Et si le poussin avait des ailes, oui, de vraies ailes comme un coq, un aigle ou encore un homme, des ailes qui vous emportent ailleurs comme des rêves.
Le poussin piète ? Non, il vole. Il s’élance ? Non, il atterrit. Ses pattes palmées s’étalent largement sur le drap luisant. Il faudra bien un jour déchiffrer les mots écrits dessus, énigmes lourdes de sens. Un poussin est-il polyglotte ?
Tout le reste de la photo est dans l’ombre comme si le poussin sortait du néant. Il est seul. Ni mère-poule inquiète le suivant à la trace, ni rival, bec en avant, lui disputant son espace. En cette minute de gloire ou d’effroi, il avance à grands pas, sûr de lui, sûr d’être lui.
On l’imagine alors s’évadant du poulailler ou de la salle où bêtes et gens s’ébattent, tapis dans l’ombre. Avec ses ailes déployées il a des airs de drone ou d’hélicoptère fondant sur nous. Et s’il s’étire c’est pour grandir encore, en finir avec la vie de poussin.
Quant au drap luisant aux allures de tapis ce n’est peut-être que la toile d’un sac de riz abandonné sur le sol. Vide, le sac. Vidé. On l’a jeté là, en attendant. En attendant qu’il se remplisse un jour. Et le poussin ? Quel sort l’attend ?
Marie-Louise Audiberti
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