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Hommage à Jean-Paul Dollé : 12. Métropolitique. IV. L’expulsion (...). V. Habiter l’absence (...). 

vendredi 20 mai 2011, par Jean-Paul Dollé

EXTRAIT. Présentation : « Serions-nous arrivés à la fin de l’histoire de la démocratie, la métamorphose chaotique de la ville en mégalopole en signant l’arrêt ? Pour évaluer la pertinence de cette question et penser le moment actuel, il faut procéder à une généalogie des formes urbaines afin de cerner l’horizon qu’ouvre la nouvelle période historique, à savoir la détérritorialisation et le déplacement en masse des populations. par une ironie de l’histoire, cette situation d’exil et d’étrangeté généralisée peut constituer une nouvelle figure de la ville-monde comme lieu de déploiement et d’intégration des excentricités symboliques et par la même inaugurer un nouvel âge de la politique. » Jean-Paul Dollé, Métropolitique, abstract en première de couverture, coll. Passage, Éditions de la Villette, Paris (2002).

Métropolitique

Jean-Paul Dollé

Jean-Paul Dollé
Métropolitique
104 pages
coll. Passage, Éditions de La Villette
(oct. 2002)
ISBN-10 : 2903539669
ISBN-13 : 978-2903539665


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TABLE

(h.t.) Introduction
- — Pourquoi métropolitique ?

(h.t.) Illustrations

Première partie : Formes de ville

Chapitre 1
- — p. 18. Formes de ville, formes de l’âme. La géométrie et la démocratie des maîtres
Chapitre 2
- — p. 33. Du contrat social à la grande ville baudelairienne. Citoyenneté et urbanité

..... - p. 33. L’espace de la res publica

..... - p. 36. De l’autel (sacré) à l’échafaud (républicain)

..... - p. 36. Le cartésianisme hémiplégique et l’urbanisme sans urbanité

..... - p. 41. La grande ville, la foule et la modernité

Deuxième partie : L’inouï urbain. La mégalopole, le nihilisme achevé et le spectacle intégré

Chapitre 3
- — p. 50. De l’exil à la disparition
Chapitre 4
- — p. 56. L’expulsion jusqu’au vide du temps : loin du lieu, loin du temps
Chapitre 5
- — p. 59. Habiter l’absence, ou l’absence d’habitation
Chapitre 6
- — p. 63. De l’écriture du désastre à la communauté désœuvrée
Chapitre 7
- — p. 69. Du peuple à venir à l’événement-ville
Chapitre 8
- — p. 76. Chaos ou amour. De nouveau l’amour, de nouveau la philosophie

Conclusion
- — p. 86

Post-scriptum
- — p. 89 Après le 11 septembre. Capitale de l’empire et ville-monde

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— Chapitre 4

L’expulsion jusqu’au vide du temps :
loin du lieu hors du temps


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 Expulser les habitants des centres ville est une pratique politique courante, désormais très répandue, et bien connue. Ce qui est devenu récemment plus problématique, c’est la tendance lourde qui consiste à expulser l’idée du centre des mégalopoles, à rendre mineure, presque étrangère, la forme ville à l’intérieur de la mégalopole. Quelles forces se manifestent qui impriment leurs marques sur le processus en cours de cet évitement, de cet effacement de ce qui fut, durant toute la période de la montée en puissance de la bourgeoisie, la figure même du pouvoir : la ville centrale ? Tout se passe comme si les impératifs du nouveau cycle de la marchandise — inauguré après la défaite du fascisme, et apparemment entravé par le développement de son vrai faux rival, le système du socialisme réel — imposait que fut neutralisée ou blanchie (comme on blanchit l’argent sale) la mémoire inscrite dans la ville. À commencer, bien sûr, par la mémoire des luttes populaires qui y ont été menées : mais aussi, et de plus en plus, la mémoire du plaisir des fêtes, des jouissances gratuites qui y ont éclos. Ce qui est fondamentalement reproché aujourd’hui à la forme ville, obsolète aux yeux des marchés, c’est qu’elle ne serve pas ; qu’elle soit gratuite et qu’elle propose, qu’elle offre — mots tout simplement obscènes pour un économiste sérieux — rien moins que le désir de vivre, d’y vivre. Pour parodier Alphonse Boudard, qui, dans un délicieux livre intitulé Le café du pauvre, rappelait que faire l’amour fut longtemps la seule distraction possible — parce que gratuite — du pauvre, on pourrait voir dans la disparition des cafés à l’intérieur des villes, et, bien plus encore, dans leur interdiction formelle dans les banlieues, le versant prohibitionniste, sous prétexte d’hygiène, du même rejet terroriste du plaisir d’être ensemble — en fait, pour interdire le regrouppement des ouvriers actifs, syndiqués, ou, pire encore, révolutionnaires.
 Être ensemble est stressant, et la jouissance est solitaire : voilà les deux piliers de l’ordre mégapolitique. L’« ère du vide », promue horizon indépassable de l’individualisme démocratique libéral, suppose et impose une déterritorialisation de la ville citoyenne, un évidement — dont le célèbre trou des halles fut longtemps le symbole — qui creuse jusqu’au vide du temps. Faire disparaître les traces de ce qui a lieu, voilà de plus en plus souvent la seule idée qui préside aux décisions et aux « réalisations » urbanistiques — et pas uniquement dans la reconstruction des villes comme Berlin ou Beyrouth. Ce n’est pas uniquement pour faire disparaître le souvenir de la honte et du carnage qu’une « esthétique » du nettoyage, du ravalement et de la rénovation se met en place : plus profondément, comme s’en vantent tous les designers, c’est pour dématérialiser le temps, lui retirer sa consistance, en détruisant ou en falsifiant ses bornes témoin.
 Perec a magistralement décrit ces espèces d’espaces de la ville, peu à peu vidés de formes urbaines, comme s’ils minaient de l’intérieur le vocabulaire et la syntaxe citadine — comme il s’est lui-même amusé à le faire dans La disparition, texte dans lequel il vide la langue française de tous les mots possédant un « e ». La rue Villin, tout en haut de Belleville, où il est né, perd ses numéros, puis ses boutiques, puis son tracé. Elle est devenue un square, un espace vert. Il n’est pas opposé aux jardins, mais ce qui le trouble ans l’affaire, c’est l’inconscience avec laquelle est traitée la question de la forme. Car, selon le vieil adage forma dat esse rei, « la forme donne l’être à la chose ». Quand on détruit la forme rue, la « chose ville » n’existe plus. La forme n’est pas un épiphénomène, mais constitue l’essence même du réel. La forme n’est pas séparée de la matière et ne s’impose pas du dehors. Bien au contraire, la matière s’informe d’elle-même et par elle-même. L’individu, fut-il le plus génial des urbanistes architectes ou le plus ardent défenseur de la nature et des jardins, est incapable de créer une forme. La forme urbaine est le résultat d’un travail collectif des générations. La ville n’est pas un « espace architectural » mais un texte, à rendre visible et à déchiffrer : les morts pèsent sur la vie des vivants par les lieux où ils ont vécu, qui demeurent comme mémoire de leur passage et rébuss pour les vivants. la ville est une conjonction intrinsèque entre sa forme et l’ensemble de son histoire. Lorsque les formes, qui gardent la mémoire de l’histoire de la ville, disparaissent, c’est la ville qui disparaît.
 Cette expulsion de la mémoire de la ville est d’autant plus forte que la ville semble mieux conservée. La défense obsessionnelle des centres ville « historiques », la muséographisation généralisée des quartiers « anciens » transforment les formes urbaines en clones d’elles-mêmes, décors d’une pièce d’où l’action et es comédiens se sont échappés, et ou ne déambulent que des figurants du vrai texte — un peu comme dans ces villages Potemkine où l’impératrice de Russie admirait de magnifiques façades qui dissimulaient le vide des maisons et des habitants.
 L’Europe possède encore de magnifiques villages Potemkine : Rome, Venise, Prague, Paris, etc. Mais sont-ils encore des lieux, ou bien des images de lieux, des nostalgies de lieux ? Non pas des ruines comme celle qui restent des grands empires disparus, mais des ruines de l’idée de la ville, qui, une fois expulsée de la mégalopole, trouve un refuge dans la tête de ceux qui en sont privés. Tout se passe comme si la disparition de la ville à l’époque des mégalopoles pouvait être comparée à celle des Indiens au moment de la conquête de l’Amérique du nord. Leur disparition n’impliquait pas nécessairement leur mort physique. mais la poussée toujours plus avant de l’Américain a signifié la disparition de l’Indien. La présence engendre l’absence. Le processus de déplacement hors de leur territoire a a acculé les Indiens à la déchéance historique. Ils sont « en réserve », dans les réserves, comme les grandes mégalopoles ont leurs « quartiers réservés » , quartiers dits « chauds » par antiphrase : « chauds », parce que prétendument quartiers de triomphe du sexe — seule preuve de l’existence de corps, par ailleurs totalement absents ou effondrés — quartiers en réalité hyperboréens, car le sexe lui-même se désexualise en se transformant en son spectacle tarifé, et le corps se rigidifie quand le contact avec l’autre corps passe par la prothèse de l’artifice.

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— Chapitre 5

Habiter l’absence, ou l’absence d’habitation


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 Des cités aux SDF. De la guerre des mémoires à la ruine de la mémoire, commune.
 Une grande part des difficultés des banlieues provient du fait qu’elles sont le terrain et l’enjeu d’un conflit de mémoires pouvant aller jusqu’à la guerre des mémoires. La fonction essentielle de la ville, depuis la cité antique, consiste à unifier et à protéger derrière ses murs une mémoire. Ce sont les hommes libres, les Burgers (« citoyens »), qui permettent que l’espace mental et juridique de la communauté se territorialise autrement que sous la forme tribale, villageoise ou nomade.
 Pour passer d’un lieu à l’autre, la distance n’est pas purement géographique. La translation, le voyage, sont symboliques ; ce qui est mis en cause, c’est l’identité de ceux qui se translatent de gré ou de force. Arrachement est le nom de ce départ sans certitude d’arrivée, et banlieue la souffrance ed ceux qui s’arrêtent au milieu du gué : ni d’un lieu , ni d’un autre, et donc toujours deuxième génération ; plus delà-bas, et pas encore d’ici. Se souvenant d’ailleurs, mais ne pouvant pas l’inscrire, car le traumatisme ne peut se mémoriser. La banlieue est d’abord le non-lieu de l’arrachement, la blessure de la mémoire perdue pour ceux qui s’y perdent ou y sont assignés, et la conquête progressive de la ville, où s’est stockée la mémoire dominante, et dont la banlieue est l’absence. La banlieue n’est pas un lieu, mais le processus par lequel le lieu dominant est comme « ingéré » par ceux qui en sont rejetés — qui n’ont plus, dès lors, d’autre recours que de dissoudre leur mémoire pour en forger une autre, qui les constituera comme communauté des délaissés. La banlieue n’est pas le dehors de la ville, comme ont pu l’être le village ou la campagne, mais le devenir de la perte d’identité : elle implique dans tous les cas soit l’aliénation, soit l’advenue dans un nouveau territoire non point aliéné de la ville, mais étranger à la ville et à la campagne — une ville étrangère à l’ancienne ville et à l’ancienne campagne, où se joue le devenir-absence de la mémoire de la ville et de la campagne : le devenir prolétaire, le devenir émigré.
 L’histoire des banlieues ouvrières en France et en Europe retrace le lent mouvement d’expulsion des campagnes et l’effondrement progressif de la mémoire paysanne — non pas par absorption pure et simple d’une mémoire citadine bourgeoise hégémonique, mais par la mythologisation d’un éthos d’opposition et de marginalité. une nouvelle mémoire populaire s’est ainsi peu à peu constituée, autour de laquelle ont pu se construire des lieux de vie. Ce sont les luttes menées sur les lieux du travail qui ont permis le rassemblement. La communauté introuvable des exploités, n’ayant en commun que leur exploitation et le projet d’en sortir, a su trouver là le chemin d’une sociabilité antisociale. De fait, la banlieue n’existait que comme lieu de rassemblement potentiel de tous ceux qui avaient intérêt à se battre contre l’ordre dominant de la ville. Sinon, quand il n’y avait plus possibilité ou volonté de lutte — quand le chômage faisait obstacle aux conditions matérielles et spatiales du rassemblement, — la banlieue figurait la dépression. Dépression. Affaissement de l’espace et du temps, trou sans fond. Effondrement des repères. Néant. Rien.
 C’est aujourd’hui le statut des « cités ». Comment habiter, non pas le vide ou la ruine, mais le rien de la communauté ? Dans Pierrot mon ami, livre fondateur de Raymond Queneau, le héros poursuit sa quête de sens, parfait son apprentissage de la vie en déambulant aux lisières dela ville — fêtes foraines, terrains vagues, lotissements minables. Poursuivant l’entreprise cartésienne du cogito à l’époque des banlieues proliférantes, il se voit interrogé par un Socrate des faubourgs :
« À quoi penses-tu, Pierrot ?
À rien.
Cela vaut mieux que ne rien penser du tout. »
Vaut-i mieux habiter à rien que rien habiter du tout ? Sinistre alternative à l’époque de l’économie monde des mégaloppoles, de la « mondialisation » : vaut-il mieux être relégué du centre et être logé, ou être sans abri dans le centre ville ? Même dévastation du corps-sujet : soit par l’annihilation de la sociabilité, soit par l’altération, la dépossession, voire la destruction de son intégrité psychologique. Corps en absence d’un commun qui le constituerait dans un partage de ce qui relie et singularise les sujets parlants. Absence d’espaces privés pour des corps singuliers qui ne peuvent même pas jouir du premier droit, l’habeas corpus, la sauvegarde du corps propre.
 L’ère des mégalopoles correspond à l’extension du phénomène qu’avait repéré le jeune Marx, c’est à dire « l’apparition d’une classe qui n’est plus une classe, mais l’abolition de toutes les classes ». Communauté inavouable, pour reprendre l’admirable expression de Maurice Blanchot, (dé)faite de ce qui ne peut compter ni s’identifier. L’apartheid spatial s’étend, à l’époque de l’ouverture généralisée aux flux des capitaux et de la fermeture des frontières, alors que le déplacement des populations s’accroît.
 L’identité nationale joue, symboliquement et politiquement, le rôle de l’ancienne coupure entre ville et campagne, entre ceux qui ont droit de cité et ceux qui en sont privés.
 Paradoxalement, la mégalopole réinscrit le signifiant national, expulsant de ce fait la teneur extra-nationale qui s’attachait aux grandes villes : elle réinscrit de la clôture identitaire là où s’épanouissait le cosmopolitisme déterritorialisé, dénationalisé. C’est à l’intérieur dela mégalopole que se loge l’étranger — ce qui relève d’une logique de l’apartheid, et non plus seulement du ghetto, d’une dissémination de l’enfermement. Les mégalopoles géantes d’Amérique latine, Mexico ou Sao Paulo, figurent ou préfigurent cette reterritotialisation des villes transnationales et cosmopolites, en marquant spatialement les réseaux d’appartenance — non plus à des classes, ou même à des nationalités différentes ou antagonistes, mais à des mondes incommensurables.
 Ces mégalopoles du troisième type inventent une nouvelle idée de la ville-monde, qu’il serait plus juste de désigner par « villes-monde ». Elles sont l’étrange faculté de contredire l’idée que contenait l’urbs, à savoir le cosmopolitisme. La mégalopole ségrègue plusieurs mondes côte à côte, s’ignorant et se déréalisant les uns les autres. Tel quartier de Sao Paulo se trouve au sommet de la hiérarchie mondiale, relié à ses homologues de New York, Paris, Londres, Tokyo ; réciproquement, telle cité de la mégapole parisienne. Blanc-Mesnil ou Chanteloup-les-Vignes, eut se comparer aux favelas de Rio ou de Mexico.
 Ce qui est glorifié par les urbanistes modernistes comme étant une nouvelle pensée en réseau, qui remplacent les anciennes déterminations typologiques de la ville, c’est tout simplement l’effacement de la question de l’habiter. Car jamais un corps humain, pas plus que tout autre corps vivant d’ailleurs, n’a habité un réseau. La « pensée » du réseau, c’est l’idéologie de l’exil de la ville dans la mégapole, la nouvelle forme que prend une politique du contrôle des corps : version « soft » de ce qui, dans des temps plus cruels mais qui peuvent revenir, a déjà été mis en œuvre en vue de leur annulation et de leur extermination.
 L’absence de lieux pour habiter précède souvent l’absence tout court. Expulser, effacer, détruire : le XXe siècle a tragiquement démontré que cette « logique » pouvait fonctionner.

 

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[ ... ]

Jean-Paul Dollé

- - - Métropolitique
Chapitres 4 et 5, extrait in extenso (pp. 56-62)
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Bonnes feuilles

avec l’aimable autorisation des ayants droit © Éditions de La Villette 2002

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HOMMAGE À JEAN-PAUL DOLLÉ
DANS LA REVUE DES RESSOURCES

Jean-Paul Dollé
4 novembre 1939 - 2 février 2011

Index
(suivre les liens des n° de chapitres)

- 1. De l’acédie. Du soin qu’on donne à un mort. Bruno Queysanne. (Dédicace - inédit)
- 2. Le singulier et le pluriel. Paris en mai. Hélène Bleskine. (Dédicace - inédit)
- 3. Entrevue sur l’institution. La parole errante. Stéphane Gatti. (Vidéo - inédit)
- 4. L’Inhabitable capital. VIII. Nihilisme et maladie - IX. Les deux nihilismes. (Extrait - Jean-Paul Dollé)
- 5. "Jean-Paul Dollé, témoin lucide" par Josyane Savigneau. Pierre Goldman. (Recension de L’insoumis, vies et légendes de Pierre Goldman)
- 6. L’insoumis, vies et légendes de Pierre Goldman. II. (...) Les étudiants révolutionnaires. (Extrait - Jean-Paul Dollé)
- 7. La cité et les barbares. (Citation intégrale - Jean-Paul Dollé)
- 8. Bernard-Henri Lévy recense "Haine de la pensée". (Recension de Haine de la pensée)
- 9. Haine de la pensée - en ces temps de détresse. IV. Un se divise en deux : (...) (Extrait - Jean-Paul Dollé)
- 10. "Question où de Sartre il n’y eut que le silence". Roland Castro. (Dédicace)
- 11. "Mon ami Jean-Paul Dollé...". Paul Virilio. (Dédicace)
- 12. Métropolitique. IV. L’expulsion (...). V. Habiter l’absence (...). (Extrait - Jean-Paul Dollé)
- 13. Le Myope. 1re partie. IV. (...) (Extrait - Jean-Paul Dollé)
- 14. Ce que tu ne pouvais pas nous dire. Aliette Guibert-Certhoux (Dédicace)

(à suivre)

P.-S.

Pour information, cet ouvrage auquel Jean-Paul Dollé a collaboré, en 2008, est accessible dans les librairies :

Le grand jeu à venir, textes situationnistes sur la ville
Source amazon.fr

Le grand jeu à venir, textes situationnistes sur la ville, recueil et commentaires par Libero Andreotti,* préface de Jean-Paul Dollé ; coll. Textes fondamentaux modernes, Éditions de La Villette, (17 janvier 2008). ISBN-10 : 2915456038 / ISBN-13 : 978-2915456035

Présentation :

Parmi les stigmatisations formulées par l’Internationale situationniste, l’urbanisme occupe une place spécifique en tant que forme spatiale de domination de la marchandise ou comme décor naturel du capitalisme. Ses diatribes et attaques constituent une véritable déclaration de guerre contre l’idéologie dominante du fonctionnalisme et du modernisme, entendue comme voie royale du progrès économique et social. Nulle part mieux que dans les transformations de l’art de bâtir, la prégnance de cette nouvelle doxa n’est manifeste. En dépit de quelques travestissements culturels, l’architecture renoue avec sa fonction politique d’inscrire la division de la société dans l’espace, imposant à chaque classe sociale sa place. Dénonciateur implacable de toute idéologie autoritaire, théoricien de la communication directe et de la participation démocratique, Guy Debord précise sa critique en dévoilant la mission stratégique impartie à l’urbanisme : " L’urbanisme est l’accomplissement moderne de la tâche ininterrompue qui sauvegarde le pouvoir de classe : le maintien de l’atomisation des travailleurs que les conditions urbaines de production avaient dangereusement rassemblés. La lutte constante qui a dû être menée contre tous les aspects de cette possibilité de rencontre trouve dans l’urbanisme son champ privilégié. L’effort de tous les pouvoirs établis depuis les espérances de la Révolution française, pour accroître les moyens de maintenir l’ordre dans la rue, culmine finalement dans la suppression de la rue. " C’est à une aune insurrectionnelle ludique que doivent être appréciées les thèses situationnistes, les pratiques urbaines et les projets architecturaux résolument utopiques de Constant, en n’oubliant jamais que le projet est d’abord celui d’une transformation radicale de l’ordre établi au nom du " grand jeu à venir " qui mettra un terme à la domination de l’économie, de l’utilitarisme et du productivisme sur la vie des hommes. L’architecture ou le projet urbain n’apparaissent qu’à titre de moyen. Pour les situationnistes, la vraie construction est celle des barricades ; et l’état d’urbanité maximum, celui de la ville en fête et insurgée.

* Libero Andreotti, architecte, docteur en histoire de l’art et de l’architecture est professeur au Georgia Institute of Technology, dont il dirige le Paris Program. Commissaire de l’exposition Situationists : art politics, urbanism au Musée d’art contemporain de Barcelone, il fut responsable, avec Xavier Costa, de la réalisation du catalogue et de l’anthologie Theory of the Derive : situationist writings on the city (Actar, 1996). En 2004, il a participé à l’exposition de la Triennale de Milan Mario Sironi : la Grande Decorazione. Ses écrits sur l’art et l’architecture du XXe siècle ont été publiés dans October, Architectural Theory Review, Journal of Architectural Education et Lotus International. "

(présentation de l’ouvrage in amazon.fr)


Art Press International N°13, septembre 1877 ; Liliana Cavani, Jean Paul Dollé, Jean-Louis Houbedine, Benoit Jacquot, Bernard-Henri Lévy, Jean François Lyotard, Daniel Mesguish, Daniel Sibony.

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