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6 février 2004, par Jean-Patrice Dupin
Hésitant, mal assuré, il se dirigea sans bruit vers la table qui jouxtait la nôtre, l’air presque de s’excuser d’avoir à s’installer si près, mais où aller autrement ? La salle était comble, et seule restait libre cette petite place vers laquelle il se faufila, murmurant alors qu’il nous frôlait un pardon à peine audible. Puis il lui fallut déplacer sa chaise, et mille précautions ne lui (…)
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6 octobre 2005, par Jean-Patrice Dupin
Tout commence avec un notaire, qui se qualifie lui-même de "notaire déchu", et qui, inlassablement, sillonne seul au volant de sa voiture les départementales du Maine-et-Loire, à la recherche de la première phrase de ce qui devrait être ce qu’il appelle son "anti-testament". De cette première phrase devraient découler toutes les autres, pour aboutir à un document incompréhensible par (…)
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16 juin 2005, par Jean-Patrice Dupin
"Vous êtes Paul Salvador", annonce le livre dès sa première phrase, "et vous cherchez quelqu’un." Deux paragraphes vous expliquent ensuite comment vous vous y prenez : vous n’y trouvez rien à redire, et puis tout à coup : "Mais vous n’êtes pas Paul Salvador", rectifie Echenoz, et le ton est définitivement donné. Le lecteur prêt à jouer le jeu de la fiction est brutalement renvoyé à lui-même, à (…)
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8 juillet 2005, par Jean-Patrice Dupin
"C’est toute une histoire. Pas drôle du tout. Je ne pourrais même pas la raconter, si je voulais", avoue à un moment le narrateur anonyme de L’Imprévu. Résultat : c’est Christian Oster qui s’y colle, et qui profite de l’occasion pour faire de ladite histoire la matière même de son onzième roman (si l’on excepte ses nombreux écrits pour la jeunesse).
Un narrateur anonyme, donc, dont la (…)
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22 mai 2006, par Jean-Patrice Dupin
C’est en 1868 que William Wilkie Collins fait paraître en feuilleton dans une revue, dans laquelle écrit aussi son ami et admirateur Charles Dickens, ce Pierre de lune que plus tard T.S. Eliot qualifiera de « meilleur roman policier de langue anglaise », et dont Jorge Luis Borges dira qu’il est aussi le premier roman policier de l’histoire de la littérature (alors d’ailleurs que nombreux sont (…)
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10 avril 2006, par Jean-Patrice Dupin
Sous le titre, emprunté à un manifeste Dada, de Littérature et le reste, les éditions Gallimard publient un recueil d’écrits de Philippe Soupault rédigés entre 1919 et 1931. Pas exactement des inédits, mais des textes jamais jusqu’à présent réunis en volume, et donc soit devenus introuvables ou quasiment, soit à rechercher dans quantité de livres différents, certains consacrés à leur auteur, (…)
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28 novembre 2005, par Jean-Patrice Dupin
« Existe une forme pauvre, une forme qui succombe à tout commentaire, une forme qui est une déconfiture totale de son projet, une faillite bouleversante de la peinture, une déchéance de la matière, un ratage complet de la trace, une forme qui peine à être une forme. On l’appelle ici l’Art modeste. »
Alain Sevestre s’est astreint à regarder en face ces tableaux de fond de grenier, de (…)
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6 mars 2006, par Jean-Patrice Dupin
« Le cours classique », c’est le nom d’un cycle d’études dispensé au sein du collège Trinité, cadre de ce roman d’Yves Ravey. La routine y va de pair avec l’exigence, pour les élèves comme pour les professeurs, d’une rigueur morale à toute épreuve. Tant sont draconiennes les règles explicites ou implicites qui régissent ce cours, qu’il suffira d’un incident mineur pour donner lieu à une (…)
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9 janvier 2006, par Jean-Patrice Dupin
Pour Enrique Vila-Matas, la distinction entre recueil de nouvelles et roman n’a pas lieu d’être. De même qu’Une maison pour toujours, son précédent livre traduit en français (Christian Bourgois, 1993), était constitué de douze nouvelles ayant en commun un même personnage principal, et dont l’ensemble pouvait se lire comme un roman à part entière, de même les douze textes ici réunis sous le (…)
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12 janvier 2006, par Jean-Patrice Dupin
Couloirs obscurs, portes infranchissables, craquements sinistres, La Maison dans les ténèbres est le lieu d’un inquiétant huis-clos, le théâtre d’un combat sans merci qui oppose les tenants, clandestins, du Bien, à ceux, tout-puissants, du Mal.
Écrit en pleine période d’occupation allemande de la Norvège, ce roman s’affirme évidemment d’emblée comme une allégorie de la situation politique (…)