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L’Étoile du chien qui attend son repas 

Traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot

mercredi 20 février 2013, par HWANG Sok-yong

HWANG Sok-yong est un des écrivains sud-coréens les plus éminents et les plus lus en Corée comme à l’étranger (en France, sept ouvrages ont été publiés aux Editions Zulma — voir notre recension du Vieux jardin). De février à juillet 2008, il a diffusé sur le portail Naver un roman autobiographique intitulé Kaebapbaragi pyôl, « l’Etoile du chien qui attend son repas », dans lequel il raconte sa propre jeunesse. Le choix du sujet paraît astucieux, si l’on prend en compte la moyenne d’âge des Internautes. Cette œuvre, ensuite publiée en volume par l’éditeur Munhakdongne, a été un des plus grands best-sellers de l’année en Corée du Sud, avec 350 000 exemplaires écoulés durant les quatre premiers mois ! Ce phénomène explique que des écrivains coréens – dont certains parmi les plus réputés – écrivent désormais pour Internet. Le procédé est devenu presque courant en l’espace de quelques mois. (J. E.-j.)

Ne manquez pas de lire les textes et articles relatifs à la littérature coréenne sur la Revue des ressources.


C’est cet hiver-là que fut décidé mon départ pour le Viêt-Nam.

J’avais d’abord été loin d’imaginer que le bataillon auquel j’avais été affecté avait été désigné pour y être envoyé en renfort. Mais l’ordre d’intégrer l’Ecole spéciale pour le combat de jungle ne tarda pas à être signifié à notre unité. Notre destination, une fois l’entraînement terminé, ne faisait pas de doute. Je n’en fis pas un drame. Au contraire, j’allais enfin me lancer dans quelque chose qui n’avait rien d’abstrait : mourir ou survivre, telles étaient les deux possibilités qui allaient s’offrir à moi.

La formation achevée et un dernier contrôle des équipements effectué, les officiers et sous-officiers eurent droit à une permission exceptionnelle de trois jours – d’une seule journée pour les hommes du rang. Cela signifiait que les chefs pouvaient rentrer chez eux, tandis que la piétaille devait se contenter de se saouler ! Je parvins à être informé de la date exacte du départ grâce à un copain de ma promotion qui travaillait dans l’administration du camp d’entraînement spécial.

— C’est pour lundi prochain, à l’aube. Vous serez passés en revue à six heures et vous partirez tout de suite après.

Il ajouta à voix basse :

— Ton dossier a déjà été transmis à l’échelon de la brigade, au Viêt-Nam. Ici, tu n’existes plus, tu es bon pour le casse-pipe ! En tout cas, tu dois être de retour au plus tard dimanche soir, même si la terre se casse en deux.

Puis il me remit une feuille de permission semblable à celles que recevaient officiers et sous-officiers. S’il m’avait refusé cette faveur, j’aurais probablement été d’humeur à lui larguer : « Moi, je vais à la guerre, alors faut pas m’enquiquiner ! »

Ce soir-là, je me retrouvai donc au-delà des clôtures barbelées et marchai une demi-heure jusqu’au bourg, où je pris le bus interurbain. J’arrivai à Taegu sans avoir rencontré le moindre gendarme ou militaire. Il n’y avait aucune chance de trouver une place assise dans le train express pour Séoul, dans lequel j’étais monté sans titre de transport. Je m’installai près d’une portière et liquidai une bouteille de soju [1] et la moitié d’une autre. La ville qui m’était si familière surgit soudain de la pénombre. L’aurore commençait à dissiper l’obscurité lorsque nous entrâmes en gare de Séoul.

Ce bref voyage semblait résumer ma solitude et mes errances d’avant le service militaire, baigne dans l’humidité des années 1960 dont chaque jour avait été marqué par la pluie, la grisaille, l’ivresse.

Je me tenais sur la place de la gare, dans la lumière blafarde des réverbères, tel un voyageur ne sachant où diriger ses pas.

Pour quelle raison étais-je venu là ? Pour y faire quoi ? Pour rencontrer qui ? Si je devais retourner à la caserne le dimanche soir au plus tard, vu qu’on était vendredi, je disposais de deux jours à passer à Séoul.

Je tournais en rond sur la place, comme quelqu’un qui aurait cherché un arrêt de bus ou un tabac, enfin, quelque chose. Où devais-je d’abord me rendre pour aller à la rencontre de celui que j’avais été ? Où pouvais-je retrouver mes propres traces, mon fantôme ?

J’aperçus une cabine téléphonique faiblement éclairée et j’y pénétrai. Je laissai sonner longtemps, mais, sans doute à cause de l’heure matinale, personne ne semblait vouloir répondre. Je m’apprêtais à raccrocher, quand j’entendis la voix ensommeillée de Minu.

— Désolé… Je t’ai réveillé ?

— Qui est à l’appareil ?

— Qui veux-tu que ce soit ? C’est ton grand frère [2], le bidasse.

— Ça alors ! Tu m’appelles de la caserne ?

Je lui expliquai que je partais pour le Viêt-Nam le lundi suivant, que je devais rejoindre mon unité dimanche et que je pouvais le voir le soir même. Ce qui me valut une rafale de commentaires :

— Je vois… Ne tue pas trop de monde quand tu seras au front ! D’accord, je peux bien payer un verre à notre casque bleu…

Ce que je devais regretter par la suite, je finis par lui demander :

— Tu connais le numéro de téléphone de Clochette ?

— Attends, c’était qui déjà ? Ah oui, ton ex-moitié ! Mais ça fait un siècle ! C’est du passé, comme le reste. Probable que quelqu’un lui a mis la main dessus ! C’est comme ça, la jeunesse !

Après avoir franchi le fleuve Han, je montai sur le sommet d’une colline, d’où on avait une vue sur ce quartier du marché, auquel je ne m’étais toujours pas habitué. Un employé passait son balai, à côté d’une charrette, dans une allée bordée de boutiques aux stores baissés et d’étals vides. Des chiens venus des maisons environnantes erraient dans ce décor. Devant un des magasins, un lampadaire diffusait une lumière morne. Des plaques de tôle fixées sur du contreplaqué faisaient office de volet ; sur une d’entre elles, on lisait le chiffre « 3 » que j’avais tracé avec de la peinture noire. Je frappai à une petite porte.

— Qui est là ?

C’était la voix de ma mère, que je venais probablement de tirer du sommeil.

— C’est moi, Chun.

La porte s’ouvrit. Avant que j’aie eu le temps de la franchir, elle tendit les bras et m’agrippa par la manche.

— Quelle bonne surprise !

Je fronçai les sourcils pour scruter l’intérieur du magasin, mes yeux n’ayant pas eu le temps de s’adapter à sa pénombre. Le soleil filtrait par les interstices laissés entre les plaques de tôle. Des caisses étaient empilées sur les rayons normalement destinés aux marchandises.

— Tu ne pars plus à la guerre ?

— Tu as fermé ton commerce ?

Nos questions s’étaient croisées. Je répondis le premier :

— On a fini la formation, on attend. Il paraît que c’est pour lundi prochain.

La réponse de ma mère vint à son tour :

— Je laisse tomber la boutique. Il y a quelques jours, j’ai trouvé un acheteur.

Dans l’encadrement de la porte de la chambre qui se trouvait au fond du magasin, mon frère passa son crâne de collégien aux cheveux coupés courts, que l’on comparait à un haricot cuit dans de la sauce de soja. Il me salua d’une voix endormie ; je lui répondis en lui demandant comment il allait. Je savais que ma mère voudrait me parler après l’avoir envoyé au collège ; je me résolus donc à patienter dans le grenier, auquel on accédait par la cuisine.

— Vas-y et repose-toi. Tu dois être fatigué. J’ai bien fait de le nettoyer hier…

Quand j’eus gravi trois ou quatre marches aussi raides que celles d’une échelle, ma tête toucha l’abattant de la trappe. Je saisis la poignée et poussai vers le haut. J’appelais cet espace sous le toit mon « sous-marin ». Seul mon frère connaissait cette expression. Je passai la tête et promenai mon regard sur la pièce.

Que voulais-je voir avant de m’en aller ? Peut-être quelque chose comme une ancienne peau de reptile perdue pendant la mue et dont j’avais envie de me couvrir à nouveau ?

Cette boutique du marché était tout ce qui était resté à ma mère, après qu’elle eut peu à peu épuisé l’argent que mon père nous avait laissé. Pour l’acheter, nous avions vendu notre maison et loué un logement avec le reliquat [3]. Mes sœurs aînées nous ayant quittés après leur mariage, nous avions tous trois emménagé dans la boutique. Laissant à ma mère et à mon frère la chambre qui jouxtait le magasin, j’avais occupé le sous-marin. A ceci près qu’elles se situaient en haut et non en bas, j’avais la sensation de m’introduire dans les profondeurs maritimes insondables que représentait pour moi l’univers situé au-delà du toit.

Au-dessus de la boutique, derrière la trappe fermée, mon sous-marin attendait son capitaine. Lorsque je passai ma tête par l’ouverture, j’eus l’impression de plonger à nouveau dans l’océan.

On pouvait encore lire sur le mur de la pièce les graffitis qui s’y trouvaient déjà le jour de mon départ. Une écriture serpentine déclarait sur le papier peint beige : « Les oiseaux fous crient toute la nuit » ; « Je célèbre ma jeunesse au rythme du Gaudeamus Igitur » ; ou encore : « La mer, la mer, et du magnésium ! »

Je me souvenais de l’origine de la première phrase.

Une nuit d’hiver, la folle qui vivait dans les toilettes publiques avait été retrouvée morte. Cela correspondait à peu près au moment où j’avais fait une tentative de suicide en avalant du poison. Le calme était revenu dans les allées du marché vers une heure du matin, lorsque la foule et le vacarme s’étaient évanouis. Vers deux ou trois heures, le quartier était plongé dans un tel silence qu’on pouvait entendre jusqu’au bruit d’un sac plastique flottant au loin dans le vent. Ceux qui habitaient là utilisaient les toilettes publiques. Une aube où je m’y étais rendu, j’avais connu la peur de ma vie : de ce qui m’avait paru être un amoncellement de chiffons abandonnés dans un coin, un bras avait surgi pour attraper une de mes jambes. Paniqué, je m’étais dégagé d’une secousse et j’avais reculé. La folle avait alors balbutié : « Monsieur, donne-moi à manger ! » Les gens disaient que c’était probablement un des balayeurs qui lui avait trouvé ce refuge et ne se plaignaient pas trop de cette présence.

Cet hiver-là, j’avais été réveillé plusieurs fois par des hurlements. Je suppose qu’il en était allé de même pour tous les habitants du quartier. C’était la folle qui, sous la morsure du froid, poussait ces cris de bête. Un jour, mon frère qui revenait des toilettes, m’annonça qu’un balayeur en avait sorti la femme dans un sac en paille tressée et l’avait jetée dans sa charrette. Il avait vu ses pieds rougis qui dépassaient.

La deuxième phrase provenait d’une carte postale que mon ami le peintre Chang Mu m’avait envoyée juste avant sa mort, depuis un asile de Masan.

Il y avait peint à l’aquarelle la mer et des montagnes ; les petits points rouges dans un des coins inférieurs devaient représenter des fleurs d’été. Je me rappelais ce qu’il avait écrit au bas de la carte : « De la superbe plage de Kap’o. »

Il avait habité avant moi le quartier du marché, où nous nous étions installés après son décès. Un jour, ayant pensé à lui, je m’étais rendu à son ancien domicile qui était situé dans une ruelle proche de la nôtre. J’avais frappé à une vitre de couleur laiteuse qui ne laissait pas voir l’intérieur. Une dame était apparue. Elle semblait avoir l’âge de ma mère et ses manières dénotaient une certaine éducation. Je lui avais simplement confié que j’avais été un ami de Mu. Elle m’avait alors dit que son fils était mort depuis quelques années. Je lui avais répondu que j’étais au courant, que je voulais lui montrer la dernière carte postale qu’il m’avait envoyée, et je la lui avais tendue. Elle l’avait prise, l’avait examinée et me l’avait rendue. Tout en posant une main sur sa poitrine comme pour contrôler son émotion, elle m’avait demandé de la garder. Au lieu de me laisser entrer, elle avait refermé la porte après avoir ajouté : « Le temps est précieux, pour les jeunes tout comme pour les vieux. Profitez de votre jeunesse ! » Ces propos banals, mais pleins de bon sens, m’étaient longtemps restés dans l’esprit.

Le troisième graffiti provenait d’un poème, assez nul par ailleurs, dont l’auteur était Inho, qui avait été chassé du lycée en même temps que moi. La mer et du magnésium, non mais quelle idée !

Je rougis en y pensant, d’autant plus je revoyais Inho debout sur la falaise rocheuse de T’aejongdae à Pusan, en train de se masturber face aux flots houleux. Mais n’avait-ce pas été là un geste plein de panache ? Plus ostentatoire certes, mais moins puéril, que celui de verser du vin dans les eaux, par exemple. Cela dit, ce vers sentait le plagiat. Pourquoi l’avais-je recopié ? Probablement parce que j’avais deviné le côté feint et artificiel de notre fièvre de l’époque.

Je m’assis devant la table basse. Ce qu’il restait de mes livres était rangé dans des caisses empilées contre le mur, du côté de la fenêtre. J’en avais abandonné beaucoup d’autres à mes sœurs lorsqu’elles nous avaient quittés.

Mon frère poussa l’abattant du sous-marin et sa tête apparut :

— Je viens juste préparer mon cartable.

Je m’écartai de la table et m’adossai au mur. Il se pencha pour glisser dans sa serviette, tout en consultant son emploi du temps, les manuels dont il avait besoin ce jour-là. Il m’interrogea :

— Tu pars au Viêt-Nam ?

— Oui, lundi.

— Maman se fait du souci pour toi.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Elle prie, tous les soirs. Longtemps. Elle ne dort pas beaucoup.

Quelques années auparavant, il avait crié à mon adresse : « A cause de toi, je n’existe pas ! Maman ne s’inquiète que pour toi. A moi aussi, tu m’empoisonnes l’existence ! »

Je lui dis avec sincérité :

— Je me sens coupable envers toi plus qu’envers n’importe qui d’autre. Occupe-toi de maman pendant mon absence.

Mon collégien de frère prit alors son cartable, puis déclara en faisant claquer sa langue à la manière des adultes :

— Tout de même… Toi alors !

— Et si on s’embrassait ?

Je lui ouvris les bras et il s’y jeta sans hésiter. Je lui tapotai le dos et il renifla :

— Reviens entier.

C’était dans cette pièce que j’avais avalé des médicaments, à la suite de quoi on avait dû me transporter à l’hôpital où j’étais resté cinq jours dans le coma, un masque à oxygène sur le visage.

Mon frère, qui était monté pour prendre son cartable, m’avait trouvé allongé, la bouche bordée d’écume.

— Maman ! Il a l’air bizarre, ce frangin !

Ma mère, avec son imperturbable sang froid, avait envoyé le petit à l’école avant de vérifier mon état et d’appeler une ambulance. Elle avait dû me soulever, non sans mal, du sol sur lequel je gisais, avec l’aide d’un voisin, m’avait-elle raconté plus tard. Alors qu’un jeune costaud me transportait sur son dos jusqu’à la grand-rue, mes pieds raclant le sol, la raideur commençait déjà à gagner mes jambes.

— Viens prendre ton petit-déjeuner ! appela ma mère en ouvrant la trappe. Bien que n’en ayant pas très envie, je la rejoignis en bas pour discuter avec elle. Les seuls meubles qu’on voyait dans la chambre étaient une armoire, une table basse qui avait servi de bureau à mon frère quand il était petit et sur laquelle était posé un réveil tout rond, ainsi qu’une autre sur laquelle ma mère avait disposé deux couverts. Celle-ci était si étroite que, pour manger à trois, il fallait qu’une personne pose son bol à soupe sur le sol. Tout en examinant la pièce, je demandai prudemment :

— Si tu as vendu la boutique… qu’est-ce que tu comptes faire ?

— Déménager ! Je vais confectionner des costumes traditionnels, répondit-elle d’une voix gaie. Tu te rappelles ? J’avais ouvert un magasin de couturière après la Libération, et ensuite après la guerre [4], avec ta tante.

— Mais c’était pour confectionner des vêtements occidentaux ! Je suppose que les costumes traditionnels, c’est autre chose ?

— J’imagine qu’il faut être plus méticuleux, fit-elle, avant d’esquisser un sourire. Je n’ai pas eu l’occasion de les exploiter tous, mais j’ai beaucoup de talents. J’aurai gagné assez pour acheter une maison d’ici ton retour.

Je n’avais rien à dire. Il y avait longtemps que j’avais quitté son foyer, mais je n’avais jamais cessé d’être une charge pour cette veuve, au lieu de lui venir en aide d’une façon ou d’une autre. Elle poursuivit :

— Les autres font un service militaire normal, mais toi, tu n’as pas de chance. Si tu pars loin, je ne pourrai même pas aller te voir.

Elle m’avait en effet rendu une visite imprévue, alors que j’étais en pleine formation au camp d’entraînement spécial. Après cet épisode, je m’étais abstenu de lui raconter toute la vérité dans mes lettres. Comme d’habitude, cette conversation avec ma mère commençait à m’agacer.

— Je ne reviendrai peut-être pas…

Profitant d’un instant où elle avait baissé la tête pour prier, je remontai dans le sous-marin. Le bruit des machines des cotonniers ne m’empêcha pas de m’endormir, un bras posé sur le front.

Quand je me réveillai, il faisait encore jour. Il devait être dans les cinq heures. Je sortis du coffre, qui avait été rempli en vue du déménagement, un pantalon, une chemise et un blouson. Il en émanait une odeur de naphtaline dont je pourrais me débarrasser en me promenant dehors. Lorsque je descendis, ma mère était assise sur une chaise dans la boutique vide. Elle avait ôté deux plaques de tôle.

— Tu sors ?

— J’ai rendez-vous avec des copains.

— Ta sœur et ton beau-frère nous invitent au restaurant.

— Dis-leur de remettre ça à demain.

— Demain, c’est déjà samedi. Tu repars dimanche, non ?

— C’est vrai. D’ailleurs, je pense que je serai pris demain aussi.

Aussitôt dehors, j’eus des remords.

Longtemps après, me remémorant cette période, je me demandai si j’avais connu une femme que j’avais aimée d’un amour tel qu’on en trouve dans les romans. Je me rendis compte que ces choses ne m’avaient pas vraiment passionné. Peut-être parce que j’avais par ailleurs vécu une relation extrêmement difficile avec quelqu’un ? Il y avait en moi un espace dont je m’étais efforcé de chasser ma mère qui l’occupait, mais lorsque je suis revenu du champ de bataille, tout cela n’avait plus de sens. Après la guerre, ma jeunesse avait soudain pris fin.

P.-S.

HWANG Sok-yong, 2008

Titre original : Kaebapbaragi pyŏl, munhakdongne, 2008.

© Hwang Sok-yong

Notes

[1Alcool populaire à base de céréales.

[2En Corée, ce genre d’appellation n’est pas réservé aux seuls liens familiaux. Il est largement utilisé dans les rapports sociaux, dans lesquels l’âge joue un rôle fondamental. Il dénote souvent, comme ici, une certaine familiarité.

[3Il s’agit d’une forme de location assez courante en Corée, qui se fait au moyen d’un dépôt initial important et non d’un paiement mensuel de loyer.

[4Par « Libération », il faut entendre la fin de la colonisation japonaise qui a duré de 1910 à 1945. L’expression « la guerre », ici comme dans la suite du texte, renvoieau conflit intercoréen connu sous le nom de « guerre de Corée » (1950-1953).

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