Ce 11 septembre 2010, à Montreuil-sous-bois, quel succès au grand dam de la concurrence de la fête de l’Huma à Paris, que de monde déterminé en peu de temps d’information préliminaire — une petite foule inter-générationnelle de gens beaux de surcroît — dans ce magnifique espace polyvalent, aménagement des authentiques studios de Meliès par la surélévation du plafond grâce à une charpente métallique sous une toiture légère, permettant de supprimer les poteaux qui damaient l’espace (mais dont la hauteur et la surface originales peuvent être appréciées aux poutres du pourtour et à la subsistance des cotes techniques dans les services), à La maison de l’arbre, lieu-dit de La parole errante de la tribu Gatti.
[1]
Quand je suis arrivée une heure après le commencement des tables rondes — donc j’ai manqué Étienne Balibar et la présentation de Thomas Lacoste — j’ai cru que je ne pourrai pas entrer tellement le public était dense jusqu’au vestibule... Puis une fois le risque pris nous voici dans la salle où des sièges supplémentaires ont été installés latéralement, parmi les lits. Car c’est ici même que les Roms expulsés par la police le 10 juillet à Montreuil ont trouvé refuge depuis le 14 août... Des femmes et des enfants proposent café, coca-cola, et bière, et des plats cuisinés par leurs soins, de choux farci et de poulet accompagnés de polenta, vraiment bons, qu’elles servent dans des assiettes de camping en plastique, pour 5 euros (j’ai consommé les deux alors que je venais de déjeuner, c’était un plaisir de voir les visages renfrognés s’ouvrir en superbes sourires).
Il manquait Patrick Chamoiseau, car on ne peut aborder le concept du renouveau européen raciste sans une critique du retour au nationalisme émergeant de l’Europe en manque de conscience de la créolité générale... Edouard Glissant étant malade, et Raphaël Confiant ne se départissant pas des Antilles, Chamoiseau avait écrit sur l’événement français à propos des roms comme renouant avec le discours sur le colonialisme de Césaire [2] ; il semblerait qu’il put être invité mais n’aurait pu venir le délai étant trop court (cette manifestation pourtant brillante et bien communiquée a été préparée en moins d’une huitaine de jours).
La table ronde n°3 sur l’engagement n’a pas paru prendre en compte la critique radicale par Jacques Rancière à la table ronde précédente, sur la "démocrassie" (terme lancé par l’écrivain Christophe Mileschi s’exprimant juste avant Rancière et après l’explication sans un pli de l’évolution de la loi, par le juriste Patrick Henriot), celui-ci à haute voix dévoilant, déclarant pour conclure "la gauche" sans différence — mieux, déconstruisant chaque moment de l’idéologie intégrale, (mais qui n’aurait ressenti l’indifférence entre gauche et droite dans le débat à propos de la burqa ou du foulard attribué au voile — où chacun se trouva piégé par la représentation de la république, dans l’innovation de critères "traditionnels" se voulant imprescriptibles sur les bons (adéquats) et les mauvais (inadéquats) citoyens — à propos de la transparence néo-républicaine et la nudité du visage, — aubaine consensuelle de la sécurité ?)
La construction de l’altérité constituée par un outil intellectuel commun, la rationalité du système d’information et de gestion de la peur de l’étranger — de la république, — et dans une option de la transparence républicaine française adoptée par le président, cette idéologie du concept emprunté aux débuts du Front national innovant après Pétain qui avait inventé la carte d’identité, en France, ont pris forme dès la campagne électorale partagée puis victorieuse en 2007. Et par paliers de territoire en territoire, de l’insécurité à l’immigration à l’identité nationale aux roms via un retour au voile islamique jusqu’à la burqa, maintenant jusqu’aux adolescents délinquants jetant l’opprobre sur leurs familles et même, sous une nouvelle occurrence opportuniste ces jours-ci, la question des femmes battues (donc de peu en peu, jusqu’au citoyen de nationalité française le plus ordinaire selon son sang indifféremment du territoire et ses comportements), jusqu’à ce qui nous attaque non de l’entour mais de l’ordre toujours circonstanciel — où de nouveaux critères s’ajoutent à chaque loi — de la communication de l’identité nationale par l’État : la menace de la déchéance de nationalité. Édifice idéologique inventant en le désignant l’ennemi républicain de référence, déconstruit par Jacques Rancière dans une performance magistrale, révélant d’une voix ferme et forte l’identité, le racisme, et la xénophobie actifs de l’État par les lois et la communication, en savante construction intellectuelle pensée et élaborée par le pouvoir partagé entre les institués. Idéologie — telle qu’une idéologie est bien l’émanation du pouvoir, — non pas le racisme ou la xénophobie émergeant des masses requises pour le justifier sans contradiction possible, et même si. Ce n’est pas l’effet qu’il faut déconstruire mais l’édifice du sens pour le mettre en pièces. Et c’est à quoi, sous nos yeux, Jacques Rancière se livre délibérément, de facto et in extenso.
Certes, dès l’historienne Sophie Wahnich (d’autre part membre du comité de rédaction de la revue Vacarme), qui se trouvait pourtant à la table des réfractaires, présentant sa lecture très intéressante de l’ennemi et de l’ami de la république depuis 1789, et justement à propos de laquelle on pourrait discuter sur les mutations conceptuelles et pratiques de l’histoire publique participant de la structure, dont aux présents jours, sur la nationalité et l’identité en France (son hypothèse dans Ulysse clandestin), entretenait une ambiguïté dans l’éclairage, pourtant incontournable, qu’elle apportait, y cherchant une vérité de la source opposable à l’interprétation actuelle et par conséquent y prêtant elle-même une valeur, loin de laquelle purent se trouver ses partenaires de tribune prenant le monde dans sa réalité transgressée ; de plus la petite conclusion inédite par réclamer plus de lois posa une énigme à la critique du trop d’État et sa diffusion en selle, — comme s’il pouvait y avoir à l’instar du citoyen français un bon et un mauvais État, — a fortiori si l’on ressent que la constitution étouffe sous la structure de la profusion des lois qui se succèdent en s’additionnant sans fin ou modifiant le socle à l’insu des consciences. Comme on regrette le temps de la subtilité de la jurisprudence quand il était peu légiféré sur les libertés, parce que certaines étaient concrètement vécues et les autres visiblement interdites. Le malentendu étant déjà installé, les représentants du Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés (leur tour d’expression étant venu, à la table ronde suivante) persistèrent avec la certitude de l’engagement de gauche (eu égard à la doctrine de la pratique et de la théorie) mais qui rassemble toutes les communautés religieuses et politiques héritières des tradition du secours et de l’hospitalité, dans la proposition de rejoindre les actions commencées où sans adhérer à un dogme il est possible d’agir en cohérence de l’unité résistante. Le GISTI qui se battit âprement contre l’appel d’offre de Hortefeux visant à faire entrer des organisations non solidaires dans les camps de rétention à la place de la CIMADE (et qui l’emportèrent suite à la prescription de l’appel d’offre en justice), au moment où il inaugurait le nouveau ministère de l’immigration. Il y a aussi le Réseau éducation sans frontière (RESF) qui souleva le manifeste des innombrables en 2008, dans le cadre duquel Jeanne Moreau s’engagea avec détermination parmi d’autres personnalités présentes au grand rassemblement des lectures de la cartoucherie de Vincennes.
Et c’est bien en cela que le malentendu est signé par l’urgence, noyé dans le consensus nécessaire du pragmatisme activiste multi-terrain, chaleureux et efficace en termes de soutien concret et de communication, et d’assistance légale, juridique et judiciaire, où justement se dissolvent les différences par elles-même à l’acte d’obtenir, paradoxe positif de l’activisme.
Des questions de régime alimentaire auraient pu être considérées comme des cas opposables, les roms consommant du porc et certain musulman présent déclarant que nous ressemblions à ce que nous mangions, (lorsque nous lui répondîmes, car c’est lui qui s’y intéressa, sur la consistance de l’assiette que nous dégustions solidairement) ; le porc afflige également de ressemblance les athées comme les chrétiens (les voici porcs par deux fois d’en manger ailleurs que chez eux, heureusement pour les roms qui ne le seraient qu’une fois — mais tout de même, — du fait qu’ils soient partout chez eux ou plus exactement nulle part chez eux (circonstance atténuante ou aggravante, selon), si j’ai bien compris la hiérarchie de la valeur incongrue implicitement proposée par l’adage cité mal à propos, en ce jour. Le moins de radicalisme intellectuel utile à l’élargissement du front démocratique activiste fait entrer le paradoxe de l’affect, qui est puissant lorsque l’environnement le rend conciliable sans réduction ni soumission, mais parfois ce moins ne parvient pas à lever le soupçon d’une pointe d’opinion et de morale implicites, qui est une charge inutile.
Mais le seul aspect remarquable fut que le contestataire lui aussi était là solidairement, contradictoirement, parmi ses amis non musulmans, et qu’il restât jusqu’au bout.
Que deviendraient les immigrés attaqués sans la veille et le dévouement permanent et hautement pertinent — en termes d’analyse stratégique et du résultat des répliques tactiques au coup par coup — des militants du GISTI et d’autres associations comme le Droit Au Logement, défendant du même coup nos droits "fondamentaux" aux côtés de la Ligue française des Droits de l’Homme (dont le philosophe Étienne Balibar succédant à l’historienne Madeleine Rebérioux fut l’un des présidents récents) ? Ils seraient purement et simplement seuls face aux abus officiels dont la contrainte de leurs corps, les charters, les camps de rétention, et nous une population sans alerte en commun, recluse dans sa conscience silencieuse. Alors... au diable la théorie politique de l’État elle ne nous intéresse plus ! Maintenant ce sont des citoyens européens en mobilité, parmi lesquels certains ont déjà notre nationalité. Car c’est à eux, déjà français, que l’on peut retirer la nationalité... C’est déjà vous, français depuis plusieurs générations jusqu’à l’intraçabilité de vos sources dans les temps reculés, qui êtes menacés de devenir étrangers du nouvel État — autre territoire — ici même. Tout était prédit par les événements précédents. Maintenant il reste à déconstruire le système patiemment mis en place pierre par pierre en quatre ans (au fond, tout aurait commencé en 2002). Quel travail ! Et que de convictions renforçant l’idéologie combattue devront être abattues..
Nous avons également besoin de la pensée radicale même si elle est institutionnellement vierge. Si l’engagement est impur, la pensée radicale est pure c’est à dire au-delà de la morale. Au contraire, elle n’a pas à être pragmatique, ce n’est pas sa place mais la critique de la cité — au fond comme les exclus qu’elle défend à sa façon de poser les questions en termes de réponses immodérées. Loin de la morale elle explore et sans se préoccuper du bien et du mal elle expérimente ses visions, les rendant langages pour partager le corpus d’une réflexion anticipée ou altière, critiques parce qu’autre surgi de nos sources, distance de l’autre dont en principe on voit bien la différence au moins. Mais la pensée radicale ne peut être engagée par la pensée sociale à quelques erreurs près, sauf à ne pas ignorer que les lois tant espérées, surgies des meilleures dispositions des édifices imaginés, une fois votées peuvent se retourner étrangement en leur contraire, en toute logique exécutive ; une interprétation du mal radical du raisonnement pourrait en rendre compte, point extrême de la logique rationaliste au-delà de laquelle son sens ne peut plus être assuré sinon sa réversibilité — sa transgression — objective... Tel serait aussi le sort de l’utopie, entre édification sociale idéale imaginée pour voir plus loin, et son application vivante alors dogmatique et totalisatrice. L’utopie est une anamorphose. Au fond, c’est ce que l’écrivain Mileschi supposera implicitement dans sa déclaration de principe à propos des créateurs de pensée (voir les paragraphes suivants).
Entre les deux attitudes intellectuelles de l’impact solidaire ou distant dans la société, il y a une troisième voie débarrassée du pathétique par laquelle il nous a été donné de comprendre de quoi nous avions été — nous sommes — victimes. Ainsi la "performance" philosophique de Jacques Rancière, déconstructiviste de l’idéologie de l’étranger, qui n’était pas un discours mais un don public où le philosophe se rendait objet, par la mise en oeuvre d’une pratique martiale, le faisant entrer dans la construction de l’altérité produite par l’État, comme exécution de la loi, pour mieux en retourner la force. Rancière a choisi un voyage vivant dans la structure des mots dont les messages nous enserrent. Une intervention à la fois froide (sans affect puisqu’il s’exerçait dans la machine) et passionnée (en termes de pensée, en temps réel, de l’assujettissement dont en même temps qu’il le désignait il s’en — nous en — débarrassait par l’événement à chaque palier).
Le malentendu était si gros entre les organisateurs les intervenants le public et les roms, mais tous heureux se sachant là pour ces derniers et eux en être le centre même s’ils préféraient se tenir un peu à l’écart (les hommes absents), que l’asynchronisme des présences ensemble n’était pas important, tant ce qui comptait était la détermination et les bonnes volontés efficientes jusqu’ici et à venir, notamment la parole et l’hébergement provisoire procurés aux roms en attente de leur prise en charge par la mairie, par exemple. Des femmes et des enfants roms élevant la voix entre eux sur d’autres sujets, au fond de la salle, heureusement installaient un désordre auquel personne n’aurait osé s’opposer.
Il faut de tout et des malentendus pour faire un monde vivant ensemble. L’activité pratique de l’aide était requise par ces activistes et d’autres militants à l’origine de l’organisation de la défense privée et publique de la communauté attaquée, et avec La ligue des droits de l’homme, de la grande manifestation du 4 septembre à laquelle s’étaient joint des partis des syndicats et des associations. Et le film de Thomas Lacoste Ulysse clandestin, superbe (excepté une réserve formelle sur laquelle je m’exprimerai ensuite, peut-être), édité et distribué par La bande passante (corrélat audio-visuel des éditions du passant et du Passant ordinaire) n’allait pas manquer de recenser le meilleur du sens qui venait d’être accompli — sauf Rancière, dont la performance inédite comme d’autres interventions à la même tribune constituaient, d’après moi, l’événement critique de la journée, parce qu’il explorait radicalement la situation de l’édification du sens public, et l’exécution de sa gestion, comme une planification de l’idéologie à l’action contre-sociale sur les personnes, par l’État même. Et sans omerta sur l’idéologie intégrée de la gauche, du coup ils ouvraient le champ possible d’un changement à venir (qui n’est pas à l’ordre du jour des partis in-nommés, c’est moi qui le dis, aucun sigle sinon associatif n’ayant été cité)...
D’autant plus que l’architecture était explicitée par Jacques Rancière, tout simplement décrite dans ses étapes chronologiques et leurs renvois, d’une façon similaire de ce qui a frappé nos têtes, presque musicalement (sémiotiquement — rythmiquement, et même poétiquement pourrait-on dire du point de vue de l’expression, d’où la puissance de son intervention plus parlée qu’écrite), le rôle de l’intellectuel avait été préalablement défini par Mileschi, non par l’engagement pratique sinon celui de la pensée radicale aux extrêmes, libérée de l’engagement social pour explorer les possibilités prédictibles des situations déclarées ou informées (et là j’ai pensé qu’il s’agissait d’un coup de chapeau à Baudrillard dont les journées d’hommage suivront au musée des Arts premiers une semaine après). En fait, ce qui était l’objet en filigrane des propos était la réalisation du pire dans une mutation globale — à propos de la configuration de l’exclusion dans l’Allemagne nazi, des malades aux homosexuels aux roms puis aux juifs en même temps qu’à toutes les populations occupées résistantes — après la révélation de la pointe de l’iceberg (si l’on veut bien admettre que l’expulsion actuelle des roms révèle une toute autre situation nationale et internationale que celle à laquelle ils étaient habitués jusqu’à présent et que l’histoire que nous connaissons). Mutation ouvrable dont la loi de rétention punitive portée à 18 mois pour les immigrés reconduits aux frontières avant la consommation de leur extradition, va être votée dans les prochains jours à l’instigation de M. Besson (qui fait singulièrement penser à Doriot dans une version tranquillisée par les pharmacologies de confort, mais gardons-nous bien des comparaisons avec le passé, car le phénomène auquel nous sommes confrontés est nouveau et les armes pour le combattre doivent s’innover elles aussi, innover au-delà des deux Napoléon de l’histoire française — ni Hugo ni Marx n’en prévoyant de troisième significatif).
L’intervention de Luc Boltanski, à la table 3 (publiée dans Mediapart).
Puis la belle musique du collectif Lentement mademoiselle d’après le titre d’un thème de Django Reinhardt, dits Les romanichels, d’autant plus émouvants que leur chanteur guitariste, Marko, décéda récemment... Ils commencent par un invité aux mains brillantes, un violoniste compositeur innovant entre jazz et musique contemporaine, qui présente sa performance en expliquant qu’il a développé son art instrumental et la composition dans le cadre d’une résidence en camp tzigane, où il vécut en Macédoine (ex Yougoslavie)... suivi de deux guitaristes acoustiques amplifiés dans une tradition postmoderne dérivée du Hot Club de France... puis d’un chant par Simon, s’accompagnant à l’accordéon, avec le concours d’un autre violoniste.
(Différence entre ce témoignage d’un concert et le caractère davantage contemporain, et l’interprétation moins extériorisée, des pièces et chant entendus à La Parole errante).
Le grand concert du 18 septembre, Rock pour les Sans Papiers à Bercy, a été annoncé en expliquant le choix de rassembler les musiciens solidaires dans plus grande "salle" de France.
J’ajoute que la stratégie globale de l’État est déjà installée par des balises qui plantent des portes closes ailleurs des immigrés, c’est-à-dire non seulement l’altérité et la façon de l’attribuer arbitrairement un jour ou l’autre à tel ou tel citoyen, mais bien la loi pour détruire la société ou rendre fous tous ses membres, avec la Lopsi2 qui concerne tous les citoyens de nationalité française. Véritable Patriot act local cadrant, à l’ère de la transparence de la communication totalisée, tous les aspects concrets et virtuels actifs et transitifs de la citoyenneté collective et individuelle. De la vie chez soi et ailleurs, considérée comme l’ennemi public potentiel s’il est imprévisible par le pouvoir élu à savoir en gênant l’exécution de ses lois vouées à instruire le changement de l’ordre citoyen (l’ordre nouveau), et par conséquent anticiper les comportements de la population en les ordonnant. La façon de prévoir la trace avant que l’acte ne s’opère constitue la présomption de criminalité justifiant la loi a priori, chaque ennemi personnel de l’autre et l’autre ennemi de la république c’est-à-dire l’État — exécutif du marché — assurant de réprimer radicalement pour empêcher le citoyen d’exister, s’il ne désigne pas lui-même son propre ennemi. Tous repentis. Tel est le nouveau fonds proposé à la communauté républicaine, à l’ère de l’information identitaire du marché mondial selon les normes définies par le pouvoir en éclats recentrés... Cette loi vient d’être votée. Le pire, à travers la présomption de culpabilité institutionnelle et légale infligée aux roms et aux étrangers de nationalité française, au titre de comportements anti-républicains justifiant de les exclure, se trouve déjà étendu égalitairement à tout le monde, au titre de laquelle chaque citoyen français pourra être privé de liberté ne serait-ce qu’à être retenu en garde à vue puis surveillé (si certains ne l’étaient pas encore via leurs traces physiques et virtuelles, une simple vérification de l’identité au hasard dans la rue les réintègrera dans le système) — pour ceux qui ne se sentiraient pas encore concernés.
(Nous ne parlons pas ici sur le détail du traité en cours dit ACTA mais grosso modo, sous les questions de propriété industrielle, les négociations ce traité transformeraient en coussinet douillet l’Hadopi2 pourtant abusive des droits fondamentaux en France, et qui instruite par la Lopsi n’arrivant pas à la cheville de l’ACTA néanmoins le préparerait assez bien... Recoupant le dispositif policier de la sécurité sur la prescription des droits fondamentaux des citoyens dans certains cas, ACTA, le traité pour sécuriser les brevets du marché et on imagine peut-être selon une partition régionale convenue entre les contractants sous la pression des lobbies — le pire est imaginable sous l’angle de l’OMC, — fait sa loi du silence, l’habitude étant prise depuis les prisons du Patriot Act interdites sur le territoire américain — d’où la dernière base navale restant à Cuba pour l’affaire — mais pas à l’étranger (notamment en Europe dont la France) ; et par conséquent les négociations et partie du traité devraient rester secrètes, en dépit du socle des démocraties électorales selon lequel nul n’est censé ignorer la loi qu’il doit appliquer. Secret-défense ou diktat (pardon d’utiliser ce mot à bon escient face à la métaphore ministérielle) des lobbies du marché américain ? — Il est inouï de constater ce que "la main invisible" de Smith procura de libertés à l’ère du néo-libéralisme dans le monde devenu globalement bienveillant, les adeptes du marché appelant de tous leurs voeux la libre circulation des marchandises en tolérant les empires commerciaux des lobbies, contenant les consommateurs assignés à résidence afin qu’ils consomment forcément les produits du marché qui leur sont destinés (qui leur seront vendus), et les empêcher d’accomplir le recours pour leur subsistance par leurs propres moyens. L’autonomie sous le régime de laquelle nous avons été éduqués est regardée comme un crime aujourd’hui.
Puisque les négociations européennes sur ACTA avec les USA restent secrètes à cette demande exprès, malgré les déclarations optimistes de madame Trautman en juin, "confiante" dans la "tendance" (sic) du traité de Lisbonne que la commission et les chargés de pouvoir dussent informer le parlement sur le fond de leurs démarches et négociations, il se trouve que seule la représentante européenne suédoise — serait-elle de droite ou de gauche est sans importance — ait démissionné depuis, devant le protocole de silence équivalent à une trahison de l’information du parlement. Ce que madame Trautman a oublié c’est que l’imposture faite au suffrage universel assumée par le parlement européen, que les États dont l’État français aient passé outre le résultat du référendum censurant la constitution européenne, pour autoriser la signature du Traité de Lisbonne dont le projet commun était le même et davantage, renforcé notamment en matière de sécurité — puisqu’il n’y avait plus d’électeurs populaires à ménager ce sont principalement les réserves écrites pour les rassurer qui disparurent dans l’allègement menant au "court" traité — constituait un passage à l’acte anti-démocratique sur le fonds symbolique des démocraties électorales, qui discréditerait aux yeux de la Commission l’autorité représentative du parlement lui-même, élu au suffrage universel. Ce qui a été admis contre les référendaires, pourtant logiquement électeurs du parlement européen, est maintenant permis contre leurs élus : ne pas prendre en compte l’avis du parlement qui les représente. D’ailleurs monsieur Besson l’a dit à propos des roms, l’avis du parlement européen n’a aucune valeur, seul l’avis de la Commission compte.
Madame jeanne MOREAU à monsieur Hortefeux, envoyé par henrylombard.
(Il s’agit d’une lecture enregistrée à la fin de l’année 2008 dans le cadre de l’appel du Réseau Education Sans Frontières (RESF) — déjà cité, — après le rassemblement solidaire de la cartoucherie de Vincennes, le 7 avril 2008.
Source des dates et recension des liens : Mediapart).
Nous évoquerons tout de même encore, au cas où cela aurait un rapport — vraiment à tout hasard car nous l’ignorons, — les archives judiciaires en totalité soustraites récemment à l’accès public, cachées sous les pieds de l’impressionnante posture internationale de monsieur Alain Bauer, en garde récente des dossiers actuels et anciens (sans doute à la disposition des services de sécurité américains), depuis l’affaire de Tarnac à laquelle il présida à la gloire de madame Alliot-Marie [3], situé dans le cadre d’un service créé spécialement pour lui par le président, à l’École militaire, où la ministre des affaires étrangères américaine va faire ses discours sur la sécurité, quand elle fait un tour à Paris, pour se détendre). On sait que Hoover passa sa vie à la tête du FBI, on peut se dire contre l’adage que tant qu’il y aura de la vie il y aura peu d’espoir, à se rassurer néanmoins qu’il ne s’agisse que d’un complément de l’exécutif DCRI, concentration du renseignement sécuritaire également création du président (avant son mandat), qui pourrait répondre aux ordres du directeur de la police nationale contre toute information du procureur général, à voir l’affaire des écoutes du journal Le monde.
Contre les doubles peines et les révocations de la nationalité, à la chaude tribune sur l’engagement il a été rappelé la requête de la chanson de Régine écrite par Gainsbourg Laissez passer les Petits papiers, interprétée en "Laissez passer les Sans Papiers" (document YouTube) par les artistes même, sous les fenêtres du ministre de l’immigration et de l’identité nationale, le jour de la grande manifestation du 4 septembre (voir l’article et la photo dans Les Inrocks), à suivre.
Le cinéaste radical dans le domaine de la fiction qu’est Claude Chabrol est mort ce matin 12 septembre. Il avait 80 ans. Hommage et condoléances.
Que le théâtre de la vie et ses combats rassemblés continuent ! La pensée radicale régionale tant appréciée dans le monde au siècle dernier, et son champ collectif tant précieux à l’acte international de notre singularité loin de disparaître, en témoigne le progrès de nos lois, sont encore là ! Courage, on tourne !
En attendant de recevoir le son enregistré des actes à La Parole errante, dans les prochains jours, et de les rendre accessibles dans cet article, voici le rappel du film de Thomas Lacoste déjà publié et informé avec un texte de la part de son auteur pour expliquer le contexte et les raisons de ce film et l’information utile pour se procurer le DVD, dans La revue des ressources, le 13 juin 2010 (suivre le lien souligné).
Ulysse Clandestin un film de Thomas Lacoste, envoyé par labandepassante