-
20 février 2010, par Rodolphe Christin
Sept.
La vie d’Hector Dumenclin prit un tour nouveau dès qu’il ouvrit la porte de l’appartement de Clara :
- Tiens, Kévin ! Que faites-vous là ?
- Je vous attendais, Hector.
- Comment ça vous m’attendiez ? Mais comment saviez-vous que j’étais ici ? Oh, ne vous faites pas d’idées surtout ! Je passais-là par hasard, je raccompagnais Madame qui se sentait mal, dans la rue, tout à (…)
-
10 avril 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin vivait à proximité de son calendrier. La première chose qu’elle faisait en se levant, c’était d’aller vérifier la date du jour. Elle l’auscultait avec nervosité, y revenait même plusieurs fois dans la journée, songeuse. La date du 13 juin figurait cerclée de rouge. Il était troublant de songer que cette date fatidique pouvait passer, aux yeux d’un étranger qui aurait aperçu la (…)
-
19 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui ne le supporte pas, dans le même temps qu’il se supporte plus lui-même. Plus loin il va s’oublier, plus il sème partout des signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui soufflent le culte de la nouveauté, des (…)
-
20 mars 2010, par Rodolphe Christin
Chérie,
Un terrible imprévu est survenu. Me voici pris en otage et mes ravisseurs exigent contre ma libération une rançon de 300 000 euros en petites coupures. S’ils n’ont pas réceptionné l’argent dans quinze jours, soit le 13 juin à 4h00 du matin, ils m’élimineront. Ces gens sont sans scrupules et vénaux comme personne, ils n’hésiteront pas une seconde.
Pour l’argent, le protocole est (…)
-
24 avril 2010, par Rodolphe Christin
Seize.
Un peu de temps s’écoula, nécessaire à la méditation de cette vie bousculée. Leur réclusion d’altitude les laissait seuls avec eux-mêmes. Ils ne pouvaient s’échapper.
Fait positif si l’on peut dire : avec le suicide de Kévin, leurs parts respectives avaient pris du poids, de l’ampleur, du gain : cinquante/cinquante. Mathilde et Hector n’avaient pas eu besoin de discuter longtemps (…)
-
21 janvier 2011, par Rodolphe Christin
FORET 0
Le feu craquait, nourri de résines gluantes. Ses doigts en portaient la trace indélébile depuis qu’il vivait dehors.
Elle se tenait accroupie près du brasier, elle aussi. Elle venait d’ajuster une perche, appuyée sur un galet emprunté à la berge, son extrémité glissée sous une autre roche servait de contrepoids. A l’autre extrémité, une bouilloire noire de suie, le cul dans les (…)
-
7 avril 2022, par Rodolphe Christin
S’en aller avec Kerouac, et risquer l’abordage d’horizons imprévus sur une vieille terre d’Amérique bousculée dans ses repères car traversée comme jamais. Vue, vécue, elle tremble, vacille, dépasse les bornes, dérangée par le rythme des voyages intérieurs, extérieurs. L’horizon qui appelle se rapproche ensuite, prend consistance grâce au voyage, devient palpable pour l’expérience avide de le (…)
-
3 avril 2010, par Rodolphe Christin
Hector Dumenclin détaillait vainement, avec désespoir, ces montagnes livides de brouillard qui s’étendaient autour de lui. Les yeux libérés, il restait incapable d’identifier l’endroit où il se trouvait. C’était bien évidemment l’intention de ses ravisseurs, qui se garderaient bien de lui donner le détail des lieux s’il avait la naïveté de leur poser la question. Le Pic de l’Etincelle et le (…)
-
9 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Un.
Mathilde ferma la porte à clefs. Dehors le vent soufflait dru et l’on imaginait l’océan gronder. Gronder si fort que le bruit montait jusqu’ici. Je n’aimerais pas être un marin au large cette nuit, dit-elle. Il faut penser à eux.
Il imaginait l’anxiété dans sa voix, neutre pourtant. Il imaginait le passé qui pointait dans les mots. Il imaginait la tristesse, ensuite la solitude. (…)
-
5 juin 2010, par Rodolphe Christin
Le craquement du bois sec
sur le genou plié
des chevaux soufflent il fait nuit
autour du feu des hommes
des brèches de lumière
s’étendent sur les visages
tendus comme des bruits
Du nomadisme nos sociétés ont retenu le déracinement de l’émigration internationale et la mise à disposition du salarié à l’employeur, l’une et l’autre de ces formes se confondant souvent. Chercher (…)