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27 mai, par Yann Leblanc
Le son à vif
La musique de Ni Zheng ★ Car le cri, organiquement, et le souffle qui l’accompagne ont ce pouvoir d’exhausser le corps, de l’emmener à cet état d’animation, de fulguration de ses parois internes, d’ébullition vraie de ses puissances, de ses facultés et de ses voix, qui […] exige une dépense insensée de volonté et de sensibilité. Ces cris étirés jusqu’à plus (…)
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1er mai 2022, par Yann Leblanc
BUÉE Je tourne la clef de contact, le moteur démarre. Je sors de ma place et commence à rouler, machinalement, en direction du travail. Après une cinquantaine de mètres, une buée se forme sur le pare-brise. Comme un mal qui prolifère à toute allure, elle en recouvre la surface. Les contours du dehors s’estompent. Voitures, immeubles, passants se désagrègent. Je tourne à fond le bouton de (…)
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5 avril 2024, par Yann Leblanc
Jusqu’aux confins de l’écoute
la musique de Sam Dunscombe ★ FACE A – Two Forests Sons de la forêt. D’abord des chants d’oiseaux, une multitude. Un espace foisonnant qui ne cesse, simultanément, de s’ouvrir et de nous envelopper. On sent la présence des arbres, le couvert végétal bruissant à travers lequel la lumière se diffracte en tâches étincelantes. Chants d’oiseaux (…)
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11 juillet, par Lionel Marchetti,
Yann Leblanc
En cheminant avec La Noire à soixante une composition de musique concrète de Pierre Henry par Lionel Marchetti
Le livre est édité aux Presses du réel (2025)
La Noire à soixante
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Préface du livre par Yann Leblanc (avec l’aimable autorisation des Presses du réel)
Au fond Lionel Marchetti écrit comme il compose. Son rapport aux sons se retrouve dans son rapport aux mots, (…)
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3 septembre 2021, par Yann Leblanc
SOUSTRACTIONS Elles étaient posées là, bien alignées et en parfait état. La lueur des réverbères les faisait même reluire. Là, en plein milieu du trottoir. Une paire de chaussures mais pas de pieds à l’intérieur, pas de jambes, pas de corps les surmontant. Pourtant les passants s’écartaient scrupuleusement au lieu de les enjamber, comme s’il y avait eu là, malgré tout, une présence. (…)
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23 février 2023, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 2/7 J’ai découvert une sente que je ne connaissais pas. Elle s’élevait le long d’une falaise imposante, jusqu’à se transformer en vire étroite. Verticalité démesurée de chaque côté de mes pas. D’un côté plongeon abrupt, de l’autre soulèvement massif et compact. Le trop plein qui surplombe et le vide qui sape. Je progressais sur une cassure, une diagonale (…)
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7 mai 2024, par Yann Leblanc
Il s’éloignait de l’hôpital avec sa démarche lourde et lente, son instrument sur le dos. Il faisait déjà nuit, le vent soufflait, charriant indifféremment feuilles mortes, détritus et poussière. Derrière lui le bâtiment n’était plus qu’une grande masse sombre, éclairée çà et là de l’intérieur. Devant, avec les décorations de noël déjà installées, le boulevard n’était que scintillement, (…)
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23 décembre 2022, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors La marche du jour m’a mené sur un sentier perdu, qui finit par se perdre lui-même au milieu des pierres et des taillis. Les collines s’étendaient à perte de vue, vertes et grises puis bleutées dans le lointain. J’escaladais avec délice les imposants rochers dans lesquels l’eau a creusé mille prises. Je contemplais leurs formes, mais sans rien imaginer. Sans (…)
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3 novembre 2023, par Yann Leblanc
Un contact vibrant :
la musique
d’Aleksandra Słyż ★ L’album A Vibrant Touch, d’Aleksandra Słyż, est un ravissement. J’utilise à dessin ce terme ambigu car ses multiples sens disent tous quelque chose de l’effet que ces compositions produisent. De lentes trajectoires qui se prolongent, se chevauchent, se modulent comme un amoncellement de nuages à l’horizon. Oui ce pourrait être (…)
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30 août 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 5/7 J’ai pris un chemin de traverse, remonté un petit torrent sur le côté, loin du chemin balisé, et me suis retrouvé devant l’une des plus belles chutes d’eau qu’il m’ait été donné de voir. Une succession de cascades et de vasques remontant jusqu’au ciel. L’eau n’y tombe pas brusquement, elle s’écoule dans un murmure le long de la pierre, sans (…)