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De la terreur en Rimbaldie 

mercredi 2 septembre 2009, par Laurent Margantin

Nous mettons en ligne les éléments d’une controverse autour de la nouvelle édition de Rimbaud à la Pléiade. Il s’agit d’un compte-rendu de Jean-Jacques Lefrère dans la Quinzaine littéraire du 16 mars 2009, charge violente contre cette édition, et du droit de réponse envoyé par le maître d’œuvre de celle-ci, André Guyaux, droit de réponse qui n’a pas été publié par la Quinzaine – pour une raison qu’on ignore – et qui a été d’abord mis en ligne par l’Atelier de théorie littéraire de Fabula. Nous ajoutons à ce dossier un autre droit de réponse de Jacques Bienvenu à l’article de Lefrère, et un texte du même auteur sur la Chasse spirituelle.

Tandis qu’on découvrait la nouvelle Pléiade de Rimbaud, on avait été étonné de lire une attaque si lourde contre le travail d’André Guyaux, qualifié d’entrée de jeu par Lefrère de « monument de sectarisme et d’ingratitude ». C’est que nous sommes ici en présence de deux camps de la critique rimbaldienne, même si, au fil de la lecture, il nous a semblé qu’André Guyaux était encerclé par une troupe de rimbaldologues sévères, bien décidés à lui régler son compte en raison de différends apparemment très anciens.

Ainsi est-il écrit au sujet de la préface de cette édition qu’elle « présente peu d’intérêt, tant elle est mal structurée et surtout marquée par ce ton formaté que l’on ne connaît que trop bien et que caractérisent ces sempiternelles généralités n’appelant ni la contradiction ni l’approbation ». C’est aller vite en besogne, surtout lorsque dans la suite de l’article Lefrère remet à plusieurs reprises la compétence de son auteur en question – rappelons que Guyaux travaille depuis longtemps sur Rimbaud, qu’il a consacré une thèse aux Illuminations et a réalisé (parmi d’autres travaux) le numéro de l’Herne consacré au poète. Et puis cette préface (exécutée en quelques mots sans être discutée) nous paraît au contraire intéressante à plusieurs titres : en ce qu’elle replace Rimbaud dans le champ de ses intercesseurs littéraires et éditoriaux (Banville, Demeny, Verlaine, Forain, Nouveau) et l’envisage à partir du « jeu de masques et d’identités » qui était le sien (« A chaque être plusieurs autres vies me semblaient dues », peut-on lire dans une Saison en enfer), en ce qu’elle insiste sur le goût de Rimbaud pour l’ironie et le sarcasme (qui lui ferma de nombreuses portes dans le monde des lettres), elle nous donne une image non plus figée et légendaire du poète insurgé contre la réalité de son temps, mais nous le révèle en mouvement sur une photographie, lui dont on ne sait exactement s’il désirait vraiment que ses poèmes fussent publiés, et qui laissa Paul Verlaine ou Germain Nouveau rassembler ses textes.

Cette perspective nous paraît essentielle parce qu’elle restitue à l’œuvre sa dimension d’insoumission à la Littérature qui ne peut être aussi, inévitablement, que désobéissance à la Critique, laquelle cherche souvent, moins qu’à comprendre cette vitesse de l’écriture rimbaldienne et la forme parfois inachevée de ses écrits, à bâtir le Mausolée Rimbaud. Une Pléiade, enfin, soyons sérieux, ne devrait-elle pas être un monument asseyant définitivement une postérité ? Ou bien plutôt, surtout lorsqu’il s’agit de Rimbaud, un rassemblement de fragments rendant à son écriture le tremblé de sa vie ?

P.-S.

Nous signalons également le compte-rendu de la nouvelle Pléiade par Romain Jalabert sur le site Fabula et l’article d’André Guyaux Ce qu’on dit au poète dans le dossier Rimbaud créé ici même.

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