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Dictionnaire des idées reçues sur l’Asie et l’Orient 

lundi 5 juillet 2010, par Régis Poulet (Date de rédaction antérieure : 4 mars 2009).

Introduction

Il ne se passe pas une semaine, dans les médias ou dans la culture, sans qu’il ne soit question de l’Orient ou de l’Asie. La politique, les arts, la littérature y trouvent un combustible éprouvé, et les conversations s’emparent de façon plus ou moins désinvolte de sujets très délicats.
Cela n’empêche pourtant pas de nombreuses personnes, souvent parmi les moins informées, de donner doctement leur avis voire de pérorer comme des cuistres. Et chacun de transmettre avec plus ou moins de bon sens ces idées reçues ou préconçues qui ont souvent un rapport partiel avec la « vérité » — ce qui rend leur élimination plus délicate encore.
Le présent dictionnaire n’est pas destiné au spécialiste, encore qu’il puisse à notre avis s’y divertir, mais à quiconque est intéressé par le sujet et souhaite vérifier s’il est à son insu la proie de préjugés. Avec cet « honnête lecteur » nous voulons, de plaisante façon espérons-nous, mettre en évidence les clichés colportés sur l’Orient, l’Oriental(e), l’Asie, l’Asiatique, clichés qui nuisent autant à une claire compréhension des enjeux relatifs aux rapports de l’Europe et de l’Asie qu’ils nuisent à la réputation de ses peuples et de ses cultures. Ainsi, sans envisager une chasse à la bêtise souhaitons-nous néanmoins dénoncer des caricatures plus ou moins mal intentionnées à l’égard de peuples et de cultures que, pour notre part, nous apprécions beaucoup et aimerions dégager de cette gangue d’incompréhension.
L’acide le plus corrosif à cet effet nous a semblé être l’humour, et plus particulièrement l’ironie. Aussi faudra-t-il prendre le plus souvent les propos de ce petit dictionnaire au moins au second degré. En contrepoint à la brièveté mordante des articles, nous avons souhaité expliquer plus longuement et de façon sérieuse certains éléments clefs constituant notre représentation de l’Asie. Cela permet parfois de comprendre comment les poncifs se sont construits, et dans tous les cas d’avoir un avis mieux informé.
Commençons par poser les bases d’une élucidation de ce que l’Orient et l’Asie sont et ne sont pas. Confusion, telle semble la caractéristique première puisque « Orient » et « Asie » sont fréquemment employés l’un pour l’autre. En effet, alors que l’Asie correspond à un continent, l’Orient n’est qu’une direction (celle du soleil levant) qui n’a de sens, pour désigner l’Asie, que depuis l’Europe (en Amérique, l’Asie est plutôt à l’Ouest). Or le Maghreb, qui est au Sud de l’Europe, fait partie de l’Orient. Exemple, parmi d’autres, d’incohérence révélatrice.
En fait, pour aller vite et faire simple, dès l’Antiquité gréco-romaine, l’Occident s’est constitué un double imaginaire appelé « Orient » qui était paré soit de toutes les vertus, soit de tous les vices, et qui se superposait plus ou moins à l’Asie réelle. De siècle en siècle et en dépit du fait que cet « Orient » coïncidait de moins en moins avec l’Asie (surtout à partir de l’expansion musulmane), Orient et Occident sont devenus des alter ego dans l’imaginaire Européen, les deux faces d’un même « être ». Si bien que pour tout Européen contestant sa propre civilisation, l’Orient apparaissait comme un modèle fascinant ; au contraire, tout défenseur des valeurs de l’Europe chrétienne diabolisait un Orient jugé corrupteur. Finalement peu importait le contenu de ces Orients-là : l’ennemi oriental (ou l’idéal oriental) était tantôt musulman (du Maghreb comme de Perse, excusez la différence), tantôt bouddhiste, confucianiste, taoïste (de l’Inde au Japon en passant par la Chine et l’Indochine), tantôt biblique (Jérusalem), tantôt drôlement chrétien (Byzance / Constantinople), et nous en passons…
Quel point commun entre ces différentes facettes de l’Orient ? Quel rapport avec l’Asie ? Pour ce qui concerne l’Asie, elle n’est souvent qu’un prétexte pour l’Occident à parler de lui-même en dressant devant lui un adversaire (l’Orient) contre lequel s’appuyer au bord du vide qu’il ressent. Presque toute nouvelle perception de l’Asie en vint assez vite à se conformer au schéma binaire d’attraction et de répulsion. Ainsi l’Orient est-il une projection imaginaire dont l’Occident s’est servi au cours de l’Histoire pour donner le change à ses angoisses ou pour entretenir un espoir idéalisé, celui d’une identité rêvée : la sienne.


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Dictionnaire des idées reçues sur l’Orient et l’Asie

A –

Aïkido : ça commence mal, on souffre avant d’avoir rien fait. Plein le dos des Japonais !
Alexandre le Grand
 : le Gérard Philipe de l’Antiquité. — Il a tranché le nœud gordien (voir ce mot). C’était quelqu’un, ma bonne dame !
Ali Baba :

fréquente désormais les courtiers en bourse et le CAC aux 40 valeurs.
Anapurna : Anglo-indienne élevée dans le respect des colonisateurs.
Arabes : sont orientaux mais pas asiatiques parce que c’est ainsi. — Les Arabes ne font pas rêver, ils agacent. Paresseux, vindicatifs, ils restent inféodés à un chef, à une tribu. On peut parler d’autre chose ?
Art martial : forcément asiatique. N’existe pas sous cette forme en Occident. — Les Asiatiques dissimulent leur maîtrise sous des dehors modestes et un physique quelconque.
Aryen
 : à proscrire du vocabulaire ! En parler à la rigueur pour évoquer les Dravidiens…
Ashram  :

Shri Baba t’y attend et t’envoie ce message : « Sois prêt à accepter le déferlement de Ma Grâce à tout moment. Tu peux aussi Me recevoir à travers les yeux qui aiment et se languissent pour Moi. Ce que tu veux, ce que tu Me demandes, Je te le donnerai. Mais n’attends rien. Viens chercher la pillule du bonheur, elle est ta Mère ! »
Asie : matrice de l’humanité. Quelle puissance sera la sienne au XXIe siècle ! — Question piège : où s’arrête l’Europe et où commence l’Asie ?
Avatar : avorton, bâtard de dieu.

B –

Babylone : la maudite. — Version biblique de la tour infernale. « La visite des jardins est suspendue en raison de problèmes d’adduction d’eau dans la région ».
Bachi-bouzouk  : entre l’australopithèque et le moule à gaufre ! (voir ci-dessous)
Bagdad : sans Saddam Hussein ni George W. Bush, la ville ne peut que faire rêver (voir Mille et une nuits).


Baguettes (pour manger) : vanter la supériorité de la fourchette. — Bien s’entraîner avant d’aller au restaurant pour épater les convives.
Baie d’Along : boîte à œufs à moitié remplie d’eau où flottent sans peine des sampans garnis de gogos. — Encore mieux que sur les clichés d’agence de voyage.
Bakchich  : comme pourboire, un bon petit pot-de-vin, c’est quand même plus honnête !
Bali : petit paradis tropical. — Tellement typique avec ses stations balnéaires à hôtels quatre étoiles : pourquoi chercher plus près ?
Bambou : remplacé par la fibre de carbone pour la confection des cannes à pêche. Sert à faire des tuteurs. On donne le reste à manger aux pandas.
Bangkok : l’appeler « Venise de l’Asie » avant le départ. — Ville des kling ! (cloches des vats bouddhistes) et des klongs (canaux-dégorgeoirs). — Faire peu de cas des accusations de tourisme sexuel au retour.
Bangladesh : synonyme de pauvreté et de malheur. Ce pays est un non-sens. — George Harrison y fit des concerts de charité.
Bardo-Thödol (Livre des morts tibétain) :

ça fait un peu peur. Il y a quand même toute la psychologie des profondeurs dedans, et une ritournelle pour amuser les enfants : « Bardo / Thödol / Ton Moulin / Ton Moulin / Va-trop-vite… »
Bédouins : mi-hommes, mi-chameaux, ils évoluent dans des paysages improbables et obéissent aux ordres d’Omar Sharif.
Bénarès : ah ! le Gange à Bénarès, quelle sainteté …et quelle nausée !
Bengale : est habité par des tigres et des lanciers qui s’éclairent avec les feux du même nom.
Bhoutan : pays dans les environs du Népal (voir ce mot), en moins bien.
Birmanie : pays où des militaires séquestrent une femme prix Nobel de la paix dont le nom est imprononçable.
Bonsaï : arbre en pot qui a été torturé. Si ce n’était pas japonais on jurerait que c’est chinois…
Bouddha (Sakyamouni) :

– Y paraît que c’est lui qu’avait le sac à Monique, elle le cherche encore va ! – De quelle couleur l’étaient ses yeux ? – Y dort tout le temps, à cause qu’il l’aime pas voir le monde, alors j’ai jamais vu le bout d’un… – Quelle misère !
Bouddhisme  : inspire confiance, sans qu’on sache bien pourquoi. Opiner du chef d’un air néanmoins entendu lorsqu’on ne sait pas expliquer ce qu’il est.
Brahmane
 : personnage important et respectable. Est contraint de laisser tout le travail aux Intouchables (voir ce mot).
Byzance : la merveille inaccessible. — Abstraction irradiante.
Byzantine : ombre portée de Byzance dans le monde matériel. — Produit des œuvres et des querelles.

C –

Cachemire : laine de qualité dont la réputation est entachée par un conflit armé (et en retournant sa veste ?)
Calcutta : n’existe que par la misère de ses bidonvilles et le fantôme de Mère Teresa.
Calife : ambition du vizir Iznogoud. — Tout autour de lui tournoi(e).
Calligraphie : perte de temps à l’heure de l’imprimante (voir Encre).
Cambodge : pays des Khmers rouges et des boat people.
Canard : toujours laqué en Asie, comme les meubles.
Casque colonial : couvre-sahib. — Protection contre les chutes d’autorité.
Casse-tête chinois : pléonasme — Ils n’ont pas la même logique que nous.
Castes : même les Anglais n’y ont pas touché : c’est qu’elles ont leur utilité (voir Intouchables).
Cérémonie du thé : la japonaise, évidemment. — Bien insister : « Tout le Japon est là-dedans ! »
Ceylan (avec ou sans les Anglais) : célèbre pour son thé corsé, ses papillons et ses fleurs (voir Sri Lanka).


Chakras : toujours les garder ouverts !
Chah : animal de Perse qui fit patte de velours à ses maîtres.
Chat : dieu en Egypte et momifié ; viande en Chine et cuisiné.
Cheikh : toujours d’Arabie ou du Golfe persique. — En blanc sans l’être.
Chine : attention, elle s’est éveillée ! — Le Grand Méchant Lu, c’est fini : place à la Poule aux œufs d’or.
Cité interdite : zone à laquelle les pompiers, la police ou le moindre pékin n’ont pas accès. — Où est le mystère si l’on peut y pénétrer ?
Colonialisme :

tout compte fait, mal nécessaire. D’ailleurs, les indigènes (les natives) nous regrettent… — Honte de l’Histoire européenne : tous les Paradis sont maintenant perdus !
Concubine : vilain mot pour un beau rêve.
Confucius : Voltaire s’inclinait tous les matins devant son portrait. — Incarne à lui seul la Chine (Confucius, pas Voltaire !)
Constantinople : mélange de Jérusalem céleste, de Babylone maudite, de Rome impérieuse et de Byzance.
Coolie : Animal humain ; espèce d’insulte. — « Il court, il coule, le coolie et se presse d’arriver ! » — Bah ! ça leur fait toujours un métier…
Corée : a organisé la Coupe du monde de football (ça au moins c’est important). — Celle du Sud essaie de nous ressembler, alors que celle du Nord est vraiment arriérée.
Cornac : alignement d’éléphants à l’entrée du zoo de Lorient.
Cuisine : la cuisine chinoise, bon, d’accord, mais loin derrière la française qui est LA cuisine.
Curry : pilier de la cuisine indienne, un peu traître d’ailleurs.

D –

Dalaï-lama :

il sourit tout le temps. Il est un ‘océan de sagesse’. — Plus sympathique que le pape en tous les cas. — En outre, Richard Gere est son copain, alors…
Dan : le mérite y conduit plus sûrement que vers une légion machin-chose.
Danse
(du ventre) : diversion supérieure.
Démocratie : concept occidental qui ne s’acclimate pas en Asie ni en Orient.
Derviches : des tourneurs comme on n’en fait plus.
Despote : toujours oriental, fantasque et cruel. — Version barbare de notre tyran qui est plus présentable.
Diên Biên Phù : le Waterloo de la IVe République.
Djinns : êtres fabuleux dont le vice saint sent un modèle. — Hugo les a vu passer.
Dragon : n’existe pas, bien sûr ! — Emblème de la Chine et du Pays de Galles : suggérer l’existence probable d’un lien…
Drogue : si l’Orient se drogue, c’est pour ne pas voir sa misère ; s’il nous drogue, c’est pour nous anéantir. — Le triangle d’or est le nouvel Eldorado.

E –

Emir :

pousse près des oasis de pétrole. — Arabe respectable.
Empereur
(de Chine) : centre du monde. Le dernier empereur avait un nom de vin : Pouilly ; facile de s’en souvenir ! (du Japon) : habillé à l’européenne — Il est de bon ton d’émettre des doutes concernant son attitude pendant la Seconde guerre mondiale.
Emploi : tous les Japonais ont un emploi à vie (c’est en train de changer, hi ! hi !). — Les emplois disparaissent en Occident à cause de la concurrence déloyale des Asiatiques.
Encens : éviter d’avoir des cheveux longs, en plus de l’encens…
Encre de Chine : d’un noir aussi profond que les nuits. — Attendre qu’elle seiche.
Epices : preuves d’une gastronomie éclairée chez nous. — Servent, dans leurs pays d’origine, à masquer le goût des aliments avariés.
Epouse : au Japon, toujours soumise ; en Chine, a les pieds bandés ; en Inde, les veuves se font des cendres ; en pays musulman, est bâchée.


Estampe (japonaise) : le must en matière d’érotisme exquis. — « Alors, comme ça, vous collectionnez des estampes japonaises … ? »
Eveil : soleil des aveugles (voir Bouddha).
Eventail : ventilateur désuet.

F –

Fakir : métier de pointe.
Fatwa : dépêche qui fait courir. — « Fatwa vite pardonner tépéché ! ».
Femme (afghane) :

adore jouer à Casper le fantôme. — (arabe) : n’aime pas sortir dans la rue. — (chinoise) : « Elle avait de tout petits petons, à la Chine ! »— (indienne) : guère plus féminine que son époux. — (japonaise) : soit lolita soit Butterfly.
Fourmis : de loin, on peut les prendre pour des Japonais (de près aussi d’ailleurs !).
Frugalité : les Asiatiques sont frugaux, voilà qui est sûr. — Un commerçant chinois est capable de ne manger que de la soupe claire pour économiser et se débarrasser de ses concurrents. — Un Japonais est capable de manger sa compagne pour réduire les frais de nourriture… — Un Indien ? on n’ose y songer…
Fuji (mont) : montagne japonaise en forme de chapeau chinois. — Fierté des Japonais.

G –

Gandhi : petit, maigre, myope, mal habillé et pourtant plus célèbre que Nehru ! — A joué dans une publicité pour une marque informatique.
Gange : fleuve sacré mais d’une saleté repoussante : en tirer les conclusions qui s’imposent.
Geisha : prostituée qui minaude.
Gengis Khan :

toujours le citer après Attila. — Infatigable.
Gingembre : faire une plaisanterie graveleuse à son sujet.
Gingko : rajouter « ou l’arbre aux quarante écus ». Se vanter de savoir où il y en a un.
Ginseng : prescrit avec les estampes japonaises.
Gong Li : on sait qu’elle est belle mais son prénom, c’est quoi ?
Gong : sonne à l’ouverture de lourdes portes (on ne peut pas faire autrement…)
Gourou : comme son cousin d’Australie, possède une poche sur le ventre et saute sur place.

H –

Haïku : ne pas confondre avec « haïkaï » qui désigne la même chose : c’est un court poème quand une grenouille saute dans l’eau par exemple.
Hara-kiri : Exhibitionnisme de l’âme. — Pas de quoi en faire un fromage.

Harem : plus exotique que « gynécée ». — Fantasme de monogames.
Himalaya : terrain de jeu pour Occidentaux qui cherchent-à-se-dépasser et qui n’ont pas eu le cœur à traverser l’Atlantique en apnée avec des palmes et les mains attachées dans le dos.
Hiroshima : le Mururoa des Américains. — Quelle folie…japonaise !
Hokkaïdo : cri de joie japonais poussé par Pierre Perret dans sa chanson « Les jolies colonies de vacance ».
Hong Kong : écharde post-moderne enfoncée dans la Chine post-féodale. — Une des rares occasions d’utiliser le mot « rétrocession ».
Houri : top model, canon du paradis d’Allah. — Les chrétiens n’ont qu’à bien se tenir.

I –

Idéogramme : le signe pleinement incarné ! — Rêve de poète.
Ikebana : trois ou quatre pauvres tiges perdues dans un modeste vase. — Dire que certains prennent des cours pour arriver à ça !
Imitation : plus grande des qualités japonaises : les Japonais ont imité les Chinois, puis les Européens et enfin les Américains ; ils n’ont jamais rien inventé, quoi !
Immolation (par le feu) : protestation brûlante.
Inde :

elle est fascinante et repoussante, un point, c’est tout. — Peuplée d’enturbannés qui passent leur temps à enguirlander des infortunés.
Indiens : on ne sait jamais s’il faut dire « indien » ou « hindou »…
Indochine : piège pour l’indolente Cochinchine. — Mot-valise qui fit beaucoup voyager. — Sale guerre mais belle colonie !
Indonésie : spécialisée dans les présidents en « sou-ar-o », dans la piraterie et les rébellions. — Aucun intérêt touristique contrairement à Bali (voir ce mot).
Intouchables : la honte de l’Inde ! — Certains sont pourtant très capables…
Islam : religion de Protestants avant la lettre ; imposture de chamelier. — Quoi de neuf ?
Ispahan : la ville aux faïences bleues : qui ferait le déplacement juste pour les voir ?
Istanbul : ville turque dont la nacre orientale s’est ternie (voir Byzance et Constantinople).

J –

Jacuzi : rêve de cocooning pour cadres ‘overbookés’. — Mieux qu’un bain à remous.
Jade : la pierre n’est même pas belle ! — Très précieuse pour les Chinois.
Japon : pays de touristes photographes, ou l’inverse. — Le Japonais est petit, voire un peu sadique. — Officiellement, tout va bien.
Jardin japonais :

à l’intérieur et en miniature, fait très zen et très design ; à l’extérieur, on y cherche vainement la Nâture.
Jaunes : voisine souvent, dans une phrase, avec Ñha Que, Juifs et Nègres. — Dédramatiser la connotation raciste (après tout, nous sommes bien ‘blancs’).
Java : bamboula d’Asie.
Jéricho : ville détruite par des missiles ‘Trumpet’ pour une histoire de jerrican.
Jésuites : redoutables partout, mais surtout en Chine où, pourtant, ils ont trouvé leurs maîtres en ruse et sournoiserie.
Jonque : sorte de pinasse des mers de Chine.
Judo : la voie du « ju ».— Art martial où il est impossible d’être modeste et douillet à la fois.
Juifs : les Chinois sont les Juifs de l’Asie (famille, argent, diaspora).
Jungle : étonnant que Mowgli et Tarzan ne s’y soient jamais rencontrés !

K –

Kâli :

divinité sortie de la préhistoire des religions et dont les sectateurs psalmodient le nom (avec un « kââ » très guttural) avant de poursuivre Indiana Jones. — Elle a perdu la tête.
Kamasutra : le vrai, celui en dix leçons ! — Acrobatique. — Changer rapidement de sujet.
Kamikaze : météore humain.
Karaoké : il est de bon ton de s’en moquer, surtout si l’on en connaît l’origine japonaise.
Karma
 : bon ou mauvais. — C’est comme la Destinée qui se mordrait la queue. — Souvent employé avant Dharma.
Katmandou : d’un kitsch ! Préférer, et de loin, une référence à Lhassa.
Khôl : rend le regard ardent, gare ! — C’est de l’antimoine : on comprend le pourquoi des croisades…
Kimono : peignoir exotique ou veste de judo.
Kobé : lieu d’un grave tremblement de terre. — On y élève cependant des bœufs que l’on masse pour Jacques Chirac.
Krishna :

précédé de « hare » comme César est précédé de « ave ». — Divinité de la pop music célébrée par George Harrison dans « My sweet lord ». — Cyanosé à force de se droguer : mauvaise influence sur la jeûnesse.
Kung-fu : inventé par des moines (chez nous, ils ont inventé le bon vin) pour le transmettre à Bruce Lee puis Jackie Chan. — Proposer de le rendre obligatoire dans la formation des maçons.
Kyoto : envers de Tokyo. — Musée Grévin du Japon.

L –

Lanternes : toujours rondes et d’un rouge pavot, les plus authentiques chancellent au bout d’un bâton ou sous un auvent rien que pour vous.
Laos : intérêt économique, politique, touristique ? — Pfff…que des réfugiés !
Lao-tseu :

avec Bouddha et Confucius, c’est un des trois rois mages de l’Asie. — Sa sagesse est insondable.
Lawrence d’Arabie : un Arabe comme on n’en fait plus.
Levant : même s’il se nomme désormais Proche-Orient, il reste au garde-à-vous.
Litchi : fraise de Chine à peau dure.
Lotus : nénuphar protée de l’Asie qui fournit des fleurs, des graines, des positions de yoga, des pole position, des motifs décoratifs et du papier toilette.

M –

Macao :

chanson de l’Orchestre du Splendid. — Enfer du jeu.
Maghreb : fait partie de l’Orient même si son nom signifie ‘Occident’.
Maharajah : pacha-chasseur-de-tigres-à-dos-d’éléphant-et-couvert-de-joyaux-gros-comme-le-poing.
Mahomet : en fait, c’est Mohammed, ce qui fait un peu agent d’entretien, non ?
Malabar : gomme à mâcher célébrée par Baudelaire dans « A une malabar-fraise ».
Malaisie : consonnances impropres aux louanges des voyagistes. — Où est-ce ?
Mandarins : loyaux et consciencieux. — Fonctionnaires, pourtant !
Marché chinois : voir d’abord ‘Démocratie’. — Se préparer pour le jour où il s’ouvrira : mazette ! Quoi ? ça y est, pourquoi on m’a rien dit ?
Marco Polo : c’est de la bonne marque italienne !
Mecque : nord magnétique des amants d’Allah.
Mékong : fleuve bourbeux charriant des Vietcong (voir ce mot).
Mikado : jeu d’adresse auquel jouent les hommes dans les maisons de thé.
Mille et une nuits : Bagdad bombardé par des contes à dormir debout durant l’opération « Thousand nightmare and One ».
Ming (dynastie) :

convoiter ses vases.
Mishima : l’écrivain-qui-s’est-fait-hara-kiri.
Mongols : se déplacent en hordes. — Confondre avec ‘mongolien’ est d’un vulgaire ! — Sont fiers.
Montagnes : il y a l’Asie des montagnes et l’Asie des deltas. — Les vaincre !
Moucharabieh : mot de la dictée de Pivot. — On ne sait pas ce que c’est mais ça sent bon le mystère.
Moulins (à prière) : faites vos vœux , rien ne va plus : le Garde rouge impair gagne !
Mousmé  : fatma nipponne.
Mousson
 : il y a l’Asie des moussons et l’Asie des déserts. — Chasse le pélerin. — Rien à voir avec le canard (laqué ou non).
Muraille de Chine : - On la voit depuis la Lune ! - Ah ? y paraît que c’est pas vrai…
Musique chinoise : non, vraiment, je ne savais pas…
Musique japonaise : service minimum à la guitare : trois cordes pour le koto.
Mystère : fonds de commerce de l’Orient. — Nécessite de l’entretien.

N –

Nagasaki : c’est une marque de moto japonaise, non ? A propos, un bon jeu de mots : « Yamamoto kadératé » (n’est-ce pas spirituel ?)
Narguilé : pipe à eau sédentaire.
Natalité :

les Asiatiques pullulent, ce qui donne une bonne idée de leur lubricité…
Néant : tapi au cœur de toute pensée asiatique, il fait trembler : on a peur de rien.
Nem : voir Rouleau de printemps.
Népal : royaume du Trec-king. — Succédané du Tibet.
Nid d’hirondelles : excentricité gastronomique chinoise en pure bave séchée. — Récolte digne d’un documentaire sur le cable ou le satellite !
Nœud gordien : ce n’est pas rien de l’avoir tranché ! (Ça fait pas mal au moins ?)
Non-violence : combat politique des végétariens.

O –

Occident : c’est-là-d’où-qu’on-vous-parle. — Cause de bien des maux. — Dupon-d (voir Orient).
Odalisque : femme dénudée et trop blanche pour être réelle. — Le « dévoilons ! » d’Ingres.
Opéra (de Pékin) : nous, on appelle ça du cirque, mais bon…
Opium :

drogue à grand-papa.
Orient : y croire comme au moine bourru. — Raison d’Être, entre le « je ne sais quoi » et le « presque rien ». Citer, pour faire savant : « Ex oriente lux » (en latin s’il vous plaît) et « East is East, West is West, and never the twain shall meet ». — Fourre-tout très pratique. — Dupon-t (voir Occident).
Orientalisme : vil système préparant et justifiant le colonialisme (voir ce mot).
Ottomans : moins prestigieux que les Romains et les Byzantins, mais toujours mieux que les Turcs.

P –

Pacha : Allongé sur des coussins. Mène une vie !
Pagode : bungalow autochtone pour athée.
Palanquin : moyen de transport pour nuits calines.
Panda : ours yin-yang. — Mieux protégé que les démocrates.
Paravent : l’intéressant n’est pas le paravent mais ce qu’il cache…
Patchouli  : sert à masquer l’odeur des peaux de chèvre.
Pékinois : une race de chien, bien entendu !
Péril jaune :

hordes de barbares aux yeux bridés prêtes à déferler sur le monde civilisé pour piller, violer, brûler. — Cargaisons de produits « made in Asia » prêtes à envahir le marché occidental pour dévorer (les parts de marché ), humilier (l’orgueil national) et anéantir (toute concurrence).
Pieds bandés : astuce chinoise pour économiser de la matière première.
Ping pong : seul domaine où les Chinois répondent du tac au tac.
Poitiers : célèbre au VIIIe siècle parce que Charles Martel y arrêta l’avancée des Arabes, et au XXe parce qu’Edith Cresson y mit fin au déferlement des magnétoscopes japonais.
Politesse : les Asiatiques sont d’une politesse exagérée. Tous leurs salamalecs cachent mal leur fausseté — Au Japon, plus on est petit, plus il faut s’incliner bas.
Pondichéry : précède Chandernagor dans une phrase. — Français et exotique, ou l’inverse.
Pousse-pousse : devrait se nommer « tire-tire » ; encore une belle preuve de logique !
Prononciation : comme celle des Allemands, la prononciation des Japonais est toujours martiale et pleine de cris.

Q –

Qi :

comme tout ce qui est écrit en chinois, non seulement on ne prononce pas comme c’est écrit (« tchi » au lieu de « qui »), mais on ne sait même pas ce que cela veut dire. — « C’est de l’énergie » : à quand la lampe à « tchi », alors ?
Question d’Orient : est-ce que je vous en pose des questions, moi ? — Querelle byzantine.

R –

Réincarnation :

le fardeau renouvelé d’une vie entière, quelle horreur ! Et pourquoi pas en rat, pendant que vous y êtes ? — Parler de vos rêves prémonitoires et sensations de déjà-vu comme d’un début de preuve.
Riz : perles des moussons.
Rouleau de printemps : voir Nem.
Russie : trop asiatique pour être honnête. D’ailleurs le grand Dostoïevski lui-même voulait tourner le dos à l’Europe (et toc !)

S –

Saba (reine) : femme riche de son mystère. — Balaie le sort.
Sage : est chinois alors que le saint est indien. — Possède une longue barbe clairsemée et s’exprime par énigmes (lorsqu’il est aveugle, cela ajoute bien sûr à la clarté de ses pensées).
Saïgon : bâtiment de France échoué sur les hauts-fonds de la décadence, et vice-versa.
Saint :

le saint est indien, voire tibétain (pour les connaisseurs), mais pas chinois (quant au Japonais, il se contentera d’être moine-zen).
Sake : dire « sake cul sec » vite et plusieurs fois.
Samarkand : ville située entre Istanbul et Pékin, gardée par les ombres d’Alexandre, de Gengis et de Tamerlan.
Samouraï : guerriers qui poussent des cris effroyables dans les films de Kurosawa et qui s’ouvrent le ventre à la moindre contrariété.
Sanscrit : latin d’Asie.
Sari : c’est à ce vêtement coloré (couleur safran surtout) que l’on sait qu’une femme est indienne.
Satin : tissu pour nuits blanches en musique.
Shéhérazade : Orientale qui a de la conversation. — Femme perdue.
Sherpa : sa discrétion fait tout son prix, donc ne pas lésiner sur ses gages.
Shinto : religion des Chinetoques.
Shiva : copain-copine très mal luné du dieu hindou Vishnou (voir ce mot).
Shogun :

seigneur de guerre japonais conseillé par Richard Chamberlain.
Sikh : personnage à l’air farouchement enturbanné, barbu et armé d’un sabre. Vit seulement dans le Cachemire, à Srinagar en particulier.
Singapour : la Suisse de l’Asie.
Sitar : instrument de musique à corde. — C’est George Harrison qui l’a fait connaître aux Indiens.
Soie (route de la) : égrener en soupirant les noms de Samarkand, Boukara,… Hermès.
Soufisme : mieux qu’une valse à mille temps pour vous tourner la tête !
Souk : entre le marché et le bazar (d’ailleurs, c’est le bazar !), pas moyen d’y être tranquille !
Sournoiserie : voir politesse. — (orientale) : pléonasme.
Sri Lanka : le mauvais côté de Ceylan. Théâtre d’une guerre civile entre les Tamouls et les autres (voir Ceylan).
-stan : tous les pays en -stan sont des repaires d’islamistes.
Sultan : sorte de vizir entouré de bergers allemands.
Sumatra : recouvert de forêts. — On ignore ce qui se passe à couvert des arbres. Mieux vaut aller à Bali.
Sumo :

se gausser de leur obésité. — Au contraire, connaître le nom d’un ou deux sumotori (par exemple Akebono, Musashimaru), fait très happy few.
Supplices : toujours chinois. Ils y sont d’un raffinement inégalable. (voir Casse-tête)
Sushi : du poisson cru et des algues, ma qui va manger ça ? Les algues c’est pour le poisson, le poisson c’est pour la poële et la poële c’est pour cuire.

T –

Tai-chi-chuan  :

c’est du yoga chinois ? Du kung-fu mou ?
Taïwan : autrefois précédé de « made in » puis de « frégates vendues à ».
Taj-Mahal : joyau architectural de l’Inde mongolienne. — Ne pas tenir compte du fait qu’il soit musulman.
Tantrique : mot pour concupiscent.
Tantrisme : voir tantrique. — Tantra, tentera pas ?
Tao : signifie « la voie » ; a été enseigné par « le vieux » ; n’est pas « Dieu ». — Ces trois lettres font leur effet si l’on a de l’applomb.
Tapis : persan, comme les chats. — Arabo-musulman, est orienté vers la Mecque (voir ce mot).
Tatami : les tatamis du dojo : c’est clair pour tout le monde ?
Tatouage : au Japon, on en a plein le dos.
Thaïlande : on fait la queue pour y aller, la population y est tellement accueillante.
Thé :

n’est guère qu’une infusion de camélia. — Tache les dents, trop diurétique. — Boisson de chochotte ; un café, c’est plus viril.
Thé-à-la-menthe : si vous n’avez pas goûté à celui des Touaregs, n’en parlez même pas !
Tiananmen (place) : circulation difficile pour les chars d’assaut les jours de manifestation. — Tache aveugle des gouvernements d’Occident.
Tibet : toit du monde. — Ne pas dire que c’est une théocratie.
Tokyo : la classer d’autorité parmi les villes d’Occident. — Ultramoderne.
Tonkin : province d’Indochine arrosée par la Nostalgie et bordée par la mer des Regrets.
Triade : mystérieuse maffia chinoise.
Triangle d’or : faisait autrefois référence à la zone de production et de trafic d’opium située sur les territoires de la Birmanie, du Laos et de la Thaïlande. — Remplacé par la culture du triangle pubien.
Tsunami : vague sans surfeur pour journal de vingt heures. — Bonne affaire, voire…
Turban  : voilà ce qui arrive quand on n’a pas de fil pour faire sécher son linge.
Turcs : forts comme leur café. — Cruels. Avec quoi font-ils le kebab ? — Volontiers gros.

U –

Ukase : les décisions arbitraires et autoritaires n’existent pas dans nos démocraties, alors qu’en Orient…
Union (entre Orient et Occident) : formule ‘deux-en-un’ du bonheur qui rend le sourire plus blanc, à moins que l’on ne rie jaune ?
Utopie : alibi pour rêveurs. — « Si j’en ai pas, j’y reste. »

V –

Vaches sacrées :

les Juifs adoraient bien un veau d’or, alors pourquoi pas une vache ? — S’étonner de leur maigreur.
Végétarisme : fait moins rire que la cuisine macrobiotique ou la cuisine ayurvédique.
Venise : porte orientale de l’Europe. — Ville-miroir, lotus de pierreries émergeant de la vase.
Veuves : en Inde, ne font pas de vieux os. — N’existent que pour le bûcher.
Vide : l’Asie grouille tellement de monde qu’il était normal qu’elle rêve d’un peu de place. — Néant déguisé.
Vietcong : mauvais Vietnamien.
Vietminh : dahu des forêts indochinoises.
Vietnam : l’Algérie des Américains. — Indochine désorientée.
Villes (d’Asie) : elles sont en complète effervescence. — Urbanisme anarchique.
Vishnou : dieu hindou qui s’est fait voler la vedette par Krishna. — Plus tranquille que Shiva, sa devise est : « Vishnou la paix ».
Vizir :

le plus célèbre fut Iznogoud. — Avait pour épouses les vizirettes.
Voile : signe extérieur de mystère (voir ce mot). — Signe extérieur de soumission féminine. — Danse des sept voiles : strip-tease oriental.

W –

Wok : the Weight watchers’ way Of Cooking.

X –

Xersès : plus perse que Cyrus ou Darios. — Sa défaite à Salamine, ça l’a miné (jeu de mots laid).

Y –

Yak : grosse vache en manteau à poils longs.
Yakusa : maffieux japonais facile à reconnaître à son doigt coupé et à ses tatouages. — Spécialité de Kitano.
Yatagan : sabre turc fourbe vers la pointe. — Ne tient pas dans la boîte à gants.
Yen : sale monnaie qui fait rire jaune.
Yéti :

gentil homme-singe aperçu au Tibet par Tintin. — Abominablement discret.
Yi king : à dénigrer pour ses rapports avec la divination ou à encenser pour les mêmes motifs.
Yin-et-yang : les Laurel et Hardy de la philosophie chinoise : inséparables, sans qu’on sache qui est qui. — Forment un joli logo sur divers objets à la mode.
Yoga : gymnastique pour apathiques en collants. — A outrance, peut provoquer le cancer chez un Occidental.
Yourte : tante bulgare.

Z –

Zébu : bœuf croisé avec un chameau dont il a hérité la sobriété, d’où l’expression : « Quand zébu zé plus soif ! »
Zen
 :

synonyme japonais de « cool ». — Tout ce que les Japonais font de bien vient du zen. — Mot anti-stress.
Zénana : gynécée de Léo Ferré.
Ziggourat : vieilles ruines d’Iraq en mauvais état zigouillées par de zélés soldats.
Zoroastre : « zé le méjant Zarathoustra de Fridriche Nichte que le zergeant grazia. »
Zouave : fantassin en chéchia et culotte devenu masseur au pont de l’Alma.


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Un peu de sérieux

Si tout ce qui est relatif à « aryen » sent le souffre, c’est bien sûr en raison de la propagande nazie et des crimes contre l’humanité commis au nom d’un prétendu « peuple aryen ».
Mais avant d’en arriver à ce point d’ignominie qui provoque une unanime réprobation, le « mythe aryen » eut valeur de fait scientifique durant tout le XIXe siècle ! En effet, au début du siècle, d’aussi éminents philosophes que Herder et les frères Schlegel — le premier en affirmant que le peuple allemand était le peuple européen originel et que son ancêtre était d’origine asiatique ; les seconds en mettant en évidence la parenté linguistique entre le sanscrit et l’allemand pour en déduire une parenté de race — jetèrent les bases d’une passion dévorante pour une Inde à la pureté et à la perfection fantasmées.
Langue ‘parfaite’ selon les critères de l’époque, le sanscrit était la langue des Aryens, ce peuple ‘blanc’ de l’Inde (arrivé après les Dravidiens) auquel sa civilisation devait ses plus hautes réalisations. Toute l’Europe, et en France Renan plus que d’autres, souscrivait à l’idée que seule l’Allemagne avait gardé un contact suffisamment fort avec l’Inde aryenne pour régénérer la culture, les institutions et le sang européens.
Au fur et à mesure de la découverte de l’Inde réelle, la référence à l’Inde s’estompa dans le mythe aryen au profit d’une focalisation quasi-exclusive sur les ‘Indo-Germains’ ou Aryens et de la mission régénératrice de l’Allemagne à laquelle le génial Wagner apporta sa contribution. L’antisémitisme encore latent dans l’entourage du musicien éclate au grand jour chez son gendre H.S. Chamberlain dans la façon qu’il a de mettre en relief un christianisme aryen où Jésus serait un dispensateur de la sagesse des Vedas indiens.
L’ultime étape historique de ce mythe aryen intervient avec Alfred Rosenberg, idéologue officiel du régime nazi, qui publie en 1930 le Mythe du XXe siècle.. Il y opère un renversement de perspective en affirmant qu’il y a longtemps que l’Inde aryenne s’est abâtardie : de fil en aiguille, la Perse puis la Grèce et enfin l’Allemagne moderne — qui n’attend plus qu’un chef — apparaissent comme les héritières successives de cette force originelle du peuple aryen.

La confiance que le bouddhisme inspire de nos jours est en grande partie due à la personnalité charismatique du Dalaï Lama et au contexte religieux mondial où l’islam apparaît souvent comme une menace pour la paix alors que le bouddhisme a l’air paisible. A cela il faut ajouter la sympathie des milieux artistiques pour le bouddhisme, sympathie dont le cinéma fut le plus efficace vecteur, notamment avec des films comme Little Buddha, Sept Ans au Tibet ou Kundun. Mais il n’en a pas toujours été ainsi…
C’est au XIXe siècle que l’on commença à connaître la religion du Bouddha (qu’on appelait auparavant Fo en Europe). L’enthousiasme des Romantiques pour une Inde idéale n’était qu’une tentative pour approcher Dieu et atteindre l’Être. Or, il y eut un malentendu concernant le bouddhisme dont on ne distingua pas, en Europe, la radicale différence avec le brahmanisme. En effet, si ce dernier est une pensée de l’Être, avec une trinité suprême tout comme le christianisme, le bouddhisme est apparu peu à peu, de Hegel à Cousin, comme un « culte du néant » dont le but serait l’anéantissement du principe pensant. Le désarroi tourna vite à l’horreur et le bouddhisme devint une des figures principales de la peur d’une décadence occidentale durant la seconde moitié du XIXe siècle.
Puis on n’en parla plus durant la Belle Epoque ni pendant les Années Folles. Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’effondrement des valeurs morales en Europe permit de considérer le bouddhisme autrement : l’idée selon laquelle le monde n’est qu’une illusion dont il faut se déprendre pour obtenir son salut prit le pas sur l’aversion initiale envers le « néant ». La déchristianisation des sociétés européennes, les persécutions dont les bouddhistes furent les victimes dans les pays où le communisme s’étendait (au Tibet par exemple), ainsi que la découverte d’autres formes du bouddhisme (le zen notamment) contribuèrent à en donner une image plus positive, sans que l’on prenne cependant conscience de son incompatibilité avec les schémas de pensée occidentaux relatifs à la personnalité, à la réalité, etc. Ainsi le bouddhisme a-t-il une bonne image mais la connaissance que les Occidentaux en ont reste superficielle…

Dans la représentation que les Européens se font de l’Orient sur le plan politique, la figure prédominante est celle du despote qui soumet son peuple à ses caprices et pour qui l’unique loi est celle de son bon plaisir. L’opposition déjà nette chez le tragédien Eschyle entre les Perses et les Grecs se poursuit chez les Romains avec l’exemple d’Héliogabale dont l’origine orientale (syrienne) est avancée comme cause de sa cruauté. Les invasions des Huns d’Attila (au Ve siècle), celles des Arabes et des Mongols de Gengis Khan (au Moyen-Âge) renforcèrent l’idée que l’arbitraire est roi en « Orient ».
Les analyses de L’Esprit des lois par Montesquieu donnent même ses lettres de noblesse à la représentation du « despotisme oriental ». Il présente ainsi « l’Asie, l’Orient, l’Islam » comme des gouvernements monstrueux « où le despotisme est, pour ainsi dire, naturalisé ». De Montesquieu à nos jours la perception du gouvernement en Orient maghrébin, au proche ou au moyen-Orient, voire en Chine reste celle du despotisme : la plus récente icône en est Saddam Hussein.

Les estampes japonaises ukiyo-e (« images du monde fluctuant ») ont été découvertes par les Européens au début du XIXe siècle, mais c’est surtout lors des expositions internationale de Londres (1862) et universelle de Paris (1867) qu’elles suscitèrent un enthousiasme à l’origine du mouvement artistique appelé « japonisme », lequel influença des artistes tels que Monet, Degas ou Van Gogh.
Ces estampes (gravées sur blocs de bois et imprimées sur feuilles de papier) représentent les sujets les plus divers : portraits de belles femmes, acteurs de Kabuki, lutteurs de Sumô, mais aussi paysages, scènes de vie, scènes de guerre, animaux ou encore fleurs. En revanche, l’opinion commune relative aux estampes japonaises semble avoir fait une fixation sur les estampes érotiques (shunga, « scènes de printemps »).
Cette primauté peut s’expliquer par plusieurs facteurs : l’absence de puritanisme dans la société japonaise fait que les représentations érotiques n’ont pas ce caractère obscène de la transgression ; d’autre part, la représentation de l’Orientale au XIXe siècle (voir Ingres par exemple) puis de la Japonaise (romans de Loti surtout) à l’époque de la découverte des estampes orienta l’intérêt des collectionneurs vers les scènes érotiques sous le fallacieux prétexte artistique ; enfin, la proximité phonétique entre « exotisme » et « érotisme » n’ayant échappé à personne, il peut sembler convaincant d’affirmer que voir l’ « autre » en son intimité soit une bonne façon de le connaître…

Le hara-kiri est la prononciation non officielle du seppuku ou suicide rituel japonais consistant, pour le candidat au suicide, après avoir composé un poème d’adieu, à s’entailler, devant une audience restreinte, le ventre de gauche à droite en remontant vers le foie — variante : pratiquer une double incision en forme de croix — puis à se pencher en avant pour que son assistant le décapite d’un coup de sabre.
En Europe la perception de cet acte est variable, quoiqu’il soit difficile de ne pas être fasciné. Se suicider, pour un chrétien, revient à avouer que l’on n’a plus confiance en Dieu d’une part et équivaut d’autre part à un péché d’orgueil puisque seul Dieu peut donner et reprendre la vie. Dans un tel contexte culturel, le seppuku apparaît non seulement comme un blasphème mais aussi comme un acte barbare dont les motifs restent souvent incompris.
Avec le succès en Europe des films de genre où apparaissent des samouraïs, le public envisage qu’il puisse ne pas s’agir que d’un acte de désespoir mais aussi d’un acte de fidélité ou de réprobation. Un des seppuku qui a le plus marqué les esprits occidentaux reste celui de l’écrivain Mishima Yukio en 1970.

Depuis que les Jésuites ont affirmé au public lettré européen du XVIIe siècle que la langue chinoise permettait de transcrire sans modification de forme toutes les langues, la fascination pour les idéogrammes chinois ne s’est pas démentie. De Francis Bacon et Wilhelm Leibniz à René Etiemble s’est transmis l’idée selon laquelle la langue chinoise serait un modèle de langue universelle apte à exprimer les concepts (les idées) pour que tout homme puisse s’en saisir : d’où le choix du nom « idéogramme ».
Le chinois serait aussi une langue sans grammaire dont le caractère primitif lui aurait permis de garder trace de ce qui est premier, originel. La fascination moderne pour le chinois et ses « idéogrammes » tient à cette quête occidentale de l’origine, quand le langage autorisait (croit-on) un contact plus étroit avec le monde.
Mais les signes chinois ne sont ni naturels ni universels, ils n’ont un sens qu’en fonction de l’histoire et des conventions chinoises ; tout le reste est fantasme occidental. L’espoir insensé qui anime nos poètes inspirés par les idéogrammes est de restaurer une continuité entre l’univers et les hommes par le langage.
Une fois de plus, le rôle joué par l’Asie dans notre imaginaire est de rapprocher l’homme occidental de l’Être, lequel se serait singulièrement éloigné à cause de l’idéalisme.

Les références au Kamasutra évoluent d’ordinaire entre la grivoiserie paillarde et l’ordonnance de sexologie branchée. Totalement sorti de son contexte et inséré dans une représentation érotique de l’Orient (et notamment de l’Inde dont l’image est toujours ambivalente et fonctionne par attrait-répulsion), le Kamasutra est réduit au statut de bande dessinée pornographique. Par une de ces hypocrisies dont le secret est depuis longtemps éventé, les rayonnages de bibliothèque ou de librairie sont moins révulsés par les images d’accouplements acrobatiques du Kamasutra que par les récits des Cent-vingt journées de Sodome ou autre Histoire de l’œil.
En fait, cet ouvrage de Vatsyayana ( VIIIe siècle), dont le titre signifie « Aphorismes sur le Désir », examine les conditions physiologiques, voire psychologiques de la production du plaisir érotique en tant que le kama, ou désir, est, selon les hindous, un des trois « Buts de l’homme » après le dharma (ordre socio-cosmique et observances en dérivant) et l’artha (richesse et pouvoir). L’approche très didactique de l’auteur est ainsi bien loin de toute plaisanterie de salle de garde.

Peu de régions du monde échappent à la violence politique ou économique, l’Asie pas plus que d’autres. Les derniers exemples de lutte non-violente sont à chercher du côté du Sud-Africain Nelson Mandela et avant lui de l’Américain Martin Luther King. Pourtant, le plus célèbre usage politique de la non-violence est le fait de l’Indien Gandhi dans sa lutte contre l’Empire britannique.
Son combat, lancé dans les années 1920 et qui s’est poursuivi jusqu’en 1947 avec l’obtention de l’Indépendance, repose sur la notion d’Ahimsa, que l’on traduit souvent par « non-violence » mais que l’écrivain français Romain Rolland préfère traduire par « non-acceptation » voire « non-résistance passive ».
Cette notion, Gandhi l’a notamment empruntée à Tolstoï par l’intermédiaire de Romain Rolland. Tolstoï avait affirmé que l’Asie montrait le chemin de la liberté aux peuples du monde grâce au Tao. Chine, Russie et Inde se trouvent ainsi étonnamment associées autour de ce concept politique.

Le mythe du Péril jaune s’est constitué à la fin du XIXe siècle dans le prolongement d’un autre mythe, celui des barbares. L’un et l’autre témoignent d’une peur de la décadence qui menacerait l’Occident. Mais si le mythe du Péril jaune laisse entendre que les Asiatiques pourraient envahir le monde et le diriger, c’est que les Européens ont gardé dans leur imaginaire collectif le souvenir plus ou moins confus d’Attila, surnommé « le fléau de Dieu », au Ve siècle, puis celui de Gengis Khan qui, au XIIIe siècle, aurait pu faire tomber l’Europe mais s’est arrêté à Vienne…
La menace asiatique marque les esprits entre 1890 et 1914 notamment du fait des succès militaires du Japon sur la Chine et la Russie. On imagine alors que la maîtrise militaire nipponne s’associera à l’énorme masse chinoise pour envahir et défaire l’Europe. Dès cette époque les sociétés asiatiques sont décrites comme des fourmilières grouillantes, déshumanisées par la technique mais terriblement efficaces dont la masse fascine et terrorise une Europe en proie aux affres démographiques.
Durant l’entre-deux guerres, à la menace militaire toujours incarnée par le Japon vient s’ajouter la menace économique. Bon an mal an ce sont, à partir des années 1930, la Chine ou le Japon qui figurent ces hydres toujours renaissantes du péril jaune : le Japon capitule en 1945, mais la Chine de Mao prend son essor quelques années plus tard et lorsque, au milieu des années 1970, la mort de Mao semblerait appaiser ces peurs, le « miracle économique japonais », bientôt imité par les « Dragons » d’Asie du sud-est, vient à nouveau hanter les nuits des Occidentaux..
En somme, le Péril jaune traduit le désarroi de l’Europe face à la montée en puissance des masses dans la civilisation moderne, son défaut de maîtrise de l’Histoire et la peur de la technique — tous éléments qui sont des preuves d’une angoisse profonde.

Le Qi (japonais Ki) est une notion très large relative à l’énergie, à l’esprit, à l’intellect et au sentiment et qui concerne la volonté, la santé, l’état nerveux, etc., d’une personne. La meilleure approximation occidentale du concept de Qi est l’ « âme » : il correspond à la portion d’énergie d’ordre cosmique accordée à chaque existence et qui se manifeste dans la vie.
Mais Chinois et Japonais ne pensent pas que le Qi émane d’un dieu, comme l’âme est supposée émaner d’un Dieu transcendant. Si bien que cette force, cette énergie n’est pas seulement dans la personne mais réside dans l’univers qui l’entoure et avec lequel il s’agit de se mettre en relation pour accroître le Qi individuel. Le Qi est à la base des arts martiaux car il exprime la condensation et la libération de l’énergie d’un individu.

La réincarnation fait partie de ces fantasmes plus ou moins avoués qui ont poussé un jour les Occidentaux à s’intéresser à des pensées et religions asiatiques. Au XIXe siècle on disait plutôt « métempsycose » ou « palingénésie » pour désigner la chose, c’est-à-dire le phénomène supposé d’incarnation d’une « âme » dans un nouveau corps.
Les religions monothéistes dont nous sommes familiers n’envisagent qu’une vie. La légitime frustration face à la mort augmentant avec la déchristianisation de la société européenne, l’appel d’air provoqué par des doctrines que l’on découvrait au sein d’un système de pensée abouti augmenta. Certes, Pythagore et ses disciples croyaient déjà à la métempsycose, mais leur doctrine nous est très mal connue, alors que les textes de l’hindouïsme et du bouddhisme sont nombreux et explicites.
En revanche, si la réincarnation est ressentie en Asie comme une malédiction qui enchaîne l’âme au bas monde et retarde sa libération, les Occidentaux la considèrent davantage comme un espoir de vie après la mort, d’une vie autre que celle proposée en paradis. A tout prendre, il semblerait que les Occidentaux soient plus enclins à croire à un phénomène tel que celui de la réincarnation qu’à l’ancestrale promesse d’une éternelle béatitude céleste.
Là encore, ceux qui pensent que cette transmigration de l’âme conserve l’individualité voient la réincarnation comme un moyen de repousser les limites de leur vie actuelle. Or, ce n’est pas ce que les textes asiatiques disent, ne serait-ce que pour ce qui concerne la notion d’individualité qui n’est pas censée se conserver d’une incarnation à l’autre. L’incompréhension est grande à cause de systèmes de pensée très différents.

Alors qu’il n’est pas un seul pays où la torture n’ait été pratiquée à une époque ou à une autre, l’on a singulièrement associé la notion de supplice à la Chine. A cela plusieurs raisons dont la principale est sans doute un rapport à la souffrance qui n’est pas le même en Chine et en Occident. Alors que la souffrance est un mal pour les bouddhistes et pour les chrétiens, les Chinois ont tendance à considérer la souffrance non comme un mal mais comme le négatif d’autre chose. Si bien qu’elle peut avoir son utilité. Mais cela n’explique pas la représentation que les Occidentaux se font des supplices chinois, tout au plus cela permet-il de comprendre la source de ‘notre’ étonnement.
La réputation de cruauté, voire de sadisme des Orientaux dans leur ensemble est associée au raffinement artistique attesté par la mode des chinoiseries bien ancrée en Europe depuis le XIXe siècle. Ajoutez à cela quelques récits de martyres chrétiens en Chine, l’utilisation romanesque de supplices spectaculaires tels que celui des ‘Cent morceaux’ ou de ‘La cloche’ (chez Octave Mirbeau par exemple), la collusion avec le mythe du Péril jaune, et voilà nos amis chinois devenus en un tournemain les spécialistes du supplice…

La question du « vide » est à peu près aussi révélatrice des différences de pensée entre Européens et Asiatiques que celle de la fameuse bouteille à moitié… on connaît la suite.
En effet, tout (ou presque) dans la tradition occidentale met en valeur la plénitude qui s’appuie, comme de raison, sur le « plein ». Le Plein, c’est l’Être, donc le Vide est le Néant (le Non-Être). Puisque le Plein et l’Être sont du côté de Dieu, le Vide est diabolique : c’est bien ainsi que les Européens se réprésentèrent le bouddhisme au XIXe siècle : une doctrine satanique.
La hantise du manque, de l’absence, du vide est telle en Occident que les cartésiens l’ont héritée de la religion puisque Descartes est allé jusqu’à affirmer : « la Nature a horreur du vide ».
Mais le bouddhisme et le taoïsme, surtout, ont une tout autre approche des notions de vide et de plein. Etant donné que le vide et le plein n’y sont pas vus à travers les catégories de Bien et de Mal, ils deviennent dans le taoïsme des éléments relatifs l’un à l’autre qui sous-tendent l’organisation mouvante de l’univers. Mieux : le vide est inépuisable et est la source d’où tous les êtres proviennent ! Ce vide-là n’a rien à voir avec le Néant dont l’écho sépulcral nous rebat les oreilles, mais allez faire admettre cela à un théologien et à ses comparses philosophes ou scientifiques…

« Zen » est, avec « surréaliste », un des qualificatifs les plus mal employés. Aucun rapport entre eux si ce n’est que l’un et l’autre entendent défier la logique cartésienne. L’emploi habituel de « zen » évoque la capacité à garder son calme en toutes situations mais ne fait aucunement référence à son origine religieuse.
En effet le Zen est une pratique bouddhiste que les Japonais ont importée de Chine aux XIIe-XIIIe siècles et dont les enseignements se transmettent de maître à disciple, entre autres sous la forme de paradoxes (les kôan) dont voici un exemple : « Quel était votre visage avant la naissance de vos parents ? ».
Le but de la ‘méditation’ zen est de faire le vide dans l’esprit afin d’atteindre une sorte de vacuité illuminatrice. (Mais le seul vide dont il soit question dans l’emploi courant est un vide culturel et sémantique !) Etant donné que le Zen favorisa l’essor au Japon d’un art et d’une littérature particuliers, il est fréquent que des Occidentaux s’en soient fait une idée par ces biais (cérémonie du thé, poème bref, peinture, etc.).
En Europe et en Amérique du Nord, c’est à D.T. Suzuki que le Zen doit d’être connu, même s’il a souvent été mal interprété du fait de catégories de pensée très différentes et d’essais de ‘récupération’.

Orientation bibliographique




Ceux qui désideraient aller plus loin que les idées reçues pourront trouver dans les œuvres représentatives ci-dessous tantôt l’expression forte et talentueuse de certains clichés, tantôt une remise en question et un dépassement de ceux-ci. Les quelques études sur l’Orient et l’Asie, qui constituent la seconde liste, ont pour but d’aider à mieux comprendre le mécanisme de constitution de ces clichés d’une part, et d’autre part de connaître la réalité de certains des grands thèmes abordés dans le « Dictionnaire ».

Œuvres représentatives :

DAUMAL René, Le Mont Analogue, Gallimard
DURAS Marguerite, Le Vice-consul, Gallimard
FARRERE Claude, Les Civilisés, Omnibus
FLAUBERT Gustave, Salammbô, Gallimard
FORSTER Edward Morgan, Route des Indes, Bourgois
HESSE Hermann, Siddhartha, Livre de Poche
HUGO Victor, Les Orientales, Gallimard
KIPLING Rudyard, Le livre de la jungle, Robert Laffont
LANZA DEL VASTO, Le Pèlerinage aux sources, Denoël
LOTI Pierre, Madame Chrysanthème, Flammarion
MICHAUX Henri, Un Barbare en Asie, Gallimard
MIRBEAU Octave, Le Jardin des supplices, Gallimard
ROHMER Sax, Le Mystérieux docteur Fu Manchu, Zulma
ROLLAND Romain, Gandhi et Romain Rolland, Albin Michel
ROLLAND Romain, Inde, Journal 1915-1943, Albin Michel

Etudes sur l’Orient et l’Asie :

BUISINE Alain, L’Orient voilé, Zulma
CHENG François, L’Ecriture poétique chinoise, Seuil
DROIT Roger-Pol, Le Culte du néant — Les philosophes et le Bouddha, Seuil
ELIADE, Le Yoga — Immortalité et liberté, Payot
ETIEMBLE, Connaissons-nous la Chine ?, Gallimard
GRANET Marcel, La Pensée chinoise, Albin Michel
HULIN Michel & MAILLARD Christine, L’Inde inspiratrice, Presses Universitaires de Strasbourg
JULLIEN François, Penser d’un dehors (la Chine), Seuil
JUNG Carl Gustav, Psychologie et orientalisme, Albin Michel
LEYS Simon, Essais sur la Chine, Robert Laffont
MOURA Jean-Marc, La littérature des lointains — Histoire de l’exotisme européen au XXe siècle, Champion
PIMPANEAU Jacques, Chine, culture et traditions, Picquier
POLIAKOV Léon, Le Mythe aryen, Calmann Lévy
POULET Régis, L’Orient : généalogie d’une illusion, Presses Universitaires du Septentrion
SCHWAB Raymond, La Renaissance orientale, Payot
SEGALEN Victor, Essai sur l’exotisme, Fata Morgana
SUZUKI Daisetz Teitaro, Essais sur le Bouddhisme Zen, Albin Michel
WHITE Kenneth, La Figure du Dehors, Grasset

P.-S.

Ce Dictionnaire des idées reçues sur l’Asie et l’Orient a fait l’objet d’une édition papier chez le Zaporogue.

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