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Un film de Mahmoud Zemmouri en 1981 

Algérie France — une immigration postmoderne —
Le film : Prends dix mille balles et casse-toi.
Take Your Ten Thousand Francs and Get Out.

vendredi 26 juin 2015, par Aliette G. Certhoux, Mahmoud Zemmouri

{}Introduction : sur l’immigration en France et sur le film

La France aux premières années 1970 connaît l’afflux de l’immigration commencée à la fin des années 1960. C’est la quête de travail au moment du plein emploi dans l’industrie, concernant les demandeurs en provenance des anciens pays colonisés appauvris, du Maghreb et de l’Afrique, et très secondairement le début d’une émigration de l’Europe balkanique, pour un partage avec ceux restés au pays. Mais aussi, pour ceux qui en même temps aspirent à se libérer du carcan des traditions, c’est une quête de modernité, de formation sociale des jeunes parents et d’une éducation générale et professionnelle pour leurs enfants, vers le progrès physique des professions des cols blancs ou intellectuel à travers la réussite scolaire vers les études secondaires et supérieures grâce aux bourses d"études. Pour la bourgeoisie et l’aristocratie de ces pays c’est l’accès aux diplômes supérieurs ou à entreprendre en France, et souvent à s’y installer.
Et pour les peuples fuyant les dictatures politiques c’est la quête des libertés. En Europe méridionale, le Portugal ne sera libéré grâce à la Révolution des œillets qu’en 1974, et l’Espagne ne deviendra une monarchie constitutionnelle qu’en 1975 ; les activistes italiens fuient la répression engagée par les services secrets de Gladio et la police contre les syndicats ; l’Europe de l’est est toujours sous l’emprise post-stalinienne du Pacte de Varsovie, et de nombreux scientifiques, artistes, écrivains, d’une haute formation souvent avant-gardiste acquise dans ces pays, comme la plupart de ceux fuyant les dictatures d’Amérique du sud, s’intègrent dans le marché du travail de la conception, de l’architecture, du style et du design, et les galeries du marché de l’art, ou encore dans les universités, les Grandes Écoles, et la Recherche. C’est l’âge d’or de l’immigration au « pays des droits de l’homme » du « refuge politique » et de « l’insoumission », qui correspond aussi à un âge d’or de la postmodernité française intellectuelle, culturelle et artistique, élargie par les origines diverses de ses créateurs mêmes, et à son rayonnement international.
Soudain, le premier choc pétrolier provoqué par l’embargo des pays de l’OPEP contre les États soutenant la guerre du Kippour notamment les États-Unis, cause une baisse brutale du dollar et la contre-offensive américaine d’écarter sa monnaie de la parité avec l’or en la rendant flottante, ce qui fait écrouler les prix du pétrole, puis l’adoption des changes flottants (en 1973) signant la fin du dispositif monétaire de Bretton Woods, c’est une crise sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Si les pétromonarchies en contrefeu décrètent une équivalence or des prix du baril, c’est qu’il s’agit d’une nouvelle monnaie. Quant aux Allemands, traumatisés par les déséquilibres financiers qui leur rappellent les prémisses du nazisme et de la seconde guerre mondiale, ils réclament aux américains la rétrocession de leur or... Le feuilleton se poursuit jusqu’au second choc pétrolier, en 1979, cette fois pour augmenter les prix du baril, afin d’établir la situation du pétrole et du gaz américains, avec une montée jamais vue du dollar par rapport aux autres monnaies, puis de nouveau son effondrement.
Ce qui entraîne dès 1973 une crise économique et finalement une bifurcation de l’économie capitaliste accompagnant l’effondrement de la production dans les pays occidentaux, consistant à la fois dans la mutation financière générale de la valeur, indépendante des systèmes de production, et le commencement de la rupture avec le système d’échange de l’économique politique. Même si les produits financiers dits toxiques n’arriveront que plus tard, ce changement de système ouvre sur la perspective de rendements exponentiels du capitalisme financier strictement voué à la bourse des valeurs internationales. Sans nécessité de partager les nouvelles richesses in situ pour en accroître les profits, si la production compte encore elle commence à s’exporter vers les pays où l’abondante main d’œuvre n’est pas réglementée et par conséquent peu coûteuse, et la consommation visée par les accords commerciaux qui suivent tend vers la plus large échelle des masses de la population mondiale. L’avenir est ainsi prédit.
Alors la répression pour refouler les immigrés commence en France.
En 1977, le Président Giscard d’Estaing, cherchant à se blanchir des pressions xénophobes et racistes accomplies sous l’autorité de son ministre de l’intérieur, tout en voulant s’absoudre de la masse de mécontentement des travailleurs annoncés bientôt sans emploi, et de l’agitation sociale pour les soutenir, crée une « aide au retour volontaire » pour les immigrés. C’est-à-dire une allocation publique de dix mille francs pour toute personne — ou famille — voulant retourner dans son pays d’émigration dont elle a gardé la nationalité.
Mais le retour dans les pays sans industrie sans agriculture et sans consommation forcément ne va pas donner à connaître l’effet durable de l’aide pour se réinstaller, au demeurant insuffisante — même si elle peut impressionner des familles qui s’y laissent prendre.
En outre, les émigrés expatriés productifs, y compris à travers le partage solidaire avec la population « restée au pays » du fruit de leur travail à l’étranger, pour autant reçoivent peu de reconnaissance lorsqu’ils reviennent définitivement ; au contraire, leurs libertés par rapport aux traditions inquiètent, et leurs modes de vie les assignent à un isolement, c’est en réalité un choc de société entre tradition locale et modernité importée.
Ici le film Prends 10 000 balles et casse-toi de Mahmoud Zemmouri tourné en 1980, achevé en 1981 et diffusé en 1982, tient non seulement tout son sens tragi-comique dans la géo-sociologie et la géo-économie régionales à l’époque, et donc autant dans sa pertinence par rapport à notre propre histoire dans l’Hexagone. Mais encore il nous en dit toujours long sur ce qui s’est alors passé au point de prédire ce qui advint ensuite et jusqu’à nos jours. Cependant, nos beaux idéaux républicains et/ou post-révolutionnaires gauchistes s’engloutissaient avec un monde en train de disparaître, que bientôt la pauvreté allait aussi commencer à gagner plus largement, ce dont nous nous pensions à jamais sauvés, monde qu’en partie en le contestant nous avions nous-mêmes contribué à prescrire, sans en avoir évalué l’impact possible dans le nouveau contexte mondial.


En 1977, j’avais quitté la Télévision Scolaire où j’avais travaillé comme assistante de réalisation contractuelle puis productrice en freelance de projets pédagogiques utilisant la vidéo. Mais j’avais préservé de belles amitiés avec mes anciens camarades notamment les techniciens de l’image et du son, parmi lesquels le chef opérateur de cette première œuvre de Mahmoud Zemmouri, un ami dont j’ai perdu la trace ensuite, mais grâce auquel je pus connaître les conditions de production précaires en France et en Algérie de ce film, et les difficultés du tournage aléatoire en Algérie, malgré toutes les autorisations de principe reçues. Parce qu’il vivait à Paris, Mahmoud Zemmouri était considéré par les Algériens comme un émigré, certes honorable, tout de même à leurs yeux fantasque comme tous les gens de culture mixte. Il n’allait pas tarder à être plus largement connu à travers ses actes d’acteur notamment avec Coluche dans Tchao Pantin, réalisé et produit par Claude Berri, et dans d’autres films français, tout en enchaînant de nouveaux tournages comme auteur et réalisateur algérien et français (son dernier film sorti en salle cette année 2015 est la comédie Certifiée Halal, comme toujours accueilli par un chœur polémique).
Je pus éprouver grâce à ma complicité « technique » avec l’artisan de l’image la chance joyeuse d’assister à l’avant-première avec l’équipe et leurs amis. Car il ne fut d’égal, à découvrir les contradictions délibérément exprimées dans la comédie dramatique Prends 10 000 balles et casse-toi, que d’avoir appris celles éprouvées pendant qu’elle se faisait, et que cette accumulation renforçât la jubilation partagée de comprendre la performance qu’elle représentait, qu’heureusement sa réussite rendait invisible.
Par exemple, cette difficulté d’un film tourné sans studio et avec des outils d’éclairage limités, de devoir assurer les raccords de lumière et d’espace uniquement dans des décors naturels, et dans ce cas, par exemple entre une mosquée et une autre : l’Imam de la seule mosquée prévue, fatigué avant la fin de ses engagements, ne supportant plus le désordre causé par le tournage troublant ses habitudes tranquilles, déclara de façon péremptoire et irréversible, autant qu’imprévisible, au moment de la plus grande fatigue de l’équipe travaillant un nombre d’heures quotidiennes et nocturnes hors limites : « Tu vas finir le film dans l’autre mosquée : c’est pareil ». Ce n’était pas si simple mais il fallut déménager.
Un tournage héroïque pour toute l’équipe technique, mais encore pour les formidables acteurs, (la plupart des professionnels algériens, que Zemmouri sut convaincre puis brillamment diriger), et d’abord pour lui-même, son courage de l’avoir voulu comme une double critique, et avec l’aide de tous, en dépit de quelques conflits dus à la confluence des difficultés, d’avoir eu la force non seulement de le penser mais de le produire et de le réaliser jusqu’au bout, contre vents et marées, puis d’en avoir porté ensuite la post-production. Comme tout le cinéma indépendant cherchant les salles dut le faire ensuite.
L’événement du film, qui résultait de l’effort commun d’avoir eu le désir de le faire exister, était là sous nos yeux et à nos oreilles, bourré de talent, d’humour et de tristesse à la fois (car voyant plus loin que lui-même), bel et bien crédible — raccord — et quel film : il devint culte ! (A. G-C.)



N.B. L’illustration en logo est un portrait de Mahmoud Zemmouri en 2010 — citation du magazine des cultures canalstreet tv, de canal +.


Prends dix mille balles et casse-toi

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Version originale du film bilingue, 90 minutes. © Mahmoud Zemmouri. Mis en ligne sur YouTube par JNLHD


Un film écrit et réalisé par Mahmoud Zemmouri, Award du Prix ’La Chance de Cannes’ au Festival de Cannes 1981, nominé pour le Gold Hugo, Best Feature du réalisateur, au Chicago film festival 1981. Diffusion en France en 1982, DVD en 2009.

Distribution

Fatiha Chriette (Fifi) Hubert Deschamps (le propriétaire du bistrot à Paris) Mustapha El Anka (Si Tayeb) Fatiha Fawzi (dans le rôle de Fawzi, ou Fifi rouge à lèvre) El Hadja (Aïcha, la grand-mère) Kader Kada (Bachir) Sir Lechea (Aïssa) Yves Neff (Mus Travolta) Mazouz Ould-Abderrahmane (Mokhnane) Annie Rousset (Djouher, la mère) Mostéfa Stiti (Lounès, le père)

Image (lumière et cadre)

Alain Weill

Montage

Youcef Tobni

16mm couleur agrandi en 35mm pour la diffusion en salle.

Film Franco-Algérien
Bilingue (arabe sous-titré en français)

Société de production : Fennec Production, Paris {}


P.-S.


LES DATES-CLÉS DE L’IMMIGRATION EN FRANCE {} 
(Pour mémoire, jusqu’à 2002)

D’après Le Monde.fr | 06.12.2002 (source : La Documentation Française)

Fin du XIXe siècle - début du XXe siècle

 La France devient un pays d’immigration. Les pays voisins deviennent les principaux fournisseurs de travailleurs (Italie, Belgique, Espagne et Suisse) avec la Pologne.

Première moitié du XXe siècle

 1914-1918 : le ministère de l’armement recrute des travailleurs nord-africains, indochinois et chinois.

 1917 : un décret institue pour la première fois une carte de séjour pour les étrangers de plus de 15 ans résidant en France.

 1917-1939 : développement de l’immigration et apparition d’une immigration politique (Russes, Arméniens, Allemands, Italiens, Espagnols).

 1931 : la crise économique internationale frappe la France, des dispositions sont prises pour ralentir l’entrée des travailleurs étrangers.

 2 novembre 1945 : vote de l’ordonnance sur l’entrée et le séjour des étrangers en France. Trois cartes de séjour d’une durée variable sont instaurées (un, trois et dix ans). L’immigration des familles, souhaitée dans une optique démographique, est favorisée. L’ordonnance met en place la double peine, qui donne la possibilité aux magistrats d’expulser les personnes étrangères ayant commis un délit.

Les "trente glorieuses"

 1956-1972 : l’immigration s’accélère avec la décolonisation et l’entrée en vigueur au 1er janvier 1958 du traité de Rome, qui instaure le principe de libre circulation des personnes.
Déclin progressif de l’immigration italienne au profit de l’immigration espagnole et portugaise. Développement de l’immigration marocaine et tunisienne. Forte augmentation de l’immigration algérienne après la fin de la guerre en 1962, et début de l’immigration africaine subsaharienne.

 1972 : les circulaires "Marcellin"-"Fontanet" subordonnent la politique de recrutement des travailleurs étrangers à la situation de l’emploi. La perte du travail implique la perte de la carte de séjour.

1974-1981 : septennat de Valéry Giscard d’Estaing

La crise économique s’accompagne d’un réexamen fondamental des politiques migratoires en Europe.

 1974 : le gouvernement français décide de suspendre l’immigration des travailleurs et des familles extracommunautaires. L’immigration des travailleurs reste suspendue jusqu’en 1977, l’immigration des familles est à nouveau autorisée dès 1975.

 1977 : mise en place d’une aide au retour volontaire.

 1978 : mise en place d’un mécanisme de retours organisés et forcés d’une partie de la main-d’œuvre étrangère installée jusque-là régulièrement. Les Etats du Maghreb sont particulièrement visés par ces mesures.

 1980 : loi Bonnet relative à la prévention de l’immigration clandestine. Elle rend plus strictes les conditions d’entrée sur le territoire, fait de l’entrée ou du séjour irréguliers un motif d’expulsion au même titre que la menace pour l’ordre public, et prévoit la reconduite de l’étranger expulsé à la frontière et sa détention dans un établissement s’il n’est pas en mesure de quitter immédiatement le territoire.

 1981 : la loi Peyrefitte légalise les contrôles d’identité à titre préventif.

1981-1988 : premier septennat de François Mitterrand

1981

 Juillet : circulaire du ministre de l’intérieur, Gaston Defferre, assouplissant les conditions d’accès au titre de séjour et à l’asile politique. Recommandation de ne pas expulser les étrangers nés en France.

 Août : circulaire précisant les conditions de régularisation exceptionnelle instaurées en faveur des travailleurs clandestins et des autres immigrés en situation illégale : fournir la preuve de la présence en France depuis le 1er janvier 1981, occupation d’un emploi stable depuis une année.

 Octobre : abrogation des dispositions de la loi Bonnet et introduction dans l’ordonnance de 1945 d’une série de garanties nouvelles pour les étrangers : l’expulsion ne peut être prononcée que si l’étranger a été condamné à une peine au moins égale à un an de prison ferme ; les garanties de procédure entourant l’expulsion sont accrues ; les étrangers en situation irrégulière ne peuvent être reconduits à la frontière qu’après un jugement et non plus par la voie administrative ; les étrangers mineurs ne peuvent plus faire l’objet d’une mesure d’éloignement, et ceux qui ont des attaches personnelles ou familiales en France ne peuvent être expulsés qu’en cas de menace à l’ordre public.

 Novembre : une circulaire supprime le dispositif d’aide au retour.

1984

 Juillet : loi sur le titre unique de séjour et de travail, qui reconnaît, par la création de la carte de résident, le caractère durable de l’installation en France de la population immigrée et dissocie le droit au séjour d’avec l’occupation d’un emploi.

 Octobre : accroissement des moyens de la police de l’air et des frontières, possibilité de sanction des séjours irréguliers par une interdiction de retour sur le territoire français.

1986

L’opposition RPR-UDF remporte les élections législatives et ouvre la première période de cohabitation entre 1986 et 1988.

 Septembre : loi relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France, dite loi Pasqua. Elle rétablit le régime de l’expulsion tel qu’il existait antérieurement à la loi du 29 octobre 1981 ; elle restreint la liste des étrangers qui obtiennent de plein droit une carte de résident et celle des étrangers protégés contre les mesures d’éloignement du territoire.

1988-1995 : second septennat de François Mitterrand

 1989 : loi relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France, dite loi Joxe. Elle assure la protection contre l’expulsion des personnes ayant des attaches personnelles ou familiales en France, et instaure un recours juridictionnel contre les mesures de reconduite à la frontière.

 1991 : décret concernant les conditions d’entrée et de séjour en France des étrangers. Renforcement des conditions de délivrance des certificats d’hébergement nécessaires aux ressortissants étrangers pour entrer sur le territoire.

1992

 Janvier : loi renforçant la lutte contre le travail clandestin et la lutte contre l’organisation de l’entrée et du séjour irréguliers d’étrangers en France.

 Juillet : loi, dite loi Quilès, relative aux zones d’attente dans les ports et aéroports. La loi permet de maintenir les étrangers non admis sur le territoire ainsi que les demandeurs d’asile dans des "zones d’attente".
L’opposition RPR-UDF remporte les élections législatives de mars 1993 et ouvre la seconde période de cohabitation entre 1993 et 1995.

 Mai : réforme du code de la nationalité. Les modifications portent notamment sur deux points : allongement à deux ans du délai d’acquisition de la nationalité française pour un étranger à la suite d’un mariage avec un ressortissant français et remise en question de l’acquisition de la nationalité française, à la naissance, pour les enfants nés en France de parents nés en Algérie avant l’indépendance.

 Juillet : loi Méhaignerie, réformant le droit de la nationalité.

 Août : lois dites lois Pasqua. La loi du 10 août facilite les contrôles d’identité et la loi du 24 août limite les conditions de délivrance d’un titre de séjour : elle prévoit le refus et le retrait de la carte de séjour aux étrangers (et à leurs conjoints) polygames et le retrait du titre de séjour délivré à un réfugié dans certains cas. Elle ajoute également de nouvelles conditions au regroupement familial et renforce les mesures d’éloignement du territoire.

1994

 Janvier : loi portant diverses dispositions relatives à la maîtrise de l’immigration et modifiant le code civil. Plus grande facilité de contrôles d’identité aux abords des frontières intérieures de l’espace Schengen, dispositions relatives au séjour des demandeurs d’asile.

 Octobre : loi portant création d’une direction centrale du contrôle de l’immigration et de la lutte contre l’emploi des clandestins (Diccilec).

1995-2002 : septennat de Jacques Chirac

1996

 Juin : manifestations pour la "régularisation des sans-papiers" à Paris et dans plusieurs villes.

 Août : les forces de l’ordre évacuent par la force les occupants de l’église Saint-Bernard.

 Novembre : projet de loi "Debré" portant diverses dispositions relatives à l’immigration. Sont notamment renforcés le dispositif d’éloignement des étrangers en situation irrégulière, la rétention judiciaire de ces mêmes étrangers, les pouvoirs de police judiciaire à proximité des frontières, les pouvoirs du maire dans la procédure de délivrance des certificats d’hébergement et les moyens de résoudre la situation administrative des personnes inexpulsables qui n’ont cependant pas droit au titre de séjour.

1997

 Février : la Ligue des droits de l’homme présente un appel contre le projet de la "loi Debré" demandant le retrait du projet de loi sur l’immigration, un moratoire sur les expulsions et une régularisation des sans-papiers.

 Avril : le Conseil constitutionnel déclare contraires à la Constitution deux dispositions du projet de loi sur l’immigration (la consultation par la police du fichier des demandeurs d’asile et l’absence de renouvellement "de plein droit" de la carte de résident de dix ans). Promulgation de la loi dite "loi Debré" portant diverses dispositions relatives à l’immigration.
Après dissolution de l’Assemblée nationale et élection d’une nouvelle majorité, nomination de Lionel Jospin comme premier ministre.

 Juin : annonce d’une régularisation partielle des sans-papiers. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, explique aux préfets réunis à Paris le dispositif immédiat mais "transitoire" de régularisation de certains étrangers en situation irrégulière, par une circulaire de régularisation (notamment pour les conjoints de Français ou d’étrangers en situation régulière, les étrangers gravement malades, les étudiants et les personnes n’ayant pas le statut de réfugiés mais en danger dans leur pays).

1998

 Janvier : publication d’une circulaire aux préfets organisant le retour dans leur pays des étrangers sans papiers non régularisés.

 Mars : loi relative à la nationalité. Possibilité pour les enfants nés en France de parents étrangers de demander la nationalité française dès 13 ans avec l’autorisation de leurs parents, et dès 16 ans sans cette autorisation.

 Mai : loi relative à l’entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d’asile.

 Juillet : dans une circulaire, le gouvernement demande officiellement aux préfets de déroger à la loi en adoptant une procédure d’introduction simplifiée pour les ingénieurs informaticiens.

1999

 Janvier : création des commissions départementales d’accès à la citoyenneté (Codac) pour identifier les cas de discrimination dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’accès aux services publics et des loisirs, et formuler des propositions de nature à favoriser l’intégration des jeunes issus de l’immigration.

 Août-septembre : ouverture du hangar de Sangatte, destiné à accueillir les demandeurs d’asile refoulés d’Angleterre.
La France et l’Allemagne présentent un document définissant les grandes lignes d’une politique commune d’asile et d’immigration.

 Octobre : la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni présentent, lors d’une réunion des ministres européens de la justice et de l’intérieur au Luxembourg, une contribution commune sur la politique d’immigration : rejet de l’"immigration zéro" et de la "liberté totale d’installation" ; invitation à définir une politique de codéveloppement avec les pays d’origine des migrants.

2001 : par circulaire, Elisabeth Guigou, ministre de l’emploi et de la solidarité, abroge la condition de nationalité jusque-là exigée pour les postes à responsabilité de la Sécurité sociale.

2002 : l’Union européenne, au conseil de la justice et des affaires intérieures à Bruxelles, approuve un plan global de lutte contre l’immigration illégale et la traite d’êtres humains.

2002-2007 : quinquennat de Jacques Chirac

2002

 Mai : présentation en conseil des ministres par le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, d’une communication sur la loi d’orientation et de programmation de sécurité intérieure, dont l’un des volets est consacré à la lutte contre l’immigration clandestine.

Les ministres de l’intérieur des quinze États membres de l’Union européenne et ceux des pays candidats à l’élargissement de l’Union, y compris la Turquie, réunis à Rome, examinent la possibilité de mise en place d’un corps européen de police des frontières.

 Août : occupation de la basilique de Saint-Denis par les sans-papiers.
Nicolas Sarkozy se rend en Roumanie pour poser les jalons d’une coopération bilatérale en matière de lutte contre les trafics humains et l’immigration clandestine.

 Septembre : Nicolas Sarkozy demande un réexamen des dossiers des sans-papiers dans une circulaire adressée aux préfets.

Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères, présente une communication sur la réforme des procédures d’asile au conseil des ministres : l’Ofpra instruira toutes les demandes d’asile, ce service sera déconcentré dans les principales régions d’accueil des demandeurs d’asile, le statut de réfugié pourra dorénavant être accordé même si les menaces de persécution proviennent d’acteurs non étatiques, et la reconduction effective dans leur pays d’origine des étrangers déboutés du droit d’asile sera le corollaire de la mise en œuvre de cette réforme de l’asile.

 Décembre : annonce de la fermeture définitive du centre de Sangatte le 30 décembre 2002, soit trois mois plus tôt que prévu. Nicolas Sarkozy a confirmé l’accueil avec un titre de travail de "ceux qui restent" en France, soit environ 300 réfugiés selon les estimations. Au total, près de 46 000 étrangers auraient séjourné dans le centre depuis son ouverture en 1999.

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Notes

[1Tous les films de Mahmoud Zemmouri comme acteur et comme réalisateur sont accessibles en DVD ou en Blue Ray dans la librairie en ligne de la FNAC à ce lien : http://recherche.fnac.com/ia193954/Mahmoud-Zemmouri. Ainsi que dans la librairie en ligne Amazon.

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