Notre but est un engagement au partage pour créer du lien social, porté par des valeurs fortes. La beauté, la bonté, la justice et la vérité.
Que ceux qui ont des yeux voient, et que ceux qui ont des oreilles entendent. Les artistes photographes, militants de la beauté, nous offrent leurs regards déchirés ou émerveillés, à l’orée de cet imaginaire qui nous habite, nous effraie ou nous éblouit.
Nous sommes tous des artistes, nous sommes tous restés des enfants, mais souvent nous avons étouffé la voix de l’enfance en nous. Sachons à nouveau nous mettre à son écoute. Les enfants ont beaucoup à nous réapprendre de ce que nous avons perdu avec une persévérance dérisoire. Tentons de nous réapproprier et de leur offrir le meilleur de nous-mêmes pour leur permettre à eux aussi de nous confier à leur tour l’essentiel : toute cette merveilleuse et unique part invisible, blottie précieusement tout au fond de Toi, de Moi, de Nous, et qui s’appelle... le bonheur.
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Au-delà des masques et des apparences, essayons de nous connaître. Plutôt que d’attiser les haines, PHOTSOC essaie avec eux, avec vous, de faire surgir des sources d’eau claire au cœur des brasiers de la colère.
Les artistes eXposés
AGNIESZKA TRACZEWSKA
« Agnieszka n’est pas juive, et pourtant elle a pu pénétrer l’une des communautés au monde les plus fermées. Et les photographier avec un talent à couper le souffle ! Nous les faire découvrir en sachant partager. Leur a-t-elle donné de l’argent pour cela ? Non, elle a su les approcher, les regarder avec une étonnante acuité. Le résultat confine au miracle. Parce qu’elle a su les comprendre, c’est-à-dire les aimer. »
ANNE BICHON
Anne Bichon est née à Angers où elle a étudié les beaux- arts. Sa pratique est pluridisciplinaire : elle utilise photo, vidéo et son car elle s’intéresse à l’image dans tous ses états. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Paris. Son site : www.annebichon.com
« Elle observe avec une tendresse déchirante la solitude abandonnée sur un banc de nos villes. » X. Z.
BÉNÉDITE TOPUZ
À 20 ans, Bénédite était passionnée de photographie. Vingt ans plus tard, elle quitte son poste de rédactrice en chef dans la presse professionnelle et suit, pendant huit mois, une formation de photographe au Centre Iris, à Paris. Bénédite Topuz questionne la relation mère-fils père-fille dans des portraits subtils qui résonnent en nous de mille et mille échos. Émotions. Ravages. Sans âge. La photo des visages, la photo dévisage, la photo des vies sages... ou pas sages...
BERNARD CIANCIA
Enfant des Trente Glorieuses, né en 1960, Bernard Ciancia est fils d’un siècle d’images. Héritier d’un grand- père et d’un arrière grand-père pionniers en la matière, il retiendra de ces premiers temps de l’enfance où ce n’est pas le verbe mais la vision qui donne à l’imaginaire son langage, la force de percussion de l’image. Bernard porte sur les ouvriers d’usine un regard de clarté qui les transfigure en icônes.
FRANCE KEYSER
France Keyser est née deux ans après mai 1968 et a grandi à la campagne. Elle a découvert Paris et la photo sur le tard. Elle travaille aujourd’hui pour la presse quotidienne et hebdomadaire, sur des sujets d’actualité.
France a de son côté réalisé un document remarquable sur les Musulmans de France, témoignant posément contre ceux de nos concitoyens qui prétendent que ces minorités ne sauraient pas s’intégrer.
FRANCK BOUTONNET
Depuis dix ans, son travail se centre autour de problématiques sociales en France et à l’étranger : les travailleurs pauvres dans le monde, l’homoparentalité en France, le microcrédit, la ruralité. Il est cofondateur du collectif de photographes item : www.collectifitem.com
Franck, lui, revient d’une Argentine âpre, aux mêmes contrastes brutaux, lumières dures où les mères des disparus ne renoncent pas à réclamer justice, où se tapissent dans l’ombre les tortionnaires d’hier rêvant d’être à nouveau les maîtres de demain.

GUILLAUME J. PLISSON
Photographe basé à Lyon, il est membre du collectif « Libre arbitre ». Il réalise ses reportages sur le long terme, avec une approche documentaire. En parallèle, il mène une recherche avec des calligraphes et graffeurs, intitulée Lightgraff.
Guillaume J. Plisson accompagne ceux qui se faufilent dans l’obscurité, tentant de vaguement exister en recouvrant les murs la nuit de graffiti malingres comme d’autres riches marchands nous hantent et nous désenchantent de vastes panneaux puanteur aux marques agressives...
IRÈNE SINOU
Elle questionne l’actualité à travers ses représentations : en jouant sur les frontières de l’image, elle raconte, dans les murmures du silence, les histoires que l’on ne parvient plus à voir. Irène recueille dans des poubelles africaines des absences de visages qui nous interrogent sur le pouvoir
des images, la construction et la perte de nos identités. »
JEAN-MANUEL SIMOES
« Né en 1964 en région parisienne, de double culture franco- portugaise, j’ai commencé ma carrière de photographe à 33 ans. J’ai commencé ce travail en novembre 2007, d’abord à Villiers-le-Bel, puis très rapidement j’ai investi le 93. » J. -M. S.
Il décrit au scalpel, de son œil aiguisé, Clichy-sous-Bois, une autre de nos banlieues ostracisées, stigmatisées, avec ses jeunes désœuvrés, de colère et de douleur étranglés, cernés de noir et blanc résolument contrastés à l’image de notre dureté..
JORDI COHEN
« Je suis né à Manresa en Espagne.
Après avoir été diplômé en médecine, j’ai travaillé pendant presque vingt ans dans le domaine médical
en Europe, Amérique latine et Afrique. Je connaissais le monde de la photographie à travers mes voyages. J’ai fait des reportages, principalement sociaux. J’essaie de transmettre les émotions liées aux aspects culturels de différents pays et civilisations. J’ai exposé et publié des photographies dans des livres et autres supports. » J. C.
Avec Pierrot Men, ils portent tous deux sur nos contemporains des regards infiniment vivants, faisant vibrer le monde avec des focales fort différentes mais avec d’égales grandes âmes à la mesure d’un Édouard Boubat, des êtres éveillés tels des Bouddhas de la caméra, des maîtres soucieux de révéler quelques pans fragiles de ce qui constitue le plus fécond de notre humanité : son mystère. »

LOÏC LAUTARD
Âgé de 33 ans, il vit et travaille à Paris. Sa démarche est une recherche permanente sur l’humanité au sens le plus affectif qui soit, concerné par la solitude des êtres et tout ce qui est accroché à l’intérieur de l’âme.
LUCA ZANIER
Né en 1966, il vit et travaille à Zurich où il a appris le métier de photographe. Après avoir travaillé en Italie et en France, il a monté son propre studio à Zurich. Il travaille en Suisse et à l’étranger, mettant l’accent sur les paysages, les natures mortes et les personnages. Luca Zanier nous entrouvre ces lieux de pouvoir et d’énergie où tout semble se décider. Pour le meilleur ou pour le pire ? »
« Loïc Lautard accompagne fraternellement Brahms le SDF dans sa dérive de misère, symphonie désaccordée, et porte un regard tout aussi effaré
sur les Salarymen de Tokyo qui s’effondrent solitaires, avec la même constance disharmonie, sur le pavé au sortir de leurs bureaux climatisés. »

MATTEO GOZZI
Il est un témoin qui attirevotre attention sur la présence émotionnelle, sur l’énergieet l’humanité, dans des situations dérangeantes et des conditions de vie parfois extrêmes. Matteo Gozzi nous conduit aux frontières de la mondialisation, à Oulan-Bator, en des terres que nous croyions encore de vastes espaces libres appartenant aux cavaliers alors que la capitale de Mongolie enfumée, irrespirable et invivable, est de plus en plus étouffée par une pollution plus meurtrière encore que le sida. »
PIERRE TORSET
Pierre Torset est un photographe basé à Poitiers. Il partage son temps entre une activité photographique locale au printemps / été, et des reportages culturels et sociaux en hiver, essentiellement à l’étranger. L’Asie reste sa destination de prédilection. Il nous entraine dans ces immenses chantiers de nations désargentées où l’on s’échine à recycler dans la sueur, le sang , la boue de gargantuesques navires éventrés.

PIERROT MEN
Né en novembre 1954 à Midongy-du-Sud, sur la côte est de Madagascar, Pierrot Men vit et travaille à Fianarantsoa, où il dirige le plus grand laboratoire photographique de la ville, le "Labo Men". Avec Jordi Cohen, ils portent tous deux sur nos contemporains des regards infiniment vivants, faisant vibrer le monde avec des focales fort différentes mais avec d’égales grandes âmes à la mesure d’un Édouard Boubat, des êtres éveillés tels des Bouddhas de la caméra, des maîtres soucieux de révéler quelques pans fragiles de ce qui constitue le plus fécond de notre humanité : son mystère.
TONY ZEN
« Tony Zen passe de l’image fixe à la vidéo, de la ville à la campagne au rythme terriblement actuel d’un Jean-Jacques Rousseau brillamment revisité. »
NICOLAS HENRY
Né en 1978, Nicolas Henry est diplômé des Beaux-Arts de Paris et de l’Ecole nationale supérieure d’art de Cergy, et s’est formé au cinéma à l’Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver. Très vite, il tire de ces enseignements une vision de l’art sans limite entre les disciplines, et mêle volontiers photographie, arts plastiques, scénographie et vidéo dans le cadre d’un vaste travail de création visuelle autour du jeu et de la rencontre.
Outre ses nombreux travaux personnels, il parcourt le monde pendant trois ans comme réalisateur pour le projet 6 milliards d’autres de Yann Arthus- Bertrand, dont il assume ensuite la direction artistique, lors de l’exposition au Grand Palais début 2009. Dans le même temps, il conçoit les centres « GiBiloba », des parcs de jeux et d’éveil à l’écologie pour les enfants, et poursuit sa série à la rencontre des aïeuls du monde entier Les cabanes de nos grands-parents, mixant installation et portrait photographiques.
Cette série a été diffusée à travers le monde, par le biais de la presse et des festivals. Une monographie est parue en octobre 2011 aux éditions Actes Sud.
Un personnage exceptionnel. Généreux. Adorable ! Venu illuminer les yeux des enfants de Sarcelles le temps d’un été en collectant patiemment entre les HLM des objets de toutes sortes jetés au rebut pour bâtir avec eux des cabanes tout aussi insolites qu’éphémères. Et puis et puis et puis... dans ce Festival et pour la première fois j’ose présenter un peu, aussi, de mon propre travail avec ces mêmes enfants des bâtiments dont je suis issu, pour permettre à celles et ceux qui ne partent pas en vacances de mettre de la couleur et du bonheur dans la cité.
Pour accompagner le Festival et amener le public et la population sarcelloise à y participer concrètement, plusieurs activités ont été organisées durant l’été.
DES ATELIERS AVEC DES PHOTOGRAPHES CONFIRMÉS
Des résidences d’artistes dans les cinq maisons de quartier de la ville de Sarcelles ont eu lieu du 11 au 23 juillet, avec des photographes professionnels désirant partager leur savoir-faire avec les jeunes rencontrés dans ces divers quartiers. Des rencontres pédagogiques, mais surtout des moments de partage et de découverte.
Toutes ces activités ont été encadrées par les éducatrices spécialisées de l’OPEJ avec le soutien fervent de son directeur Yves Slama : (ici, noms des éducatrices). L’organisation générale a été supervisée par Olivier Langlet pour la Ville de Sarcelles et par Xavier ZIMBARDO directeur artistique de PhotSoc.
Du 11 au 13 juillet, rendez-vous aux Sablons avec Nicolas Henry, Robert Veyssière, Xavier Zimbardo et des animateurs pour accompagner la construction de cabanes et la réalisation de photographies par les jeunes. L’expérience a été renouvelée du 16 au 20 juillet aux Vignes Blanches.
Nicolas Henry et son assistante Laure Dévenelle sont intervenus également aux Rosiers, du 23 au 26 juillet, avec le soutien des responsables du lieu et de Francis Péarron Président de PhotSoc. Au même moment, Xavier Zimbardo a mis en oeuvre aux Chardonnerettes et à Valéry-Watteau Les Raisins de la Couleur, afin de « métamorphoser les jeunes et les quartiers avec des voiles de couleurs indiens, marocains... ».
Les artistes ont été assistés durant tout le mois par Barbara Portaillier, Mathieu Prévot dit Mathieu Soleil, Alice Beuvelet, Hanène Saïdi, Jeanne Bonraisin, Mathieu Miannay alias Sauvage des Bois, et Tony Zen.
Dans chaque maison de quartier, des photos seront retenues et exposées pendant le Festival.
Faire témoigner les enfants et jeunes de Sarcelles, visuellement, de leur quotidien et de leurs environnements sociaux, architecturaux, familiaux en explorant attentivement la ville à la manière d’un photoreporter.
Créer des œuvres originales aux côtés de l’artiste en habillant la cité avec des tissus de couleurs, en s’y mettant en scène de manière plus ou moins théâtrale de façon à engendrer la joie de créer.
Leur permettre de rencontrer des photographes professionnels, de s’approprier un moyen d’expression artistique, reconnu, apte à faire rêver, à susciter émotion, trouble et admiration.
Sarcelles est une ville jeune, qui peut, par ce travail autour de l’image et aux travers du regard d’enfants et de jeunes, casser l’image de « cité défavorisée » médiatisée, et la transformer en « avantage ».
ATELIERS ANIMÉS PAR NICOLAS HENRY
Un atelier de création où l’on souhaite faire rêver l’enfance des cités, avec des objets et des savoir-faire simples, au niveau de chacun.
L’idée est de leur montrer que tout est possible et qu’ils peuvent fabriquer de grandes choses rien qu’en observant leur ville et en ramassant au hasard d’une promenade, des centaines d’objets abandonnés, ne servant qu’à remplir les bennes des encombrants...
C’est un engagement social parce que l’on crée un lien, une histoire avec ces jeunes ; on s’intéresse à la leur, à leur origine, à leurs rêves et au fur et à mesure, on fait grandir le pouvoir d’évasion, l’imaginaire,
qu’ils possèdent tous en eux.
Ce travail passe par l’art, par la beauté de l’invention et du recyclage, traduit par une image, une idée esthétique. Ici, c’est un décor, une mise en situation, réalisés à partir d’objets, de matériaux récupérés dans les différents quartiers de Sarcelles.
Les enfants sont les principaux acteurs de cette scène, tous face caméra, se prenant au jeu des flashs.
L’espace d’un instant, on partage leur vie, on ouvre leur esprit vers d’autres possibilités que celle de passer l’été dans les rues des cités...
ATELIERS ANIMÉS PAR XAVIER ZIMBARDO
Sarcelles, une vie
La plupart de ces jeunes que nous avons accueillis vivent dans ce qu’on appelle aujourd’hui « les quartiers ». C’est la première de nos motivations. En effet, ces jeunes sont trop souvent regardés comme des malchanceux, mais ce regard compatissant les rend aussi vulnérables. Naître et grandir dans ce que l’on appelle une banlieue défavorisée, dans les HLM de Sarcelles, peut être au contraire une chance. Ceci dans la mesure où l’on apprend à transformer toute épreuve en une chance, en tirant de la traversée de chaque passage le meilleur de ce qu’il nous permet de vivre, mais aussi de connaître, de mieux comprendre et de créer.
Cette manière d’avancer fait parfois commettre des erreurs, mais ces erreurs sont alors source de réflexion, car elles apportent avec elles l’inattendu, l’imprévu. Au point que l’on en viendrait à cultiver l’erreur, à la susciter presque, à lui souhaiter la bienvenue. Car cela permet d’éprouver et d’observer des choses parfois extrêmement étonnantes, et même boule- versantes. Ainsi le mouvement, le bougé, le rayonnement de la lumière et le jaillissement des couleurs deviennent autant d’allusions, de suggestions, favorisant l’inspiration, suscitant l’émerveillement... terrain fertile pour l’imaginaire enfantin, terreau précieux pour la renaissance en chacun de nous de cet essentiel enfoui mais attendant l’Éveil.
Je suis venu à la photographie à l’âge de 27 ans en l’apprenant par moi-même. À ce moment-là, chacun aimerait rencontrer quelqu’un qui l’aidât à l’orée de la création. Et c’est arrivé en la personne d’un père spirituel pour lequel j’éprouve une gratitude ineffaçable. A mon tour, je dois prodiguer ce qui m’a été offert. Ce sont cette ardente curiosité, cette joie de vivre et de créer, cette confiance en eux et en ceux qui les entourent que je souhaiterais transmettre.
ATELIERS ANIMÉS PAR FRANCK BOUCHER
L’an dernier, Franck Boucher a permis à des élèves de CM1 et CM2 de découvrir l’univers de la photographie dans le cadre de la 3e édition du Festival international de la Photographie Sociale, PhotSoc Junior. Résultat : une expérience inoubliable pour les enfants comme pour le photographe et des images pleines de couleurs et de joie de vivre.
Pour la première fois, je réalise que nous pouvons créer sans nécessairement avoir la paternité de tout !!! Je n’ai été que l’artiste chef d’orchestre qui a utilisé la transmission de son savoir pour permettre à d’autres de me rejoindre dans mon monde. Ici, le sujet est oeuvre et artiste à la fois. Le résultat, je n’aurais pu l’atteindre seul, les enfants se sont donnés à eux-mêmes lors des prises de vue, restant aussi naturels que dans la cour de leur école. Mes appareils photos qui circulaient de main en main dans la plus grande confiance sont devenus le prolongement de leurs yeux et le motif d’en faire plus pour être plus !!!! Je suis reparti vers d’autres oeuvres et eux sont restés dans leur « cité » .... mais avec un autre regard.
Chacune des toiles reprend la photo faite par un enfant de la classe. Celle-ci a était détourée par mes soins puis proposée à l’enfant sur un fond blanc. Celui-ci a redessiné dessus quelques illustrations de son goût et selon ses possibilités, puis reprenant certains paysages photographiés pour la plupart par les jeunes des quartiers, j’ai essayé de proposer des compositions qui correspondaient à ce que j’ai ressenti du caractère de mes petits acolytes. J’ai repris leur dessin que je me suis contenté de dupliquer et de repositionner afin de donner une cohésion et un rythme à l’ensemble.
Xavier Zimbardo, photographe, fondateur et directeur artistique de PhotSoc