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La faute à Kerouac - sur une photographie de Franck Boucher 

vendredi 14 janvier 2011, par Sebastien Ayreault

La faute à Kerouac si j’ai commencé à dévorer les livres. La faute à Kerouac si je me suis mis dans la tête d’en écrire. La faute à Kerouac si je me suis retrouvé par un beau matin le cul sur le trottoir, sans un rond et le ciel bleu planté dans le dos. Les hirondelles à vol d’oiseaux. On ne vit pas des mots.
Avant la route, y’avait toute cette vie dont ne personne ne veut, celle qui ne fait pas rêver - et pourtant comment qu’on se bat, comment qu’on sue pour la gagner - celle qu’on recrache en sortant de l’usine, le col relevé, les deux mains au fond des poches. Liberté, mon cul ! Bon à rien, murs de taule, condamné à vivre dans le bruit des machines. On naît comme ça, sans issue. Du bout des doigts sur les fissures. Et ce n’est pas qu’on soit plus mauvais que les autres, c’est juste qu’on a jamais su se vendre. Merde, j’ai dit merde, j’ai dit tu peux pas finir comme ça, comme un gagnant dans ton canapé. Et y’avait pas 36 solutions. Y’avait juste Kerouac, sa foutue littérature, sa foutue route. When you got nothing, you got nothing to lose, chantait Dylan. Et j’étais là, à bout de nerf, assis près de ma fenêtre, ma fenêtre qui donnait sur un pan de ciel bleu grillagé, et je n’avais qu’une envie, tout arracher. Arracher tellement fort que tous les dieux seraient venus avec, se cassant la gueule dans la cour de l’immeuble. J’ai mis une laisse au coup de mon chien, ai éteint toutes les lumières, fermé la porte.
Depuis, je poursuis le beau temps.

P.-S.

Franck Boucher : Né en 1976 au Mans, il apprend seul la photographie en Polynésie Française entre 1996 et 2002. Devenu photographe professionnel en 2004, Franck BOUCHER se spécialise dans la prise de vue sur commande bien souvent à vocation illustrative.

Conjointement à ses activités professionnelles, il a animé bénévolement un atelier photo dans un lieu d’accueil de jour pour personne en grande précarité, dans lequel il va réaliser durant trois années « paysages d’exclus » - projet récompensé par sa nomination de « lauréat national défis jeune 2006 » décerné par le Ministère de la Jeunesse et des Sports..

Conjointement il a travaillé avec la cellule communication du COFAT commandée par le Général de corps d’armée Michel POULET en réalisant les couvertures photographiques des grands rendez-vous de l’Armée de Terre. Ce partenariat inédit mènera le COFAT à soutenir les actions photographiques caritatives du jeune photographe, en éditant en 2005 « le calendrier des S.D.F. » (illustré par les premiers portraits noir et blanc de « Paysage d’exclus ».) L’initiative surprend et les médias nationaux révéleront le travail photographique du jeune homme en émouvant la France avec « le petit permis d’exister ».

Franck Boucher clos actuellement “Paysage d’Exclus” avec la réalisation de 28 “Story-Bord-de-Vie” et proposera au-delà de l’édition de l’ ouvrage « permis d’exister », l’itinérante d’une exposition dans certaines grandes villes françaises et pourquoi pas européennes. ( Naples... )

Il espère rapidement rééditer l’ expérience de “Paysage d’Exclus” auprès d’une nouvelle population en mal d’estime de soi. afin d’utiliser le “Permis d’Exister” avec le concours d’un praticien psychologue pour démontrer scientifiquement l’étendue d’un résultat de mieux être de ces modèles exclus ordinairement de nos regards.

Story_bord_de_vie

Ce sont 28 Photos-graphie tirés en 5 exemplaires de 40X40 sur papier Fine Art au principe de la digigraphie. Elles sont la genèse d’un travail de fond sur ma manière d’exprimer ma sensibilité devant certains sujets de société banalisés par l’image traditionnelle.

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