dames de m’apercevoir l’après-midi en pyjama et casque colonial. Mon pyjama est ravissant et le casque, du gris le plus seyant qui soit". Le mot "philistin" revient souvent sous sa plume quand il ne parvient plus à contenir sa colère, celui d’hypocrite, également, qui vient qualifier les missions protestantes, seuls les maristes trouvent grâce à ses yeux car ils se sont fondus dans la population locale sans trop la contraindre tandis que les autres ont aboli toutes les coutumes, ont déposé les chefs, père de toute la tribu, banni la danse, raison d’être des Polynésiens, forcé les femmes et les hommes à se couvrir par décence et ils en deviennent tuberculeux, déclaré "taboues" toutes leurs anciennes occupations sans rien offrir en échange. "On ne leur a même pas appris la propreté, poursuit-il, l’état sanitaire des villages païens est mille fois meilleur que celui des villages où règne la mission." Il reconnaît toutefois, non sans humour, le courage des pionniers qui "défrichaient la brousse, construisaient leur demeure pour finir par être tués et mangés."

Les Lettres des mers du sud témoignent, enfin, des découragements qui pèsent, au-delà de trente degrés, sur un homme atteint par des crises de fièvres incessantes. Elles décrivent les pluies tropicales, les moustiques, la saleté, la lassitude, l’appréhension du "divers" dirait Ségalen, du complètement "estrange", disait bien avant lui Joinville, et surtout, la solitude intellectuelle : "s’il existait seulement des endroits où nul absurde dogme ne me dérangerait, je m’empresserais d’y aller...". Son Dante perdu, Fletcher, cite en italien des passages de l’Enfer : "Il me répondit : cet état misérable est celui des âmes douloureuses qui vécurent sans infamie et sans louange (...) Ceux-ci n’ont aucun espoir de mourir et leur vie de misère est si basse qu’ils sont jaloux de tout autre sort. Le monde ne garde d’eux aucun souvenir ; la miséricorde et la justice les dédaignent, ne parlons pas d’eux, ma guarda e passa, mais regarde et passe". Plus loin, il prend un plaisir immense à invoquer un rondeau de Charles d’Orléans en français du XVème siècle : Laissez-moy penser à mon aise, Hélas ! donnez-m’en le loysir." Ses livres égarés, ces poèmes des siècles passés, réécrits à la main, dépassent largement la citation inattendue, ils rétablissent pour lui seul une culture livresque et prouvent selon sa propre expression qu’il ne s’est pas "endormi sur le rivage, sommeil dont on ne revient pas". Ils endossent pleinement leur rôle - entre consolation et désolation - en ravissant cet homme dont l’existence n’est qu’un effort perpétuel. Fletcher accouche sa femme, ampute, extrait des balles de fusil : "j’en fis l’extraction avec art (il mourra probablement)...", construit sa maison, la reconstruit ailleurs, rêve d’autarcie, de taros, de poules, quand il n’y a plus que ce fameux singe à manger. L’acte d’écrire les Lettres prend ainsi tout son sens : il est cette corde jetée à son double d’ailleurs et d’avant et incarne davantage qu’une consignation, qu’une envie de raconter un quotidien plus ou moins surprenant, il est ce qui le relie étroitement à la vie, avec l’espoir tendu, dément ou vain, de faire comprendre son existence à un monde qui peut, dans le meilleur des cas, l’écouter en hochant poliment la tête. Cette Europe, la guerre aidant, mais pas seulement, qui s’avère parfaitement, indifférente à tout "ailleurs" quand il n’est pas un divertissement à la vie moderne ou une rêvasserie benoîte... l’un de ces regards divaguant le long d’une carte postale punaisée au-dessus d’un ordinateur de bureau.
Je te laisse avec ces dernières lignes de Fletcher, - espérant tout de même, t’avoir fait comprendre combien tes lettres et tes réponses me sont précieuses - qui achèvent son ultime épître à Papeete :

"En ce moment, la lune a dépassé le premier quartier, on voit assez clair pour lire, et avec les palmiers et le bruit de la mer, ce serait à pleurer, si je ne me sentais si royalement heureux. Il me semble que je commence à savourer ce bonheur que donne la beauté..."

Publie-le, il en vaut la peine.

P.-S.

Robert James Fletcher, Lettres des Mers du sud, Editions Minerve, 1989.

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