La Revue des Ressources

Le feu 

Des feux au feu l’incendie

samedi 19 août 2017, par Didier Lestrade







Il y a un an exactement, jour pour jour, j’ai accidentellement mis le feu à un hectare de sous-bois et c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas écrit sur ce blog depuis longtemps [1]. Je me considère assez précautionneux pour ne pas faire de conneries chez moi mais cette fois, I fucked up. I really fucked up. Je ne dis pas ça souvent, profitez-en. C’est une longue histoire mais elle a des cotés amusants.


Picture yourself, le 17 août 2016. C’est la canicule, même en Normandie, il n’a pas plu depuis longtemps. Je me lève et je reçois un mail qui me rappelle que je suis fauché et je suis contrarié. Pour me changer les idées, je décide d’aller nettoyer le terrain de la maison dans laquelle je vis désormais. Je me dis qu’un feu me fera du bien, depuis toujours j’ai une relation thérapeutique avec le feu, dans le jardin comme dans la maison avec la cheminée. Quand j’arrive, au lieu de me diriger vers le fond du terrain qui est un endroit toujours humide où un tas de branches m’attendait, je décide de faire un feu près de la maison, quelques broussailles, des ronces surtout. Dès le début, je fais le mauvais choix, je suis contrarié, j’ai besoin d’une satisfaction rapide sinon instantanée, je ne réfléchis pas, je fais le con. Je prépare le feu, je ratisse tout autour pour délimiter le foyer mais je ne tire pas le tuyau d’arrosage au cas où ça dégénérerait. Il est 13h, c’est une belle journée.
Ai-je mentionné que le feu donne sur le début de la forêt ? Tchip. Je lance mon feu qui part bien (c’est la canicule) et en 5 minutes tout est consommé. Ça s’est bien passé. Non, en fait. Je découvre que ce terrain pierreux fourmille de cailloux qui se brisent sous l’effet de la chaleur et quelques-uns sont projetés à quelques mètres. Il y a de la mousse séchée, des feuilles mortes de houx et de chêne, des genêts. En quelques secondes, une lame de feu se forme sur le bas de la forêt. Je cours avec ma pelle, j’essaye d’éteindre les flammes qui font désormais un mètre de hauteur, je glisse sur les rochers, les flammes grandissent et s’étalent, je réalise avec stupeur que je viens de me faire déborder. Des voitures s’arrêtent sur la route, les gens appellent les pompiers et je ne peux plus rien faire, la chaleur est trop forte et le tuyau d’arrosage est trop loin.


Les pompiers mettront 20 minutes pour arriver et j’assiste, abasourdi, à la progression lente mais soutenue du feu. Heureusement, il n’y a pas de vent (je n’aurais pas brûlé quoi que ce soit, je suis con mais pas fou à ce point), mais l’incendie avance sans obstacle. Régulièrement, un houx s’embrase dans un bruit fracassant et les feuilles vertes claquent dans l’air, les flammes avancent dans un sous-bois envahi de ronces et de fougères Aigle, un matériau aussi volatile que la paille. A ce stade, tremblant en attendant les pompiers, je me suis mis à l’ombre, près de la voiture, la tête dans mes mains, au bord des larmes. Je suis aussi brûlé sur les jambes, les bras, les mains mais curieusement ma barbe n’a pas cramé. Je mets tout de suite sur les brûlures mon remède qui guérit tout, celui qui est toujours dans ma voiture, le baume japonais Menturm que m’a envoyé Madjid. Les voisins arrivent, ce sont des agriculteurs et la femme m’insulte tout de suite : « ça devait arriver ! Nous, les agriculteurs on nous fait chier tout le temps mais ça au moins on ne le fait pas ! Vous êtes en train de brûler aussi notre terrain ! ». Je suis étonné qu’on aborde tout de suite le désarroi de la condition paysanne mais comme je suis fils d’agriculteur, je prends bien la critique, mieux, je la confirme en admettant que je suis un gros con. Ça la calme tout de suite, son mari arrive et il est plus gentil, puis le maire du village et chaque nouvelle personne est accueillie par un mea culpa de ma part. Pour un mec qui va s’installer dans le coin, c’est la pire manière de se présenter.


Les pompiers arrivent enfin après 20 minutes qui restent un des pires moments de ces dernières années. Quand je me suis cassé la jambe il y a 5 ans, c’était effrayant mais plus fun. Les pompiers râlent, il fait une chaleur pas possible (c’est la canicule), mais ils se mettent tout de suite au travail et les lances éteignent le feu qui court aussi sur le fossé bordant la route. Le chef de la gendarmerie arrive et prend le contrôle des opérations, je lui raconte tout, il me demande pourquoi je fais un feu à côté d’une maison qui ne m’appartient pas, je lui explique que je nettoie le terrain avant de m’y installer. Il me rappelle que seuls les agriculteurs ont le droit de faire un feu, ce que je savais. Comme c’est la province et que c’est la Gendarmerie, l’homme est correct, poli.
Assis sur une pierre, je regarde les pompiers travailler. Un autre camion citerne arrive, plus gros, les lances sont plus longues et les pompiers cherchent tout de suite à circonscrire le feu qui monte vers la forêt. S’il arrive à la crête, limite de mon terrain, rien ne pourra l’arrêter car il sera hors de portée des secours. Pendant deux heures, je vois arriver un troisième, un quatrième puis un cinquième camion citerne et le feu n’est pas entièrement éteint. Je n’arrête pas de trembler, je suis sous le choc. Deux journalistes de la presse locale arrivent comme des vautours, je leur raconte ce qui s’est passé en leur demandant de ne pas mettre mon nom dans l’article. Non je ne veux pas être pris en photo. Tout le monde me regarde comme si j’étais redevenu un enfant de 10 ans mais tout le monde est finalement gentil, c’est la campagne, ça arrive et surtout les gens comprennent (parce que je n’arrête pas de le dire) que je suis vraiment vraiment désolé. La voisine vient me voir et s’excuse de son emportement et je lui dis « Non, je le mérite, vous aviez raison », le maire fait venir quelqu’un pour tronçonner un arbre mort qui se consume sur pied, comme un totem calciné. Un à un, les pompiers descendent se reposer à l’ombre pensant que les autres éteignent les dernières flammes. Je demande au gendarme si je vais être inquiété. Il me répond qu’une amende est probable, il faudra venir à la gendarmerie pour faire une déposition. Super, moi qui venais me changer les idées à cause de mes problèmes de fric...


Au bout de 3 heures, le feu est calme et le gendarme s’approche de moi :
— Monsieur, je n’ai pas vu que vous étiez brûlé.
— Oui je vais aller aux urgences, j’attendais de voir comment ça se passe ici.
— Mais vous n’allez pas aux urgences tout seul, j’appelle le Samu tout de suite, je ne vous laisse pas partir comme ça, on dirait que vous avez des brûlures au 3e degré.
Déjà, ma peau est boursouflée sur les jambes, les bras surtout et les genoux sont en sang parce que je me suis éraflé sur les rochers en essayant d’éteindre le départ de feu. J’ai mal mais j’ai surtout honte et mon cerveau a mis la culpabilité au premier plan. Très vite, le Samu arrive. Je prends mes affaires, monte dans le camion et je me trouve entouré d’une secouriste et de trois hommes et c’est là, forcément, que je réalise enfin la douleur physique. Le personnel est tout à fait au courant de la procédure liée à une personne séropositive : questionnaire rapide sur les traitements, le niveau de la charge virale et des CD4, etc. On me donne les premiers soins, j’entends pour la première fois « Écoutez, vous avez honte mais la maison n’a pas été inquiétée, vous n’êtes pas brûlé au visage, ce n’est qu’un bout de forêt, ça pourrait être pire ». Je pense à l’espace naturel que je viens de détruire, la végétation noire, ce trou géant sur le côté de la route, recouvert de cendres. Il est 17h et je suis toujours tremblant, direction l’hôpital d’Alençon.
Je le connais bien maintenant, j’y ai découvert mes problèmes cardiaques en 2008 et c’est aussi cet hôpital qui a soigné ma jambe cassée en 2012. Sur le lit, je réalise l’étendue des brûlures. Pas joli à voir, ça fait extrêmement mal mais je suis tellement choqué par ma connerie que les premiers soins ne sont pas si douloureux, il faut surtout nettoyer les plaies et recouvrir d’une crème. Très vite, je ressemble aux danseurs momifiés du clip des Daft Punk, Around The World. Mes jambes, mes bras et mes mains sont recouverts de bandages. Chaque nouvelle personne qui arrive dans la chambre est accueillie par un « Je suis désolé » de ma part et ça commence à être ridicule. J’appelle mon ami et voisin Ray pour qu’il m’amène chez moi, please. Il y a un truc cool avec les Anglais, même quand ils sont effrayés de vous voir dans un tel état, ils ont toujours cette retenue qui atténue le drame. « The great British reserve ». Ray connaît ma passion pour le feu, il était logique que ça m’arrive un jour. Sur le chemin de ma maison, je m’arrête chez le pharmacien pour prendre des antidouleurs. La tête des gens. Avant de partir de l’hôpital, on m’a donné le calendrier des soins. Je dois venir tous les jours pendant au moins 15 jours pour changer les pansements. C’est la mi-août, mon été est déjà foutu.


Arrivé chez moi, je suis enfin seul, ce que j’attendais depuis plusieurs heures. Allongé sur mon lit, je tremble toujours. Un incendie, c’est traumatisant. Des visions de flammes ne cessent de resurgir devant moi, le regard des gens, les arbustes en feu, c’est un cauchemar. Je prends un Lexomil et un joint, ça aide mais pas vraiment. Impossible de dire ça à ma mère qui vit à 20kms, ça serait invivable. Je n’arrête pas de penser aux répercussions légales et pratiques. Une amende ? Une plainte ? Un problème d’assurances ? Je reste deux heures à regarder le plafond de la chambre. Comme il est presque 21h et que je suis épuisé, je décide me coucher et d’attendre le lendemain.


La nuit est bien sûr riche de cauchemars pyrotechniques. Au matin je suis toujours aussi mal. Je ne peux pas me doucher à cause des pansements et de toute manière ce serait trop douloureux. Je me concentre sur mon premier rendez-vous à l’hôpital. Je rencontre l’infirmière qui va s’occuper de moi pendant les 20 jours suivants. C’est une dame de 55 ans à peu près, typique normande, gentille mais un poil autoritaire. Et c’est là, en enlevant les bandages, que je comprends l’étendue des brûlures. Pendant la nuit, les plaies ont boursouflé, d’ailleurs elles n’arrêteront pas de se métamorphoser pendant tous les soins. Elle m’explique comment ça va se passer et moi je lui parle de mes inquiétudes psychologiques, la honte, la culpabilité, l’incertitude médicale qui s’ajoute aux autres fragilités sociales, le RSA toussa. Ce premier RDV durera plus de 2 heures. Je rentre chez moi hébété, alors que l’été cogne de plus belle. Je ne supporte pas une seconde le soleil, c’est comme un rappel direct, physique, du feu de la veille. Seul mon lit est un réconfort, je suis allongé sur le dos, le moindre drap me fait mal, je comprends que je suis complètement immobilisé pour 15 jours au moins. Impossible de faire quoi que ce soit dehors donc pas d’arrosage même si les plantes crèvent. Je finis par me dire que cette immobilisation pourrait au moins servir à quelque chose : écrire. Après tout, je dois commencer un livre sur le porno dont j’ai signé le contrat quelques mois auparavant. Je me dis que si j’arrive à écrire pendant 15 jours non stop, quelque chose de positif sortira de tout ça. Et je me mets au travail. Il y a un truc formidable dans l’écriture, c’est qu’on peut le faire partout. Au bout de trois jours, j’ai toujours des visions de feu et je sais que je devrais consulter un psy. Mais avant, j’arrive à me convaincre que si j’arrive à bien écrire, je pourrai ainsi évaluer ma résistance. Si je parviens à produire 2 articles drôles, pour Slate ou pour Brain, à un moment où mes idées sont suicidaires, alors je pourrai me considérer comme en bonne voie.


Et j’écris bien. L’immobilisation stimule l’écriture. J’écris d’un trait, je vois que j’avance. Tous les jours, je vais en ville pour changer les pansements et nettoyer les plaies et ça devient de plus en plus douloureux. Il faut enlever toutes les peaux mortes. Chaque jour je parle un peu plus à l’infirmière qui va être la seule personne qui va répondre à mes inquiétudes et qui va m’accompagner presque comme une psy. Elle me raconte son expérience avec des patients brûlés lors d’écobuages ou d’accidents domestiques. Elle aussi me dit que ça aurait pu être plus grave. La relation se développe, je voudrais parler du feu avec mes frères mais je suis toujours dans un état d’esprit stoïque, attendant le verdict de la gendarmerie.
Au bout d’un mois, le gendarme m’appelle pour me dire que l’affaire est sans suite, je dois simplement venir signer la déposition et m’engager à ne plus faire de feu. Les rares amis à qui je raconte cette histoire me disent que c’est un acte évident de surpuissance. Je prenais un risque mais je comptais sur mon expérience du feu pour me sortir d’un geste idiot. Sur le bord de la route, les grands arbres n’ont pas été attaqués mais tout le reste est en cendres, on dirait qu’un dragon de GoT est passé par là. Bon, d’un autre côté, ça n’a jamais été aussi clean. Plus de ronces, plus de broussailles, le versant abrupt de la forêt est dégagé.


L’été 2016 est aussi celui du burkini, de la politique toujours plus révoltante. J’ai l’impression que chaque tweet pourrait me faire exploser, basculer dans la perte de contrôle. Tout me révolte. Deux amis proches m’ont quitté, ça me mine. Mon principal sexfriend prend ses distances, il est lassé. Il a le droit mais je suis encore plus seul. Peu de visites chez moi. Je sais que 2016 est une année creuse, je n’ai pas d’actualité comme on dit, pas de livre qui sort et personne ne peut encore entrevoir le succès de « 120 BPM » [2]. Je baisse la tête, la campagne présidentielle se rapproche et amplifie mon dégoût de la société. Je déteste de plus en plus les gens riches, ça devient physique. Le feu m’a fait comprendre qu’à ce stade de ma colère, il vaut mieux me taire. Trop de surpuissance ? Je vais être plus humble et me retrancher dans l’écriture et la préparation de mon déménagement. Je dessine mon prochain jardin qui sera sûrement le plus beau de ma vie, le résultat d’années d’expériences. Dès le début de l’automne, je remplis mon pick-up de plantes de mon jardin vers leur prochaine maison où elles seront plus heureuses avec plus de place et plus de lumière. L’automne, l’hiver, le printemps, je ne fais que ça tout en écrivant. Tout mon surplus de colère est absorbé par l’attention que je donne à ces plantes qui sont presque mes enfants et qui comptent plus pour moi que mes meubles ou mes disques.


Au mois de février, mon 59e anniversaire me fait basculer vers les soixantenaires. « Nothing fucks you harder than time ». Je me considère comme un exemple de ce qui arrive aux gays âgés que le reste de la communauté regarde sans rien faire. Facebook me fatigue, Twitter me permet de péter un câble de temps en temps, Tumblr est le reflet de mon « moi invisible ». Soudain Cannes arrive et tout bascule. Mon premier livre Act Up, une histoire ressort [3]. En le relisant, je découvre que c’est toujours un bon livre. J’écris une nouvelle préface où je témoigne de ma fragilité. Quand j’ai fini ce livre, en 1999, nous étions en pleine bulle Internet. Je gagnais bien ma vie. Je ne croyais pas encore à la précarité du XXIe siècle, ce qui explique certains avis prétentieux de ma part qui me dérangent désormais. Ce feu qui m’a marqué l’été dernier m’a servi de leçon. Je m’en suis sorti seul mais je n’aurais pas pu le faire sans cette infirmière qui s’est occupée de moi. Deux mois après la fin des soins, je lui ai apporté un grand sac de noix de mon jardin. C’est ce qu’on fait à la campagne : donner ce que l’on a. Et j’ai beaucoup à donner encore  


Avec l’autorisation de l’auteur
© Didier Lestrade

Remerciements.
Source didierlestrade.blogspot (17-8-2017).


P.-S.

Informations et points de vue circonstanciels de l’éditorialiste qui n’engagent pas l’auteur ni son formidable récit :

La première de couverture du livre est un portrait de l’écrivain martyre de cette maladie qui avant de le tuer le rendit aveugle, Hervé Guibert [4] ; il avait décrit l’agonie de Michel Foucault.

Didier Lestrade
Act’up : une histoire
éd. Denoël, Paris

L’actualité de Didier Lestrade c’est à la fois le film récompensé à Cannes cette année, 120 battements par minute qu’il n’a pas réalisé mais est adapté de son ouvrage Act’up ; une histoire, publié en 2000 et réédité ce mois-ci, tandis que la continuité progressive du SIDA sournoisement absente des unes dû aux nouvelles thérapies préventives suggère en dépit de celles-ci chiffres en main la nécessité d’une relance sociale de la lutte contre la maladie, et un rappel contre le barebacking [5], au premier plan desquels Didier Lestrade mena le combat.
Si mourir fatalement et radicalement du SIDA n’a plus cours comme cela fut le cas durant les années où Act’up affrontait l’hécatombe, c’est principalement grâce à la trithérapie qui laissant séropositif empêche le développement de la maladie. En outre, on dispose aujourd’hui d’un traitement préventif dit prophylaxie de la pré-exposition (PrEP) [6], mais il reste qu’attribué d’empêcher de contracter la maladie ce traitement n’apporte pas une certitude ferme, d’où son traitement associé dit de post-exposition (TPE) chez les sujets à haut risque, lui-même sans garantie certaine, et qu’il ne protège pas des autres maladies dangereuses sexuellement transmissibles ; enfin, les usages de ces produits correspondent de fait à des pratiques aléatoires alors qu’ils supposeraient un suivi médical pour ne pas inquiéter la santé de ceux qui les consomment à juste titre. Dans la plupart des lieux d’information spécialisée aux États-Unis l’usage combiné ou alternatif du préservatif poursuit d’être conseillé (ainsi que dans les sites web sérieux). L’épidémie est loin d’être enrayée et sa recrudescence est menaçante notamment pour l’avenir de la jeunesse (toute forme de sexualité inclus). C’était le sens du livre de Didier Lestrade co-signé avec le docteur Gilles Pialoux publié en 2012 SIDA 2.0 : Regards croisés sur 30 ans d’une épidémie qui demeure d’une grande actualité comme en atteste le rapport de l’ONU sur le SIDA au terme de 2016 [7], concernant le monde et notamment l’Europe. Et il reste que certains — beaucoup trop — poursuivent d’en mourir directement ou plutôt aujourd’hui indirectement sans tapage à travers les maladies dites "opportunistes" ou "voisines" et de souffrir d’une santé fragile contraignant à limiter le champ personnel de l’activité et restant à devoir veiller à sa contagion.

L’actualité filmique et publiée de Didier Lestrade, qui le porte à accompagner depuis le début de l’été les présentations publiques du film avant sa grande diffusion (cet automne), et à la signature de son ouvrage dans les mêmes villes, confrontée à la sobriété de son mode de vie consacré à la création végétale de son espace de vie loin de la capitale, sans l’avoir dépourvu de sa conscience sociale solidaire, le placent en situation de transmettre un message bienveillant pour les générations qui suivent ; le concernant, c’est une succession en quelque sorte, et pour les autres un héritage — mais dans une situation où la plupart des gens comptant aujourd’hui sur les thérapies paraissent inconscients et démobilisés :
« Didier Lestrade, cofondateur d’Act’up : SIDA, pourquoi j’arrête »
L’Obs avec Rue 89, 13 février 2013.



AUTRES LIVRES ACCESSIBLES DE DIDIER LESTRADE

 Le Journal du Sida - Chroniques 1994 / 2013, Paris, éd. Books on Demand, 2014
 Minorités : l’essentiel, collectif, Paris, éd. Des ailes sur un tracteur, 2014
 Pourquoi les Gays sont passé à droite, éd. du Seuil, 2012
 SIDA 2.0 : Regards croisés sur 30 ans d’une épidémie, avec Gilles Pialoux, éd. Fleuve Noir, 2012
 Chroniques du dance floor : Libération 1988-1999, Paris, éd. Singulier, 2010
 Cheikh. Journal de campagne, Paris, éd. Flammarion, 2007
 The End, Paris, éd. Denoël, 2004
 Kinsey 6 : Journal des années 80, Paris, éd. Denoël, 2002

Notes

[1Ndé : Il s’agit du blog de l’auteur dont nous citons la source en bas de son texte.

[2Ndé : 120 battements par minute, est le film de Robin Campillo adapté du livre auto-biographique de l’engagement contre le SIDA de Didier Lestrade Act’up : une histoire (préface de Larry Kramer, éd. Denoël, 2000) qui a remporté le Grand Prix dans la sélection des longs métrages au Festival de Cannes 2017. La première présentation du film en présence de l’auteur anticipait la distribution dans les salles — cet automne — le 5 juillet à Paris. Act’up-Paris fut créé en 1989 à l’instar de l’organisation fondée deux ans auparavant par Larry Kramer et les Lesbiennes et Gays de New York. Une réédition du livre actualisé par une seconde préface de l’auteur chez le même éditeur paraît ce mois d’août. Le lire est à la fois passionnant et probablement nécessaire.

[3Ndé : Ibid. voir note 2 (§ précédent).

[4Ndé : On peut lire dans La RdR un article consacré par Arnaud Genon, « Que reste-t-il d’Hervé Guibert aujourd’hui ? » (2012).

[5Ndé : En anglais bareback signifie chevaucher à cru (sans selle) ; chez les homosexuels l’expression qualifie les relations sexuelles anales non protégées (sans préservatif) et plus généralement pour l’ensemble des gens qui s’adonnent à une sexualité libre ce mot qualifie les relations sexuelles non protégées.

[6Ndé : Pour plus de précision on peut se reporter à l’article : « La PrEP c’est quoi ? » dans le site de l’organisation AIDes.

[7Ndé : Véronique Barral, « [INFOGRAPHIE] Le sida dans le monde - Chiffres clés », RFI, le 24 juillet 2017.

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