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Les pourparlers de l’OTAN : une supercherie 

samedi 26 mai 2012, par Dennis Kucinich, Louise Desrenards (traduction de l’anglais au français)

Le nouveau président français a reçu son baptême du feu lors du sommet de l’OTAN à Chicago, les 20 et 21 mai 2012 (avec une prolongation le 22), dont il n’a pas contesté le projet de l’avant et de l’après 2014, même s’il paraît avoir obtenu le retrait des troupes françaises combattantes en Afghanistan (mais il laisse les troupes de formation technique qui comptent un effectif de 1300, et « le matériel », ce qui n’est pas rien en termes militaires et économiques.) [1]. Comme si l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord était nécessaire à la paix dans le monde, quand on n’en connaît que des menaces et des guerres meurtrières, et le poids de l’économie de la guerre sur celle des pays partenaires en crise. Le tout aux dépens des populations civiles assassinées, et des peuples soutenant malgré eux leurs armées conviées, auxquels elles coûtent le sacrifice d’un endettement supplémentaire, sous diverses formes. Non pour sauver mais pour guerroyer. Cependant, le marché des armes rapporte gros à ses vecteurs, et les destructions des infrastructures techniques industrielles et agricoles, comme les destructions des villes, assurent les marchés d’entreprise imposés par les agresseurs (tant que les agressés peuvent encore payer ou s’endetter).
On sait les manifestations violemment réprimées au long des trois jours du Sommet et durant les deux semaines de préparation qui précédèrent. Mais on sait moins que des représentants américains au Congrès non seulement critiquent mais combattent la perpétuation de cette organisation. Voici une publication récente du député de l’Ohio élu dans la 10e circonscription du Congrès [2], Dennis J. Kucinich, connu pour avoir été le seul élu Démocrate à voter contre la guerre d’Irak, en 2008. (L. D.)


Les pays de l’OTAN signalés en vert
(Source NATO - en.wikipedia)


L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord n’est pas une organisation bienveillante. L’OTAN n’est pas à propos de l’Atlantique du Nord et il ne s’agit pas de notre défense collective.

L’OTAN est une organisation de partage des coûts qui finance une action militaire agressive. En se cachant derrière l’argument selon lequel l’organisation prévoit « une défense commune », l’OTAN nous permet de mener des guerres de choix sous le couvert du maintien de la paix internationale. L’exemple le plus récent fut la guerre inconstitutionnelle en Libye où l’OTAN, opérant conformément à un mandat des Nations Unies pour protéger les civils, au lieu de cela soutint un côté de la guerre civile afin de poursuivre une politique de changement du régime.

Aujourd’hui, des leaders de L’OTAN se rencontrent à Chicago pour discuter sur l’avenir de l’Afghanistan. Les pourparlers sont annoncés en tant que discussion sur la planification pour finir la guerre. La guerre d’Afghanistan n’est pas en train de finir. Ces pourparlers sont tout bonnement sur le financement de la phase suivante de la guerre.

L’agrément du partenariat stratégique entre les États-Unis et l’Afghanistan nous commet dans ce pays pour au moins une autre décennie, malgré le soutien public au plus bas de tous les temps pour la guerre. Les États-Unis payeront la moitié des 4.1 milliards de dollars estimés pour le coût annuel du soutien de 352.000 policiers et membres de l’armée Afghane. La contribution de l’Afghanistan sera de 500.000 dollars. Le reste sera financé par nos « partenaires de L’OTAN ». Il n’est pas surprenant que l’assistance pour la guerre décline parmi des membres de L’OTAN, ainsi avec la France, qui menace de retirer ses troupes d’ici la fin de l’année.

Notre participation à l’OTAN atteint un coût financier très élevé pour les États-Unis. Nous contribuons à la majorité des fonds du budget commun de l’OTAN, y compris pour 25% du budget militaire. Entre les exercices 2010 et 2012 seulement, nous avons contribué pour plus de 1.3 milliards de dollars au budget militaire de l’OTAN. Nous encourons également des coûts importants pour le déploiement de nos forces à l’appui des missions de l’OTAN. Selon The Atlantic [3] la guerre en Libye a coûté 1,1 milliards de dollars pour les États-Unis.

L’OTAN à l’origine fut fondée pour fournir un contrepoids stratégique à l’Union Soviétique. Son but fondateur n’existe plus, mais l’OTAN continue à contourner l’autorité des Nations Unies et à provoquer d’autres nations. L’OTAN est un anachronisme. Au lieu d’essayer d’en renforcer l’organisation, nous devrions commencer des discussions sérieuses visant à la démanteler.

Dennis Kucinich


Source Reader Supported News, le 22 mai 2012.



P.-S.

Il est possible de comparer cette déclaration à l’intervention de Michel Collon sur l’OTAN, autant radicale mais moins ’respectueuse’, durant l’émission de Frédéric Taddeï « Ce soir ou jamais » (France 3), du 22 mai. D’ailleurs l’ensemble de l’émission paraît avoir été rendue inaccessible (censurée ?) dans le site de la chaîne, où habituellement on peut voir jusqu’au nouvel opus l’archive vidéo de la dernière émission. On peut découvrir cette intervention en vidéo grâce à un collage de deux moments de la soirée, dans le site Investigaction (suivre le lien).

Mise à jour des liens critiques en France :

Hollande recule sur le bouclier anti-missile (par Thomas Hofnung et Laure Bretton — à Chicago — le 21 mai 2012, libération.fr).

Les jours après la mine (par Jean-Luc Mélenchon — le 28 mai 2012, Le Blog de Jean-Luc Mélenchon), à partir de « Le plus curieux de ma campagne ici », jusqu’à la fin.

 Le logo est l’icône promotionnelle du Sommet de Chicago, extraite du site officiel de la Représentation Permanente de la France auprès de l’OTAN (suivre le lien).

Notes

[1Selon l’AFP et l’UKPA, le vendredi 25 mai, le Président français au cours d’un voyage éclair à Kapisa (sans effet d’annonce pour des raisons de sécurité), base opérationnelle des troupes françaises en Afghanistan, pour les informer de l’accord multilatéral sur leur retrait décidé par le nouveau gouvernement, soit 2000 hommes avant la fin de 2012, a également déclaré qu’il avait signé un accord avec le Président Hamid Karzai pour un soutien en coopération au-delà de 2014, et que la France entendait se maintenir et se développer diplomatiquement, économiquement, et culturellement dans ce pays, bientôt redevenu souverain. On ne sait que penser, si ce n’est que la présence présidentielle assume sur le site même son engagement pour le retrait, mais encore, concernant l’information du président afghan, ignore-t-on si l’intention correspond à un échange de coopération pacifique avec les policiers et les militaires afghans suite au retrait (mais qui comprendra du matériel militaire et des ventes d’armement, a-t-on appris lors du Sommet de Chicago), ou plutôt à un engagement colonialiste défensif à la demande des États-Unis, pour soutenir le gouvernement Karzaï (ou son successeur) que d’aucuns considèrent comme corrompu et fantoche, et lequel en tous cas dépasse le terme de son mandat depuis 2009.

[2Voir l’article dans wikipedia anglophone : Ohio’s 10th congressional district.

[3« The Atlantic » est un magazine généraliste américain notamment concerné, comme son nom l’indique, par les nouvelles des États de l’Atlantique nationaux et internationaux : http://www.theatlantic.com/.

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