Lorsqu’en 1961, René Girard publia son premier ouvrage au titre si bien trouvé, Mensonge romantique et Vérité romanesque, dans lequel il analysait les œuvres de Cervantès, Stendhal, Flaubert, Proust et Dostoïevski, c’était pour mettre en évidence un désir triangulaire qui deviendrait quelques années après une théorie dite du « désir mimétique » et qui dépasserait largement le cadre de la littérature en devenant anthropologique (La Violence et le Sacré, 1972). L’extension de la théorie n’est toutefois pas pleinement convaincante concernant la violence générée par ce désir et aboutissant au sacrifice religieux selon le concept du bouc émissaire. D’une part, parce que la violence sacrificielle, quand elle se déchaîne, est le plus souvent créée par la peur panique [1], d’autre part, parce que le désir amoureux ne peut se résumer à la rivalité entre deux sujets pour un objet.
Girard ne s’appuyait que sur la littérature classique pour développer son analyse, mais il est un roman moderne qui, à la fois, confirme son intuition tout en l’atténuant : le désir mimétique n’est pas le désir amoureux, il n’est même qu’un petit désir pathologique. Publié difficilement en 1947, le roman de Malcolm Lowry, Under the Volcano, est un récit complexe, abrupt et poétique qui a connu deux traductions en français : Au-dessous du volcan sous l’égide de Maurice Nadeau et Sous le volcan par Jacques Darras, traduction sur laquelle nous nous appuyons.
Comédie mimétique
Sous le Volcan a la particularité de commencer un an précisément après les événements romanesques qui font le cœur de l’intrigue – c’est donc un long flash-back, qui commence au chapitre II et se termine au chapitre XII, se déroulant en une seule journée : jour des morts 1939 au chapitre I, jour des morts 1938 pour la suite... Une fois la lecture terminée, la construction du roman invite à relire le chapitre I dans lequel un nombre important d’indices éclaire la tragédie passée et donc à venir dans le cadre de la lecture linéaire. Les personnages présents – le docteur mexicain Vigil et le cinéaste français Jacques Laruelle –, le véritable ami et le rival de toujours du héros, évoquent un passé qui ne les concernait pas directement, et même un passé qui les dépassait. Trouvant par hasard une longue et poignante lettre d’amour du Consul jamais envoyée à Yvonne, le rival jaloux la détruit par le feu.
Quelle est l’intrigue à suivre ? Yvonne, actrice de cinéma sur le retour – déclassée ! –, revient le jour des morts 1938 – triste présage – à Quauhnahuac, nom en nahuatl de Cuernavaca au Mexique (moins de 100 kms au sud de Mexico), deux ans après avoir quitté cette localité où vit encore son ex-mari alcoolique, Geoffrey Firmin dit le Consul puisqu’il semble être un consul britannique quelque peu perdu – déclassé ! – sans plus aucune charge officielle. Ils ont divorcé mais elle l’aime toujours et revient pour le sauver, l’emmener dans un pays moins infernal – le Canada – où elle espère secrètement que la sobriété s’imposera d’elle-même à l’homme victime d’addiction. Malgré cela, ce retour va s’avérer tragique pour les deux protagonistes puisqu’à la fin de cette journée, ils vont mourir violemment : Yvonne à la suite d’un accident malencontreusement causé par la main innocente et coupable à la fois du Consul – il libère un cheval qui va s’enfuir et s’emballer –, ce dernier, victime d’un meurtre crapuleux peu après sans même savoir qu’il a provoqué la mort de son grand amour. Résumée ainsi, l’intrigue n’offre aucune prise à la grille de lecture girardienne. Mais il y a deux autres personnages : le demi-frère du Consul, Hugh, et, dans une moindre mesure dans le récit, son rival direct en la personne, donc, de Jacques Laruelle.
Le roman est ainsi l’histoire de ces retrouvailles manquées et c’est pourquoi il recèle bien des éléments narratifs antérieurs comme, par exemple, la brève liaison d’Yvonne avec Jacques Laruelle quand elle ne pouvait plus supporter l’alcoolisme de son mari. Elles sont manquées parce qu’Yvonne veut sauver le Consul contre sa volonté : « “D’accord, Geoffrey : je veux bien qu’on attende que tu ailles mieux : dans un jour ou deux, quand tu seras dans ton état normal.” “Bon sang, alors !” Assis sans broncher dans son fauteuil, regard perdu au plafond, le Consul laissa l’énormité de l’insulte pénétrer au fond de son âme. Comme si, oui, comme s’il n’était pas dans son état normal en ce moment ! » (chapitre III). Elles sont manquées surtout parce qu’Yvonne et le Consul ne sont pas seuls, le triangle amoureux se formant inévitablement sous les yeux de ce dernier.
Dans ce roman, en effet, le hasard fait mal les choses : Yvonne revient au moment où le Consul héberge son demi-frère Hugh. Or le jeune journaliste, artiste, révolutionnaire, etc., qui rêve éveillé à ses réussites et à ses exploits (chapitre VI), n’hésitera pas à flirter toute la journée avec sa belle-sœur, sous les yeux d’un Consul de plus en plus imbibé d’alcool mais absolument pas dupe de son petit jeu. À peine de retour dans la propriété de son demi-frère, et découvrant avec surprise la présence d’Yvonne, il lui proposera une longue promenade romantique à cheval (chapitre IV). Hugh est le parfait séducteur macho : il cherche à impressionner la femme convoitée par son courage (course de « taureau » au chapitre IX) et par son allure, sans crainte du ridicule – il porte un costume de cow-boy avec un « gigantesque stetson » ; « (comme il était fier de son équipement, tout au fond de lui !) » (chapitre IV). Il veut d’ailleurs tellement se distinguer de tous – seul personnage non encore déclassé mais en voie de l’être toutefois – qu’il fait sans cesse référence aux grands événements politiques qui annoncent le conflit mondial, comme s’il participait directement à cette grande histoire. Et l’objet de son désir, certes bien réel – « Ses seins pointaient sous le chemisier brodé d’oiseaux, de fleurs et de pyramides, qu’elle avait acheté ou apporté pour plaire à Geoff, et Hugh, sentant une nouvelle fois ce pincement au cœur, détourna les yeux » (chapitre IV) –, est inévitablement rehaussé par le fait qu’elle est le grand amour de son modèle – le grand frère – et rival à la fois : « Pour qu’un vaniteux désire un objet il suffit de le convaincre que cet objet est déjà désiré par un tiers auquel s’attache un certain prestige » [2].
Projetant de faire une longue promenade pour Tomalín l’après-midi, le trio rencontre malencontreusement l’amant d’infortune d’Yvonne et le rival de toujours du Consul : Jacques Laruelle. Celui-ci n’a que faire des deux frères en les regardant à peine et en saisissant immédiatement le bras de la belle. Il les invite aussitôt à venir chez lui boire des rafraîchissements. Laruelle, c’est le « vieux beau » qui compte bien plus sur ses bonnes manières et son élégance que sur son charme naturel pour séduire, c’est celui qui traite son rival avec une immanquable condescendance en l’appelant systématiquement « Vieille Noix ». C’est celui surtout qui lui fait la leçon, non sans esprit envieux, alors même qu’il fut l’amant de sa femme : « Et si on parlait des dégâts que tu as faits dans sa vie à elle… Après tout ton cinéma… Si tu la récupères ! – Si tu as cette chance – » ; le Consul lui ayant asséné précédemment : « C’est Hugh qui te fait peur ? » poursuivit, moqueur, le Consul – découvrant à l’instant dans le regard de l’autre l’image réfléchie de son propre désespoir dans les mois ayant suivi le départ d’Yvonne. « Jaloux de lui, peut-être, non ? » (chapitre VII).
Mais Laruelle s’effacera rapidement étant donné qu’Yvonne ne tient pas à rester avec quelqu’un qui l’avait conduite à la faute alors qu’elle n’avait aucun amour pour lui. Le trio se reforme donc, pour le pire au fur et à mesure de l’escapade. La crise éclate au chapitre X alors qu’ils se mettent à table dans un restaurant tenu par un certain Cervantès… C’est la grande scène alcoolisée du Consul – « mescalisée » devrait-on dire… Lors de cette scène, les mots du Consul sont très clairs, procédant de la lucidité de l’alcoolique : « Je me suis laissé tenter par votre paradis bien sage pour non-alcooliques. Du moins je suppose que c’était le sens de vos efforts quotidiens. Seulement voyez-vous, aujourd’hui, avec ce qu’il me reste de lucidité, juste ce qu’il faut pour donner le change, je joue mon petit mélodrame… »
Selon lui, le grand défaut des hommes, et principalement de ses rivaux, c’est de s’occuper de tout ce qui ne les regarde pas : « Est-ce qu’on pourrait pas enfin foutre la paix aux gens ? » Il explique cette propension à s’occuper de tout par la « rationalisation collective des motifs, voilà la malhonnêteté ! La justification du petit désir pathologique banal, de la volonté de se mêler de tout, qui une fois sur deux n’est qu’une passion de la fatalité. (…) Une résignation, une soumission grotesque à la mesquinerie des choses, qui permet à chacun de se sentir flatteusement anobli ou justifié ! » Les termes à retenir sont notamment ceux de « rationalisation collective », de « justification », de « flatteusement anobli ». Hugh et Laruelle ont besoin de justifier et d’anoblir leur « petit désir pathologique ». Ils sont contraints de trouver de grandes et nobles raisons à leur désir banal et petit puisqu’il est sans amour, nourri autant par le sex-appeal d’Yvonne que par le fait qu’elle est la compagne du Consul. Et ce désir est pathologique parce qu’il consiste uniquement à nuire à autrui sous le prétexte de bonnes intentions : Hugh aide le Consul à arrêter de boire, mais cette confiance accordée est payée en retour de trahison.
Non seulement le Consul a l’air de dénoncer le désir mimétique – il n’en fait toutefois pas le désir mais le considère comme un « petit désir pathologique » –, mais, en outre, il perçoit les conséquences négatives de ce désir : « Bien sûr, je comprends la difficile impasse romantique où vous êtes l’un et l’autre ! » Et son invective inclut cette fois Yvonne, qui se laisse séduire par ce jeu du désir triangulaire et qui n’est pas moins égoïste que ses prétendants : « Où sont les enfants que j’aurais aimé avoir ? ça ne t’est jamais venu à l’idée que j’aurais pu aimer en avoir, n’est-ce pas ? Tous noyés ! Dans un déluge de douches vaginales ! Au moins il faut être juste, toi tu ne prétends pas aimer l’humanité ! »
On retrouve donc dans ce roman le désir mimétique et son mensonge romantique : Hugh a quelque chose des personnages stendhaliens et Yvonne est naïvement romantique dans sa manière de rêver bien plus l’amour que de le vivre tout en étant flattée d’être courtisée, ignorant plus ou moins consciemment les rivalités dont elle est l’objet.
Tragédie romantique
Le chapitre III est le chapitre clé. Yvonne vient donc de revenir à Quauhnahuac et se réinstalle dans la maison du Consul. Elle est dans sa chambre et se repose de son voyage après avoir pris un bain : « Yvonne était assise sur le lit, regard flottant sur le magazine, chemise de nuit laissant discrètement apparaître l’endroit où le hâle de la peau s’estompait devant la blancheur du sein, bras sortis des couvertures, main nonchalamment pendue sur le rebord… ». C’est le seul moment d’intimité amoureuse qu’ils auront, troublé cependant par l’attente de l’arrivée imminente de Hugh. On s’attendrait à ce qu’ils fassent l’amour puisqu’ils se sont étreints passionnément juste avant, surtout parce qu’ils ne se sont pas vus depuis si longtemps. Mais le Consul se fait distant, ne se dirige pas vers elle et disparaît un instant : « Le temps que le Consul revienne s’asseoir sur le lit Yvonne avait rentré les bras sous les couvertures et s’était tournée vers le mur. » Les gestes ne venant pas, ils parlent et le malentendu grandit entre eux. Yvonne regarde toujours vers le mur et parle à son amant « d’une voix dure et blanche », ne parvenant visiblement pas à s’alléger des souffrances anciennes, des rendez-vous manqués, du trop d’alcool. Malgré cela, le Consul passe à l’action : il « ôta ses lunettes pour cacher son visage contre l’épaule d’Yvonne. “Non, mais Hugh”, commença-t-elle – “Ne t’occupe pas de Hugh”, dit-il, surpris de sa réponse, sans qu’il ait mis non plus d’intention brutale à l’entraîner contre l’oreiller où il sentit son corps se raidir, devenir dur et froid. » Le corps de qui ? il semble bien que cela soit celui d’Yvonne. Le Consul finit par renoncer – « Excuse-moi mais je crois que ça ne donne rien » – et va droit à la bouteille de whisky. Peu après, dans son ivresse, le Consul parle de l’alcool comme aphrodisiaque, des devoirs conjugaux accomplis – par lui ? tout du moins le voulait-il… – et évoque une ancienne dispute à propos de Jacques. Il apparaît, quoi qu’il en soit, que faire l’amour lui est difficile. Quand il renonce, on est tenté de penser à une impuissance quelconque de cet homme, mais dans sa lettre à son futur éditeur, Lowry écrit ceci : « les significations de l’impuissance du Consul sont pratiquement inépuisables » [3].
Le Consul jaloux se refuse, humilie sa femme ? Il semble que cela soit le contraire. Le corps dur et froid tourné vers la fenêtre, ce n’est pas le sien. Au moment où il se jette sur Yvonne et où elle se raidit, Malcolm Lowry écrit une phrase énigmatique : « Car loin de ne répondre qu’à sa seule lassitude, le consentement d’Yvonne semblait aller à la solution d’un instant de beauté partagé comme d’une musique de trompette dans un ciel clair… » Voilà pourquoi Yvonne se refuse, parce qu’il manque à son goût un instant de beauté, un peu du paradis des amoureux faisant oublier la trivialité du désir sexuel, parce que cela heurte son âme romantique. Lors de la dispute finale à la fin du chapitre X, le Consul conclut sa diatribe en associant Yvonne et Hugh, montrant à quel point il avait souffert tout le jour de les voir ensemble : « Ah vous n’avez pas dû vous ennuyer tous les deux à vous peloter les paumes, à vous bécoter et suçoter sous prétexte de me porter secours !... » Bien sûr, il exagère et il en revient à sa jalousie, mais n’est-elle pas accentuée par le fait que sa femme revenue pour lui a finalement préféré un flirt anodin avec un autre ? Pourtant, lorsque le Consul retrouvera à la fin une ancienne lettre d’Yvonne, qui date d’après leur séparation, il lira : « Mes cuisses ont mal de ne pouvoir t’étreindre. Le vide dans mon corps est ma faim absolue de toi. » Yvonne est revenue, a fait ce pas décisif, mais au lieu d’offrir son corps, elle a opté pour le chantage affectif : partir d’abord, s’aimer ensuite.
Sous le volcan n’est pas que le récit de la déchéance d’un homme, et s’il est le roman de l’impossibilité de communiquer, de s’entendre, c’est d’abord parce que les corps se fuient. Le Consul n’est pas impuissant et Yvonne n’est pas frigide, ils sont simplement marqués psychologiquement, affectivement. Puisque le roman est connu pour être autobiographique, on peut le rapprocher d’un récit ultérieur de Lowry : Sombre comme la tombe où repose mon ami. Dans ce roman, Sigbjörn Wilderness revient au Mexique, à Cuernavaca, quelques années après avoir quitté ce lieu et avec sa seconde femme. Ce personnage n’est rien d’autre que Lowry lui-même car il a écrit un roman – La vallée de l’ombre de la mort – qui est le Volcan avec ses personnages [4]. À la différence d’Yvonne, Primrose – prénom ironique compte tenu de la candeur de la plupart de ses paroles ? – est bien plus conciliante avec l’alcoolisme de son époux. Cependant, au fur et à mesure du récit, on s’aperçoit que la porte de sa chambre est bien souvent fermée. Pourtant, Sigbjörn, au matin : « son sexe sortait-il du slip ? », mais « sa porte était toujours fermée. La bouteille de tequila, pourquoi pas ? Il la ramassa. But la dose indispensable. Reposa la bouteille. » Il prend sa douche et finit par entrer. Primrose est collée à la fenêtre, regardant au dehors : « Il s’approcha d’elle, posa une main sur son épaule. – Regarde, c’est un mariage, dit-elle confusément, sans s’adresser à lui… – Je vois… Eh bien, ma chère, ne sois pas si lugubre. » Ce chapitre 9 de Sombre comme la tombe – non remanié par l’auteur, apparaissant donc comme une pierre brute – n’est pas sans faire penser au chapitre III du Volcan : les deux hommes rejetés se consolent avec l’alcool, et Primrose et Yvonne partagent le même romantisme, amoureuses de l’amour, plus que de l’amant.
Les deux romans sont autobiographiques mais il ne faut pour autant pas penser qu’Yvonne est à l’image de la première femme de Lowry – Jan Gabriel – et Primrose à l’image de la seconde – Margerie Bonner. D’abord parce qu’Yvonne est actrice de cinéma comme la seconde [5] et non comme la première, ensuite parce que le Volcan a été écrit et récrit quand Lowry vivait avec Margerie au Canada. Les auteurs mêlent bien souvent réel et fictionnel. Comme les personnages féminins, Sigbjörn et le Consul sont Lowry sans l’être précisément. Il reste que ces deux personnages ont tout contre eux, l’alcoolisme, la culpabilité [6] et la jalousie. Mais ils ne souffrent pas que d’eux-mêmes, quelque chose ne tourne pas rond dans la tête de leurs compagnes romantiques et prudes. C’est pourquoi ils choisissent l’enfer, Sigbjörn s’exclamant à la fin : le Farolito c’est la liberté. La cantina, le bar de nuit, l’endroit où l’on ne vous fera pas la morale pour soi-disant vous sauver, l’enfer libre, plutôt que le paradis aliénant.
Tout s’inverse dans le Volcan, les apparences sont trompeuses, le bien est pire que le mal, Yvonne plus difficile à aimer que son amant alcoolique mais intègre. Pourtant, que leur amour est grand et beau. Dans les mots retrouvés d’Yvonne, le Consul y lit ceci dans l’ultime chapitre, peu avant sa mort : « Qu’y a-t-il d’autre dans l’existence que l’être que l’on adore ou bien la vie que l’on construit ensemble ? » ; « Ah, Geoffrey, comme je regrette amèrement aujourd’hui ! Pourquoi avons-nous différé ? Est-il trop tard ? Je veux des enfants de toi, à l’instant, sans plus attendre ». Ces mots font écho à ceux du Consul dans la lettre non expédiée du premier chapitre : « L’amour est la seule chose qui donne sens à nos pauvres routes sur la terre » ; « Oh Yvonne, ne laissons pas sombrer aussi vulgairement dans l’oubli ce que nous avons créé ». Ces deux êtres, unis par un amour profond et sincère, se sont ratés, comme deux comètes se croisant [7], laissant la confusion des petits désirs pathologiques et des trop grandes aspirations romantiques s’installer entre eux au lieu d’avoir, tout simplement, des enfants ensemble. Ils se sont laissé séparer par ce qui n’était pas eux.
Christophe Lemardelé
Enseignant et docteur en histoire des religions