L’intelligence sensible de Philippe Castellin réside dans la direction et la force qu’il donne à la flèche pointée vers la cible. Son arc, c’est à la fois la vidéo et le texte. Nous sommes la flèche bandée dans un présent continu, vers un ennemi qui vient, puissant et bête, comme la mécanique d’une « Ferrari ».
L’espace de l’image nous tient en éveil, alerté. La voiture brûle, immobile dans une crémation sans cesse renouvelée. C’est le feu qu’il ne faut pas laisser s’éteindre. Le feu qui éclaire la nuit et le sommeil des êtres humains, celui qui nous permet de repousser l’obscurité.
Le temps de la voix est le temps du veilleur. Nous ne savons pas quand cette Ferrari passera, ni même si nous la verrons, mais l’oeil ouvert, nous visons. L’attention aiguisée, même si elle ne passe jamais.
Touchant des mots et des images, l’espace et le temps de nos vies. Le poète nous livre un présent, un merveilleux cadeau, celui de l’intranquilité.
Réchauffons-nous au feu de l’image, écoutons crépiter les sons du feu de ce poème, et sans crainte, brûlons les « Ferrari ».