Le jeu du monde se joue à travers les grandes puissances qui relient l’homme au monde — mythes et religion, poésie et art, politique, philosophie, sciences et techniques —, elles mêmes, mises en mouvement par les forces élémentaires : le langage et la pensée, le travail et la lutte, l’amour et la mort, ainsi que le jeu de l’homme qui est joueur, jouet et déjoué.
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Le jeu du monde, Kostas Axelos, Les Éditions de Minuit, 1969.
Tous les mots ne sortent pas de la bouche.
Certains restent dans le creux de la main.
Pour que la main lâche le mot,
ricochet,
« Il faut »
prendre une pierre adéquate,
plate.
Ne pas faire de bruit, sinon l’eau s’en va.
C’est sage, l’eau,
ça s’en va au moindre mot.
Les mots ne suivent pas tous le chemin de la parole.
Ils se trompent parfois,
sans faire de bruit, ils se pendent aux cordes vocales.
Alors,
gorge déployée, bouche close, du souffle, des respirations, le bruit de la route, la radio, la musique, parlent pour deux.
Alors,
sur le pare-brise,
sous les reflets du conducteur et du passager,
Les sous-titres, non-dits, inspirés/expirés,
défilent.
Les petits cailloux semés là,
le long d’un discours amoureux,
et là…
Ne mènent nulle part.
Ils n’empêchent pas de se/vous perdre,
Chaque mot,
pierre déposée,
Ouvre sur le carrefour d’une arborescence
en chemin.
Qui conduit ? Celui qui parle ?
Qui parle ? et comment ?
En silence.
« Comme pour faire des ricochets avec la langue, »
contre le palais, sans eau, sans pierre, sans lumière, en plein désert de sable.
Couchés, assis.
Sans rien dire,
lancer la pierre en tête avec la langue.
Attendre que les deux, plongent et disparaissent.
J’écris votre adresse,
ça part de moi,
pour un(e) autre.
Mais peut-être est-ce pour un(e) autre que vous ?
Au revoir.