En la fin d’année 90 au japon, des amis m’offrent un disque solo de shakuachi de Watazumi Dôso.
Cet homme, aux noms multiples, naquit à Fukuoka en 1911 où il trouva la mort en 1992.
Joueur de shakuachi , maître du souffle, pratiquant le Zen Rinzai, épris de liberté et de discipline.
Depuis lors, son souffle m’accompagne.
Il n’y a que récemment que ce poème m’est venu…
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DO
Pont se jette à prendre deux rives insaisissables
hantées par la fixité.
Abysse
grain de peau au bord de la brèche.
Chaque son avale la respiration.
Derrière,
une onde d’accueil,
sombre d’avant la trace.
Au cours de la marche trainante un point, là,
décollé de soi.
Croire
savant savoir… sentir.
Croître.
L’arbre
souffle
la branche…
strates d’empreintes.
Rayons.
Rétablir chaque pli.
Ce sortir
aux multiples,
malgré le soi, entrave des réminiscences.
Chasser dans l’ornière
le moindre fantôme.
Ce corps qui avant même.
Situé,
perdu à tout jamais
l’autre possible non-habité.
Tempête brouillard.
Arrachement.
À ce monde-action rompre d’avec les myriades possibles
au nombre un
seul,
incarné,
non-situé,
collant à la hâte les fragments sous pression.
Saisir
contient toutes les images ;
aucune en dehors de l’usage requis.
Sans fond.
Un souffle constant configure les objets d’un monde singulier
sans la limitation du sens commun,
flou,
flottant,
irisé de non attendu/entendu.
Au calice présenté
boire l’ombre et retrouver la forme de l’air
instable
indépendante.
Brindilles de bouche
oublieuses de concevoir.
Sens effilochés à propos de rien.
Un clair concret.
Le tout est d’entendre.
Une naissance
feu vif et cendres.
Ce
singulier
émerge de vastes colonies soutenues par les cordes,
quelque part engendré.
Ceux qui s’y rendent
incarnés.
Petit vent du corps :
vent + vent = turbulences.
Absence + la métaphore non-vent calme hors limite.
(Quand il fut langage
cerfs volants en dérive)
Intensité démesurée,
clairières où chiens et loups dansent la poussière, la lumière.
Bambous
des trous mesurés
désordre à rebours du temps continu, spatialisé.
Épochè
grains de sons (tous) tendus, perdus
bons à rien, renversent la priorité à l’air.
Irréductible
d’un point là donner lieu.
Rien de pris à l’espace,
densité des limites.
Navigateur
(au rêveur des bords de la mer Caspienne,
chiffons des sons,
cavalier sauvage)
Son fait son.
Suspendre ne peut arrêter.
Présent,
d’ici jusqu’à toute l’étendue d’une vie,
incertain, creux flagrant.
D’autres,
le bois sonne et devient passé immédiat,
sans bord ni fin,
dépourvu.
L’air s’infeste de particules
nées de gestes à l’essai (élément retors mis à mal.)
Carbonise le soutien revêche, celle de l’empêché,
du réduit à,
l’enclume à bout de bras, sueur qui brûle l’œil.
Esprit en friche, herbe en son,
brèche du temps-dedans.
Chaque instant.
Naissance/mort (principe du souffle.)
La réponse troue nos narines,
emplie la gorge.
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