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WikiLeaks et l’Anarchie numérique 

vendredi 17 décembre 2010, par Patrick Lichty

[WikiLeaks 1/3]
 où Skynet * ne ressemble en rien à ce que nous pensions qu’il faisait.

 C’est la première fois que je poste depuis un moment, mais je pense que nous sommes dans un moment significatif. Assange et l’ensemble du phénomène WikiLeaks sont si importants qu’il y a besoin d’un peu de théorie.

Récapitulons pour ceux qui ont été inconscients des nouvelles, WikiLeaks est une base de données en ligne sur le mode de Wikipedia, qui lance des coups de sifflets contre des méfaits gouvernementaux associés, en sortant des documents classifiés/contrôlés. À partir de décembre 2010 est sorti un nombre énorme de câbles touchant à la politique étrangère américaine, qui a mis le Premier Monde en panique, particulièrement le Département d’État des États-Unis. Pourquoi ? Parce que les fuites découvrent les États-Unis dans un certain nombre de gaffes, comme qualifier la Russie d’"État mafieux", divulguer des points d’incertitude à propos des leaders du Moyen Orient et de plus d’autres informations non révélées, comme les transferts de technologie d’armes de la Corée du Nord à l’Iran, l’industrie pharmaceutique américaine ciblant des politiciens africains, et cetera. Cette découverte a plongé le Premier Monde dans le chaos diplomatique, avec la politique de la géopolitique se reconfigurant elle-même comme un Cube de Rubik à l’échelle de la planète.

La première grande puissance a été mordue par son propre bébé, ou son propre système émergent tel qu’il est caractérisé par les franchises de science-fiction populaires comme Matrix [1] et Terminator [2]. La puissance de l’info a commencé à devenir autonome de ses racines matérielles (atomiques — atomisées). Au lieu des robots, c’est simplement l’infosphère qui se fait valoir elle-même [ à l’inverse de Skynet ]. Dans La fabrique de Porcelaine [3] Antonio Negri affirme qu’un des trois changements majeurs de la postmodernité est la primauté du capital cognitif/informatique, le plus déterminant pour le nouvel ordre. Comme tel, il concentre la société sur ce flux de capital qui a délocalisé les fondements du pouvoir dans le nouveau millénaire.

Internet a été conçu par l’armée des États-Unis (DARPA) [4] comme un réseau décentralisé pour le partage et le stockage redondant d’informations dans des emplacements multiples, en cas d’attaque nucléaire. Dans un tel cas, un noeud peut être détruit mais malgré cette perte le réseau peut toujours fonctionner. C’est pour cette raison, je crois, que le pouvoir conventionnel/matériel devrait être qualifié d’"atomique", ainsi que les armes nucléaires sont l’extension suprême du rang de la nation, et en guise de métaphore pour la société matérielle nous pouvons aussi redoubler que ce pouvoir se situe dans le monde des atomes. Cependant, cette extension de pouvoir "atomique"/conventionnel s’est développée et distribuée dans un champ concourant du pouvoir hétérogène que j’appellerai le rang de l’information, "rang-info", qui inclut le web, le courrier électronique, et toutes les fonctions des communications en réseau. Bien que les fonctionnaires du pouvoir conventionnel se soient restructurés dans les termes du milieu informationnel, le plus récent ne coïncide pas nécessairement avec le précédent. Internet recouvre la plupart des états physiques, néanmoins il ne réside dans aucun d’eux.

Malgré cela, il y a des zones où le rang des nations a essayé d’assigner à territoire et de limiter le flux du capital cognitif, telles la Turquie et la Chine, mais les pare-feu y restent poreux et glissants. La déterritorialisation du rang-info crée une relation de pouvoir asymétrique qui, en raison de sa nature amorphe, rend problématique pour le rang des nations de s’engager. Le pouvoir conventionnel exige un visage sur lequel concentrer la crainte et la haine, comme Saddam Hussein ou Osama bin Laden. Le pouvoir de l’information est mercurique [ insaisissable ] et morphogénique [ ablation, effondrements, plis, transport et accumulation dynamiques des vastes reliefs en formation, systèmes de l’érosion, concrets ou abstraits ] et quand il est confronté à la nature hiérarchique, centralisée, du pouvoir conventionnel, simplement il s’écarte, se transforme ou se reproduit, en passant au-delà de "l’armée et du général". Cette relation connote le nouvel équilibre des forces entre le rang de la nation et le rang de l’information par la dialectique krokerienne de la panique [5], dans laquelle la capacité de l’un de se rapporter dans les termes de l’autre implose.

Avec l’hémorragie de l’information des contenus matériels (c’est-à-dire les fuites des câbles diplomatiques des États-Unis) jusqu’à l’informatique en rhizome à travers WikiLeaks, le rang-info [ le rang de l’information ] a créé une insurrection asymétrique contre le pouvoir conventionnel. La conception de Negri du capital cognitif comme lieu de pouvoir défie asymétriquement celui du capital matériel. C’est analogue à la mention précédente des événements selon le film Matrix, où l’existant artificiel (informatique) remplace/annule le pouvoir conventionnel incarné. Comme Deleuze puis Agamben affirment que le pouvoir sépare le sujet et sa potentialité, ce qui atténue la révolte, le rang de la nation essaye d’exercer le pouvoir en séparant les moyens d’assistance et la figure de proue de WikiLeaks, mais la cyberguerre asymétrique distribuée par la communauté du net a déjà perturbé des banques, le crédit, et mis des sites en réseau ; elle a même rallié la sous-culture hacker amorphe d’Anonymous [5b] — dernièrement connus pour leurs protestations massives contre l’Église de Scientologie, — pour le soulèvement contre les adversaires de WikiLeaks. Le Réseau, tel le petit fifre de l’armée (pouvoir conventionnel) a commencé à allumer ses chefs, avec des réponses attendues, réfléchies.

Cette réaction réflexe du rang-nation contre le pouvoir asymétrique — opposé au pouvoir conventionnel — est devenue évidente dans le cas de 2001, où des réseaux sociaux physiques décentralisés, "cellulaires", circonvenaient le pouvoir centralisé. Bien que la mention précédente indique un pouvoir physique "décentralisé", c’est simplement une étape intermédiaire vers le développement de l’infopouvoir distribué, asymétrique. Le caractère centralisé, hiérarchique, de l’entreprise matérielle du rang de la nation, a été incapable de contenir le flux décentralisé du pouvoir cellulaire, qui est devenu un infopouvoir innové par l’état d’urgence des réseaux distribués. C’est à voir de nouveau sous l’angle de Matrix Reloaded où, comme dans toute la trilogie Matrix, l’état/corps informatique (Agent Smith) réagirait à l’intervention du pouvoir humain conventionnel (Néo- ou "l’un"), par l’asymétrie en reproductibilité massive des sites WikiLeaks ("plusieurs"). Maintenant le pouvoir conventionnel a un nuage de cibles mobiles en reproduction plutôt qu’une à viser.

Alors le Premier Monde réagit à la contestation en accélérant la diplomatie physique/matérielle d’autant qu’au contraire il aurait fallu normalement de mois, de jours ou de semaines, pour arrêter Assange, et probablement l’extrader aux États-Unis — adresse de son défi. — Mais bien que la "tête" [5c], (l’objet de levier de la force conventionnelle) soit en garde à vue [ ou libéré sous caution mais sans accès au champ de la communication ni de la communication électronique ], le "corps" de WikiLeaks et le reste de son "nuage de calcul dissident" ont déclaré le 7 Décembre (incidemment le jour anniversaire de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor), qu’ils continueraient à sortir des renseignements à travers le réseau WikiLeaks. Au lieu de l’anthropomorphisme centralisant l’identité/située dans un seul "visage" des défis à l’hégémonie, (comme pour les reines des films Alien et la pseudo-race des borg dans Star Trek) [6] [7], le vrai visage de l’asymétrie est celui du dissentiment impersonnel et morphogénique. C’est comme essayer de tenir du mercure, parce que, comme le Critical Art Ensemble l’expose, le dissentiment décentralisé peut seulement s’adresser par des moyens décentralisés, et ceci n’est pas la structure du pouvoir conventionnel.

Dans l’ouvrage ECD [6] (Désobéissance civile électronique), le Critical Art Ensemble déclare aussi qu’à l’ère du pouvoir informatique la résistance physique est sévèrement limitée dans son potentiel d’effets, sinon inutile, le protestataire physique étant entièrement confiné et élidé par l’autorité. Les interventionnistes réels, des associations d’électronique grand public (CAE) [9], sont des pirates informatiques d’à peu près vingt ans qui trouent les pare-feu et dévient les flux d’informations, créent des irruptions de redirection, perturbations, et détournement d’infocapital [ le capital informationnel ] à volonté. Le cas de Ricardo Dominguez [10] et du sit-in virtuel du Théâtre de Perturbation Électronique, contre l’Université de Californie, était un cas relativement bénin de perturbation de données en tant qu’acte politique. Mais avec le compromis des pirates informatiques gouvernementaux chinois de Google (comme cela a été révélé par WikiLeaks), l’intervention dans le capital de l’information s’explique à une plus grande échelle, ainsi que des hackers aient infiltré un réacteur iranien. Tout ceci illustre l’idée de Negri selon laquelle le capital/pouvoir postmoderne a changé en celui de l’informatique et des champs cognitifs, et indique un changement primaire de l’équilibre du pouvoir dans le Premier Monde — sinon à l’échelle mondiale.

À la lumière de cette redistribution du pouvoir : quelle solution pour la réinsertion du pouvoir atomique/conventionnel de l’hégémonie ? Cela devrait inclure la hausse du pouvoir de l’informatique par la contention des ressources de distribution. Par les moyens d’une mise sous firewall de la nation entière ou la déconnexion de la ligne principale ou encore la limitation par une désactivation du service d’Internet, ce serait la perturbation de l’infopouvoir [ le pouvoir de l’information ], mais encore la paralysie du flux de capital matériel numérisé, tout aussi bien. C’est au mieux problématique, comme le pouvoir conventionnel et le pouvoir de l’informatique sont en symbiose, le dernier étant plus agile et à un pas en avance de l’ancien, car attaquer un symbiote signifie toujours estropier son associé en même temps. Le résultat logique de telles actions serait l’élimination de la neutralité du net (le flux gratuit et ouvert de données à travers Internet), ou même la séparation des flux d’informations et des typologies à travers les réseaux. L’effet symbiotique est que le capital/pouvoir conventionnel soit aussi entravé — comme le monde physique dépend des mêmes flux d’information distribués à travers les réseaux, — il se mettrait hors de service dans le processus. C’est pour cette raison qu’il n’est pas possible de s’’engager dans la vengeance, puisque ce serait le suicide numérique du rang-nation du Premier monde.

C’est le brio de WikiLeaks — son utilisation d’une infrastructure sur laquelle le pouvoir conventionnel repose à l’identique d’un site de résistance anarchique, prouve la potentialité du pouvoir de l’informatique de rendre impuissant le pouvoir conventionnel. Dans ce cas les bits ont l’atout pour prendre les atomes dans le milieu du réseau. Comme la détente nucléaire a créé "une esthétique de l’inutilité" du nombre de fois ridiculement élevé où les arsenaux nucléaires dans le monde pourraient détruire la Terre, cette réduction potentielle de "l’atomique/atomique" à la nullité esthétique surgit quand le rang de l’information (l’inforang) arrête tout simplement les systèmes de commande du bunker. Moi nation des gophers nucléaires, — [théoriquement] — sans vie dans leurs terriers. [11]

Le pouvoir se reconfigure à la lumière du pouvoir informationnel contre le pouvoir conventionnel, et c’est pourquoi la montée de WikiLeaks est significative, et pourquoi le site-panique géopolitique qu’il crée est un événement singulier. Il suggère que le pouvoir décentralisé rende impuissant le pouvoir conventionnel hiérarchique, signalant le début du paradigme du 21e siècle. Dans l’ouvrage L’Insurrection qui vient, [12] le groupe anarchiste français, le Comité Invisible, pose le principe d’une insurrection communo-anarchique pour renverser le rang conventionnel de la nation. Ce qui le remplacerait serait la création d’un modèle cybernétique proto-industriel de communes en réseau avec une micro production hightech qui serait établie pendant et après une insurrection armée de masse. Il y a une autre vue sur cela. L’insurrection, en tant qu’associations d’électronique grand public (CAE), ne sera pas avec des armes à feu mais avec des octets. Ceci, selon l’affirmation de Negri que le capital ait changé en capital cognitif/information dans le monde postmoderne, tandis que le pouvoir conventionnel marginalise facilement le dissentiment matériel (atomique). Le théâtre réel de l’engagement est l’infosphère, et WikiLeaks a réalisé l’insurrection de l’information, en qualité que le pouvoir réel de la société du Premier monde/numérique soit devenu informatique. L’anarchie en sa formule la plus puissante est maintenant dans la perturbation et la sortie des données refusées par le rang de la nation.

Patrick Lichty
Chicago, Le 11 décembre 2010

Traduction de premier jet, notes et commentaires, Louise Desrenards
Paris, Le 16 décembre 2010


Source originale (anglophone) :
Patrick Lichty to <nettime-l>, on December 11 2010
Digital Anarchy and WikiLeaks. Or, Skynet doesnât look anything like we thought it did.
eyebeam

Source de la version francophone :
Louise Desrenards à [spectre], Thu Dec 16 23:35:29 CET 2010
Ubik et Gopher : "WikiLeaks et l’Anarchie numérique" de Patrick Lichty



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Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported

P.-S.

* Skynet
Il s’agit en fiction du système d’intelligence artificielle qui sous
l’apparence de robots autonomes humanoïdes (généralement assassins et
espions tels des Terminator) devient le principal antagoniste contre
ses créateurs, dans la série et le film The Terminator (voir la note [2]).

NOTES ET COMMENTAIRES

[1]
 The Matrix, la franchise de science-fiction écrite par Larry et Andy Wachowski.
 The Matrix, (Trilogie), le film écrit et réalisé par Larry et Andy Wachowski.
 The Matrix Reloaded (Trilogie), écrit et réalisé par Larry et Andy Wachowski.

[2]
 The Terminator, la franchise de science fiction
 The Terminator, le film de James Cameron

[3]
 La Fabrique de porcelaine, Pour une nouvelle grammaire du politique, essai de Antonio Negri ; éd. Stock, Paris (1970).
Voir l’information dans le site de France Culture.

[4]
 DARPA, (Defense Advanced Research Projects Agency).
http://en.wikipedia.org/wiki/DARPA

[5]
 Panique (Panic). Ici "Panique" ne concerne pas le mouvement français éponyme (1952-1973) fondé par Jodorowsky, Arrabal, Topor (entre autres),
qui tient son nom du dieu Pan, mouvement qui s’est livré à l’ironie visionnaire d’une déconstruction graphique, poétique et littéraire, des avant-gardes et des mythologies modernes, à travers des performances dionysiaques et incongrues et des films connus qui clôturèrent le cycle.
 Patrick Lichty attribue, à l’instar des rapports de la culture et de la science chez Kroker, cette dialectique "répliquante" de la panique, dite "krokerienne", à l’interaction du rang de la nation et du rang de l’information dans le monde actuel.
 Arthur Kroker, Marilouise Kroker, et David Cook, qui connaissent sans doute les actes du mouvement français, précisent une différence pour avancer leur hypothèse de la postmodernité, dans l’ouvrage Panic Encyclopedia : The Definitive Guide to the Postmodern Scene ; il y est précisé que Panique ne s’entend pas éthymologiquement mais du point de vue du trouble, du paroxysme, de l’hyperréalisation, de la catastrophe, de la fragmentation... Dans
cette hypothèse de la postmodernité, tension paroxystique vers l’implosion du monde et sa mise en pièces, le processus répliquant entre la culture et la science (chacune se réalisant en et dans le miroir de l’autre) et la technologie, accélèrent le potentiel d’accumulation du système de sens global jusqu’à son implosion, réalisant la singularité générale...
Les ouvrages en référence :
 Panic Encyclopedia : The Definitive Guide to the Postmodern Scene, par Arthur Kroker, Marilouise Kroker and David Cook ; CultureTexts Series Montreal : New World Perspectives, (1989).
Abstract : In a stimulating and thoroughly entertaining look at the rapid countdown to the year 2000, the Panic Encyclopedia argues that in the postmodern era, science and technology are the real language of power, and illustrates the resulting culture through a post-alphabetical listing of "panics" - from Panic Art to Panic Zombies, and including Panic Elvis, Panic Psychoanalysis and Panic Sex. Humorously embracing newspaper and media events and philosophers from Hegel to McLuhan, the text chronicles the implosion of the modem world into a final
singularity.

 The Postmodern Scene : Excremental Culture and Hyper-Aesthetics, par Arthur Kroker and David Cook ; CultureTexts Series, Montreal : New World Perspectives, (1986, 1988).
Abstract : What is the postmodern scene ? Baudrillard’s vision of excremental culture par excellence or a final coming home to a mediascape which even as a "body without organs" (Deleuze and Guattari), a "negative space" (Krauss), a "pure implosion" (Lyotard) or "a symbolic experience" (Kristeva) is now first nature and thus the terrain of a new political refusal ?
The Postmodern Scene is a series of major theorizations about key artistic and intellectual tendencies in the postmodern condition. A variety of texts, ranging from Nietzsche’s The Will to Power, Serres’ Hermes, Baudrillard’s Precession of Simulacra, the visual art of Fischl, Hopper, Colville, and Magritte and recent performance art are used as probes of the human fate in the contemporary century. Here’ a theoretical reflection is viewed as a privileged artistic act : simultaneously a critical encounter with the "shock of the real" and a meditation in the form of a lament over the "intimations of deprival" which speak to us now of postmodern culture, art, and philosophy in ruins.
The 2nd edition includes a new introduction, The Postmodern Mood. The Postmodern Scene addresses key artistic and intellectual tendencies in the world of postmodernism. Drawing on the notions of textuality, the theories of Derrida and others, Kroker and Cook break exciting new ground by pushing the realm of theory in the direction of the visual arts.

Un point de vue cyberpunk sur les concepts de Kroker (encart dans Planet Damage) : Mariusz B., A thesis on Gibson and Cyberpunk, part 3 ; (7 October 2009) :
KROKER’S POSTMODERN PANIC THEORY -Panic is the key psychological mood of postmodern culture.” [Panic Encyclopaedia, 13] Kroker argues that his interpretation of panic has the reverse meaning of the word’s classical sense. The classical meaning refers to the appearance of the god Pan, a moment of arrest, calm, “a resting point between frenzy and reflection” [16], the Krokerian panic signfies firstly, the dissolution of the internal entity, secondly, the disappearance of “external standards of public conduct”. His panic theory includes a fully technologized self at a point where culture and science are mirror-images of each other. Panic materializes the catastrophic and the hyperreal.

[5b]
 Anonymous (group) @ en.wikipedia.org beaucoup mieux renseigné que l’article dans wikipédia francophone, qui paraît à la fois le résumer et en détourner certaines formulations.

Le site "officiel" : wyweprotest.net.

[5c]
 Le terme emplyé par l’auteur est Figurehead, mot à double sens : figure de proue/homme de paille.
[6]
 Alien, la franchise de science-fiction.
 Alien, le film de Ridley Scott.

[7]
 Star Trek, la franchise de science-fiction.
 Star Strek, le film de J. J. Abrams.

[8]
 ECD (Electronic Civil Disobedience), par le Critical Art Ensemble ; libre accès en ligne : http://www.critical-art.net/books/ecd/.
 The Electronic Disturbance, par le Critical Art Ensemble éd. Autonomedia, (1994).

[9]
 The Consumer Electronics Association (CEA).

[10]
 Ricardo Dominguez, artiste visuel, activiste du mouvement de désobéissance civile électronique (ECD), professeur assistant au département des arts visuels de l’université de Californie de San Diego ; professeur assistant et chercheur à l’Institut des télécommunications et des technologies de l’information de Californie (CIT2).
 co-directeur de Thing http://www.thing.net/.
 Electronic Disturbance Theatre.
 http://bang.calit2.net/

[11]
 Sur le mot "Gopher" et la composition de l’essai de Patrick Lichty... Dans la traduction de son texte en français le mot Gopher demeure en anglais parce qu’il installe une polysémie seulement dans cette langue ; il s’agit d’un jeu de mots ambigu sur plusieurs plans en même temps et par
ricochet complexe et prédictif : paradoxe, anagrammatique de la
structure, en dialectique krokerienne de la panique, [6] que l’auteur
file au long des phrases et de ses concepts à détente, se répliquant en se métamorphosant, formant la texture des topologies rigides ou élastiques de son essai.
Plagia plastique du double multiple dans le miroir interchangeable en
variation continue (comme le désordre chronologique et topologique dans lequel sont diffusées les dépêches de WikiLeaks), entropie du flux dans chaque image seconde intégrée de la syntaxe des langages et de la catastrophe générale singularisée, — celle-là même qu’il développe sous nos yeux, et qui invente l’essai. La postmodernité abstraite déployée par le réseau. Et c’est WikiLeaks ou l’autre histoire du net qui lèvent le rideau.
 Gopher est multiple en lui-même, il n’y a pas besoin de barre-slash pour dire sa binarité ou son ambiguïté ; c’est une polysémie dont les points d’arborescence se regardent en miroir critique et ça varie. D’abord il s’agit d’une espèce américaine banale de ratons des champs, mais le mot peut désigner plus vulgairement n’importe quel autre petits mammifères et rongeurs, belette, écureuil, blaireau, taupe, ou bien encore caricaturer l’humain dans une langue populaire ou vernaculaire.
 Il s’agit encore de l’identité du premier protocole d’Internet TCP/IP Application layer protocol, le "Gopher protocol", qui a anticipé le
World Wide Web et en demeure une alternative possible et peut-être
déjà réactive....
 De sorte que si "Gopher", à la fois virtuel (le protocole virtuel à
tout faire, Internet comme "machin") et matériel (avec sa charge concrète
d’existences, d’analogies et de métaphores) renvoie aussi à la naissance du web conçu par l’armée américaine [5], c’est dans le plan catastrophique
intégré de l’arsenal nucléaire inutile, depuis lequel l’auteur conclut.
 Pour choisir parmi les noms d’animaux qui dans un français
vernaculaire pourraient jouer la caricature des populations dans
l’étrange situation déployée par le texte, on pourrait dire ici "blaireaux" (parce qu’ils sont refaits dans l’histoire), plutôt que "taupes" (chères aux anarchistes du monde traditionnel) ; mais alors on manquerait le protocole d’Internet, or tout y conflue. On pourrait alors dire "machin(s)", protocole et trucs sans vie au fond du terrier inclus.

[12]
 L’insurrection qui vient, Comité invisible, éd. La fabrique, Paris (mars 2007).

Cette traduction a été re-publiée dans Jura Libertaire (selon le protocole en CC).


Liens corrélatifs sur les hypothèses théoriques et les recherches de Julian Assange :

 The Deleuzian Philosophy of Julian Assange, by Philip Pilkington @ Fixing the Economists, Dec. 19 2010.

L’archive du blog de Julian Assange (June 2006 - August 2007) :
 http://iq.org @ web.archive.org


Liens internes :

 [WikiLeaks 2/3] 12 Thèses sur WikiLeaks
Geert Lovink, Patrice Riemens.
 [WikiLeaks 3/3] Anonymous et WikiLeaks
Anonymous, Louise Desrenards.

 [Assange 1/3] La route de Hanoï
 [Assange 2/3] Conspirations d’État et terroristes, Conspirations 1.
 [Assange 3/3] La conspiration comme gouvernance, Conspirations 2. (en cours de rédaction)


L’index des miroirs de WikiLeaks dans le site hébergé sur le serveur du journal Libération, et le site miroir traduit en français sur le serveur de Reporters sans frontières.


5 Messages

  • WikiLeaks et l’Anarchie numérique 27 décembre 2010 20:55, par Bug-in

    WikiLeaks et les limites de l’espoir en l’information

    Je ne comptais pas écrire, ni réagir à ce qui se disait sur WikiLeaks, jusqu’à la récente traduction d’un article projetant ce type de pratique dans un projet de société future ou le numérique tient une grande place [1].

    Ce n’est pas la première fois que l’on nous vend « l’infosphère » comme le lieu ou le moyen d’établissement de société ou communauté idéale à venir [2]. Il ne s’agit pas de dire que les pratiques et brèches causé par la bonne manipulation de l’information n’ont rien d’intéressant, mais seulement de rappeler ses limites [3].

    Un capitalisme devenue cognitif ?
    La rumeur court que l’actualité du capitalisme serait la détention et manipulation des services et informations. Une partie de la gauche développe alors une utopie d’une société de services qui n’oublie pas une critique de la propriété du capital.
    Si l’attention portée par l’information à un plus haut niveau, est une stratégie de reconfiguration importante du capitalisme, il n’en est pas sa base principale.
    Nos sociétés industrielles, ont vu se défère leur industrie. Elles ont disparu de nos secteurs. Ce qui a porté beaucoup de personnes à renommer notre société, une société post-industrielle, ou les services seraient roi.
    C’est une impression dû à l’éloignement, à la mise à distance d’une partie du capitalisme. Il ne faut pas oublier l’importance de l’impact psychologique de la mise a distance géographique (psychogéographie [4]), et ses conséquences géopolitique.
    Au lieu d’un capitalisme cognitif, il y a plutôt deux choses : fin des frontières de ce qui fait « société » (mais pas fin de la répression, ni de la police), liquidation [5] par une domination qui devient avant tout mondiale, ET transfert et concentration, dans ce cadre, de l’industrie vers la Chine et l’Afrique. L’actualité du capitalisme (mais pas sa totalité) devenant la capture, l’entretient et la détention des flux énergiques.

    « La puissance de l’info a commencé à devenir autonome de ses racines matérielles » ?
    Cette impression d’une société informationnelle a été redoublée par l’importance accordée par certaines cultures à Internet.
    Internet et les informations que l’on y trouve, n’est pas inconditionné à la matière [6]. Il en est même très dépendant. Et c’est bien parce que l’on a conscience de cette dépendance que sont nées des stratégies comme multiplier les copies d’un site sur différents serveurs (« faire des miroirs »). Cette pratique rencontre aussi des difficultés, dû aux législations locales. Plusieurs « miroirs » de WikiLeaks se sont vus interdit assez rapidement, d’autres vivote.
    Dans une certaine mesure ces stratégies sont payantes, il est difficile de tout contrôler à la fois. Les partisans de la société numérique, n’hésitent pas alors à vanter l’intelligence d’une population qui a su détourner à son profit une invention originellement militaire (Internet provient du projet militaire ArpaNet). Mais dans certains cas, elle se retourne contre les utilisateurs, qui se livre à l’autofichage-actualisé-en-permanence (réseau sociaux propriétaire) ou se font arrêter avant leur manifestations. C’est qu’à la transparence verticale, du bas d’une hiérarchie au profit du haut (comme le veux la logique du panoptique), s’est ajouté la transparence horizontale, qui non seulement annule toute intimité, mais en plus laisse la voie à la stratégie du plus fort quand aux informations qui sont diffusées. Si une information d’un groupe minoritaire apparaît, il ne manquera pas de se faire taper dessus.
    En fait l’intérêt politique corrosif d’Internet, n’a de sens que pour les bombes informationnelles, la révélation d’informations sur ceux qui dominent le monde par la force. Dans les autres cas, il s’avère plutôt dangereux pour les minorités.

    Dernière limite aux libres bombes informationnelle : Assange.
    Si, nous sommes bien à un tournant de la maîtrise des stratégies informationnelles, avec les attaques certes très faible de personnes se coordonnant temporairement (Anonymous) pour noyer sous un flux de requête tel ou tel site (cherchant même à venger, les attaques subit par WikiLeaks), nous demeurons tout de même dans une résistance aux habitudes lourdes et classiques.
    WikiLeaks par exemple a un problème classique d’organisation : un « problème d’individu », qui fait que les fuites (leaks) ne sont pas si Wiki (collaborative) que cela pourrait être. À plusieurs reprises les collègues d’Assange (qui se proclame comme étant l’incarnation de WikiLeaks) ont dénoncé son Égo et ses pratiques, au point que l’un d’entre eux à lancer le projet OpenLeaks (fuites ouvertes). Je ne prédis rien concernant l’avenir de l’un ou de l’autre. Mais il est clair, qu’il faut toujours chercher derrière la beauté théorique et rhétorique d’une société (informationnelles ou pas) ce qui constitue ses pratiques réelles et celles qu’elle laisse accomplir par la population.

    Florian Olivier

    Notes :
    1.« WikiLeaks et l’anarchie numérique », Patrick Lichty, on December 11 2010, Digital Anarchy and WikiLeaks. Or, Skynet doesn’t look anything like we thought it did.
    Pour le dire rapidement, je trouve cet article très mal écris. Comme beaucoup de production réactionnaire récente (Empire, Tiqqun, Comité Invisible), il prend le parti de l’élitisme en jargonnant à la gueule d’une population qui bien qu’elle soit concernée par la question de l’émancipation et de la révolte, en demeure par cette stratégie, exclue.

    2.Le Critical Art Ensemble, André Gorz, Toni Negri et j’en passe, n’ont eu de cesse de le répéter. Stiegler en constitue peut-être l’exemple le plus inquiétant. S’il fait de lucide critique sur la gestion des désirs et peur par la domination (notamment à travers sa critique de la télécratie), il conserve d’importantes croyances en l’information qui lui font tolérer aussi bien les nanotechnologies, que les O.G.M. L’excuse de la participation de l’information par des nouvelles techniques effaçant visiblement pour lui toutes les dépossessions matérielle de nos vies.

    3.Le réel semble tenir sur un fil d’acrobate qui jusqu’à présent rencontre deux types de funambule malheureux qui ne semble connaître que leur boussole idéologique : soit l’oubli de la finitude terrestre (critique souvent porté par des écologistes aux communistes), soit l’oublie du monde matériel lui même, au profit d’un monde de l’information (critique des communistes souvent portés aux écologistes).
    Ici nous ne montrons que le second problème.

    4.On trouve le mot chez l’Internationale Situationniste, mais je pense qu’on peu en retracer l’intérêt théorique déjà chez Hume, et l’intérêt pratique dès les premiers traités de stratégies militaires chinois.

    5.Comme dirait Zygmunt Bauman, dont j’encourage la lecture.

    6.Contrairement aux utopiste de la néguentropie, qui voient dans l’organisation et l’information, un échappatoire à l’entropie. Ils oublient simplement que la néguentropie est toujours locale, lié à un organisme organisant, alors que l’entropie est globale, et contient jusqu’à l’existence même de ces organismes.

    Voir en ligne : WikiLeaks et les limites de l’espoir en l’information

    • TOUT BIEN RÉFLÉCHI 29 décembre 2010 05:06, par Louise Desrenards

      TOUT BIEN RÉFLÉCHI :

      Je ne suis pas méprisable mais respectable, aussi je vous retourne cette ultime réponse d’où toute culpabilité face au respect que je pensais vous devoir n’aura plus court, vu l’agression et l’insulte qui traversent la reproduction de votre réponse ici (votre signature liant l’autre endroit, pardon pour les fautes...)

      Quel rejet de l’altérité finalement, quelle rigidité — ou une pointe de rivalité avec les activistes dont il est question dans cette petite trilogie éditoriale habiterait-elle votre propos ? Comment exprimer qu’on n’accepte pas la critique mais sans le dire ? Or ce texte fait bien sûr critique puisque c’est même son objet principal : l’insurrection est-elle une et exclusive ?

      Dire que "c’est mal écrit" n’est pas un argument théorique ni politique, c’est un décret divin — or je suis athée — mais surtout en plus d’être maladroit, là est l’insulte... (à la faveur de cette répétition ici de votre part cela m’apparaît soudain sans ambiguïté possible)

      C’est pourquoi après cette réponse s’il en venait une autre aussi divisée, alors je clôturerais ce forum.

      Non pour me protéger en tant que traductrice volontaire et bénévole, et qui plus est ayant travaillé rapidement mais jour et nuit tout de même, pendant plus de huit jours avec une confrontation de références en français, pour l’ensemble de la série qui se trouve ici à propos de WikiLeaks...

      Je souhaitais donner à connaître un point de vue anglophone sur l’événement du monde actuel et dont WikiLeaks est une émergence occidentale générale.. sans être trop distante du flot de l’événement à chaud, donc il fallait faire vite avant que le sens ne change (il changera nécessairement, on verra alors dans quelle direction).

      Mais oui : on arrêtera quand même les frais de l’insulte, par respect pour l’auteur original (et aussi pourquoi je réponds encore), aux pratiques et aux idées duquel je me suis attachée plutôt qu’à son style (que je ne suis pas à même de juger en anglais).

      Artiste et activiste matérialiste que j’appréciais déjà auparavant, caustique, bourré d’humour et d’intelligence, et sans oeillères sur les réalités les plus difficiles dont les réalités de classe (je l’ai lu à l’épreuve de la Nouvelle Orléans où il était allé en résidence une semaine après l’ouragan).

      Comme Lovink et Riemens, je les respecte beaucoup aussi. Bien que des personnalités avec une autre sensibilité.

      Pourtant, dans ma vile traduction, il paraît que les concepts en français sont justement trouvés — d’après des bilingues qui s’intéressent au sujet et qui ont lu le texte en anglais — et je ne pense pas qu’il y ait de faute de syntaxe en français (même si je ne revendique pas une traduction professionnelle et ne suis pas un-e écrivain, mais une rédactrice) ; j’admets même qu’il puisse y avoir un ou deux contresens sur des points de syntaxe anglophone mal retournée, mais enfin qui ne doivent pas être bien graves car ma petite camarade de nettime.fr qui est parfaitement bilingue a envoyé sur cette liste les liens de sa propre main (pas mes emails car elle se trouvait en vacances) en me remerciant.


      Aucun argument de votre part ne fait réponse à la question théorique posée par le texte : à la fin, la question insurrectionnelle.

      Et de plus la seule référence opérationnelle en terme d’essai par rapport à son contenu est un plagia hyperbolique — ironique — de la dialectique de la panique de Kroker (que je me suis attachée à bien annoter, mais note que vous ne paraissez pas avoir consultée). Ni Negri, ni ni...

      Je ne "valorise pas" (j’espère avoir dépassé l’idéologie là), je traduis, explique, et présente. La valeur est un mot que personnellement je n’utilise que dans le cadre d’un rapport d’équivalence de la valeur, autrement je ne sais pas ce que c’est.

      Lichty il n’y a pas plus matérialiste que lui, mais il est aussi un joueur des virtualités (entre autre, il a expérimenté sans réserve Second Life) : ici, à la relation entre le rang de la nation et le rang de l’information il attribue la dialectique en miroir que Kroker attribue à la science et à la culture ; à ce stade il ne s’agit pas d’entropie, mais de miroir. Inutile d’en rajouter c’est assez compliqué comme ça..

      Les autres noms cités ne sont que des repères datés, ils ne sont nullement opératoires dans l’articulation structurelle (et là je ne parle pas du structuralisme mais de la composition du texte). À la dialectique de la panique s’intègre Terminator and C° : désolée mais c’est une synecdoque pertinente concernant le flux numérique et sa sphère, pour peu qu’on s’y soit confronté et qu’on s’y agite — je ne jette pas la pierre à ceux qui l’ignorent délibérément, ce sont des choix.

      Personne ne vend ici la sphère de l’information : elle existe. Ceux qui la pratiquent y raisonnent.

      Tant il est vrai que dans notre pays on ne s’intéresse qu’à ce que l’on connaît et on ne s’attache qu’aux signes sous l’angle des identités, plutôt que comprendre la différence.

      Aussi je ne crois pas un instant que si vous n’aviez pas compris ce texte ce serait parce qu’il fût mal écrit, mais parce que vous ne voulez pas déplacer votre réflexion pour répondre à la rencontre d’une étrangeté... et au bout du compte cela revient à ne s’intéresser qu’à ce qu’on connaît.

      Comme je ne vous pense pas idiot loin de là, j’en déduis que vous l’avez lu en pensant à autre chose : les temps sont chauds en France actuellement, et vous êtes un éditeur actif.

      Malgré tout, les raisons de votre hargne me me valent-elles pas quelque mesquinerie contre la conclusion peut-être ? A moins qu’il ne s’agisse d’une question de doctrine politique, mais alors pourquoi de la mauvaise foi sur les véritables raisons qui animent votre opposition ?

      Car : tout lecteur au courant des travaux des personnes citées saura qu’il n’y a aucun rapport théorique ni pragmatique entre les noms que vous accumulez dans un même registre. Aucun rapport entre : "Le Critical Art Ensemble, André Gorz, Toni Negri et j’en passe, n’ont eu de cesse de le répéter. Stiegler en constitue peut-être l’exemple le plus inquiétant". ???

      De plus concernant le Critical Art Ensemble je crains que vous ignoriez tout ce dont il s’agit et ce qu’ils font dans le contexte des Etats-Unis.

      Anonymous je ne les ai pas présentés comme quelque chose d’original mais comme quelque chose de particulier qui agit et comment ils font : point. Pourquoi ? parce qu’ils sont engagés dans la campagne pour WikiLeaks — la thématique rédactionnelle de ces trois sujets — par des actions de communication et de hacking, et parce que Lichty les évoque dans son texte. Pour moi s’ils font partie de cette présentation ce n’est pas à titre de modèle, mais d’information cohérente.

      Cela n’enlève rien à l’héroïsme des manifestants lyonnais de l’automne et au piège dans lequel ils ont été enfermés aux fins d’expérimenter un nouveau dispositif d’identification, ni à l’abjection de la technique de répression qui leur a été réservée et dont on voit en quoi ça les accable maintenant... ni à l’importance de ce qui se passe ces jours ci en Tunisie, depuis l’immolation par le feu du jeune chômeur, la révolte populaire et les deux morts hier...

      Je pense que Anonymous et WikiLeaks c’est un autre combat mais il serait important de ne pas le perdre et autant pour les choses qui engagent le sacrifice de la vie nue, vous savez.. si ça pouvait économiser des morts... ente les guerres et les répressions, mais aussi l’organisation occidentale de la pénurie matérielle imposée par l’empire de l’argent.

      Ne me parlez pas de OpenLeaks pour finir, avec sa propre star, laquelle se déclarant politiquement neutre propose une parfaite petite machine communautaire partagée, bien pure et bien protégée, bien "circulante", il y aura même moyen d’acheter des exclusivités (a-t-il dit à Paris-Match qui peut aussi payer l’exclusivité sans la publier mais pour empêcher qu’elle ne soit montrée — les pouvoirs via ce chemin, aussi). Rien à envier aux sélections d’Assange, lui au moins pour des raisons stratégiques dans un dispositif de combat ; mais OpenLeaks se déclarant sans pacte symbolique (sans enjeu collectif) : ça se désigne donc déjà comme un bon business de la délation (et non plus de l’information révélée levant le secret du maître : simplement son mensonge).

      Mon hypothèse : ce "jeune entrepreneur" n’est — de fait, vu ce qui se passe, — qu’une balance (ne serait-ce que par opportunisme personnel ou par simple lâcheté). Si nul ne peut aujourd’hui justifier les moyens par la fin, on sait que les moyens pour leur pure beauté peuvent entraîner le contraire de leur réalité (c’est la même aventure que la pensée la plus brillante ; à un point extrême de la beauté de la pensée, se trouve le mal radical — où elle n’est plus pensable mais pour autant socialement réalisable).

      Un dernier point : penser à la place des autres ce qu’ils peuvent comprendre à leur niveau ou pas, et écrire en conséquence, c’est comme le poulet aux hormones pour tous plutôt que les laisser cultiver leur poulet de grain (pardon, vous êtes peut-être végétarien — moi aussi d’ailleurs). Laissons donc les gens imprévisiblement décider ce qui peut les intéresser ou pas. Du moins, un jour, j’ai décidé que je ferai comme ça pour ce que je souhaiterais transmettre.

      Je pense que si Assange (sa personnalité déviante) est extradé aux USA il n’y aura de quoi se réjouir pour personne — ni même pour ceux qui le haïssent. On aura perdu beaucoup pour longtemps — pas lui mais ce qu’il a mis en mouvement, et même s’il y a ensuite des émules mieux fichus.. et ce ne sont pas ceux qui l’auront directement trahi qui pourront restaurer ce qu’ils auront empêché, même s’ils se fondaient sur le principe qu’il n’y eut ni les masses dans la rue ni les communautés à la maison. Ont-ils eu peur ? Ou étaient-ils payés à cet effet, ou encore cautions de leur habituel appareil ? L’événement phénoménal de WikiLeaks c’était indissociablement aussi l’arrogance médiatique de Assange. là encore deux symbiotes, touchez Assange et vous toucherez WikiLeaks, et inversement.

      Rien à voir avec wikipédia ? Sur la constitution du capital cognitif — les fuites — : si. Maintenant, qu’on m’explique pour le reste en quoi wikipédia ne comporte pas une hiérarchie particulièrement contraignante et autoritaire qui taille à sa guise et sans ménagement des rédacteurs dans les contenus apportés par tout le monde.. Essayez d’y créer un article, on en reparlera...

      "Cette impression d’une société informationnelle a été redoublée par l’importance accordée par certaines cultures à Internet. Internet et les informations que l’on y trouve, n’est pas inconditionné à la matière [6]. Il en est même très dépendant. Et c’est bien parce que l’on a conscience de cette dépendance que sont nées des stratégies comme multiplier les copies d’un site sur différents serveurs (« faire des miroirs »). "
      ==> Oui c’est précisément ça qu’il explique avec la dialectique de la panique... sur le fond de son sujet : le rang de la nation (le monde matériel et ses virtualités), et le monde de l’information (le monde immatériel mais socialement bien réel, et qui comprend aussi des virtualités, dont les hypothèses théoriques que l’on en fait et les simulations qu’on y instruit) en est pourtant le miroir...

      Ils sont "symbiotiques" (pas d’image dans le miroir sans miroir), d’où le fait qu’en attaquant l’information on attaque la nation (et réciproquement sans doute)

      Ce n’est pas un texte facile à comprendre mais il n’est pas non plus difficile si on accepte d’y entrer.

      Non, décidément non : vous ne l’avez pas lu.

      Chacun ses références, pourquoi pas celles que vous avancez ? Bien sûr, elles sont intéressantes et belles, mais ce ne sont pas celles du texte que j’ai traduit. Or je n’ai pas travaillé avec les miennes car Negri par exemple s’il est un repère qu’on l’apprécie ou pas, par contre il n’est pas une référence au travail pour moi (Empire n’a jamais été pour moi un nouveau Capital)...

      • TOUT BIEN RÉFLÉCHI 29 décembre 2010 11:45, par Bug-in

        Bonjour, le jura libertaire, et maintenant ici, j’ai l’impression que vous vous emportez pour des broutilles.
        Je ne met pas en cause votre travail. Et je suis contre la fermeture de ce "forum". Je suis aussi contre le retrait sur le site du Jura Libertaire.

        J’ai dit que le texte est mal écrit ? Oui. Mais j’ai indiqué précisément pourquoi : parce qu’il jargonne. Le critère de jugement n’est donc pas divin.

        Vous vous emportez juste parce que j’ai un avis différent du votre sur WikiLeaks et l’importance que certains accordent au virtuel (sans nié ses effets). Je trouve cela dommage.

        Par ailleurs vous justifiez a chaque fois vis a vis du comportement et de la vie de l’auteur original... Ce que je n’ai jamais mis en cause.

        • et bien... 29 décembre 2010 23:59, par Louise Desrenards

          Vous voyez bien que ce forum n’est pas fermé, j’avais suggéré de le faire si le ton de l’insulte (associer le "mal écrit" au "vouloir nous vendre l’infosphère", c’est peut-être le problème de ceux qui en gagnent leur vie, au moins pour un des auteurs que vous citez, mais ce n’est pas le mien), se poursuivait dans votre nouvelle réponse ; apparemment ce n’est pas le cas, donc... D’autre part dans Jura Libertaire c’est vous qui décidez, re-donc... merci de ne pas vous tromper publiquement là-dessus.

          Rien de ce que vous décrivez comme dit dans le texte de Lichty à travers votre premier envoi n’y est. Vous réécrivez le texte de telle façon que vous puissiez édifier votre critique en alignant votre propre théorie (peu rigoureuse se voudrait-elle radicale, à cause des manipulations de votre discours), au lieu de lire pour répondre à son objet — dans le sens du mot lecture à proprement parler.

          Il ne dit pas que le capital aujourd’hui ne serait que de l’information, bien au contraire, l’information dans son essai n’est que le rang de l’information ; c’est le rang de la nation qui dans son dispositif est l’expression du pouvoir matériel sur les sociétés et leur gestion, (le rang même du pouvoir du capital vectoral de la marchandise et du capital financier). Et il dit qu’il y a une dialectique de la panique entre ces deux rangs.

          • dernière petite précision 30 décembre 2010 20:41, par Louise Desrenards

            Les rédacteurs de Jura Libertaire ont précisé en commentaire dans leur site où est recopié légitimement cet article que les commentaires [que l’on retrouve ici] n’émanaient pas d’eux.

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