LA SURPRISE DU PRÉSIDENT
Le président Abou Mazen a annoncé qu’il allait révéler une surprise politique diplomatique originale lors d’une réunion avec le ministre des affaires étrangères John Kerry à la fin de cette semaine. J’ai demandé à quelques responsables de me donner des nouvelles à propos de cette surprise, la majorité d’entre eux déclare qu’elle n’en connait rien, tandis que les autres en prévoient le contexte.
Plusieurs pensent que le Président va donner sa démission, et qu’en même temps il va céder l’Autorité Palestinienne au gouvernement israélien, en se basant sur des menaces qu’il avait déjà déjà articulées ainsi que certains chefs de l’Autorité et de l’organisation palestiniennes. Néanmoins, cette possibilité est exclue puisque ces menaces furent seulement prononcées et tout autant non appliquées sur le terrain. Comme il n’a pas exécuté cette possibilité pendant la guerre il ne l’exécutera guère davantage à la fin de la guerre. Ici on ne demande pas de dissoudre l’Autorité mais de réfléchir à sa forme, ses rôles, ses responsabilités et sa relation avec l’organisation palestinienne, de façon qu’elle soit un outil pour réaliser le programme patriotique, surtout après être devenue un agent de sécurité au profit de l’occupation au lieu d’être un outil pour construire un État palestinien.
D’autres, en se basant sur la signature de plusieurs partis palestiniens et les membres du comité exécutif du Fatah dans une lettre qui réclame au Président d’adhérer à la Cour Pénale Internationale, surtout après que le Hamas ait signé cette lettre, prévoient que le Président aille signer les conventions internationales et adhère aux agences internationales auxquelles l’État palestinien n’avait pas encore adhéré. D’où que le Président n’ait aucun prétexte pour refuser de signer cette lettre ; cependant, cette possibilité a été aussi exclue parce qu’Abou Mazen a annoncé que ce sujet pris en considération serait discuté avec les pays arabes : mais la vraie raison qui justifie son hésitation s’explique par les menaces Américaines et Européennes incessantes pendant la guerre, pour l’empêcher d’adhérer à la Cour Pénale Internationale.
Certains ont prévu que le Président stoppe l’exécution des engagements qui suivirent les Accords d’Oslo, notamment la coopération de la sécurité que les partis politiques et le peuple n’acceptent pas. Ce désir d’arrêter la coopération de la sécurité s’est exprimé après que l’État Palestinien ait remporté l’adhésion comme membre observateur de l’ONU, et suite aux violations israéliennes des Accords d’Oslo et aux tentatives israéliennes de faire échouer les négociations et les initiatives pour arriver à un vrai compromis.
Dans le même contexte, le Président va peut être redemander une protection internationale en s’abritant derrière les États Unis pour qu’ils empêchent l’occupation israélienne. Finalement, cette possibilité n’est pas davantage acceptée, tout simplement parce qu’elle irait pousser à une confrontation à laquelle l’Autorité de Abbas n’est pas prête.
Peut être la surprise est-elle d’inviter l’administration américaine seule, où avec les autres membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, dans l’intention de reprendre les négociations ayant pour seuls buts de finir l’occupation et de construire l’État palestinien sur les frontières de 67, avec l’échange des terrains. Et si l’administration n’accepte pas comme Abbas l’a prédit, alors il s’adresserait autrement aux États Unis pour qu’ils mettent fin à cette occupation et facilitent la construction de l’État palestinien déjà reconnu internationalement. Si cela représentait la vraie surprise, elle ne serait pas surprenante, parce qu’elle reflèterait une parité de l’administration américaine, celle qui continue depuis dix ans et a engendré cette catastrophe que nous vivons. Le danger que provoquerait cette surprise dépend d’un engagement américain dont l’application ou la continuation n’est pas garantie, surtout en l’absence d’un engagement israélien mutuel concernant la fin de l’occupation, ce qui entraînerait la continuation inutile des négociations : si l’administration américaine acceptait, en même temps qu’il y a les élections de mi–mandat du Congrès américain, et les élections israélienne anticipées, cela rendrait mort-née l’opération de la paix.
Le fait de se mettre d’accord sur le principe d’échange de terrains qui interdise l’occupation des terrains palestiniens par la force, et unifie ceux de Cisjordanie et de Gaza, peut affaiblir le rapport de force de l’union palestinienne en obligeant le négociant palestinien à reprendre des négociations dans lesquelles Israël peut éviter de ne pas être jugé pour ses crimes (qui portent la cause palestinienne au sommet en augmentant la solidarité avec la Palestine partout, jusqu’au boycott palestinien, arabe et international, de tout produit israélien, en vue de punir Israël pour ses crimes).
Si l’administration américaine n’accepte pas l’initiative Palestinienne cela voudra dire s’être adressé aux États Unis, pour signifier ensuite davantage de temps perdu, en mettant la cause palestinienne sous la pitié des États Unis qui la contrôlent déjà par le véto, avec la complicité européenne de l’occupation israélienne. Cette dernière possibilité ferait perdre la chance des Palestiniens d’obtenir un jugement de l’occupation pour ses crimes.
La question posée : comment peut-on transformer cette agression et les défis qu’affronte la cause palestinienne en une chance, pour finir l’occupation israélienne radicalement, au lieu de perdre du temps en demandant la levée de blocus et la reconstruction de Gaza, qui sont déjà menacés d’une autre agression israélienne prévue à l’avenir ?
Il est tout à fait inutile de perdre la chance que l’agression israélienne et la résistance palestinienne ont offert : il faut arrêter tout de suite le fait d’entrer dans une opération politique fictive, qui interdit la sanction d’Israël et qui élimine les éléments de la force des Palestiniens comme " la résistance, le boycott, l’unité palestinienne, et la solidarité mondiale ". Il vaudrait mieux continuer la pression et le blocus sur Israël jusqu’à en arriver à un point où Israël ne puisse plus continuer son occupation en gardant sa sécurité et les bénéfices économiques, avec sa place comme pays hors de la loi gâté par les États Unis.
Tout cela a besoin d’une opération visant à changer le rapport de force qui est toujours au profit d’Israël, en se basant sur une véritable union politique palestinienne, guidée par un seul leadership avec un partage total en matière d’organisation et d’autorité — et dans l’intention de réaliser tout cela, on a besoin de créer de nouvelles stratégies qui regroupent la résistance sous toutes ses formes, le boycott, et l’adhésion à toutes les agences internationales, notamment à la Cour Pénale Internationale qui se base sur une seule référence du mouvement politique, diplomatique et juridique, — afin d’engendrer une grande crise dont l’effet menacerait sévèrement tout le monde. Ce qui finalement imposerait une opération politique plus sérieuse dans le cadre d’une conférence internationale continue, dont le seul but serait de mettre fin à l’occupation, et non pas d’entrer dans des négociations en vue de donner plus de chances à Israël d’appliquer ses plans coloniaux, racistes, et celui d’étendre l’occupation — ces négociations n’offriraient pas aux Palestiniens le moindre de leurs droits parmi lesquels la construction d’un État sur les frontières de 67.
Traduit de l’arabe au français par Huda Abdelrahman al-Sadi
(remerciements spéciaux de La RdR)
Source : © Hani al-Masri, مفاجــأة الرئيـــس, Masarat Palestine, le 26 août 2014.