Répertoire
Je ne sais pas pourquoi ton corps irréel est venu si
près de moi.
Avec un répertoire inconnu dont j’ai oublié le mot de
passe.
Je veux que le diable dorme. Il reste redoutable et
invisible ici.
Je fais tout pour l’éviter, pour ne pas le regarder.
Je ne veux pas de ton arrivée, non maintenant c’est
trop tard pour récupérer ton comportement...
C’est (…)
Love you à mort
amor
amor
et sans remords alors alors
pour tous ces désolants décors
quand tu me jètes un sort
moi je te porte au large du
périphérique et des carrefours
de tes dessous sous-entendus
toi tu te loves à mi parcours
sous la lave et sous le volcan
je ne suis plus ni où ni quand
de la chaleur esclave nu
sous les draps je suis l’inconnue
de (…)
CHANT DE LA SURFACE
Je chante mon chant
Palinodie des rives épuisées
Dans l’exil
Des miens
Je fuyais les grands arbres
Et les vents méchants
Le ciel noir
Percé de nuages
De l’hiver
Et l’injustice recouverte
Du vert manteau de la Loi
Oh oui l’injustice recouverte
Du blanc pelage de la farce vierge
Et l’amer souvenir
De l’amant découvert
Et de (…)
Pourquoi Villon aujourd’hui ?
Parce qu’en ces deux temps une semblable intolérance rigide de l’organisation, de la production et du partage limité des moyens de subsistance, en dépit de l’entropie de l’industrialisation et du conditionnement, cadrés par la normalisation de la société globale et ses diffusion et distribution régionales, plongent aujourd’hui dans la même incertitude qu’au (…)
Elle et ses talons
Eux qui creusent
Elle qui vérifie
si son maquillage
tient le coup
Eux qui retirent la terre
qui bientôt recouvrira
le mort
Elle
toute petite
au milieu du cimetière
Eux comme de gros
gaillards musclés
qui font des cercles
avec leurs pioches
leurs pelles
et leurs regards
Elle qui sent bon
du parfum capiteux
du rimmel cher
tout ça qui (…)
Izet Sarajlic est mort en 2002. Né le 16 mars 1930 à Doboj, après des études de lettres à la Faculté de Sarajevo, il a travaillé presque toute sa vie dans la maison d’édition sarajévienne "Veselin Maslesa". Ses poèmes ont été traduits en de nombreuses langues. Sarajlic (dont le nom peut se traduire par "Sarajévien") est demeuré dans sa ville tout au long de l’interminable siège, qui a duré (…)
L’autre côté des portes
Chaque fois
il se retrouve dehors
devant leurs portes closes
avec la nuit
et les chiens qui aboient
autour les voitures
font des cercles
dans la ville
Chaque fois
la lumière est allumée
à l’intérieur
et elles pleurent
il les entend
il sent le chaud
et le rimmel fondu
de l’autre côté
Chaque fois
il se demande
ce qu’il a fait de (…)
Arménie
Pays-décor
désert ou presque
où surgit la pierre gravée
dans le signe qui panse
les plaies.
Après l’ouvrage écrit
taillé de texte clos
je m’assieds sur le banc
et je te regarde.
Arménie.
Pays de pierre diffuse
où se détend le ciel
et la terre en volutes,
où mille et un soupirs
soufflés de tons terreux
se mélangent
en vibrants corps à (…)
Ces notes de Jules Laforgue ont été extraites d’un agenda ayant appartenu à l’auteur et couvert, par endroits, de notes manuscrites. Elles datent de son séjour en Allemagne, en 1883, où il occupait les fonctions de lecteur après de l’impératrice Augusta. L’auteur des Complaintes et de L’Imitation de Notre-Dame la Lune a alors 23 ans ; il décèdera quatre ans plus tard. Signalons que les notes (…)
Il y aurait le monde des êtres vivants, et l’autre là-bas, sourd dans une poussière d’étoiles. L’un et l’autre seraient séparés par le temps et l’espace, par la nuit. Il n’y aurait entre ces deux mondes que la parole, la pensée, et l’espoir. Où serait le paradis, ici ou là-bas ? Dans nos corps conscients ou dans la longueur infinie de ce tapis phosphorescent ? Et surtout, qui regarderait qui ? (…)